Abderrahmane Idéal…
Camarade, a toi le salut eternel !
A tes camarades et amis et à tous ceux qui te disaient il faudrait partir, quitter les lieux !tu répondais, « je ne peux abandonner les étudiants, je ne peux partir comme ça »
Et au prix de ta vie tu as payé ton engagement, ta rectitude, ta fidélité, ton amour pour l’univers de la science et de la résistance, ce fut un 26 SEPTEMBRE1994
Aujourd’hui dix huit ans après je suis venu à ta rencontre a ORAN !je voulais te voir a l’université ton domicile naturel !
Du savoir et du combat syndical, de la défense des droits de la communauté universitaire de tous les combats que tu as mené pour l’épanouissement et la promotion de l’homme !
Et je fus empêché avec l’ensemble de tes collègues , amis et camarades la veille par les responsables de l’université d’Oran ,sous le motif que c’est une activité politique !
Tu as du fortement rigoler camarade ! De ces inepties mortelles amnésiques de ton combat, tes sacrifices et ton engagement pour l’université d’Oran et celle du pays d’une manière générale !
Tu as du rigoler car ces mêmes responsables font leur politique en invitant auparavant un représentant de « fatawi AALA HAWA » pour une causerie dans l’enceinte même de l’université »
Il n y a qu’a voir ce qu’ils ont fait des sciences sociales dans notre pays pour se rendre compte
Des raisons de ton interdiction de séjour !camarade dix huit ans après tu continues de déranger
De les dénuder, d’être rêve, ils ont peur du rêve car est subversif !
Ils ont peur du rêve ! Ils sèment le noir, tes faisceaux sont aveuglants !tu brilles trop pour ces cultivateurs de tenebres, trop propre dans leur univers d’immondices et de crimes !
Abderrahmane j’avais une larme réprimée depuis dix huit ans ! J’ai fini par la lâcher en ce mercredi 26 SEPTEMBRE 2012 A la librairie le petit lecteur d’ORAN qui a abrité notre rendez vous avec toi !
Ma larme était scindée en deux, une moitié cruelle tristesse pour ta perte et l’autre joie pour ta résurrection dans la tête des étudiants ! Oui ceux que tu n’as pas voulu abandonner ! Ils t’ont fait revivre ces chérubins ! Dix huit ans après !
Et t’ont ramené majestueux trôner au milieu de livres et dessins d’enfants !dans cette salle bibliothèque qui ne pouvait contenir ni notre émotion ni ton œuvre !ni les souvenirs de tes amis et camarades ni les inquiétudes de Amel !
Ma larme a pu couler poème à ta mémoire à notre idéal toujours vivant car hautement humain !
Abderrahmane tu sais je ne sais comment dix huit ans après, et comme un automate je me suis mis
A appliquer les consignes de feu notre parti, j’ai fais trois fois le tour du pâté de maisons ou se trouvait la librairie pour m’assurer que je n’étais pas suivi !je ne sais pourquoi en venant a ta rencontre je me suis imposé ces reflexes de discipline et vigilance ?j’ai cru réaliser de suite que j’avais rendez vous avec mon camarade qui incarnait l’idéal !
En franchissant le seuil je te trouvais dans l’accolade de AMEL dans la multitude de têtes grisonnantes de tes collègues, camarades et amis et dans les yeux rieurs des jeunes étudiants, tu parlais de plusieurs voix, plusieurs musiques et éclats de rire !tu étais source cristalline et chacun des intervenants est allé dans ta description en hauteur et en humanisme , en scientifique et en chercheur en défenseur des droits de l’homme, en syndicaliste et en sportif en féru de musique andalouse , en militant communiste !
Et ton interdiction de l’université est devenue défi pour tenir un colloque d’économistes à ta mémoire dans deux ans et cette fois ci a l’université d’Oran !
Ton interdiction a permis a tes camarades de se revoir, de se rencontrer de ramasser les pierres
Pour rêver
Faire rimer des pierres
Pour qu’elles ne restent prière
Cher camarade !
Bien que nos chemins se sont séparés lors du congrès de feu notre parti le PAGS en 1990
Autour d’une résolution politico- idéologique qui avait sonné le glas et la mise a mort de cet instrument patriotique Irremplaçable pour la défense de la république qu’était notre Parti ! Je demeure persuadé que son assassinat et le tien font partie du même plan diabolique celui d’anéantir toute résistance au projet néo libéral désastreux que nous sommes entrain de vivre !
Je suis persuadé camarade aussi que toute notre force et notre vitalité nous la tirions de notre organisation et qu’une fois celle-ci désarticulée nous nous sommes fragilisés !et que toute résistance future devrait revaloriser et organiser le combat de classes, ton combat !
Ils voulaient la mort de l’idéal, il a refleuri aujourd’hui par toi sur les visages et le cœur des jeunes
Etudiants, dans la détermination inébranlable de AMEL, dans le figuier vert de ZOKHA ,dans le sourire légendaire de NADIA et RIHAB dans l’étreinte chaleureuse de FATMA dans les bras porteurs de fruits de RAJA !dans le calme olympique de Malik !
Camarade à Oran j’ai vu tes fruits et ton baobab d’arbre tu n’es pas mort IDEAL tu as refleuri, alors à toi ce poème !
Comme le « i »
Je t’aime comme le « i »
Fier droit résolu
E t si la tête vacille
Tu seras en moi enfui
Et qu’on t’enlevât le tronc
Alors point, Je te suis !
Je t’aime comme le « i »
Soleil sur ma tète rêveuse
Et quand viendra la nuit
Ma barre s’allongera joyeuse
Pour couvrir de fruits
Tes branches, o ! Frileuse
Je t’aime comme le pain
Ou des grains à moudre
Dans la bouche des gamins
Comme l’éclair de foudre
De tous ceux qui ont faim
Et rêvent d’en découdre
Je t’aime comme ma mère
Qui porte pour nous un présent
Qu’elle a conservé en terre
Pour nous l’offrir chaque instant
Ouvre le c’est dans sa chair
Un collier de balles luisant
Ouvre n’ai crainte pupilles
Avec balles il y a du corail
Et des émeraudes qui brillent
Une blanche robe à ta taille
Et des « Rdif *» aux chevilles
Ouvre et soit toujours mon « i »
Je t’aime comme mes filles
En strates barricades d’amour
Plante en la nuit ta vrille
Perce mon point du jour
Mes sources ne sont taries
Et mes terres sont labours !
Comme un « i »idéal rêve!
Soit barricade, soit grève
Soit résistante que j’aime
Soit a l’humain emblème
Je te porterais dans ma tête
Dans mes peines et mes fêtes !
Je t’aime comme un « i »
Qui casse mais ne plie
Comme ce défi plaisir
Dont je suis épris
A ne plus en finir
Pour pouvoir t’écrire !
Fateh Agrane
*RDIF : bijoux en forme d’anneaux en or ou en argent
Que portait et porte la femme Algérienne aux pieds(kholkhal)