Société

Agressions des femmes à Hassi-Messaoud Le mouvement associatif s’indigne et dénonce

Le fameux quartier El-Haïcha de Hassi-Messaoud fait encore parler de lui quant aux agressions de femmes. Dans ses éditions des 3 et 5 septembre derniers, Reporters a fait cas de la violence ayant éclaté les 1er et 2 septembre derniers, au lieudit El-Haïcha, à la suite de la mort d’un jeune homme qui, selon le même média, aurait pénétré de force chez une mère de famille qui, pour se défendre, l’a poignardé, provoquant ainsi la colère d’individus du quartier, qui se sont déchaînés contre les femmes, allant jusqu’à mettre le feu à plusieurs maisons de fortune.
Au lendemain de ces événements, qui coïncident avec les rentrées sociale et scolaire, les autorités locales ont rasé le bidonville, en plaçant les femmes et leurs enfants à l’auberge de jeunesse de Hassi-Messaoud. Dans un communiqué transmis à la rédaction, l’ONG SOS Femmes en détresse relève qu’“encore une fois les douloureux événements d’expéditions punitives du 13 juillet 2001 contre les femmes à Hassi-Messaoud refont surface”, en rappelant qu’en 2010, d’autres femmes travailleuses avaient subi des “agressions physiques et menaces de mort” sans que les auteurs des violences soient poursuivis en justice. Au sujet des derniers événements, SOS Femmes en détresse révèle que le jeune homme décédé a tenté de violer à son domicile une femme mère de 2 enfants, en déplorant l’expédition punitive qui s’en est suivie. Tout en dénonçant les actes odieux des “groupes barbares” et ces bûchers dressés “au nom de la morale et de la religion”, l’association estime que les autorités locales, par leur décision de raser les habitations précaires des rescapées, qui ont perdu tous leurs biens, ont achevé “le travail des agresseurs”. Elle ne cache pas d’ailleurs son inquiétude quant au sort réservé à ces femmes “parquées” provisoirement dans l’auberge qui seront, d’après elle, mises dehors “dans quelques temps”.
Plus loin, SOS constate que le droit à la sécurité, garanti par la Constitution, “n’existe plus pour les femmes, notamment celles qui sont les plus vulnérables”, en appelant les pouvoirs publics à leur apporter “soutien, assistance et protection”. “Nous réclamons le droit de vivre dans la dignité, nous réclamons que les droits humains des femmes et des enfants soient préservés”, écrit encore l’ONG, non sans insister sur le “droit à la protection et à la justice, afin que la victime ne se transforme pas en coupable”. De son côté, le réseau Wassila se demande qui doit assurer la sécurité des citoyennes, particulièrement “ces femmes de catégories défavorisées, parties loin des leurs pour gagner le pain de leurs enfants”. Il se demande également si les travailleuses doivent revivre continuellement ces “punitions collectives”, telles celles de 2001 et 2010. Le réseau est persuadé qu’“en l’absence de sanctions exemplaires, les agresseurs redoublent de férocité”, en alertant sur les “futures Amina”, référence faite au cas d’Amina Merabet de Constantine, 34 ans, brûlée vive récemment par un homme, alors qu’elle se rendait à son travail, qui fera l’objet d’un sit-in ce samedi (à 11h), à la Grande-Poste, à Alger. “Dans ce qui se déroule sur un mode répétitif, il existe un grand absent, l’État, les services chargés de la protection de la population”, signale le communiqué du réseau Wassila, en réclamant l’application “avec rigueur” de la loi. Quant à Soumia Salhi, militante féministe et membre de l’Association pour l’émancipation de la femme, elle déplore la “répétition macabre des événements de 2001”, voyant là la “même volonté de terroriser” les femmes, dans le but de “les dissuader d’exercer librement leur droit au travail, de réprimer leur quête d’autonomisation et d’émancipation”. Pour Mme Salhi, ces violences répétées “adossées à la précarité sociale” et ces atteintes à la dignité des femmes et à leur droit à la vie “se nourrissent du discours rétrograde, qui continue de faire des femmes les boucs émissaires des frustrations de la société”.

Liberté H. Ameyar

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