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P.S.T : gel de son activité

Nous venons d’apprendre avec tristesse le gel de l’activité du Parti P S T. Le Conseil D’État a suivi la requête du Ministère de l’Intérieur voulant sanctionner cette formation politique. Nous ignorons les raisons de cette décision.

Il est désolant de constater que notre pays demeure toujours dans un déficit démocratique flagrant, à travers les récentes sanctions prises récemment, contre les libertés, depuis l’installation du nouveau Gouvernement.

S’il faut donner de la considération au pluri partisme il est nécessaire que celui-ci ait une vie sans aucune entrave démocratique, reconnue à toute formation permettant ainsi son développement et son épanouissement. Cette démocratie politique de fait permettra l’émergence des contre pouvoir qui ne peuvent se limiter à la seule l’A P N. qui, quant au fond joue le rôle unique d’accompagnement des pouvoirs publics. En effet, la démocratie devrait s’exprimer sur le terrain des luttes devant faire apparaître les contradictions, les luttes d’intérêts et les disparités de notre société dans son ensemble. Leur existence est apparente, et ce, malgré la recherche de son étouffement.

La situation de marasme politique avec une scène éclatée disloquée où les Partis sont réduits à leur plus simple expression et ne représentent pas grand chose, nous peinons à croire que la représentation politique demeure, dans les faits, confiée aux deux Partis traditionnels, au demeurant totalement désavoués par notre peuple. Hélas, le taux de participation aux différentes élections confirme ce marasme, qui dénote d’une certaine fracture politique persistante. Ce marasme confirme le déphasage de la scène politique du pays.

A partir du début des années 80, notre pays a connu beaucoup de bouleversements au plan social : les différenciations sociales et les inégalités se sont approfondies, le renforcement inouï de la classe possédante, l’avènement en grand nombre des couches parasitaires qui se nourrissent par un enrichissement effréné, légalement ou illégalement, au détriment d’autres couches et classe sociale que sont les couches moyennes et la classe ouvrière, sans oublier les pans entiers du peuple, devenus démunis, mis au chômage, jetés dans la misère et la pauvreté. Ces effets dénotent, à leur tour, une certaine fracture sociale qui s’est approfondie de plus en plus.

Ces transformations sociales ont été évidemment l’œuvre tout d’abord, de la remise en cause de la politique de développement auto centrée du pays des années 70. Ensuite ce fût l’œuvre du dictât du F M I et autres Banque Mondiale qui ont dictées et fait appliquer une politique de remise en cause de la politique de développement du pays pour l’orienter vers la casse de nos acquis et de notre savoir faire, d’adopter des principes économiques et sociaux libéraux, avec une politique anti sociale à outrance, qui continuent à ce jour de faire ses effets et même d’être appliquée stricto sensu (la recherche de l’équilibre budgétaire des grands ensembles, la recherche d’un niveau d’emploi hypothétique, par le biais uniquement de l’emploi des jeunes, micro crédits, micro entreprises, élagage de la politique de soutien des prix des produits de 1 ère nécessité, etc.). Tout cela conjugué avec l’absence d’une politique démographique …

Ces « éminents » intervenants étrangers se sont uniquement préoccupés du volet économique. Celui du politique ne les a guère préoccupés pour autant dénotant avant tout le mépris qu’elles affichent envers les peuples. Aussi dans divers pays où elles ont intervenu, elles ont permis le maintien de l’exercice de dictature et –ou- d’autoritarisme, en laissant les mains libres au despotisme. Leur but avéré est celui de servir d’agent mondial d’intégration et de normalisation des échanges mondiaux permettant ainsi au capital de se redéployer et de trouver des terrains d’expansion et de surpasser la situation de crise structurelle économique qui perdure depuis 1973 qui trouve un terrain de prédilection, grâce à l’énorme dette publique qui s’accumule, qu’ils ne peuvent plus rembourser, mais veulent la faire payer par les pays démunis

La politique de notre pays, a une vue positive du système tant « vendu » par l’impérialisme. Aussi nous assistons à une Constitution qui reprend les principes de base de la Isaba s’inspirant du libéralisme, les concessions aussi minimes soient elles, sont évidentes avec cette politique. La grande crainte est que le pays aliène progressivement sa souveraineté et perde sa liberté de décision en s’alignant et en se soumettant aux normes d’acceptation et d’alignement d’autant que les forces occidentales maintiennent leurs pressions constantes sur lui.

Dans le prolongement, si le pays s’aligne, il devrait nécessairement par la suite permettre une vie démocratique interne et permettre aux libéraux internes d’agir et cibler le pouvoir si l’on s’enfonce dans la voie libérale. D’ailleurs Leur but est déjà avoué d’avance. Cette vie démocratique, les droits de l’homme, etc, sont constamment distillés par certaines O N G et, sans vergogne, par tous les Etats Occidentaux, comme outils de pression aujourd’hui et comme outils d’alignement et de ralliement demain. C’est les mêmes outils que développent également les intégristes et les libéraux.

Aussi face à la situation de marasme politique et devant le bouleversement social et des inégalités sociales, l’expression politique libre doit obtenir un statut réel constituant progressivement un tissu politique pour amorcer une dynamique d’animation de la vie du pays. La démocratie et ses corollaires tels constamment promus par l’Occident, présentent un danger. Alors autant l’utiliser à bon escient, de la positiver et de la mettre à l’épreuve dans le bon sens de nos intérêts en la mettant en application réellement et pas uniquement dans des intentions, dans les discours clamés et dans les documents institutionnels de base. Le risque est que demain ce concept nous échappe, son application sera l’œuvre de pressions abouties des dominants.

Dès lors, il nous apparait aberrant et inefficace de continuer d’agir par des interdits, à vouloir procéder à des arrestations de militants et d’interdire ou de geler les activités des Partis. L’Etat et ces derniers doivent trouver des points de ralliement, il en existe autour de la défense de la mère patrie. S’il y en a pas chacun doit trouver une ligne ou des positions de ralliement propres à ses intérêts et de les défendre politiquement. Là s’installera une confrontation saine (nous le souhaitons) des idées, des solutions aux problèmes seraient proposées selon les aspirations de chaque famille politique. Nous recréerons par là un espace et une scène dynamique sur le plan politique.

La préoccupation centrale de cette démarche est celle de mener une tentative de contenir le plus possible les agissements nuisibles des impérialistes et de ses valets et de canaliser les luttes sur le seul terrain politique, car le combat d’intérêts est surtout politique. Nous développerons ainsi l’esprit de tolérance, l’acceptation de l’autre et l’esprit d’ouverture, de dépasser un état névrotique chez certains qui se sentent accablés, dans leur vie même, par la réduction des espaces et des restrictions et des interdits et qui finissent par prendre le large sous différentes formes.

Par position de principes nous nous opposons à cette mesure de gel qui frappe le P S T. Nous sommes d’autant plus a l’aise envers cette formation : nous ne sommes pas d’accord sur beaucoup de points avec cette tendance trotskyste aussi bien dans le passé (les années 70-80), qu’aujourd’hui.

Hier, alors que nous bataillions corps et âme pour la réussite des Tâches d’Édification Nationale (T.E.N) à savoir : lancer et consolider avec l’ensemble des forces de progrès, l’industrialisation du pays la Révolution Agraire, la Réforme de la Médecine Gratuite, la Réforme de l’Éducation, de l’Enseignement Supérieur, la réforme dite socialiste des entreprises, etc, ainsi que les luttes menées contre la caporalisation des syndicats et pour la démocratie, cette formation trotskyste s’est opposée de façon virulente à notre lutte et à l’aspiration des masses populaires, à la démocratisation réelle et à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.

La non réussite des T E N est dû principalement à l’entrave et au sabotage des forces politiques à l’époque constituées des possédants et autres propriétaires fonciers et des libéraux auxquels on a été confrontés sur le terrain. Ces mêmes forces ou leur expression se retrouvent alignées sous la même bannière libérale du P.A.D aujourd’hui Ce dernier regroupe aussi certains Partis et fractions intégristes et en même temps (chose étonnante !) le P.S.T qui déploie un activisme prodigieux propre à toute formation trotskyste, au sein de ce Pacte.

En résumé, hier ils étaient alignés sur les positions des libéraux et autres qui voulaient entraver les T.E.N. Aujourd’hui ils se joignent à eux dépassant ainsi l’antagonisme de classe dont ils se réclame théoriquement, par ailleurs. Il est bien plus que pâle ce tableau regroupant des intégristes, des libéraux qui prônent à outrance le libéralisme avec une sensibilité politique prônant la lutte de classe……

Nous sommes opposés à toute compromission avec ces forces démocratistes libéraux. Notre opposition est bien plus antagonique à ces mêmes forces qui visent uniquement, pour l’instant, le pouvoir pour asseoir le rêne du capital interne et de ramener le capital externe.

Autre leçon que nous avons tirée des errements possibles pouvant menacer et dévier certains militants de bonne foi (y compris des camarades) : c’est celui de se lancer dans le combat sans sous peser les enjeux et notamment au plan international. La lutte pour la démocratie est un fait qu’il faut mener contre toute oppression et exploitation. Mais d’autres luttes sont plus sensibles pour le moment à savoir la défense de l’intégrité nationale, la défense de la souveraineté nationale et la liberté de soutien à la lutte des peuples. La lutte pour le respect démocratique doit accompagner ces luttes qui vont décider de la destinée de notre pays. La lutte pour la démocratie, pour nous ne se résume pas au simple bulletin de vote. Nous lui donnons un contenu plus conséquent : du droit au travail, du droit à la protection sociale, du droit aux soins, du droit au logement, du droit à un pouvoir d’achat et des salaires décents, du droit à la formation et à l’Éducation, droit à l’exercice syndical libre, droit à l’exercice libre des Partis, droit à l’expression libre à tout citoyen, de lutter contre les entraves politiques et syndicaux d’où qu’elles viennent, d’appeler à la solidarité des luttes entre travailleurs, d’appeler à la solidarité des luttes des peuples contre les dominants, d’appeler à la conception et à la formulation d’idées et d’expériences de vie et de travail collectifs, etc.

Ce travail, nous l’espérons, pourrait servir de base de réflexion à certains jeunes militants sincères du P S T, mais aussi des militants du M D S et d’une fraction du F F S dont la sensibilité politique de gauche maintient, de manière contradictoire, le fourvoiement et la compromission avec des forces rétrogrades, qui tiennent à enfoncer beaucoup plus le pays dans la dépendance et nous lier étroitement aux intérêts impérialistes. Nous nous tenons prêts aussi à les discuter avec des militants ou des Partis de gauche. Notre but est de créer une union, quelle que soit sa représentation, de la bâtir pour aller de l’avant vers un rassemblement ou un front non pas sur la base de slogan mais bien pour construire une voie propre à notre sensibilité et à nos convictions politiques, dans l’intérêt des masses populaires et de notre pays.

RAINA

Alger, le 26 Janvier2022

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