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Contribution: ENCERCLEMENT MILITAIRE DE L’ALGERIE ET LE PLAN FRANCO-AMERICAIN DE RESURGEANCE DE L’OCRS : UNE MENACE CONTRE NOTRE SECURITE ET L’INTEGRITE TERRITORIALE DE NOTRE PAYS

ENCERCLEMENT MILITAIRE DE L’ALGERIE ET LE PLAN FRANCO-AMERICAIN DE RESURGEANCE DE L’OCRS : UNE MENACE CONTRE NOTRE SECURITE ET L’INTEGRITE TERRITORIALE DE NOTRE PAYS

Par MARADJ ABED



En réalité l’intérêt des puissances occidentales pour le Sahara et toute la région qui englobe les pays riverains du grand Sahara qui va de l’atlantique à la mer rouge n’a jamais cessé. Dans cette région notre Sahara occupe une place de choix dans leur stratégie. La France avait mis sur rail l’OCRS (organisation commune des régions sahariennes) en 1957, une organisation politique coloniale et qui englobait le Sahara, la Maurétanie, le Mali (ex  Soudan français), le Niger et le Tchad, pour accaparer les fabuleuses richesses du sol et du sous- sol de ces pays. Le Sahara occupe une place stratégique dans l’OCRS pour deux raisons : d’abord pour les richesses dont son sol recèle, un grand travail d’exploration et de recensement avait été réalisé, en plus du pétrole et du gaz, d’importants gisements d’uranium en quantité et en qualité avaient été découvert comme à Tanezrouft, un immense gisement de minerai de fer à Gara Djebilet d’une teneur de 55%, des gisements de cuivre, de manganèse, d’or, on sait aujourd’hui qu’il y a des terres rares en grandes quantités, la découverte de l’eau en grande quantité était considérée par les français comme une découverte majeure pouvant modifier la physionomie du Sahara. Dans une revue de géographie de 1957 Ivan du Jonchay écrivait, à propos du Sahara et des pays limitrophes du Sahel : « …des indices sérieux existent, concernant le diamant, le platine, le cuivre, le nickel, l’or, le lithium, l’uranium, le zinc, l’étain, le plomb, et le pétrole… ». La deuxième raison pour laquelle le Sahara occupait une place stratégique dans l’OCRS c’est sa position géographique, une porte permettant l’accès, le contrôle et la surveillance de plusieurs pays du Sahel. Dans la même revue Ivan du Jonchay notait que  « La récente création du ministère du Sahara peut d’ailleurs faire glisser une molle « organisation commune », vers un état qui posséderait les attributs de la souveraineté ». Les richesses de cette région ont toujours été l’objet de convoitises des puissances impérialistes, tous les états riverains du grand Sahara ont été déstabilisés et amenés à abandonner petit à petit leur souveraineté la confiant au FMI et aux Occidentaux et tolérer une intrusion plus audacieuse des multinationales dans leurs économies.
La présence militaire américaine et française s’est densifiée tout autour de l’Algérie, toute la partie nord du Mali qui était comprise dans l’OCRS est d’ores et déjà occupée par l’armée française. Les Américains ont installé une base à Agadez dans le nord du Niger sur une « méga-infrastructure » de 100 millions de $. Dans le Sud marocain, ils possèdent une base aérienne à Guelmime. Le Burkina Fasso abrite à Ouagadoudou une importante base pour la surveillance du sahel et du Sud algérien. Pantelleria petite ile Italienne qui se trouve à 60 km de Klibia en Tunisie est utilisée par le renseignement américain c’est « une véritable plate forme off-shore pour les compagnies privées de renseignement aérien qui louent leurs appareils aux USA, mais aussi à la France et à l’Italie ». On se rappelle que les Américains avaient fait de fortes pressions sur notre pays pour obtenir l’autorisation d’installer des bases pour l’AFRICOM dans le Sahara. Récemment la presse avait fait état de l’implantation d’une base américaine en Tunisie, information démentie par la suite. Ces bases militaires US sont présentes dans presque tous les pays du Sahel et vont continuer à proliférer en suivant l’arc d’instabilité qu’ils ont eux même crée car se sont eux les géniteurs du terrorisme, l’arc d’instabilité correspond aux richesses dont regorge le sol de cette région. Il faut enfin souligner tout le travail mené par les américains au sein des armées de ces pays par le biais de la coopération militaire, à travers des programmes comme le Pan Sahelian Initiative (PSI) qui est un programme d’assistance militaire aux pays du sahel destiné à la «  lutte » contre le terrorisme et le crime organisé. En 2006 ils mettent en place le Trans-Sahara-Counter-Terrorisme-Initiative (TSCTI)  doté d’un budget de 500 millions de $, il remplace le PSI et est destiné à fournir une expertise militaire et des équipements à l’armée de neuf pays. Le Canada est présent militairement au Niger et au Mali ou la société LAMGOLD est propriétaire de la plus grande mine d’or du pays. L’Allemagne vient d’annoncer qu’elle installera une base au Niger et annonce son intention d’être présente au Sahel. Cet encerclement n’augure rien de bon pour notre pays, il est évident qu’ils veulent faire main basse sur les richesses de cette région mais aussi récupérer le Sahara. Cependant l’arme la plus redoutable, la plus sournoise, qui a fragilise notre pays est économique, elle est dans les conseils du FMI appliqués avec zèle comme par exemple la privatisation de l’eau et l’électricité, l’implantation des multinationales agricoles dans le sud, l’abandon de la stratégie de développement souverain au profit d’orientations néo libérales cela a abouti à un enrichissement scandaleux et provocateur d’une poignée d’oligarques et à l’appauvrissement d’une grande masse d’algériens, mais le pire est l’absence jusqu’à aujourd’hui d’une véritable stratégie de développement qui a fait que les populations du sud ont été délaissé, alors que c’est chez eux que se trouve la source de la manne financière. Cette situation est propice à tous les dérapages, à toutes les manipulations que ne manqueront pas d’exploiter les ennemis du pays. Il y a un profond mécontentement des populations du sud qui s’exprime sous différentes formes. Le mouvement des chômeurs qui a fait parler de lui et qui est structuré, les derniers mouvements de protestation contre les factures  salées de SONELGAZ sont très significatifs et ce n’est pas la première fois, dans le passé de tels mouvements avaient eu lieu dans différentes régions du Sud, c’est aussi un signal que doivent capter les autorités et éviter de suivre les conseils des oligarques qui demandaient la suppression des subventions. Concernant SONELGAZ il y a lieu de noter qu’on lui a collé un rôle qui n’a rien avoir avec sa mission, celui de collecteur de taxes et impôts pour suppléer à l’incompétence et à la paresse bureaucratique du ministère des finances et de ses services, cette situation aberrante est dénoncée par tout le monde, au nord comme au sud.
Aujourd’hui la tache la plus importante est la mise en échec du plan américain et français de partition de l’Algérie cela passe par l’isolement des forces sociales et politiques qui leurs sont liées. L’Algérie fonctionne depuis plus de trois décennies sans une véritable stratégie de développement économique, l’Algérie obsédée par le pétrole a oublié le plus important à savoir l’exploitation des fabuleuses richesses minières. Il s’agit de repenser toute la vision du développement économique du pays en partant du sud il est possible d’industrialiser le sud en développant une industrie extractive et de transformation de ces ressources naturelles exceptionnelles et c’est dans le cadre de cette stratégie que doit être pensée l’infrastructure (routes, rail…), et de manière générale toute politique en direction du sud. Pour mener à bien cette nouvelle politique économique l’existence d’immenses réserves d’eau est un atout majeur que des politiques criminelles sont en train de gaspiller, installer des multinationales agricoles dans le Sud est un piège mortel pour notre pays. Cette eau doit être utilisée avec économie et réservée pour l’industrialisation et pour alimenter les agglomérations urbaines qui naitront avec elle. L’état a les capitaux nécessaires pour entreprendre une telle politique à savoir les réserves de devise avant qu’elles ne fondent comme beure au soleil, L’état doit prioriser ses dépenses, ne pas céder aux pressions des importateurs comme cela a été le cas pour l’importation de véhicule de moins de trois ans d’âge. A condition aussi que l’état abandonne son rôle de régulateur au profit de celui d’entrepreneur portant un projet de développement souverain. Une telle politique inversera le sens de l’exode, renforcera l’unité nationale, c’est autour d’un tel projet que pourrait se constituer un puissant front intérieur qui mettra en échec toute les stratégies de déstabilisation et de partition du pays. Il manque cruellement chez nous un mouvement de masse et une internationale des mouvements populaires au niveau de tous les états riverains du grand Sahara pour dénoncer l’ingérence et la prolifération des bases américaines et françaises Dans nos régions et susciter une condamnation à l’échelle mondiale. Ce qui se passe sous nos yeux est une recolonisation qui est en marche de la région Sahélo-Saharienne par les puissances occidentales sous prétexte de lutte anti-terroriste.

MARADJ ABED
Le 01/11/2016

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