Luttes des travailleurs

Echos des luttes des travailleurs Bulletin N°17

Les syndicalistes de Rouiba s’expriment sur l’avant-projet du code du travail

“C’est un code contre les travailleurs”
Par : Madjid T


17_1.pngDans un document dont nous détenons une copie, la base syndicale UGTA, notamment les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba, relève de nombreuses restrictions dans l’avant-projet du code du travail et parle déjà “d’atteinte grave aux droits fondamentaux des travailleurs et au droit syndical”.

Cet avant-projet qualifié de “code de l’employeur” suscite non pas de la crainte, mais de la colère chez des syndicalistes de Rouiba et de Boumerdès que nous avons rencontrés avant-hier. “Ce texte est tout simplement agressif et méprisant pour les travailleurs”, affirme M. Messaoudi, secrétaire général de l’union locale UGTA de Rouiba. Outre des restrictions sur le droit de grève, sur la précarité de l’emploi, sur la compression d’effectifs, les syndicalistes s’insurgent contre “les pouvoirs exagérés et presque sans limites donnés à l’employeur, notamment dans le domaine de la discipline, du  recrutement où le CDD est érigé comme une règle au nom de la flexibilité”, affirment-ils. Les syndicalistes s’étonnent, par ailleurs, que la réintégration d’un travailleur licencié abusivement est désormais assujettie à l’accord de l’employeur. “C’est une insulte aux travailleurs et aux syndicalistes qui ont toujours considéré la réintégration des travailleurs licenciés abusivement comme une revendication essentielle dans leur combat de tous les jours”, ajoutera M. Messaoudi. Le nouveau code donne également la liberté à l’employeur de dresser la liste des fautes du 3e degré qui entraînent le licenciement. Dans l’ancien code, le licenciement ne peut intervenir que dans 7 cas seulement. “Dans celui-ci la liste est illimitée puisqu’une curieuse disposition a été introduite dans l’article 97 qui donne une liberté totale à l’employeur pour établir la liste qui lui permet de licencier un travailleur même pour un bonjour au patron mal prononcé ou un mégot jeté sur le pavé de l’usine”, s’insurge un autre syndicaliste de Boumerdès. Pis encore, le nouveau code est allé jusqu’à autoriser les employeurs à faire appel à une décision de justice de réintégration d’un travailleur licencié abusivement, note
M. Messaoudi. “Même les codes du travail européens   ne donnent pas de tels pouvoirs aux employeurs”, souligne-t-il encore avant de s’interroger sur les restrictions au droit de grève comme par exemple la disposition 338 qui parle de “l’effectif concerné” par la grève comme si quelque part on voulait porter atteinte à l’unité et à la solidarité des travailleurs, ajoute-t-il. Pour un autre syndicaliste de Sonatrach de Boumerdès, cette expression sur “l’effectif” est une aberration et constitue, selon lui, une tentative de restriction du droit de grève et d’affaiblissement des capacités des travailleurs à faire prévaloir ce droit. Les syndicalistes s’interrogent sur l’alinéa de l’article 341 qui donne le pouvoir absolu aux autorités d’établir la liste des postes de travail nécessitant la mise en place du service minimum, et ce, sans consultation des travailleurs ou leurs représentants. Ils considèrent que cette disposition est une autre tentative d’affaiblissement du droit des travailleurs. Les syndicalistes relèvent de nombreuses ambiguïtés dans ce nouveau texte comme l’interdiction de la grève aux “agents des services de sécurité” sans préciser si ceux-ci relèvent des services des corps de sécurité ou s’il s’agit d’agents de sécurité interne exerçant dans le secteur économique et dans l’administration. Sur la rémunération des journées de grève, les syndicalistes demandent de laisser la possibilité de rémunérer les journées de grève à la négociation collective. L’article 13 fait également bondir les représentants des travailleurs. Selon eux, cette disposition, qui oblige les travailleurs à se soumettre à toute réquisition des autorités, n’est, ni plus ni moins, qu’une atteinte grave aux droits des travailleurs. “Il y a lieu d’élaguer cette disposition de ce projet de loi car elle ne relève pas du cadre des obligations des travailleurs au titre de la relation de travail, c’est un devoir qui incombe à tout citoyen algérien régi par les législations compétentes autres que ce texte”, notent les syndicalistes. Sur le contrat du travail déterminé CDD, les syndicalistes soulignent que les nouvelles dispositions sont démesurées et menacent non seulement la stabilité du travailleur, mais aussi tout le foyer familial. Ils demandent tout simplement de rectifier ces dispositions de manière à obliger l’employeur à apporter la preuve, que le contrat n’est pas à durée indéterminée. Autrement dit, les syndicalistes demandent le maintien de l’article
12 de la loi 90/11.  
L’article 44 ouvre la voie à des dérives. Sur les facilités accordées à l’employeur de recruter des étrangers, le document relève que “le recours aux travailleurs étrangers ne peut être envisagé que pour suppléer un manque de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs d’activité ou pour des raisons de monopoles technologiques. Aussi la priorité doit s’orienter d’abord vers la résorption du chômage existant”. L’article 44, qui permet à l’employeur de faire travailler les femmes la nuit, soulève l’indignation des syndicalistes. Selon ces derniers, cette disposition peut ouvrir la voie à des dérives notamment dans le secteur privé, c’est pourquoi ils exigent sa suppression. Les représentants des travailleurs dénoncent l’article 38 qui donne, une fois de plus, les pleins pouvoirs à l’employeur pour procéder à l’aménagement des horaires de travail à sa guise. “L’aménagement et la répartition des horaires de travail durant la semaine doivent être déterminés par les conventions et accords collectifs de travail”, affirment-ils. Sur l’emploi des handicapés, les syndicalistes s’étonnent qu’aucune disposition de ce nouveau texte n’oblige explicitement les employeurs à recruter des handicapés. Ils s’interrogent, en outre, sur l’exclusion des syndicalistes une fois élus au comité de participation. L’article 176, qui donne la possibilité à un tiers des travailleurs de convoquer une AG pour l’élection du CP, suscite des craintes chez nos interlocuteurs qui considèrent que cet article peut ouvrir la porte à des dérives. Autre disposition, qui suscite des prémonitions chez les syndicalistes de la base, est celle qui affirme que le CP a une voix consultative alors que cette voix doit être élective et délibérative.
Par ailleurs, la possibilité pour l’employeur de convoquer une assemblée générale pour l’élection du CP est considérée comme un autre mépris aux syndicalistes. Concernant la gestion des œuvres sociales (art. 224), les syndicalistes s’interrogent sur la définition de donnée aux “œuvres sociales” sachant que “certaines actions sociales et culturelles financées par l’employeur sous le vocable d’affaires sociales échappent au contrôle du comité de participation”, précisent-ils. Les représentants des travailleurs se disent attachés plus que jamais aux anciennes dispositions de la loi 90-11 concernant le volet social et toute procédure de recours aux compressions d’effectifs et rejettent carrément les nouvelles propositions. Enfin, les syndicalistes estiment que, comme prévu, le 87 bis n’a pas été supprimé, puisque le nouveau code du travail laisse entendre que de nombreuses primes semblent toujours coller au salaire de base. Le document des syndicalistes énumère de nombreux autres griefs sur ce projet. Nous y reviendrons.

Elle appelle Bouteflika à retirer le texte de Loi et celui de la santé
Louisa Hanoune en guerre contre le nouveau code du travail

Par : Karim Kebir



Elle n’exclut pas un éventuel recours à une grande grève générale au cas où ces deux textes viendraient à être adoptés Les deux textes de loi, l’avant-projet portant code du travail et l’avant-projet de loi relative à la santé, qui seront bientôt débattus au Parlement ne sont pas du goût de Louisa Hanoune et elle le fait savoir.
Elle entend même mener une “bataille”, en compagnie de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) contre ces deux textes, à travers une grande mobilisation des travailleurs. “Le PT et l’UGTA vont se mobiliser ensemble. Ce sera une grande bataille. Et si le gouvernement maintient cette loi (sur le travail, ndlr), il y aura riposte. Les syndicats prendront leur responsabilité et il y aura organisation de la mobilisation”, a-t-elle mis en garde, hier, lors d’une conférence de presse organisée au siège du parti à Alger. Cette sortie de Mme Hanoune qui intervient à la veille de la tenue de la tripartite se veut, selon toute vraisemblance, comme un soutien à l’UGTA et comme une sonnette d’alarme contre les conséquences de l’adoption de ces lois sur la stabilité sociale. “C’est la loi de la jungle, elle était valable au Moyen-âge. Il n’y a que les patrons qui ont des droits dans cette loi. Le projet de loi sur le travail est un rouleau compresseur contre les acquis des travailleurs depuis l’indépendance du pays alors que l’avant-projet de loi sur la santé va conduire à la destruction de la gratuité des soins et au désengagement de l’État des hôpitaux publics”, dit-elle.
Elle n’exclut d’ailleurs pas un éventuel recours à une grève générale au cas où le gouvernement adopterait ces deux textes de loi. “Ce sera une grande bataille et s’il faut aller à une grève générale, il faut y aller comme l’a fait l’UGTA en 2001 et en 2003 contre le projet de loi sur les hydrocarbures de Chakib Khellil”.
En attendant, Mme Hanoune appelle le président de la République à retirer ces deux textes de loi d’autant, selon elle, qu’ils sont en contradiction avec ses instructions.
Comme souvent, la première responsable du PT n’écarte pas l’idée que ces textes, notamment celui sur le code du travail, soient d’inspiration étrangère et qu’ils s’inscrivent dans la perspective de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. “On dirait que ce sont des étrangers qui ont élaboré ce projet de loi sur le travail. Il y a une orientation idéologique en rapport avec l’entrée à l’OMC. Cette loi vise la destruction pure et simple des travailleurs en tant que catégorie organisée. C’est une mort programmée”, soutient-elle.  
Selon une étude réalisée par l’UGTA, l’adhésion de l’Algérie à l’OMC va conduire à l’arrêt des subventions par l’État des produits de première nécessité. Aussi, près de 400 000 emplois seront supprimés. “Il y aura un séisme social”, prédit Mme Hanoune. “Avec l’ouverture du transport aérien au privé, on va devenir comme la Grèce”. En dépit des discours rassurants de l’Exécutif, Louisa Hanoune n’en perçoit pas moins quelques duplicités qui “inquiètent”. “Je mets en garde les responsables concernant le caractère ambivalent dans la politique d’adhésion à l’OMC et dans la règle 51/49”. “Cette duplicité et ambivalence inquiètent”, dit-elle.  Au chapitre politique, Mme Hanoune s’est refusé à commenter l’initiative de la CNLTD et celle du FFS, alors que sur la Constitution, elle soutient qu’aucun responsable ne connaît quel sera sont sort. Quant aux visites du patron de l’Africom et celui du chef d’état-major français, elles s’inscrivent dans le cadre de pressions visant à amener l’Algérie à appuyer la coalition contre l’EI et une éventuelle intervention en Libye.
À noter que le PT et l’UGTA ont  lancé un appel à toutes les organisations du mouvement ouvrier international pour satisfaire les aspirations vitales du peuple palestinien, dont notamment la levée du blocus imposé sur Gaza.


Revendication phare de la centrale syndicale
L’article 87 bis n’a pas été abrogé

Par : Mourad Fenzi


L’article 87 bis, ayant fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, et dont l’abrogation a été présentée comme la revendication phare de la bureaucratie syndicale, n’a été que reformulé. Les salariés sont ainsi mis face à une vraie fausse victoire de l’Ugta.
Tout un tapage médiatique a été fait autour du fameux article 87 bis à l’occasion de l’adoption en Conseil des ministres de l’avant-projet de loi portant code du travail. D’aucuns ont péroré sur “l’abrogation” de cet article tant controversé et mis en garde quant aux retombées financières de cette décision ! Mais qu’en est-il au juste ? L’article 87 bis de la loi n° 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail a-t-il réellement été supprimé, comme le disent certains ?
Regardons un peu de plus près les textes. Dans l’ancienne loi, qui est d’ailleurs toujours en vigueur, on peut retrouver le fameux article au titre IV : “Rémunération du travail” et au chapitre II : “Salaire national minimum garanti.”
Ledit chapitre compte deux articles : le 87 et le 87 bis. “Le salaire national minimum garanti (SNMG) applicable dans les secteurs d’activité est fixé par décret, après consultation des associations syndicales de travailleurs et d’employeurs les plus représentatives.
Pour la détermination du SNMG, il est tenu compte de l’évolution : de la productivité moyenne nationale enregistrée ; de l’indice des prix à la consommation ; de la conjoncture économique générale”, lit-on dans l’article 87.
Le second article, appelé le 87 bis, stipule ce qui suit : “Le salaire national minimum garanti, prévu à l’article 87 ci-dessus, comprend le salaire de base, les indemnités et primes de toute nature à l’exclusion des indemnités versées au titre de remboursement de frais engagés par le travailleur.”
L’introduction de cet article, suite aux injonctions du Fonds monétaire international (FMI), avait induit, depuis, le gel des salaires et provoqué l’ire des travailleurs.
Mais que prévoit l’avant-projet de loi portant code du travail ? Rien de différent ou de substantiellement différent, serions-nous tentés de répondre ! En fait, au chapitre VIII intitulé “De la rémunération du travail” et à la section 2 portant “Salaire national minimum garanti”, on retrouve deux articles, le 129 et le 130. Exactement comme dans le futur ancien texte. L’article 87 a été légèrement lifté comme suit : “Le salaire national minimum garanti (SNMG) applicable dans (l’ensemble des) secteurs d’activité (y compris celui des institutions et administrations publiques) est fixé par décret, après consultation des associations syndicales de travailleurs et d’employeurs les plus représentatives (à l’échelle nationale).
Pour la détermination du SNMG, il est tenu compte de l’évolution : de la productivité moyenne nationale enregistrée ; de l’indice des prix à la consommation ; de la conjoncture économique générale.” Ce qui a été rajouté est mis entre parenthèses.
Le 87 bis, lui, s’est transformé en article 130, et voilà ce qu’il stipule : “Le salaire national minimum garanti comprend le salaire de base, ainsi que les primes liées à la production, au rendement et aux résultats du travail.
Les primes et indemnités exclues du contenu du salaire national minimum garanti seront définies par voie réglementaire.” On l’aura noté, on est face à un amendement de l’article et non à une abrogation. Si le SNMG comptait jusqu’à présent le salaire de base et “les primes et indemnités de toute nature”, désormais, il ne sera question que du salaire de base et “des primes liées à la production, au rendement et aux résultats du travail”.
Autrement dit, des primes, comme la PRC et la PRI, seront incluses dans le calcul du Snmg. Quand on sait qu’il s’agit en général de primes conventionnelles, instituées par voie de négociations collectives syndicat-employeurs, il est fort à craindre pour les travailleurs qui n’ont pas de représentation syndicale.
Aussi, il faut souligner que la plupart des employeurs, notamment dans le secteur privé, déclarent rarement leurs employés, comme vient de le confirmer l’enquête de l’ONS, comme ils sont très peu à avoir institué des indemnités dans leur pratique gestionnaire. Plus concrètement donc, le nouveau code du travail ne changera pas grand-chose à la fiche de paie des salariés, comme veulent le faire croire l’UGTA et le gouvernement.

L’abrogation de l’article 87 bis effective à partir de janvier 2015

Sidi-Saïd : “4 millions de travailleurs seront touchés par les augmentations”
Par : Meziane Rabhi


Le ministre des Finances a affirmé que “la redéfinition du Snmg se fera par voie réglementaire après une discussion qui aura lieu bientôt”.

L’abrogation de l’article 87 bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail, annoncée pour janvier 2015, permettra une “augmentation” des salaires qui touchera progressivement l’ensemble des travailleurs à l’échelle nationale, a affirmé, jeudi, à Alger, le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, à l’issue de la réunion de la tripartite (gouvernement-syndicat-patronat) qui s’est tenue à huis clos à la résidence d’État Djenane El-Mithaq, à Alger.
Le SG de l’UGTA a indiqué que la décision sera mise en œuvre à partir de janvier 2015, une fois la loi de finances promulguée. Le communiqué final de la tripartite souligne que “les participants ont pris acte et se félicitent de la décision de M. le président de la République portant abrogation de l’article 87 bis de la loi 90-11 qui permettra une sensible amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs, notamment des basses catégories professionnelles et ont convenu de mettre en place le dispositif de mise en œuvre pour une application au 1er janvier 2015”.
En cas de retard dans son application, soutient le SG de l’UGTA, la rétroactivité se fera à partir du 1er janvier 2015.
La mesure concernera, dans un premier lieu, précise M. Sidi-Saïd, les basses catégories. “Les augmentations toucheront 1,2 million de fonctionnaires et entre 2 à 3 millions de travailleurs du secteur économique, public et privé. Globalement, nous aurons 4 millions d’employés qui seront concernés immédiatement par les augmentations”, a-t-il soutenu. “L’article 87 bis est définitivement abrogé. Il ne faut plus qu’il y ait d’équivoque sur cette question. Il ne faudrait plus spéculer dessus”, a insisté le SG de l’UGTA, estimant que la décision qu’il qualifie “d’historique” est le fruit d’un dialogue et d’une confiance entre les partenaires sociaux. Quant à la redéfinition du Snmg, “elle se fera tranquillement entre les partenaires sociaux, d’ici peu de temps sur la base du code du travail”. Le SG de l’UGTA n’a donné aucune précision sur le niveau des augmentations salariales et le contenu de la nouvelle reformulation du Snmg. Le ministre des Finances a affirmé que “la redéfinition du Snmg se fera par voie réglementaire, après une discussion qui aura lieu bientôt”. Le ministre des Finances soutient que toutes les organisations patronales ont été d’accord avec la démarche du gouvernement et de l’UGTA.
Le ministre de l’Industrie, lui aussi, a parlé de consensus sur cette question, évoquant des discussions pour redéfinir le Snmg. Concernant le niveau des augmentations, Abdelmadjid Sidi-Saïd s’est contenté de dire que les opérations techniques se feront au niveau de la Fonction publique et des secteurs économiques publics et privés. Il exclut tout appel à la grève au sujet de l’avant-projet de code du travail.
“Ce n’est qu’un avant-projet. La mouture n’est pas définitive”, a-t-il précisé.

Retour du crédit à la consommation

L’autre décision qui enchante le patron de la Centrale syndicale concerne le rétablissement du crédit à la consommation. Là aussi, “les participants à la rencontre tripartite ont pris acte et se félicitent du rétablissement du crédit à la consommation et la protection et promotion de la production nationale et appellent à la mise en œuvre du dispositif réglementaire régissant le crédit à la consommation pour le début de l’année 2015”. Mais aucune date n’a été avancée. En dehors de ces deux questions, la tripartite n’a pas dérogé à la règle des précédentes éditions. Le communiqué annonce une série de promesses. Il s’agit, entre autres, “d’accélérer la cadence de mise en œuvre du contenu des engagements du pacte national économique et social de croissance et d’assurer le suivi de l’application des engagements à travers le comité tripartite mis en place à cet effet”. Les participants à la réunion ont convenu de “tout mettre en œuvre pour atteindre un taux de croissance économique de 7% en 2019”.
L’effort de lutte contre le chômage par l’encouragement de l’investissement productif créateur de richesses et d’emplois sera poursuivi.
Une attention particulière sera accordée au développement agricole et rural en raison de sa contribution à la sécurité alimentaire. Le communiqué évoque l’“amélioration du climat des affaires” par une simplification des procédures pour la création d’entreprises notamment, la disponibilité du foncier, l’accès au crédit et aux services publics de qualité. Il a été également convenu de la modernisation de l’administration économique et la lutte contre les lenteurs et les comportements bureaucratiques et la décentralisation de la décision pour garantir un meilleur service public.

L’article 87 bis n’est pas vraiment abrogé, selon le Cla



Tant réclamée par les organisations syndicales, l’abrogation de l’article 87 bis n’est pas encore acquise.
« L’article 87 bis n’est pas aboli. Il est juste remplacé par l’article 130 contenu dans le projet du nouveau code de travail», a déclaré ce samedi à la presse Idir Achour, secrétaire général du CLA.
L’article130 indique que le «salaire national minimum garanti comprend le salaire de base, ainsi que les primes liées à la productivité, au rendement et aux résultats du travail. Les primes et indemnités exclues du contenu du salaire national minimum garanti seront définies par voie réglementaire».
L’article 87 bis stipule que «  Le salaire national minimum garanti, comprend le salaire de base, les indemnités et primes de toute nature à l’exclusion des indemnités versées au titre de remboursement de frais engagés par le travailleur ».
L’abrogation de l’article 87 bis sera applicable graduellement à partir du mois de janvier prochain pour les catégories les plus défavorisées, a décidé la 17e réunion tripartite, gouvernement-UGTA-patronat, tenue, jeudi dernier à Alger.
Réuni vendredi et samedi à Alger, le Conseil national du Cla a décidé  de faire du code de travail une priorité.
le Cla a, faut il le rappeler, appelé à l’annulation pure et simple de l’avant projet portant code du travail. le Cla relève entre autre en plus de la non-abrogation de l’article 87 bis, la consécration de la précarisation de l’emploi, l’autorisation des enfants mineurs de 16 ans à travailler, la remise en cause du droit de grève et la consécration de l’UGTA comme seule partenaire social.
Le Cla se dit ainsi, par la voix de son SG, disponible à s’engager dans une action commune avec d’autres syndicats autonomes afin de s’opposer à l’application de ce projet de code. La coalition syndicale devra, prévoit le Cla, être capable de définir un nouveau code de travail, une nouvelle politique salariale et une révision du statut particulier.
Les cours n’auraient pas débuté dans 40% des lycées
Deux semaines après le début de l’année scolaire, « les cours n’ont pas encore commencé dans 40% des établissements secondaires au niveau national », signale le syndicaliste.
Selon lui, « dans les lycées concernés pas ce retard les élèves n’ont même pas terminé leurs inscriptions à cause de l’absence du proviseur, censeur, surveillant général ou adjoint de l’éducation ». Dévalorisés par le statut particulier, ces  postes souffrent d’une vacance qui entrave le bon fonctionnement des établissements, explique Idir Achour.  
 

Réunion de la tripartite



Le tant controversé article 87 bis du code du travail volera bien la vedette lors du sommet tripartite qui regroupera ce jeudi, le gouvernement au patronat et au seul partenaire social qu’est l’UGTA.
M. Kebci – Alger (Le Soir)
Cet article de la loi 90-11, du 21 avril 1990, relative aux relations de travail, modifié le11 janvier 1997, stipule que «le salaire minimum national garanti (SMNG) doit comprendre le salaire de base, les primes et les indemnités, quelle que soit leur nature, à l’exception des indemnités versées pour payer les dépenses assumées par le travailleur». Ce qui a fait que les partenaires sociaux ont de tout temps revendiqué sa suppression et son abrogation au moment où, du côté de l’Exécutif et du patronat, on a, jusqu’ici, tergiversé quant à cette option de par ses incidences économiques. Avec, notamment, le risque d’une inflation dont le taux annuel actuel oscille entre 3% et 4% si, bien entendu, l’augmentation des salaires, que la suppression de cet article suppose, n’est pas accompagnée d’une augmentation de la production et de la productivité, comme le souligne plus d’un économiste.
L’abrogation de l’article a été introduite, pour rappel, dans le projet de loi de finances pour 2015 adopté en Conseil des ministres le 26 août dernier. Une option dont l’application suppose la finalisation des décrets et de circulaires interministérielles entre les ministères des Finances et du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.
D’où, comme l’affirmera le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), «les mesures d’application de la suppression de cet article du code du travail qui suppose une autre formule de calcul du SNMG à définir, qui seront débattues lors de cette tripartite».
Une définition du SNMG qui a obéi à certaines contraintes de l’époque des années 1990 mais qui ne sont plus de mise actuellement.
Pour Habib Yousfi, cette abrogation est synonyme d’une «augmentation salariale», d’où, poursuivra-t-il, l’impératif de «booster la production nationale si l’on veut limiter les effets d’un «probable boom de l’inflation».
Outre donc ce fameux article d’ordre social, la tripartite de ce jeudi traitera, également et essentiellement, de la croissance économique, de la relance des investissements, comme l’a soutenu le Premier ministre pour qui la solution pour ce faire consiste en «la création d’unités productives pour que l’Algérie récupère sa base industrielle».
M. K.


La tripartite et l’«effet d’accordéon»

par Hassan H.


La tripartite qui s’ouvre après demain domine l’ac-tualité de la ren-trée 2014. En tête des préoccupations et des commentaires depuis déjà plusieurs semaines, l’abrogation de l’article 87 bis est un succès symbolique pour l’UGTA qui porte de longue date cette revendication et qui n’a pas été à pareille fête depuis de nombreuses années. Pour beaucoup de travailleurs algériens (au moins 1 million d’entre eux et sans doute beaucoup plus), il s’agit de bien plus qu’un symbole :une bouffée d’oxygène annoncée à la sortie d’un été caniculaire et meurtrier pour les bourses modestes.

Ceci n’empêche pas cela : le patronat dit redouter un «effet d’accordéon» sur l’ensemble de la grille des salaires et beaucoup d’économistes tirent le signal d’alarme. Combien va coûter la mesure ? les estimations varient de 1 milliard de dollars à plus de 10 milliards. Une preuve supplémentaire de la qualité et de la précision de nos outils d’analyse économique. N’empêche, les économistes ont sans doute raison. Au bout du compte les augmentations de salaires risquent d’ouvrir un nouveau cycle de croissance des importations au moment ou le précédent, entamé en 2011, commençait à épuiser ses effets. Le problème c’est que 2014 n’est pas 2011. Nos marges de manœuvres financières n’existent plus.

L’excédent commercial considérable d’il y a encore quelques années a fondu comme neige au soleil et la balance des paiements est déjà déficitaire au premier semestre. Un bon sujet de réflexion pour la tripartite…
Autre sujet de réflexion, la préférence de l’Etat algérien pour le secteur public ne se dément pas. Après avoir banni le privé du secteur bancaire, il s’emploie avec persévérance à lui interdire l’accès aux branches industrielles réputées «stratégiques». Cevital dans la sidérurgie ? jamais semblent avoir juré nos décideurs économiques ( voir notre article sur les circonstances de la renationalisation d’El-Hadjar). Pour donner une nouvelle crédibilité à cette démarche et sauver le secteur public industriel, les autorités algériennes ont trouvé une nouvelle panacée : le partenariat international.

En attendant de voir les résultats que produira cette nouvelle démarche inaugurée grâce à des alliances industrielles entre des groupes publics algériens et des géants industriels comme Renault, Lafarge, ou Massey Ferguson, on peut déjà méditer sur les expériences en cours à El hadjar ou encore dans la pétrochimie où Sonatrach elle-même (voire notre article sur l’industrie des fertilisants) ne semble pas avoir négocié très avantageusement les partenariats conclus ces dernières années.


FNTR

La Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), affiliée à l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) s’interroge sur le sort des retraités par rapport à l’abrogation de l’article 87 bis. Cette décision induira la hausse des salaires à partir de janvier 2015 mais «qu’en est-il du monde des retraités ?», se demande la FNTR dans un communiqué. Elle rappelle que les retraités réclament le rétablissement de ce droit depuis au moins dix ans.
Une revendication qu’elle qualifie de «fondée juridiquement et socialement» après l’abrogation de l’article 87 bis. «Ces deux articles ont été révisés ensemble en 1994 et devraient être modifiés ensemble en 2014», estime-t-on.
L’application de deux seuils minimum, l’un au profit de travailleurs salariés (SNMG libéré) et l’autre au profit de retraités (pension minimum égale à 75% du SNMG) est une «injustice» pour la FNTR qui demande qu’elle soit levée. Elle explique que cette situation creusera un écart entre les travailleurs et les retraités.
Syntèse Rym N.

CNAS

Miracle ! la Cnas se met à communiquer. Mieux encore, elle parle d’assurés sociaux à qui il faut garantir un meilleur service. C’est une première, en espérant que ce ne soit pas la dernière, car la Cnas, à l’image des autres organismes sociaux, n’a pas bonne réputation auprès de ses usagers qui sont aussi ses bailleurs. Qu’en est-il ?
La Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) veille à l’amélioration des prestations au profit des assurés sociaux et ayants droit à la faveur d’une série de mesures dont «l’allongement» de l’accès aux indemnités sociales au profit de la catégorie des retraités jusqu’à 2020, a indiqué un communiqué de la direction de cet organisme, publié mercredi 10 septembre 2014. Outre l’élargissement du conventionnement avec les praticiens de la santé privés aux opticiens, aux cliniques de chirurgie cardiaque et aux opérateurs d’évacuation sanitaire privés, la Cnas a généralisé le droit au système du tiers-payant à tous les détenteurs de la carte Chifa et élargi l’accès aux indemnités sociales pour la catégorie des retraités jusqu’à 2020, ajoute la même source. Cette couverture sociale inclut également les étudiants qui ont droit aux différentes assurances (maladie, maternité et accidents de travail). Concernant la sensibilisation et la prévention, la Cnas assure le dépistage précoce «gratuit» du cancer du sein aux assurées sociales et ayants droit âgées de 40 ans et plus au niveau des centres régionaux d’imagerie médicale.
«Consacrer la culture d’écoute des citoyens»
Pour l’amélioration du service public, la Cnas a mis en place «des mécanismes permettant de mettre en œuvre les recommandations du gouvernement dont la simplification des mesures d’accès aux prestations dans la perspective de «consacrer la culture d’écoute aux citoyens» à travers toutes les structures d’accueil. Sur ce volet, la Cnas veille non seulement à améliorer les conditions d’accueil et la qualité des prestations mais également à «accorder une attention particulière» aux personnes aux besoins spécifiques en renforçant la coopération administrative entre les caisses d’assurances sociales et en assurant l’échange des documents administratifs entre les organismes relevant du ministère de la tutelle au lieu de les demander au citoyen.
Les services de la Cnas ont également mis en place un site électronique afin d’éviter le déplacement au citoyen, outre l’ouverture de guichets spécialisés au niveau de toutes les agences pour prendre en charge les rendez-vous de radiographie. Par ailleurs, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale a lancé à partir du mois d’août dernier et jusqu’au mois d’octobre prochain une caravane d’information sur les activités du secteur à travers toutes les wilayas en vue de promouvoir le travail de proximité et tenir le citoyen informé des réalisations accomplies. Espérons que cette caravane ne fera pas que passer….
LSR

Le niet de l’UGTA


Au lieu d’améliorer le climat des affaires, le gouvernement vise à offrir une main-d’œuvre bon marché et des conditions juridiques assouplies aux investisseurs étrangers qui trouveront ainsi plus de facilités pour gagner de l’argent.
Si ce code venait à être adopté, notre pays marquerait une étape de régression sociale, la pire depuis l’indépendance», explique Amar Takdjout, président de la Fédération nationale des travailleurs du textile, de l’UGTA.  
Ce texte, soumis à réflexion au niveau des fédérations UGTA et des unions de wilaya, «consacre une véritable remise en cause de plusieurs acquis, arrachés par la lutte et grâce à la mobilisation». Cette fédération UGTA est très critique concernant les dispositions que le gouvernement veut introduire dans ce texte pour permettre plus de «flexibilité» aux employeurs. Selon ce syndicaliste, les dispositions passées au peigne fin indiquent un retour au verrouillage des syndicats. «Les syndicats n’ont plus le droit de siéger dans les conseils de participation, ce qui est une aberration», indique notre interlocuteur, qui a relevé les incohérences de ce texte qui visent «à isoler» les syndicalistes et brider les actions syndicales, les grèves étant soumises à plusieurs restrictions.
«Plusieurs acquis dans l’ancien code du travail sont menacés. Nous sommes en train d’assister à un projet qui veut remettre en cause tout ce qui a été édifié par nos prédécesseurs», s’inquiète M. Takdjout. Les inquiétudes de l’UGTA sont également motivées par ce projet de loi qui autorise le travail «activité non pénible» dès l’âge de 16 ans dans certains secteurs. «Qui déterminera si le travail est pénible ou pas ?» L’adoption de ces articles signera une plongée directe dans la consécration du travail des mineurs. Dans ce contexte, le président de la Fédération du textile pose la problématique de la difficulté de contrôle des dépassements en matière d’emploi des enfants.
Autre aspect suscitant la crainte des travailleurs, la généralisation des contrats à durée déterminée qui  aura pour conséquence, selon le même responsable syndical, la multiplication des risques de harcèlement et autres dépassements qui peuvent menacer l’intégrité physique ou morale des employés. En somme, le texte accorde beaucoup de «facilitations» aux employeurs, qui y trouvent plus de souplesse concernant les contrats de travail. «L’on se demande, si les auteurs de ce document ont apporté une réponse favorable aux doléances des employeurs algériens qui n’ont jamais formulé de telles revendications, à mon avis», s’interroge M. Takdjout qui craint que ces dispositions «soient dictées par des pressions extérieures».

Bradage

Au lieu d’améliorer le climat des affaires, le gouvernement vise à offrir une main-d’œuvre bon marché et des conditions juridiques assouplies aux investisseurs étrangers qui «trouveront ainsi moins de contraintes juridiques pour gagner de l’argent sans trop dépenser». «Scandale», résume l’ancien député du Parti des travailleurs. De son côté, Azzouz Bachir, président de la Fédération des travailleurs de l’hydraulique, estime  que l’enjeu de ce projet de loi portant amendement du code du travail dépasse les restrictions de la liberté syndicale. Il y a visiblement une volonté d’écarter les syndicalistes de tout le périmètre décisionnel structurant l’entreprise.
Ce syndicaliste juge qu’en écartant les syndicats des conseils de participation, un fossé se creuse entre l’entreprise, son devenir, ses difficultés, les décisions qui la concernent et le monde des travailleurs. «Les syndicats ont toujours défendu leur poste de travail. C’est grâce aux représentants des travailleurs que des entreprises n’ont pas été bradées et visiblement avec ce projet de texte, personne ne pourra plus faire obstacle au bradage des sociétés», s’inquiète M. Azzouz. Selon ces syndicalistes, la centrale syndicale a mis en place deux commissions techniques pour préparer une réponse encadrée à ce projet de texte. Aucune des 29 fédérations des secteurs ni les 48 unions de wilaya ne tolèrent «les dépassements contenus dans ce projet de texte», affirment-ils.
 
Fatima Arab

Ils prévoient un sit-in mardi devant le ministère du Travail à Alger
Les postiers ne lâchent pas prise

Les adhérents au bureau national du Syndicat national des postiers (Snap) ont décidé de tenir un rassemblement, mardi, devant le siège du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale à Alger. C’est le deuxième débrayage au moins d’une quinzaine de jours pour dénoncer les lenteurs administratives quant à l’octroi de l’agrément qui leur permettra d’exercer leur travail syndical en toute liberté. Les protestataires ont tenu à exprimer leur ras-le-bol sur les licenciements abusifs imposés par la direction d’Algérie Poste à l’égard des travailleurs syndicalistes de leur entreprise. En effet, la grogne sociale s’élargit au niveau d’Algérie Poste.

Après le premier débrayage des adhérents du Snap qui a eu lieu à la fin du mois d’août dernier, cette catégorie professionnelle a décidé de renouer avec la protestation. «Après deux ans d’une vaine attente quant à l’attribution d’un agrément qui nous permettra d’exercer notre droit syndical en toute liberté, nous avons décidé de recourir à la protesta», dira M. Abdelaoui, chargé national de la communication au niveau du Snap, au téléphone, en remettant en cause les conditions de travail dans lesquelles ils exercent. «Les postiers travaillent dans des conditions précaires.

Ils ne disposent même pas d’appareils de vérification des billets de banque. Ils se retrouvent souvent avec des faux billets en fin de journée», a-t-il expliqué. De son côté, le président du Snap, Tarek-Amar Khoudja, a souligné que l’objectif de ce nouveau débrayage est de protester contre les pratiques de répression menées par la Direction d’Algérie Poste à l’égard des syndicalistes de l’entreprise. «Une dizaine de syndicalistes ont été suspendus de leurs fonctions.

Pour une simple raison : ils veulent créer un syndicat autonome au niveau de cette entreprise publique. Ce qui indique, enchaîne-t-il, que ces pratiques de suspension sont menées afin de casser toute lutte syndicale autonome au niveau d’Algérie Poste». Et d’ajouter : «Nous allons observer un sit-in de deux heures entre 10h et 12h mardi prochain.

Nous n’allons pas lâcher prise, jusqu’à ce que la quasi-totalité de nos travailleurs suspendus soient réhabilités dans leur poste», a-t-il conclu. Pour rappel, les revendications des postiers s’articulent globalement autour de l’intégration des  contractuels dans des postes permanents qui sont au nombre de 1000 agents à l’échelle nationale, la mise en place d’une commission d’enquête sur la gestion des ressources humaines d’Algérie Poste, l’attribution de l’agrément à leur syndicat et la réhabilitation des travailleurs suspendus dans leur poste de travail.

Z. C. Hamri 


travailleurs de l’Etusa en grève de la faim


17_2.pngLes travailleurs de l’Etusa lors d’un rassemblement de protestation en octobre 2012. Sid-Ali/New Press
Après avoir tapé à toutes les portes, six travailleurs de l’Etablissement public de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa) observent une grève de la faim illimitée au niveau de l’esplanade de la Centrale syndicale. Banderoles accrochées au mur, ces employés qui jouissent d’une très longue expérience au sein de l’Etusa crient à l’injustice et la hogra dont ils sont victimes. «16 ans de hogra barakat», peut-on lire sur une affiche collée au mur jouxtant le portail d’entrée du staff dirigeant de l’UGTA. Victimes d’une compression d’effectifs en 1998, ces grévistes se sont battus des années durant jusqu’à ce qu’ils soient réintégrés en 2007. Quelques années plus tard, en octobre 2011, ils obtiendront également l’engagement de la direction de l’Etusa, conformément à un accord signé avec la Fédération des travailleurs du secteur des transports, de verser des cotisations à la CNR pour les années de compression, à savoir 9 ans. Cet engagement consigné dans un procès-verbal n’a jusqu’à présent pas été appliqué. C’est pour cette raison que ces six travailleurs proches de la retraite ont décidé de faire une grève de la faim. «Nous avons subi l’injustice durant neuf ans, nous refusons de continuer à payer pour les erreurs des autres. Nous ne quitterons pas cette esplanade sans arracher nos droits ou dans un cercueil», jure Mohamed Kharoubi, un des grévistes et ancien syndicaliste dans une déclaration à Algeriepatriotique. «Je viens d’être informé que ma pension de retraite ne sera que de 18 000 DA, il me manque neuf ans de cotisations qui n’ont pas été versées par l’employeur, conformément au texte relatif à la compression d’effectifs. C’est mon droit, je le réclame vivement», poursuit Kharoubi, qui regrette l’absence de solidarité syndicale. «Nous sommes là depuis vingt jours et aucun haut cadre de la Centrale syndicale n’a daigné nous demander pourquoi nous sommes là. Le secrétaire général de l’UGTA nous a même demandé de quitter les lieux. Je ne vous parlerai pas du mépris du président de la Fédération des transports», lâche-t-il non sans désolation. Les grévistes ont collé au mur leurs cartes d’adhésion à l’UGTA en réponse, disent-ils, «à ces tentatives d’intimidation. Pour eux, la seule voie de salut, c’est l’application de la décision signée en octobre 2011. Outre le versement de neuf ans de cotisations à la CNR, la direction de l’Etusa s’était engagée à octroyer une à deux catégories avec effet rétroactif pour une à deux années de travail, en raison notamment du refus de la CNAC de rembourser les COD. Ces grévistes se disent ainsi déterminés à aller jusqu’au bout de leurs revendications, en poursuivant indéfiniment leur action de protestation. Leur santé risque d’en prendre un sérieux coup.
S. Baker


La carrière de l’ENCG de Témouchent privée d’explosifs
140 salariés dans le désarroi



L’ENCG est en attente d’une autorisation pour utiliser les explosifs pour l’extraction d’agrégats.
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L’Entreprise nationale des corps gras (ENCG) n’a pas effectué de tirs d’explosifs depuis un mois en raison de la non-délivrance par les autorités d’une autorisation, ce qui a réduit sa production d’agrégat et provoqué une sourde grogne au sein de ses 140 salariés.
Cette situation contraste avec l’époque du redéploiement de l’entreprise sur une nouvelle carrière située au pied de «Djebel Dhar El Menjel» dans la commune d’El Maleh en remplacement de la carrière géante d’agrégat sur le territoire de la commune limitrophe de Chabat el Laham, un site dont le gisement était en fin de vie. C’était en août 2007, une période où la production de granulat était également limitée faute d’un approvisionnement suffisant en dynamite pour l’extraction de la roche à concasser.
L’ONEX, l’entreprise nationale détentrice du monopôle de sa distribution, avait alors du mal à suivre l’évolution de la demande d’explosifs dont la consommation avait quadruplé en Algérie au regard de la relance des besoins en granulat du secteur de la construction et des travaux publics. A ce propos, pour une réserve géologique de 30 millions de tonnes et avec une capacité nominale de production de 1 million de tonnes d’agrégat par an, l’ENCG Témouchent réalisait ses objectifs en totalisant 969 300 tonnes en 2009. Mais ce positif résultat allait chuter à 716 200 tonnes en 2010 pour se situer, au cours du 1er semestre de 2011, à 214 900 tonnes.
La décrue est expliquée alors en raison de la baisse du plan de charge des entreprises utilisatrices de granulat. C’est ce qui a provoqué la perte de près de 180 000 DA/an de prime de rendement collective par chacun des salariés, une perte qui est aussi mise en partie par les syndicalistes au compte d’une mesure restrictive décidée par l’ex-wali, nommé depuis membre du gouvernement. Ainsi, alors que l’autorisation accordée semestriellement par la wilaya pour des livraisons hebdomadaires de 5 tonnes de dynamite, elle n’est plus délivrée qu’au compte-goutte, soit une pour chaque tir, soit une autorisation toutes les semaines, une lourdeur qui va faire que certaines semaines vont être sans tir.
D’aucuns se sont interrogés sur l’utilité d’une telle mesure que la situation sécuritaire dans la région ne justifiait nullement. Mais, depuis que la wilaya n’a plus de wali à sa tête, la situation a empiré. De la sorte, les gros engins raclent la falaise et la rocaille pour leur arracher des blocs à concasser, ce qui «fatigue» les engins et les met hors d’usage avant terme.
 
Mohamed Kali


Sour El-Ghozlane : Colère des travailleurs de l’usine de détergents

par Farid Haddouche

Le problème du retard, dans le versement des salaires, se pose, encore, pour les travailleurs de l’usine publique de production des produits d’entretien et de détergents (ENAD), implantée dans la commune de Sour El Ghozlane, à une quarantaine de kilomètres, au sud du chef-lieu de wilaya, Bouira. Les travailleurs concernés ont décidé d’interrompre leur travail, depuis dimanche, se considérant en grève ouverte jusqu’au règlement de leur revendication salariale. Ces mêmes travailleurs ont observé plusieurs grèves, auparavant, pour le même motif, à savoir : le versement des salaires qui ont cumulé 4 mois, voire 6 mois de retard, selon les concernés. Les grévistes ont formulé d’autres revendications liées à l’amélioration des conditions de travail, et au respect des accords conclus avec leurs responsables, pendant le mois de juillet dernier. Parmi les points de l’accord figure l’intégration ou la reprise permanente de l’ensemble des travailleurs contractuels et la planification d’une nouvelle grille de salaires et des primes. Malheureusement, depuis cette date et à ce jour, les salaires des travailleurs n’ont pas été versés, affirment nos interlocuteurs qui indiquent que le débrayage se poursuivra « parce que c’est le seul moyen de faire pression sur les responsable de l’entreprise pour régler et prendre en charge, définitivement, nos revendications, notamment, les retards cumulés dans le versement des salaires ». 

Tamanrasset : Les employés de la nouvelle gare routière interpellent le DG de Sogral



L’embarquement des voyageurs est effectué en dehors de…
L’embarquement des voyageurs est effectué en dehors de l’infrastructure conçue à cet effet.

Alors que les employés de la société réclament leurs arriérés de salaire et de meilleures conditions de travail, la tutelle se mure dans le silence.
Les employés de la Société d’exploitation des gares routières (SOGRAL) de la wilaya de Tamanrasset ont procédé, récemment, à la fermeture de la nouvelle gare routière située à la sortie nord de la ville, afin d’exprimer leur ras-le-bol contre «le mutisme» de l’administration tutélaire, qui n’a toujours pas donné suite à leurs revendications portant sur  l’amélioration des conditions socioprofessionnelles dans lesquelles ils travaillent.
L’embarquement des voyageurs à destination des autres wilayas du pays s’était donc effectué hors de cette infrastructures qui a connu dernièrement une série de remous et de perturbations. Dans une lettre de doléances adressée au DG de Sogral, signée par une trentaine d’employés, toutes catégories confondues, les travailleurs protestataires ont réclamé les arriérés de salaire que la direction de la société n’a pas versés depuis novembre 2013, date de la mise en service de la gare routière en question.
Les rédacteurs de la missive, dont nous détenons une copie, ont également soulevé le paiement irrégulier des rétributions, dont le montant est de surcroît inconstant. Le manque de personnel dans cette nouvelle structure tant au niveau administratif qu’aux guichets et des zones d’embarquement a aussi  été signalé. Ce qui  a contraint nombre d’employés à faire des heures supplémentaires ou encore sacrifier leurs journées de repos pour palier le manque et garantir le service aux voyageurs.
Le pire dans cette situation reste le manque de sécurité dans cette gare sujette à mille et un périls en raison de son emplacement hors de la zone urbaine. Ce qui a par conséquent ouvert grandes les portes aux transporteurs fraudeurs et aux délinquants qui, laxisme des autorités aidant, imposent leur diktat sans que personne ne les inquiète. «Pour rallier le centre-ville, le voyageur doit débourser jusqu’à 400 DA pour parcourir une distance de moins de 5 km. La gare a été ouverte sur ordre du Premier ministre, bien qu’elle ne dispose pas de services et de moyens nécessaires pour son fonctionnement, particulièrement en ce qui concerne les équipements destinés au recouvrement des recettes journalières et les moyens de communication pourtant indispensables dans ce type d’infrastructures, ne serait-ce que pour alerter la direction générale en cas d’urgence. 
Les employés se retrouvent, dans la plupart des cas, dans des situations pénibles à cause de cet isolement qui les contraint à gérer quotidiennement les confrontations et les conflits avec les usagers, non sans danger. Nous avons sollicité la sûreté de wilaya, mais celle-ci nous a expliqué que la gare ne relève pas de ses compétences. La même requête a été adressée au groupement de la gendarmerie de la wilaya. Toutefois, aucune suite ne nous a été donnée.
«Croyez-moi, pour se faire entendre par les autorités locales, c’est toujours la croix et la bannière. Le problème risque toutefois de prendre des proportions énormes si on continue à faire la sourde oreille», s’indignent les employés mécontents. Ces derniers menacent d’observer un mouvement de grève illimitée si leurs problèmes ne sont pas pris en charge rapidement, notamment celui relatif au renouvellement des contrats de travail et la fixation du barème des rémunérations ainsi que la grille des salaires.
Pour plus d’explications sur cette affaire, nous avons, à notre tour, essayé d’approcher le responsable de l’unité locale de Sogral. Sauf que personne n’était disposé à nous fournir des informations. Néanmoins, nous avons appris que le directeur de l’unité a été relevé de ses fonctions et que la DG vient tout juste de nommer un remplaçant pour contenir la colère des employés et satisfaire leurs revendications.
Ravah Ighil

Tizi Ouzou
Grève et marche des travailleurs des travaux publics

Par : Samir Leslous


Un appel à une marche et à une grève de deux jours à compter du mardi 16 septembre a été lancé par le syndicat d’entreprise des travaux publics affilié à l’union de wilaya de l’UGTA à Tizi Ouzou. Dans sa déclaration rendue publique, le syndicat explique que cette marche, décidée le 7 septembre dernier en réponse au mutisme des autorités quant aux revendications des travailleurs, aura lieu le 16 septembre et s’ébranlera à 10h, de la direction des travaux publics vers le siège de la wilaya. À travers cette action de protestation, les travailleurs des subdivisions d’entreprise des travaux publics comptent dénoncer le silence des autorités sur les problèmes socioprofessionnels et exiger la prise en charge de leurs revendications consignées dans une plateforme déjà adressée au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur. L’augmentation des salaires, l’application de l’arrêté interministériel n°1348 du 20 février 2012 avec effet rétroactif à compter de janvier 2013, l’application de l’IEP, des rappels de primes de rendement sont, entre autres, les revendications exprimées dans cette plateforme dans laquelle le même syndicat dénonce également les mauvaises conditions de travail caractérisées notamment par le manque de matériel et de transport ainsi que par l’entrave à l’exercice syndical.

Les syndicats en rangs dispersés

par Abdelkrim Zerzouri


Si l’on se fie aux préparatifs en cours dans le milieu des syndicalistes de l’Education nationale, on croirait à une coalition en marche pour faire front de bataille contre Mme Benghebrit. Ces derniers jours, une rencontre frappée du sceau de la confidentialité a regroupé des responsables de quelques syndicats autonomes du secteur, dont des représentants de l’Unpef, du Snte et du Snapap, avec, à l’ordre du jour, l’évaluation de la rentrée scolaire, les dernières sorties de la ministre et les voies et moyens à mettre en œuvre pour répondre aux « provocations » et aux accusations contre les partenaires sociaux, qualifiés de « perturbateurs et incitateurs » à l’endroit des enseignants pour les pousser vers la voie de la grève. Mais, il semble qu’en guise de regroupement, seulement trois syndicats parmi le panel de la représentation syndicale en activité dans le secteur se sont rencontrés ces derniers jours, et « rien de sérieux n’a été envisagé pour le moment » à l’issue de leur rencontre, a-t-on appris de sources crédibles. Avouant qu’il n’a pas pris part à la rencontre en question, M. Amraoui, le porte-parole de l’Unpef, s’est abstenu au début de toute déclaration à ce sujet, mais il indiquera qu’il s’agit d’une première rencontre, et qu’il ne peut y avoir dans l’immédiat des décisions concrètes qui engageraient les syndicats dans un même mouvement ou position commune.

Non sans souligner que l’Unpef a été invitée à la rencontre, et qu’il n’est donc pas son initiateur. Toutefois, cela ne peut guère voiler le risque d’un clash entre les syndicats représentatifs et la tutelle. Même si les syndicalistes n’y vont pas en rangs serrés, la protesta est dans l’air.

L’Unpef se trouve déjà engagée sur la voie de la contestation en parrainant la grève des économes. Une autre façon de tâter le terrain en attendant le rappel en force des troupes, car l’Unpef constate et déplore profondément l’absence de tout dialogue à l’ombre de ce débrayage initiée par les économes. « La ministre insiste sur le dialogue et ne rate jamais l’occasion de préciser que les portes du ministère sont ouvertes, mais en réalité il n’y a rien sur le terrain », dira M. Amraoui, citant en exemple le conflit des économes qui s’enlise et personne pour inviter le partenaire social à la table des négociations !? Paroles sans actes concrets ? On commence à y croire sérieusement, à cette finalité.

De son côté, le coordinateur national du Cnapest, M. Larbi Nouar, nous dira que son syndicat n’a pas pris part à la réunion des syndicats autonomes du secteur de l’éducation. Même s’il soutient certaines revendications soulevées lors cette réunion, à l’image du rejet de la signature des PV par le responsable des ressources humaines du ministère en lieu et place de la ministre, notre interlocuteur relèvera que « le Cnapest n’a jamais visé une personne, quel que soit son rang, dans ses actions de protestation ». Ajoutant que le Cnapest a soumis les revendications des travailleurs qui lui sont affiliés, et que les propositions reçues à ce sujet ont été transmises à la base qui décidera des suites à donner à la situation. Laissant clairement entendre que le Cnapest ne s’inscrit pas dans cette logique de front commun des syndicats autonomes de l’éducation qu’on cherche à dessiner.

Quoiqu’un front commun, dira-t-il encore, s’il devait exister, il serait intéressant dans le cas d’un élargissement des discussions autour du projet de code du travail, laissera-t-il entendre. Par ailleurs, notre interlocuteur affiche toute son indignation du fait que les décisions de la ministre ne soient pas ventilées aux syndicats représentatifs. « Des décisions importantes qui concernent directement les enseignants ont été prises ces derniers jours, et il est malheureux qu’on soit mis au courant à ce propos par le biais des directions de l’éducation ou par voie de presse », relève-t-il avec dépit. Non sans souligner que cette pratique, imprégnée d’un manque de considération flagrant, n’est pas nouvelle, « car elle s’inscrit sur le registre de la gestion de l’actuelle ministre de l’Education nationale, tout comme ses prédécesseurs », précise M. Nouar. Pour le moment, la scène est marquée par cette attente qualifiée « d’interminable » qui use, et abuse des nerfs des syndicalistes.


Préscolaire dans les écoles publiques
Qui doit en assurer l’enseignement ?



Le cabinet du ministère de l’Éducation a réagi, hier, à l’information publiée dans certains organes de presse selon laquelle la prise en charge pédagogique des élèves dans le préscolaire public sera confiée aux éducatrices des écoles coraniques qui seront recrutées à cet effet. Faux, dément le département de Mme Benghebrit qui parle de “contrevérités” et de “désinformation”. “Il n’a jamais été question pour le ministère de l’Éducation nationale de recruter  les éducatrices des écoles coraniques pour encadrer les enfants du préscolaire des écoles publiques, c’est de l’inverse qu’il s’agit”, écrit le cabinet de la ministre en apportant deux précisions de taille. Primo, ce sont les écoles coraniques qui se verront proposer “l’expertise scientifique et pédagogique nécessaire à l’accomplissement de leur mission”. Secundo, “il s’agira d’initier leur encadrement au référentiel de formation de l’éducation préparatoire”. À cet effet, ajoute encore le ministère, “une concertation est engagée au plus haut niveau de deux ministères — Éducation et Affaires religieuses —, elle doit déboucher sur une meilleure coordination qui permettra aux enfants d’âge préscolaire concernés d’acquérir les bases indispensables à leur réussite dans le cycle primaire”. Deuxième mise au point du ministère de l’Éducation : elle concerne la gestion des écoles primaires qui reste du ressort exclusif des APC pour tout ce qui relève de l’hygiène, du transport, des cantines, de l’entretien, du chauffage et du gardiennage, la tutelle pédagogique restant du ressort de l’Éducation nationale. Cependant, une réflexion est engagée pour soulager les directeurs des écoles primaires de la lourde charge que représentent les contraintes quotidiennes liées à la gestion matérielle.

Solidarité avec un syndicaliste français d’origine algérienne
Sit-in du CLA devant le consulat français d’Oran

Par : D. LOUKIL


La vingtaine d’enseignants et de militants syndicalistes du CLA venue exprimer “symboliquement et pacifiquement” sa solidarité n’est pas passée inaperçue.
Vendredi à 10h, nous avons assisté à un véritable branle-bas de combat des services de sécurité aux abords du consulat français d’Oran, avec 5 véhicules des forces de l’ordre, de nombreux agents en tenue et en civil, en plus de la présence de gendarmes. La cause, un simple sit-in de protestation du syndicat autonome, le CLA, “en solidarité avec un syndicaliste français d’origine algérienne poursuivi en justice le jour même en France”. La vingtaine d’enseignants et de militants syndicalistes du CLA, venue exprimer “symboliquement et pacifiquement” sa solidarité, n’est pas passée inaperçue. Brandissant des affiches, ils ont dû auparavant expliquer longuement aux officiers des services de police qu’il n’était pas dans leur intention d’avoir recours à une quelconque forme de violence ou d’agressivité pouvant cibler les locaux du consulat.
Et d’expliquer encore leur démarche aux officiers chargés de la sécurité extérieure du consulat, visiblement très embarrassés et très vigilants au demeurant. L’affaire qui a ainsi mobilisé le CLA en Algérie concerne, comme expliqué par leurs délégués syndicaux, Fouad Harjane, le secrétaire confédéral aux relations médias de la Confédération nationale du travail (France), condamné à verser 40 000 euros de dédommagement à la SNCF. Cette condamnation fait suite à une action de protestation syndicale ayant amené le blocage de trains à la gare de Metz. “De la centaine de manifestants il se trouve que seul Fouad a été poursuivi et condamné en 2013. L’appel devait avoir lieu ce même vendredi à 10h, d’où cette action de solidarité que nous avons initiée”, raconte le représentant du bureau local du CLA. Par ailleurs, le CLA a encore tenté de remettre au consulat de France une lettre de protestation avant de quitter les lieux. En vain. Le document sera finalement laissé aux officiers algériens chargés de la sécurité.

Les économes haussent le ton : Nouvelle grève à l’Education

par A. E. A.


Les fonctionnaires des services économiques des établissements éducatifs sont passés depuis hier 14 septembre à une phase supérieure dans leur protestation. En effet, ils ont décidé désormais d’une grève nationale d’une journée reconductible automatiquement, autrement dit ouverte, ainsi que de la tenue de sit-in tous les mardis devant les Directions de l’éducation des wilayas du pays.

Il est à souligner, selon le premier responsable syndical des services des économats des établissements de la wilaya de Constantine, M. Khadraoui, que cet arrêt de travail a été initié en réponse à l’appel de la Commission nationale des fonctionnaires des services économiques, affiliée à l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF.) « De même que cette grève ouverte a été décidée après le déclenchement d’une grève nationale de trois jours, les 08, 09 et 10 septembre 2014, ainsi que l’organisation de rassemblements de protestation devant les sièges des Directions de wilaya de l’éducation. Cependant, devant la persistance du silence radio opposé à nos revendications par le ministère de tutelle, nous nous voyons contraints d’adopter cette mesure extrême de grève illimitée pour défendre nos droits par tous les moyens et voies légaux ». Les revendications des fonctionnaires des services économiques, dira notre interlocuteur, concernent quatre points pour l’essentiel, à savoir « une récupération de notre droit, jusque-là ignoré, à la prime pédagogique à l’instar de nous confrères et collègues de l’éducation ». « Egalement, à la prime d’encadrement en considération que nous en faisons partie au sein des établissement éducatifs. Le droit à la promotion des agents des services économiques sans concours mais par les critères d’habilitation et d’expérience. Enfin, les indemnités liées à la vente des manuels scolaires qui nous coûte du temps et des efforts, ainsi que celles en relation avec la prime de scolarité de 3.000 dinars à distribuer aux enfants scolarisés des familles nécessiteuses et démunies, que nous sommes obligés de ramener du Trésor (il s’agit de plusieurs millions de centimes) avec tous les risques d’agressions et ce, sans compensation ni rétribution quelconque ». Toujours, selon notre le même syndicaliste, les agents des économats à la base considèrent qu’ils sont les mal-aimés du secteur de l’Education et se disent victimes d’une « hogra » qui ne dit pas son nom. Il soulignera que les agents en question se disent également mécontents et inquiets à l’égard de la politique suivie à leur endroit par la tutelle, toute faite de tergiversation, de marginalisation et d’exclusion qu’il n’est plus possible de taire plus longtemps. « Nous avons fait montre de responsabilité et de patience pendant des années, sans que notre tutelle ni les pouvoirs publics en général, n’aient daigné nous accorder un quelconque intérêt et geste de reconnaissance », conclura-t-il.

Oran : Résidence universitaire «Le Volontaire» : Les travailleurs protestent

par Djamel B.


Répondant à l’appel de la section syndicale UGTA de la résidence universitaire « Le Volontaire », les travailleurs de la cité ont observé, dans la matinée d’hier, un arrêt de travail de deux heures. Selon les représentants des travailleurs, la décision de recourir à cette action de protestation a été prise par les travailleurs pour inciter les responsables concernés à se pencher sérieusement sur le problème des logements à l’intérieur de la résidence universitaire. « Nous voulons attirer l’attention des responsables pour enquêter sur les occupants des logements qui ont été affectés, en principe, à des couples d’enseignants », indique l’organique de la section syndicale. Ce dernier a tenu à signaler que cet arrêt de travail ne concerne que les travailleurs, notamment ceux de l’administration et de l’entretien. Cet arrêt de travail, signalons-le, intervient une semainee après le mouvement de protestation observé par les travailleurs des œuvres universitaires au niveau de l’ensemble des résidences universitaires d’Es-Senia. En effet, lundi dernier, les travailleurs affiliés au syndicat UGTA, avaient bloqué l’accès à toutes les résidences et à la direction des œuvres universitaires en signe de protestation. Dans leur plateforme de revendications, les syndicalistes dénoncent, entre autres, des changements de postes et des prises de décisions unilatérales, le problème de la prime octroyée lors de la rentrée universitaire, la situation des agents de sécurité. D’autres revendications d’ordre purement relationnel ont aussi été mises en avant par la section syndicale, notamment le dialogue entre le partenaire social et la direction des œuvres universitaires. Pour un constat de visu, et dans un souci de dénouer la crise, le directeur général des œuvres universitaires s’est déplacé d’Alger et a réuni l’ensemble des directeurs des résidences universitaires et les représentants syndicaux en présence du secrétaire de wilaya de l’UGTA et du représentant de la fédération de l’enseignement supérieur. A l’issue de cette rencontre, les représentants du syndicat avaient accepté le principe de renouer le dialogue, en attendant les décisions qui seront prises par la direction générale des œuvres universitaires. Signalons que des copies de la plateforme des revendications ont été adressées à toutes les autorités, ainsi qu’au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et à l’Office national des œuvres universitaires.


Sidi Bel Abbès
Six syndicats demandent l’intervention du wali



Les syndicalistes de l’Unpef, du Cnapest, de l’UGTA, du Snapest, du Snte et du SNCCOPEN demandent l’intervention du wali pour ouvrir les portes du dialogue avec la direction de l’éducation, afin de résoudre plusieurs problèmes qu’ils jugent compliqués. Dans un communiqué de presse commun, ces syndicalistes soulignent que ladite direction n’a toujours pas pris en charge leurs doléances liées à la gestion des établissements scolaires. Les postes de responsables restent toujours vacants,  alors que, soulignent-ils, «des cadres compétents ayant de l’expérience dans le domaine peuvent accomplir cette tâche, au lieu d’être gérés par des intérimaires».

Dans un précédent communiqué, ils avaient demandé des rencontres régulières avec la responsable du secteur, pour régler les problèmes des travailleurs et des enseignants et éviter les situations complexes entre les deux parties, qui risquent de dégénérer et bloquer le cursus scolaire dès la première semaine de la rentrée sociale.

œuvres sociales de l’ éducation nationale
La ministre dissout l’organe de gestion



Les pouvoirs publics ont promis un inventaire du patrimoine des œuvres sociales, mais, à ce jour, aucun bilan n’a été établi.
C’est officiel, la ministre de l’Education nationale vient de mettre fin aux fonctions des membres de la commission technique, qui est l’organe de gestion  chargé d’accompagner la commission nationale élue de gestion des œuvres sociales. Cette décision est considérée comme une réponse positive aux appels des membres de la commission élue fin 2012. «Il y a trop de chevauchements dans les prérogatives de cet organe qui outrepasse son territoire et piétine les prérogatives des membres élus», dénonce M. Belmechri, président de la commission élue.
La révocation de cette commission «reste insuffisante», puisque le problème posé par les travailleurs concerne la définition des prérogatives.
Plusieurs rencontres entre les syndicats et la tutelle ont porté sur la nécessité de dissoudre cet organe de gestion. «Sans la dissolution, la situation reste temporaire. Les travailleurs du secteur ne bénéficient pas des services auxquels ils auraient pu accéder par les œuvres sociales», expliquent des représentants des travailleurs interrogés. M. Meriane, président du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique, explique que la tutelle a été  maintes fois saisie sur cette question et que «plusieurs anomalies entachent la gestion depuis l’élection de la commission dont les prérogatives sont piétinées par cet organe».
L’Unpef, qui salue la décision de la ministre concernant cette forme de dissolution, explique par la voix de son porte-parole, Messaoud Amraoui, que «les travailleurs, en choisissant le mode centralisé de gestion des œuvres sociales et en élisant leurs représentants dans les commissions de wilaya et dans la commission nationale  peuvent exiger un droit de regard sur leur argent». «Cet organe a toujours entretenu le flou sur la gestion des œuvres sociales», souligne M. Amraoui, qui revendique ainsi des décisions officielles relatives aux prérogatives de chaque entité. C’est dans ce sens qu’a plaidé à plusieurs reprises le président de la commission nationale des œuvres sociales, M. Belmechri.
La commission, dont les prérogatives chevauchent celles de l’organe de gestion élu, ne pourra pas répondre aux attentes des travailleurs du secteur et à leurs aspirations de faire de l’argent des œuvres sociales un fonds destiné à la solidarité dans le secteur, indiquent les travailleurs. Le président de la commission dénonce la non-passation des pouvoirs entre l’ancienne commission de gestion et la nouvelle.
Les pouvoirs publics ont promis un inventaire du patrimoine des œuvres sociales, mais à ce jour aucun bilan n’a été établi, ajoute notre interlocuteur.L’organe  de gestion doit rester un outil d’accompagnement de la commission.
La commission nationale de gestion des œuvres sociales, qui est composée de neuf membres élus, valide les propositions des commissions de wilaya. La nomenclature des activités financées par la commission a été validée le 27 mai dernier.
La commission a prévu  2000 voyages pour la omra en  2014, elle accorde également des crédits remboursables aux travailleurs et des aides de solidarité.    
Fatima Arab


Ils revendiquent un statut et une reconnaissance pour les sacrifices consentis

Sit-in des gardes communaux mardi à Alger  



Après leur rassemblement, mercredi, dans la  wilaya de Bouira, les gardes communaux sont attendus en grand nombre, ce mardi, à Alger,  pour la tenue d’une énième action de protestation. Un autre rassemblement est en effet programmé devant le siège du ministère de l’Intérieur. Les représentants de ce département devront recevoir durant ce même jour Hakim Chouib, officiant à la tête de la Coordination nationale des gardes communaux pour de nouvelles négociations traitant essentiellement du statut revendiqué par la majorité des gardes communaux.

Ces derniers sont dans leur quasi-majorité insatisfaits des dernières mesures décidées en leur faveur par ledit ministère, portant entre autres sur l’octroi d’une indemnité financière et du départ à la retraite mais sans  bénéficier pour autant d’une reconnaissance officielle pour les sacrifices consentis, notamment durant la décennie noire.

A travers leur énième sortie sur le terrain ce mardi, les gardes communaux cherchent «à exercer une pression sur les pouvoirs publics en vue de l’élaboration d’un statut où la reconnaissance de ce corps sera intégrée à part entière», indique-t-on de source concordante.

Les gardes communaux souhaitent aussi être intégrés parmi les bénéficiaires de logements sociaux, ajoute-t-on de même source. «Nous sommes déterminés à poursuivre notre lutte jusqu’à satisfaction pleine et entière de nos  revendications», appuie-t-on encore. Pour sa réunion avec les représentants du  ministère de l’Intérieur, Hakim Chouib est  tenu, quant à lui, de ne pas décevoir ses collègues dont certains lui reprochent une «certaine mollesse» dans sa conduite de dirigeant du mouvement, voire même un déficit en termes de représentativité.

Ce rassemblement fait suite à l’action de Bouira qui a vu la participation de quelque 200 personnes venues de différentes wilayas du  pays et qui ont répondu favorablement à l’appel lancé par Lahlou Aliouat, porte-parole du mouvement MGLC des gardes communaux. Les présents à cette manifestation ont notamment exigé l’intervention du chef de l’Etat et du Premier ministre pour l’ouverture d’un nouveau dialogue pour un traitement de fond de leur plateforme de revendications.

Le ministère de l’Intérieur consulte ses partenaires sociaux



Des réunions périodiques seront organisées entre le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales et ses partenaires sociaux dans la perspective de consolider les acquis des travailleurs du secteur, a annoncé hier à Alger Azzedine Helassa, responsable au Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap). Ces réunions «s’inscrivent dans le cadre du processus de concertation enclenché par le ministère avec ses partenaires sociaux en vue d’examiner et de prendre en charge les préoccupations et les revendications socioprofessionnelles des travailleurs des collectivités locales», a indiqué M. Helassa lors d’une conférence de presse animée au siège du Snapap.

La dernière réunion, tenue le 9 septembre, entre les représentants du ministère et ceux du syndicat, a permis d’examiner plusieurs points, notamment la situation des secrétaires généraux des communes qui requiert l’élaboration de statuts particuliers pour la protection de leurs droits et la définition de leurs missions et prérogatives, a-t-il affirmé.

La réunion a permis d’élargir le champ d’application du règlement régissant les communes aux guichetiers des wilayas, des daïras et des communes, a-t-il ajouté.

Lors de cette réunion, il a été précisé que le projet de décision sur les uniformes des personnels des collectivités locales était en cours de finalisation, conformément aux dispositions de l’article 8 du décret exécutif 334-11 du 20 septembre 2011 portant statuts particuliers des fonctionnaires de l’administration des collectivités territoriales.  

Les représentants du syndicat et du ministère ont également «évoqué l’application des indemnités de guichet aux fonctionnaires des wilayas et des daïras, outre l’application avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008, des indemnités accordées aux guichetiers et aux officiers de l’état civil», a souligné le responsable.

S’agissant des agents vacataires, Helassa a affirmé que le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales «a lancé une opération de recrutement au profit de cette catégorie, à travers l’ouverture de 13 000 postes budgétaires», ajoutant que des instructions avaient été données aux communes jouissant d’une aisance financière pour l’ouverture de postes budgétaires destinés à cette catégorie.

Helassa a, en outre, insisté sur la poursuite des réunions avec le ministère pour l’examen et la prise en charge des revendications socioprofessionnelles du secteur de l’intérieur et des collectivités locales.

Les propositions de la coordination des syndicats


Les membres du conseil national de la coordination des syndicats nationaux de santé publique se sont réunis au siège de l’UGTA pour débattre de l’avant-projet de la loi sanitaire (402 articles) que  Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a soumis pour enrichissement.
Ils ont déclaré, dans un communiqué remis hier à El Watan, que «s’il y a de nombreuses convergences dans les dispositions réglementaires proposées avec l’édit composé de 566 articles que l’organisation syndicale de la CNCSNSP a élaboré sous l’exigence et le contrôle de M. le secrétaire général de l’UGTA et  adressé officiellement le 14 juillet 2014 à lui-même en sa qualité d’homme politique et son staff administratif, il existe des divergences importantes ne répondant aucunement aux attentes des congressistes, des concitoyens, des usagers et des professionnels de la santé qu’il faut aplanir afin que la protection, la promotion sanitaire et la prise en charge des malades soient possibles en accessibilité et meilleures, tout le temps et en tout lieu quels que soient le prix, la demande et l’offre».
Selon ce conseil, les principes de souveraineté doivent être assurés et assumés par l’Etat et le ministre de la Santé : les  tâches de souveraineté du ministre de la Santé dans les domaines préservant sa politique de santé et cela concerne ses relations d’autorité avec le MESRS, le ministère du Travail et la direction générale de la Fonction publique. Il est préconisé la suppression de la prédominance de gestion des établissements par les administrateurs et son ouverture à tout professionnel de santé compétent et la suppression du travail complémentaire dans son état actuel s’ouvrant plus au travail contractuel à CDI qu’au fonctionnariat.
Le remplacement de l’accomplissement du service civil pour les praticiens médicaux spécialistes par un autre procédé supplétif avantageux et d’appoint sans condition d’obligation de les soumettre à trois années de fonctionnariat avant toute demande de mutation ou de démission. L’identification réelle de tous les corps professionnels sans exception exerçant dans les établissements de santé ainsi que la détermination de leurs droits, devoirs et les dispositions pénales. Il est aussi préconisé la valorisation statutaire des personnels médicaux titulaires du certificat d’études spécialisées en sciences médicales (CESSM) et des activités des praticiens médicaux inspecteurs ainsi que la promotion des projets de recherche pour les praticiens médicaux de santé publique au niveau du MSPRH.
Dans un autre chapitre, le conseil salue le ministre de la Santé «pour sa décision de normaliser les dossiers des praticiens médicaux inspecteurs de santé publique, de promulguer le statut particulier des praticiens médicaux titulaires des CESSM et leur accorder par nécessité de service des dérogations exceptionnelles d’âge au même titre que la corporation spécialiste vu le manque d’effectifs et la non-relance des formations spécialisées les concernant».
 
K. B.

Le président du Conseil de l’ordre des médecins : Risque de retour des maladies oubliées

par M. Aziza

Le président du Conseil de l’ordre des médecins algériens, Mohamed Bekkat Berkani, exige au nom de la corporation la programmation d’une rencontre interministérielle pour des solutions urgentes dans le domaine de la santé publique. Il interpelle le 1er ministre personnellement pour des mesures qui ne peuvent pas attendre. Le médecin avertit : «on risque de revenir aux maladies oubliées, comme le choléra».

S’exprimant hier, au forum d’El Moudjahid, le président du Conseil de l’ordre a précisé que l’avant-projet de loi sanitaire ne peut pas résoudre les divers handicaps et dysfonctionnements dont souffre le secteur de la santé publique.

Pour le professeur Bekkat, le problème est beaucoup plus complexe et ne se limite pas au secteur de la santé. « Il y a un manque d’hygiène terrible à tous les niveaux, il y a des problèmes atmosphériques qui menacent le vie des Algériens, sans parler des aliments qui proviennent des pays asiatiques et de la Turquie et dont la majorité échappent aux contrôles rigoureux, notamment sur la question des colorants alimentaires et des conservateurs ».

Le conférencier insiste en affirmant qu’il faut prendre des mesures concrètes et rapides, notamment dans le domaine de la prévention, sans attendre l’application de la nouvelle loi sanitaire. Il appelle à la tenue d’une réunion interministérielle qui regroupera les responsables de la Santé, de l’Intérieur, de l’Environnement ainsi que ceux du Commerce pour situer les responsabilités « car même le wali est responsable de la santé de ses concitoyens » a-t-il mentionné. Le médecin propose déjà des pistes, notamment la création rapide d’un secrétariat national de la prévention, la généralisation du dépistage précoce aux Algériens, notamment pour certains cancers tel celui des poumons, des seins, de la prostate et des organes digestifs.

Il précise qu’il faut obliger les femmes à effectuer des mammographies dès 35 ans. « Il faut lancer des appels à travers les médias bien évidement avec la mention de la gratuité de l’examen » a-t-il préconisé en rappelant que la sécurité sociale avait déjà annoncé un projet du genre mais il fut abandonné pour des raisons inexpliquées. Pourtant, précise Bekkat, la sécurité sociale gagne beaucoup plus dans la prévention que dans le traitement de la maladie, notamment pour les maladies dites lourdes tel que le cancer. Il précise encore qu’aujourd’hui, les laboratoires pharmaceutiques étrangers ne s’intéressent plus aux marchés des antibiotiques en Algérie, mais ils se basent sur le marché des médicaments anticancéreux vu leurs prix exorbitants. «50% de leurs produits sont des traitements anticancéreux» a-t-il indiqué.

Sur la question de l’insécurité qui règne dans nos hôpitaux, le président du Conseil de l’ordre exige des décisions rapides soit en responsabilisant davantage les policiers. «L’heure est grave, un groupe d’individus a voulu, avant-hier, achever un blessé à l’hôpital de Sidi-Ghilès» a-t-il attesté avec amertume. Le médecin regrette qu’en Algérie «on ne considère toujours pas la nécessité de la santé de nos concitoyens et ce malgré les efforts consentis par l’Etat». Bekkat souligne que la Tunisie est politiquement et financièrement plus affaiblie que notre pays mais elle a consacré en 2009, 6,4 de son PIB au secteur de la santé publique, aujourd’hui elle dépasse largement ce taux. Comparativement, l’Algérie avait consacré en 2009 4,6 du PIB à la santé pour arriver au jour d’aujourd’hui, à 6 du PIB. «C’est peu pour un pays comme le nôtre» a-t-il regretté.

Le président du Conseil de l’ordre des médecins s’est dit contre la nouvelle réglementation de l’activité complémentaire introduite dans l’avant-projet de loi sanitaire. Pour rappel, la nouvelle loi autorise les médecins généralistes et les médecins spécialistes privés à travailler sous contrat durant les week-ends et les jours fériés dans les hôpitaux publics. Dans l’article 278, le nouveau dispositif exige en outre, que l’activité complémentaire s’exerce en sus de la durée légale du travail et en dehors des horaires de service et pendant les week-ends sous le contrôle de la direction de l’établissement public de santé concerné. Le médecin dit ne pas voir clair concernant cette décision en estimant et que cette fusion entre le privé et le public pour «faire soigner des malades du privé dans le secteur public est une situation délicate et difficilement contrôlable».

Pour le président de l’ordre, il faut que la décision soit politique pour séparer le privé du public. «Il est temps de séparer entre le monde d’exercice du secteur privé et celui du public» a-t-il mentionné en demandant des éclaircissements sur cette nouvelle réglementation, notamment sur le travail des médecins privés dans le secteur public durant le week-end. Un éclaircissement, notamment sur les moyens de contrôle.

Sour El Ghozlane (Bouira) : Les sages-femmes dénoncent l’insécurité


Les sages-femmes travaillant au service de maternité de l’Etablissement public hospitalier (EPH) de la ville de Sour El Ghozlane, au sud de Bouira, craignent pour leur sécurité.
Régulièrement, elles font l’objet d’insultes, d’intimidations et même de menaces de la part de certains individus. Hier, les sages-femmes ont tenu un rassemblement de protestation à l’intérieur de l’établissement hospitalier pour attirer l’attention des responsables de la santé publique sur leur cas et dénoncer leurs conditions de travail pour le moins ardues. «Nous travaillons dans des conditions déplorables. J’ai fait l’objet de menaces de mort et j’ai peur d’être lynchée même à l’intérieur de notre service», a déclaré une sage-femme au téléphone.
A l’origine, de cette campagne qualifiée de représailles par les concernées, le décès, la semaine écoulée, d’une jeune femme évacuée de l’hôpital de Sour el Ghozlane vers M’chedallah, puis vers le CHU de Tizi Ouzou où elle a rendu l’âme suite à une hémorragie. «Nous n’avons aucune responsabilité dans ce décès, nous ne sommes pas des médecins, mais de simples sages-femmes, notre mission est limitée», a ajouté une autre.
Certains contestataires, ayant pris part au mouvement de protestation organisé jeudi dernier à Sour El Ghozlane, avaient accusé le service de maternité dudit hôpital de défaillances. Les concernées exigent des responsables de cet établissement de renforcer les moyens de sécurité à l’intérieur et de leur garantir un minimum de protection pour accomplir convenablement leur tâche.                          
Amar Fedjkhi

Constantine – Syndicat : Les corps communs de la santé s’organisent

par A. El Abci

La maison du syndicat « Benhamouda », a abrité, jeudi, une rencontre régionale des corps communs du secteur de la Santé, de 14 wilayas de l’est du pays et ce, en préparation de la tenue de leur congrès national, fixée pour le 16 du mois d’octobre prochain.

Selon un membre de la coordination nationale, de cette catégorie de travailleurs de la Santé et représentant de la région-est, Farid Bouyamout, l’objectif, pour cette rencontre régionale, qui a regroupé les représentants de 14 wilayas, sur les 15 prévues, vise la sensibilisation des bases des travailleurs des corps communs de ces régions sur la nécessité de la création d’un syndicat national, qui sera placé, sous l’égide de la Fédération nationale des travailleurs de la Santé et par conséquent, sous celui, également, de l’UGTA.

Il s’agit, donc, d’une réunion d’évaluation de la situation, dans le secteur, et de la mobilisation des travailleurs concernés, autour de l’indispensable création d’un syndicat propre, qui sera en mesure de défendre les intérêts spécifiques des corps communs du secteur de la Santé.

Il est vrai que ces derniers sont organisés, actuellement, dans des sections syndicales et regroupés dans une coordination nationale, mais qui demeurent dépendants des autres syndicats des différents secteurs de la Santé pour mener des négociations, avec la tutelle ministérielle. « Ce que nous voulons, par la création d’un syndicat, propre à nous, c’est de pouvoir mieux défendre nos intérêts et le faire par le biais de négociations directes, avec qui de droit », indique notre interlocuteur. Et d’ajouter qu’il s’agit-là de la seconde rencontre régionale, après celle qui s’est déroulée, le 11 de ce mois de septembre, à Oran, en attendant l’organisation de deux autres, à caractère régional, à Biskra et Alger-centre, le 25 du même mois en cours et le 2 octobre prochain. L’organisation de ces rencontres régionales n’aura, pour finalité, que de préparer les meilleures conditions à la tenue de la conférence nationale, ou du 1er congrès des corps communs du secteur de la Santé, dont le déroulement est fixé au 16 du mois d’octobre, à Alger. Toujours selon notre source, le mouvement pour la mise sur pied d’un syndicat national, a commencé, en vérité, depuis 2011, date à laquelle les bases des corps communs sont arrivées à la conclusion qu’ils n’étaient pas bien défendus, au sein des sections syndicales, des commissions et autres coordinations, et qu’il était incontournable d’aller vers la création d’un syndicat national. Une fois sur pied, celui-ci, aura pour mission de défendre les seuls intérêts matériels et moraux spécifiques des corps communs de la Santé, conclura-t-il.

Bedoui : «Vers la formation d’une main-d’œuvre qualifiée»



Une semaine d’information et de sensibilisation à travers les communes de la wilaya d’Alger est lancée depuis hier pour inciter les jeunes à s’inscrire dans les instituts de formation professionnelle qui représentent 1 200 centres à travers le territoire national.
Le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Nouredine Bedoui, a annoncé hier à Alger que la prochaine rentrée de la formation professionnelle qui est à la fin de ce mois, sera marquée par l’ouverture des établissements d’excellence ainsi de quatre lycées agricoles relevant du secteur. Par ailleurs, M. Bedoui a affirmé que le ministère «s’emploie à proposer des formations dans les spécialités en adéquation avec les spécificités de chaque région», rappelant la «demande accrue» en matière de formation professionnelle concernant certaines spécialités devenues désormais «source de richesse» dont l’agriculture et le tourisme. Selon les responsables du secteur au niveau de la wilaya, toutes les communes de la wilaya d’Alger ont été ciblées par les opérations d’information, d’orientation et de sensibilisation. Les centres culturels sont ainsi ouverts pour l’occasion afin de toucher le maximum de jeunes. Pour la commune de hussein-dey, un stand et des bureaux sont ouverts sur l’esplanade où il sera procédé à l’inscription en ligne des candidats. Le chef du service de la formation au niveau du centre culturel Messaoudi a indiqué que tous les types de formation confondus, sont offerts lors de cette première session (une seconde session est prévue au début de l’année prochaine). Relativement aux spécialités offertes, les responsables n’ont pas signalé de nouvelles aux 92 spécialités enseignées dans les différents niveaux de formation (du niveau CAP jusqu’à technicien supérieur) dans les 16 branches professionnelles. Question structures, les mêmes centres d’enseignement et d’apprentissage seront sollicités aussi cette année. «Il ne sera plus envisageable à l’avenir, de recruter un demandeur d’emploi non diplômé», a-t-il poursuivi avant de dire que le ministère de la Formation professionnelle œuvrait en coordination avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, à l’application «ferme» de cette mesure. À partir de cette année, il est exigé des chefs de projets désirant créer des micro-entreprises un diplôme pour le dépôt de dossier au niveau de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej), de la Caisse nationale d’assurance-chômage (Cnac) ou de l’Agence nationale de gestion des micro-crédits.
Imane Misraoui


La classe intermédiaire retrouve un second souffle


Ils sont salariés dans le privé, fonctionnaires dans le public, cadres supérieurs, employeurs, commerçants ou exerçant une profession libérale, ils touchent entre 50 000 et 200 000 DA par mois et se considèrent tous comme faisant partie de la classe moyenne.
Un concept aussi vague que flexible que les économistes et sociologues s’accordent à dire qu’il n’a pas une définition unique. Il peut en effet englober des niveaux de revenus, des catégories socio-professionnelles et des modes de vie et de consommation aux antipodes les uns des autres. L’une des définitions retenues par les chercheurs du Centre français d’analyse stratégique assimile «les classes moyennes au groupe d’individus moins riches que les plus favorisés et plus aisés que les moins favorisés». Une classe intermédiaire qui rend compte de l’ampleur des inégalités sociales entre, d’un côté, les classes pauvres et populaires, et de l’autre les riches et les plus aisés.
Dans le monde, on estime à environ 1,8 milliard le nombre d’individus composant cette catégorie médiane. Selon la Banque africaine de développement, ils seraient plus de 350 millions sur le continent noir. En Algérie, longtemps le constat a été fait d’une classe moyenne laminée par les effets du réajustement structurel et des choix économiques drastiques. Cependant, certains indicateurs observés depuis une décennie pourraient laisser penser à une résurgence de la classe moyenne.
Les salaires, la consommation ou l’accession sociale au logement ont tous augmenté, même si certains d’entre eux doivent être relativisés compte tenu de l’inflation. Le PIB par habitant est passé entre 2000 et 2013 de 1700 dollars à plus de 5600 dollars. Les différentes formules de l’Etat ont permis à de plus en plus de personnes d’accéder à la propriété (1,1 million). On estime que plus de 70% des chefs de famille sont propriétaires.Résultat, de plus en plus de gens se réclament de la classe moyenne, bien que parfois leur salaire varie du simple au double, voire au triple.
Indicateurs
L’enquête sur les salaires réalisée par l’office national des statistiques (ONS) en 2011 identifie le salaire moyen selon le secteur d’activité et le niveau de qualification (41 200 DA chez le public et 23 900 DA chez le privé), une hausse de 9% entre 2010 et 2011, relativisée certes par un niveau d’inflation trop élevé. Rien n’indique cependant à partir de quel niveau de revenu on peut considérer que des individus appartiennent à une catégorie médiane.Il y a quelques années, une étude commandée par un syndicat autonome fixait à plus 33 000 DA le salaire mensuel minimum pour vivre décemment. Aujourd’hui, on estime qu’il doit être à au moins 50 000 DA.
Il n’y a pas «de distribution des salaires, encore moins des revenus», observe Nacereddine Hammouda, statisticien et chercher au CREAD. Il admet tout de même que l’augmentation des salaires, ces dernières années, a permis «d’améliorer les conditions générales de vie d’un large pan de la société (essentiellement la classe moyenne et les salariés du secteur protégé)».
Large définition
Le critère du revenu diffère selon qu’on soit un pays développé ou pauvre. En France, par exemple, on estime que la classe moyenne englobe les individus dont les revenus mensuels se situent entre 2177 euros pour une personne seule à plus de 5621 euros pour un couple avec trois enfants et plus. En Afrique, en revanche, ce revenu est établi entre 2 et 10 dollars par jour. En Algérie, il faut s’en remettre à l’appréciation que se font les individus eux-mêmes de leur situation.
Les économistes admettent qu’il n’y a pas une seule classe, mais des classes moyennes, tant la définition peut regrouper des niveaux de revenus larges. Il y aurait donc une classe moyenne supérieure qui vit décemment, et une classe moyenne inférieure qui serait plus proche du seuil de pauvreté.
Avec 200 000 DA de revenus par mois, Mohamed et sa femme, cadres supérieurs dans le privé avec trois enfants, se considèrent comme faisant partie d’une classe moyenne. «Je ne suis ni riche ni pauvre», dit-il. Une fois défalquées toutes les dépenses incompressibles (factures d’eau et d’électricité, nourriture, voitures, télécoms, les enfants), il subsiste 25% des revenus, de quoi mettre un peu d’argent de côté, sachant que le couple ne peut pas se permettre l’acquisition d’un logement et qu’il occupe un bien familial. Quant aux vacances, c’est «difficilement» que la famille arrive à se les autoriser, et de toute manière pas chaque année. Elle peut néanmoins se permettre deux véhicules et des nourrices pour les enfants.
Pour la moitié de salaire, un autre couple de salariés, diplômés de l’enseignement supérieur, avec deux enfants, se dit aussi de la classe moyenne avec des revenus cumulés de 110 000 DA par mois. Pour eux, le critère n’est pas le niveau du salaire, mais plutôt les ressources disponibles pour les dépenses. «Nous sommes de la classe moyenne parce que tout ce que nous réalisons comme projet, c’est avec nos salaires. Les classes supérieures, elles, ont d’autres sources de revenus», explique Ilham.
Pourtant, un salaire moindre que le premier, ce couple a pu accéder à la propriété, un logement social, obtenu au forceps, après des années d’économie et des heures supplémentaires. A cela, il faut ajouter une voiture neuve, des loisirs pour les enfants, des vacances occasionnellement et même des sorties culturelles de temps à autre. Mais, «tout est planifié. Pas de gaspillage, pas de dépenses superflues, pas besoin d’un téléphone dernier cri, et on ne succombe pas facilement aux caprices des enfants, là où d’autres ne résisteraient pas», précise-t-elle.    
C’est pour certains de ces critères que Ali, célibataire, s’exclut justement de la catégorie des classes moyennes. Avec un salaire d’à peine 30 000 DA dns une entreprise publique, ce comptable de 45 ans affirme ne «rien posséder, ni logement, ni voiture ni possibilité d’aller en vacances». Pour lui, figurer dans la classe moyenne suppose un salaire d’au moins 50 000 DA et au moins un logement.   
Le critère consommation
Pour les économistes, certaines approches peuvent permettre d’appréhender l’existence ou pas d’une classe moyenne. Pour Nacereddine Hammouda, cela peut être à travers «les signes extérieurs de richesse» qui d’ailleurs se sont multipliés ces dernières années. Toutefois, le critère le plus objectif, estime le chercheur, réside dans «le niveau de consommation». Certains économistes identifient les classes moyennes par leur capacité à acquérir des biens de consommation «durables et coûteux». L’enquête menée par l’ONS en 2013 sur la consommation des ménages révélait que ce niveau a triplé en 10 ans (2000-2011), sans tenir compte de l’inflation, ni du poids du secteur informel.
Les données de l’enquête relèvent notamment que «la dépense augmente avec le niveau de vie». Certes, les dépenses pour le logement ont augmenté, mais en matière de biens de consommation non alimentaires, et hormis le transport et les communications, les autres postes (meubles et articles ménagers) n’ont pas augmenté d’une manière remarquable et ont même reculé légèrement pour certains. Près de 50% des dépenses de ce poste sont constituées de biens électroménagers.    
Par ailleurs, Mthuli Ncube, économiste en chef et vice-président la Banque africaine de développement (BAD) indiquait dans une analyse sur les classes moyennes en Afrique que «les ménages de la classe moyenne sont enclins à dépenser davantage dans les services privés d’enseignement et de santé, ainsi que dans les équipements domestiques comme les téléviseurs et les réfrigérateurs».
Selon l’enquête de l’ONS, les ménages algériens consacrent moins de 3,5% à l’éducation, culture et loisir. Un poste de dépense qui a d’ailleurs reculé de 0,7% durant


Nacer Djabi, sociologue
«Les catégories moyennes ont été abandonnées»


-La classe moyenne est une sorte de classe de promotion sociale pour les classes populaires. Pensez-vous qu’en Algérie les conditions de ce passage existent ?
L’enseignement et l’entreprise publique étaient les principaux moyens d’opérer cette promotion pour beaucoup de catégories populaires à travers le diplôme universitaire et le poste d’emploi dans le secteur public. Cela s’est largement produit jusqu’à la seconde moitié des années 1980. Par la suite, ce passage au niveau supérieur est devenu de plus en plus difficile, particulièrement en raison de la crise qui secoue l’université et le système éducatif d’une manière générale et qui l’empêche de jouer ce rôle «d’ascenseur» qu’il a mené à la perfection à partir de l’indépendance et jusqu’au début des années 1980.
Ce constat vaut aussi pour l’entreprise publique. Il ne faut pas non plus oublier que les choix économiques des années 1990 ont lourdement impacté les catégories moyennes, dont la situation économique s’est détériorée autant que sa symbolique dans la société. Beaucoup de salariés qui étaient employés dans le secteur public se sont sentis abandonnés par l’Etat qui se tournait davantage vers les autres catégories supérieures ou même pauvres. Cela est visible notamment en matière de logement.
Les habitants d’un bidonville ont plus de chances d’obtenir un logement parce qu’ils vont brûler des pneus et couper des routes qu’un enseignant ou un journaliste qui, lui, va se retrouver sur une liste d’attente pendant des années. Bien entendu, les choix économiques n’ont pas eu le même impact négatif sur toutes les catégories moyennes. Certaines ont profité de l’ouverture économique et se sont dirigées vers le secteur privé, devenant des employeurs au lieu d’être employés. D’autres, moins nombreuses ont également profité économiquement de la situation en travaillant pour le compte de multinationales.

-Il y a, en Algérie, une catégorie de population intermédiaire entre les riches et les pauvres. Peut-on la qualifier de classe moyenne en se basant sur ce seul critère ?
Je préfère, quand il s’agit de l’Algérie, utiliser le terme «catégorie» plutôt que «classe» au vu de la grande diversité qui les caractérise et de leur hétérogénéité et cela pas seulement chez nous, mais aussi ailleurs dans le monde. Ces catégories occupent une position intermédiaire du point de vue de leur statut économique et social, ainsi que de leurs spécificités culturelles et leur rôle socio-politique.
Le peu d’études ayant été conduites dans le monde et qui sont quasiment inexistantes en Algérie sur ces catégories-là indiquent que le revenu et la situation économique ne constituent pas le seul critère d’identification de ces catégories. Il y en d’autres comme, par exemple, le type de consommation matérielle, sociale et culturelle ou encore le lieu d’habitation.
Tout cela permet des distinctions entre les catégories moyennes et populaires d’un côté, et les catégories moyennes et bourgeoises d’un autre. Ceci peut se remarquer dans le regard qui est porté par la société sur le médecin, plus valorisé car instruit, avec un mode de vie différent du nouveau riche parvenu (beggar), qui est méprisé bien qu’il soit aisé financièrement. Ce sont ces catégories moyennes qui vont voir des spectacles (toute proportion gardée), qui lisent le plus les journaux et les livres, ou du moins qui sont censées le faire. Evidemment, il faut bien vérifier qu’en Algérie ces catégories accomplissent ces rôles et ont conscience de leurs spécificités par rapport aux catégories populaires et riches.

-Au-delà de sa dimension sociale et économique, la classe moyenne joue-t-elle son rôle politique ?
Les catégories moyennes en Algérie souffrent d’une dissension sur les plans culturel et linguistique, comparativement aux autres pays maghrébins par exemple. Je pense que ces particularités font qu’elles vivent un certain isolement s’agissant de leurs relations avec les couches populaires, ce qui les empêche d’accomplir tous leurs rôles politiques et culturels.
Certaines personnes choisissent l’exil. D’autres, parmi les plus âgées, vivent une situation d’inadaptation avec la société avec le sentiment de ne pas être écoutées. Avant, l’enseignant se présentait aux élections, tout en sachant qu’elles allaient être truquées. L’Etat-nation a abandonné les catégories moyennes et se tourne davantage vers celles de niveaux supérieurs, dans une situation économique meilleure.
Il suffit de regarder le rôle joué par ceux qu’on appelle «Shab echkara» dans les élections présidentielles pour s’en convaincre, ce qui risque d’aggraver encore, à court et moyen termes, la crise du système politique dont la base sociale a muté des catégories moyennes vers les catégories riches et aisées.
 
Safia Berkouk

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