Société

Abdelkader Abid est parmi nous !

Abdelkader Abid est parmi nous !


Kader , comme ses amis aimaient l’appeler, est parti hier à Paris, après s’être battu pendant un an contre une tumeur au cerveau, qui a fini par l’emporter. On savait que c’était grave mais on aime croire au miracle quand il s’agit d’un ami, d’un camarade.

Avant d’être un brillant cardiologue installé dans les beaux quartiers d’Hydra, ce fils de Témouchent fut d’abord un fils de chahid. L’engagement de son père lui dessina naturellement ses futurs engagements. Il me racontait

l’armée et la police ne s’acharnèrent pas seulement pour retrouver le père Moudjahid ,ils s’acharnèrent sur nous pour nous réduire à la misère ,alors que nous nous vivions dans l’aisance. Kader garda de cette époque la nécessité de l’effort, de la discrétion et de l’engagement.
14339427_10154958996655839_1869530772_o.jpg(ici lors de la rencontre organisée à Alger par la Moubadara du 24 fevrier lors de la venue de Sadek Hadjeres l’année derniére)


Il fit de brillantes études de médecine et de cardiologie et s’engagea dès le lycée dans les rangs du Parti de l’Avant-garde Socialiste (PAGS) clandestin. Sa voie est alors tracée par le combat clandestin dans l’appareil du parti et il allait ou le parti en avait besoin. Il quitte ainsi Témouchent et l’Oranie pour « s’exiler » à Alger, à Koléa en tant que médecin puis à Hydra en tant que cardiologue. De là date notre rencontre et la rencontre de Kader avec son nouveau profil et sa nouvelle vie!
En 1989 quand les nuages s’accumulèrent au dessus du parti Kader combattit dans le cadre ou il était les liquidateurs de dizaines d’années de combat communiste et le texte de la RPI (résolution politico-idéologique) texte de référence des liquidateurs.
Sans sortir totalement de son statut de discrétion et de profil professionnel, notre camarade chercha dès le début des années 90 le moyen de reconstruire une nouvelle alternative. Il rencontra notre groupe qui s’attelait déjà à reconstruire le parti et posa comme condition de tirer avant les leçons de ce qui c’était passé dans les pays socialistes et dans le PAGS. Ce fut une coupure dramatique entre nous de plusieurs années, durant lesquels Kader prospecta plusieurs voies dans celle de convergences démocratiques et de rassemblement de la gauche, sans résultat.
Nous nous rencontrâmes à nouveau quand murit le projet de reconstruire un parti des travailleurs, un parti communiste!
Abdelkader Abid devait prendre sa retraite professionnelle dans quelques mois et aussi « sortir » de clandestinité et de son statut auquel il était soumis depuis le début des années 80 deux prénoms « Khoudir » ou « Lakhdar » il les avait comme pseudos! La maladie ne lui aura pas permis de réaliser cette mue!

Depuis que nous nous trouvions sur les mêmes perspectives nous nous voyons très souvent, chez moi, avec des discussions serrées jusqu’au matin. Il tenait absolument à avoir mes avis sur les conférences qu’il donnait en Algérie et ailleurs aussi! J’avoue que j’étais impitoyable avec lui s’agissant des orientations de fond et du contenu marxiste qu’il devait donner à ses interventions.

Kader était assoiffé de contact humain, alors qu’il était isolé sur le plan de ses relations. La solution était trouvée nous nous retrouvions à chaque occasion ensemble surtout les jours de fêtes dont l’aïd el kébir.C’est ainsi que l’année dernière le jour des brochettes Kader était absent. C’était le début de sa maladie et hier jour de l’aïd 2016 il est parti!

Je tiens à témoigner d’une chose, jamais notre camarade n’a émis la moindre réticence à porter aide à un autre camarade dans le besoin. Je lui amenais des dizaines de camarades connus ou inconnus, jeunes ou vieux, il les recevait avec gentillesse et avec professionnalisme, avec rigueur.
Il refusait de percevoir quoi que ce soit pour ses prestations et quand j’insistais il me demandait… un pain ou bien un fruit et c’est ainsi que les camarades se soignaient avec … une bouchée de pain!

Abdekader Abid est parti, il nous manquera l’homme, l’humain, l’ami qu’il était, le cardiologue, l’intellectuel, le militant, le cadre pour le parti de l’avenir.

Triste c’est sûr je le suis pour cette perte immense pour nous tous et pour le pays. Mais je sens que notre ami et camarade n’est pas très loin, ni sa grande silhouette, ni sa bonté, ni son sourire en coin, ni son humour !

Je sens que vers 16 heures n’importe quel jour il va débarquer chez nous avec une grosse faim et je dis à ma fille: kader est venu va chercher ce qu’il y a de salé au frigo!


Abdelmoumène Noureddine

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