Société

BOYCOTT: Lettre ouverte au ministre de la Culture

Demande de retrait des films algériens du Festival de Locarno
Lettre ouverte au ministre de la Culture


Le mouvement algérien Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), solidaire avec le peuple palestinien, est né, il y a à peine quelques jours. Première initiative : une lettre ouverte au ministre de la Culture, appuyée par une pétition nationale, dans laquelle il est demandé à ce dernier le retrait “des films de nationalité algérienne” du festival international de Locarno, qui se déroule en Suisse.
Cet appel, qui interpelle également les cinéastes algériens qui y participent, s’explique par le fait que l’édition 2015 du festival est “spécifiquement dédiée à Israël”, donnant “carte blanche” à “Israël film found”, un organisme de financement de films sous tutelle du ministère israélien des Affaires étrangères. “Il s’agit bien d’une opération dédiée à un État et à sa politique coloniale sous prétexte culturel”, révèle le document. En termes plus clairs, le financement des films israéliens obéit à “une stratégie” visant à la fois à “effacer l’impact négatif des tueries israéliennes contre les Palestiniens sur l’opinion publique internationale” et à “éviter les sanctions et le boycott”. Dans ce cadre, le mouvement BDS Algérie rappelle d’ailleurs l’appel lancé, en avril dernier, par le PCABI (Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel), intitulé : “Ne donnez pas carte blanche à l’apartheid israélien” et signé par plus de 200 cinéastes, artistes et acteurs culturels.
Un appel entendu dans le monde, y compris par les artistes tunisiens, mais qui semble être ignoré par “un certain nombre” de réalisateurs algériens. Et parce qu’il a financé les productions de ces derniers, il est demandé à l’État algérien d’assumer ses responsabilités et “d’user de son autorité”, et ce, même si “l’invitation de ces cinéastes s’est faite sans consulter le ministère” de la Culture.
À défaut de toute influence sur les événements, il a alors “l’obligation politique de se démarquer de cette normalisation avec Israël”, poursuivent les pétitionnaires, en désavouant cette normalisation qui ne dit pas son nom, s’exprimant par le “silence” ou par un “laxisme à l’endroit de complicités internes évidentes”. Pour les promoteurs de la pétition, encore sous le choc du crime commis contre un bébé brûlé vif, la défense de la cause palestinienne implique solidarité et engagement “dans le boycott d’Israël sur tous les plans”, pour mettre un terme à “l’ordre injuste et inhumain” qui est imposé aux Palestiniens, dont la situation “ne fait qu’empirer” et dont “le déni de leurs droits les plus élémentaires devient de plus en plus scandaleux”. “La carte blanche donnée au cinéma israélien dans ce festival est en fait une carte blanche donnée (…) pour que les crimes contre les Palestiniens se poursuivent en toute impunité”, confient-ils, en refusant que le cinéma vienne au secours de la politique belliciste israélienne et que la solidarité algérienne avec la cause palestinienne soit remise en cause.
Avant de conclure : “Monsieur le ministre, nous attendons de vous un geste fort pour clarifier la position de l’état algérien à l’endroit de cette normalisation ouverte et conquérante avec l’état d’Israël”.

Hafida Ameyar Liberté

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