Luttes des travailleurs

ECHOS DES LUTTES DES TRAVAILLEURS Bulletin No 21

ECHOS DES LUTTES DES TRAVAILLEURS No 21

les hydrocarbures et les banques toujours plus rémunérateurs

Salaires : le bâtiment à la traîne

Par : Meziane Rabhi Liberté


Le salaire moyen net mensuel en Algérie (hors secteurs agriculture et administration), a augmenté de 13,7% en 2013, comparativement à 2012.

C’est ce qui ressort d’une enquête annuelle sur les salaires réalisée par l’Office national des statistiques (ONS) auprès des entreprises. “C’est une évolution à mettre en relation avec les augmentations salariales intervenues en 2012 mais qui n’ont été effectives qu’en 2013 à l’instar de certaines entreprises importantes appartenant au secteur des services collectifs sociaux personnels”, explique l’ONS. Le niveau des salaires nets mensuels (hors agriculture et hors administration) se situe à environ 36 100 DA, en 2013.
Selon les résultats relatifs au mois de mai 2013, de l’enquête réalisée par courrier sur un échantillon de 1 025 entreprises, dont 674 publiques et 351 privées nationales de 20 salariés et plus, les évolutions des salaires par secteur d’activité sont plus importantes pour les services, collectifs, sociaux personnels (+18,9), construction (+18,5) et production, distribution d’électricité de gaz et d’eau (+18). L’augmentation du salaire mensuel dans le secteur de l’industries manufacturières est de (+8,4%).
Par qualification, cette hausse est de (+14,4%) pour le personnel d’exécution, (+14%) pour les cadres et (+12,2%) pour les agents de maîtrise. Par secteur juridique, l’évolution globale des salaires entre 2012 et 2013 est de (+13,9%) dans le secteur privé et (+13,4%) dans le secteur public. Par qualification, les salaires dans le secteur public suivent la même tendance d’évolution que dans l’ensemble. Elle est de (+15%) pour le personnel d’exécution et (+14,8%) pour les cadres dans le secteur privé.
L’évolution indique une faible augmentation des salaires dans l’industrie manufacturière avec 3,1% dans le privé et pour les hôtels et restaurants avec 4,2% dans le secteur public.
L’enquête révèle que les salaires mensuels nets moyens sont plus élevés dans les industries extractives (production et services d’hydrocarbures, mines-carrières) et les activités financières (banques et assurances) avec respectivement 94 000 DA et 55 200 DA, soit 2,6 et 1,5 fois plus que le salaire net moyen global. “Ceci s’explique par le fait que les entreprises faisant partie de ces secteurs emploient beaucoup de diplômés et qu’ils aient plus de facilité que d’autres pour payer leur personnel (un système de rémunération spécifique)”, lit-on dans le document. À l’inverse, dans les secteurs de la construction, de l’immobilier et services aux entreprises, le salaire moyen est le plus faible avec, respectivement, 28 000 DA et 29 100 DA, soit 78% et 81% du salaire net moyen global. “Cela est dû essentiellement à l’importance de l’effectif du personnel d’exécution. Plus ce dernier est élevé, plus le salaire moyen dans le secteur aura tendance à baisser, et inversement moins l’effectif du personnel d’exécution est important, plus le salaire moyen dans le secteur sera plus élevé. C’est le cas de la construction (secteur qui ne nécessite pas de haute qualification)”, argumente-t-on.
Sur le plan de la qualification, l’enquête enregistre un salaire net moyen de 67 700 DA pour les cadres contre 41 200 DA pour le personnel de maîtrise et 26 800 DA pour un salarié d’exécution.
“Un cadre gagne en moyenne 1,9 fois le salaire net moyen global (presque le double) alors que le personnel d’exécution n’en perçoit que 74%”, estime l’ONS, faisant remarquer que le salaire moyen des cadres est important dans les industries extractives et l’activité financière avec respectivement 116 800 DA et 68 500 DA. En revanche, dans les secteurs de la construction et des services collectifs sociaux, les cadres ne perçoivent que 52 300 DA et 54 800 DA.

Le secteur public paie mieux
Les entreprises du secteur public affichent des salaires moyens plus élevés par rapport au secteur privé national. Le salaire net moyen mensuel est de
51 000 DA dans le secteur public alors qu’il n’est que de 29 200 DA dans le secteur privé national, soit une différence de salaire de 21 800 DA. “Ce niveau relativement élevé du salaire dans le public est dû en partie à l’existence de certaines entreprises publiques importantes en termes d’effectif avec un système de rémunération avantageux. C’est l’une des causes de disparité importante des salaires. C’est notamment le cas des entreprises dans les industries extractives (secteur des hydrocarbures et services pétroliers), les transports et communications et les activités financières”, souligne l’enquête. Les salaires nets moyens globaux les plus élevés sont affichés dans les secteurs tels que les industries extractives et l’activité financière avec notamment 95 000 DA et 54 000 DA, alors qu’il est relativement bas dans les secteurs de la construction et les hôtels et restaurants avec respectivement
35 500 DA et 31 400 DA. De même, la disparité salariale entre les différentes qualifications reste relativement forte. Ainsi, un cadre dans le secteur public perçoit un salaire net moyen de 77 800 DA soit 1,5 fois le salaire net global, contre 55 400 DA pour les agents de maîtrise et 35 200 DA pour le personnel d’exécution, soit pour ce dernier 69% seulement du salaire net moyen global. Dans le secteur privé, les secteurs les mieux rémunérateurs sont le secteur financier et celui de la santé ; les salaires mensuels nets moyens dans ces deux secteurs sont respectivement de 62 400 DA et 37 000 DA, soit le double et 1,3 fois le salaire net moyen global dans le privé national.
Par contre, les salariés des industries extractives (mines et carrières) et de l’immobilier et services aux entreprises sont les moins payés, avec respectivement des salaires mensuels moyens de 24 000 DA et 26 000 DA, soit 81% et 87% seulement du salaire mensuel net moyen global dans le privé. Par qualification, les salaires moyens sont plus dispersés dans le secteur privé. Ainsi, un cadre perçoit un salaire de 58 000 DA, soit 2 fois le salaire net moyen global, les maîtrises 31 100 DA soit 1,06 et un agent d’exécution ne touche que 24 300 DA, soit 83%. L’enquête relève que le salaire de base représente 50% du salaire brut dans le secteur public. Pour certaines sections, la part du salaire de base est plus importante telles que l’activité financière et les industries extractives, soit 58% et 55%.
Dans le secteur privé, le salaire de base représente 67% du salaire brut. La part du salaire de base est plus importante dans les sections hôtels et restaurants et l’activité des finances avec respectivement 88% et 84%.

Ministère du Travail : La retraite complémentaire arrive

par M. Aziza Le Quotidien d’Oran



Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi a affirmé, hier, que le projet de loi, relatif à la réforme des mutuelles sociales et l’introduction de la retraite complémentaire, sera présenté, début novembre, au deux chambres parlementaires, pour adoption.

Le ministre a énuméré, hier, à l’Hôtel ‘El Djazair’, lors de la signature d’un accord, entre la CNAS et l’Association internationale de Sécurité sociale (AISS), portant sur l’installation, à Alger, d’un bureau de liaison de cette dernière, toutes les actions importantes, visant le développement de la Sécurité sociale, celles qui ont été retenues, pour l’année 2014, par le gouvernement.

Le chef de département du secteur du Travail a commencé par la mise en œuvre de la réforme du système complémentaire de la couverture sociale, avec l’intégration de la mutualité sociale, dans le système de la carte Chifa et l’introduction de la retraite complémentaire. C’est en fait, un projet de loi qui va être présenté, à l’APN et au Sénat, le mois prochain.

Le projet vise l’élargissement du champ d’intervention de la mutuelle sociale, à travers son intégration au systéme de la carte électronique de l’assuré social «Chifa». Le projet de loi vise, également, l’institution de la retraite complémentaire qui permet aux travailleurs d’avoir la possibilité de prévoir des revenus complémentaires, à l’âge de la retraite. Le texte prévoit, surtout, de fixer les règles de rachat de cotisations pour les travailleurs, adhérents à la mutuelle sociale, qui ne réunissent pas le nombre d’années de cotisations minimal requis. Il prévoit, en outre, de fixer les règles applicables, en matière de révision de la pension de la retraite complémentaire, aux ayants droit, en cas de décès de son titulaire.

Ce qui est important, dans ce nouveau texte, est le fait que ce projet de loi consacre la garantie du maintien des droits de retraite complémentaire, en cas où les mutuelles (tous secteurs confondus) rencontrent des problèmes financiers, et en cas de dissolution volontaire et judiciaire de la mutuelle sociale, ainsi que les modalités de dévolution de ses biens, dans ces cas.

L’autre action importante, décidée par le gouvernement et citée par le ministre, concerne l’élargissement du systéme du tiers payant pour les consultations et les actes médicaux essentiels ainsi que pour les actes de prévention. Le ministre a ouvert une parenthèse pour évoquer la situation, sur le système du tiers payant, qui a connu une avancée considérable. Il a indiqué que plus de 33 millions de personnes (assurés sociaux et leurs ayants droit) ont la possibilité de traiter, directement, avec 10.325 pharmacies conventionnées avec les services de la CNAS.

Le chef de département de la Sécurité sociale et du Travail a rappelé que le nombre de titulaires du systéme de la carte électronique de l’assuré social Chifa, a dépassé les 10.000.000, pour près de 34 millions de bénéficiaires, en 2014.


UGTA : Sidi Said, les dissidents et les réformateurs

par Ghania Oukazi, le quotidien d’Oran 26 Oct 2014



Le secrétaire général de l’UGTA a adressé une note à toutes les instances de l’organisation en prévision de la tenue de son 12è congrès national.

Datée du 22 septembre dernier, l’instruction relative au 12è congrès national de l’UGTA initie, selon Abdelmadjid Sidi Saïd, une procédure de dégagement des délégués congressistes aux travaux de ce rendez-vous qu’il qualifie de « congrès de maturité et de responsabilité. »

Avant de définir les critères devant être adoptés et respectés par les congressistes, Sidi Saïd écrit : « le 12è congrès national est une étape cruciale dans le cheminement de notre organisation syndicale ». Il prend le soin de relater les conditions historiques dans lesquelles l’UGTA est créée le 24 février 1956 par le martyr Aissat Idir alors grand révolutionnaire. « Depuis, l’UGTA n’a cessé d’œuvrer pour le renforcement de notre indépendance par son soutien et sa contribution positive au développement national pour de meilleures conditions de travail pour les travailleurs et pour une meilleure vie pour leurs familles », assure le SG de l’organisation. Ce qui signifie à ses yeux que «notre organisation a toujours été à l’avant-garde du combat pour la consolidation des valeurs républicaines de la liberté, de la modernité et de la tolérance». Il demande que « le 12è congrès soit le reflet de notre base syndicale, de l’adhésion des travailleuses et travailleurs à l’UGTA, de leur confiance en notre organisation, qui œuvre pour leurs intérêts moraux et matériels ». C’est pourquoi, dit-il encore, « notre congrès doit rassembler les syndicalistes représentants tous les secteurs d’activités du secteur économique et de la Fonction publique». Sidi Saïd appelle ainsi à «une représentativité plurielle et multiple». Il veut aussi que « le dégagement des délégués au congrès se fait sur des bases électives démocratiques et transparentes appelant à des débats respectueux de la morale, de la dignité et de la déontologie syndicale». Il recommande alors que « ce dégagement des futurs délégués soit effectué en accord et en phase avec l’esprit des statuts et de la lettre du règlement intérieur de l’UGTA ». Il termine sa lettre en lançant un appel à « chaque responsable syndicaliste de l’UGTA, au respect des statuts du règlement intérieur et particulièrement au rassemblement de tous les syndicalistes des instances et des structures pour la meilleure représentation de notre base plurielle aux travaux du congrès».

LES INSTRUCTIONS DU SG DE L’UGTA

A tout cela, il fixe des critères précis, entre autres que « le dégagement du délégué s’effectue en fonction de la moyenne du nombre des cartes d’adhérents placées entre janvier 2008 et juin 2014 ; le dégagement s’opère en assemblée générale des instances et structures de l’union de wilaya par élection en tenant compte de la représentativité de chaque secteur d’activité». Sidi Saïd demande à tout syndicaliste élu « délégué congressiste » de remplir une fiche de renseignements accompagnée d’une photo, de produire le procès-verbal confirmant son appartenance à une instance ou à une structure syndicale élue et, enfin, de remettre une copie de sa carte d’adhésion à l’UGTA pour chaque année de la période 2008-20014. Avant de signer son instruction, il précise : « Le dégagement des délégués se fait sur des bases électives démocratiques et transparentes».

Commentée par des syndicalistes bien avertis, l’instruction de Sidi Saïd n’a rien de fortuit et «a même une arrière-pensée ». Selon eux, le SG veut que « les congressistes soient issus des divers secteurs d’activité économique et de la Fonction publique pour ne pas laisser le congrès tomber entre les mains de la dissidence qui couve au sein de l’appareil local». Il est clair que Sidi Saïd s’est toujours senti « bien dans sa peau » lorsqu’il est en face de syndicalistes de la base et des syndicats d’entreprises». Ses propres rivaux lui reconnaissent qu’il a toujours gardé la porte ouverte aux travailleurs qui viennent le solliciter pour un problème ; ils le respectent tous et l’aiment beaucoup». Ils avouent par ailleurs que s’il doit affronter des dissidences «c’est l’appareil local qui la provoquera et non la base».

« LA DISSIDENCE EST AU SEIN DE L’APPAREIL LOCAL ET NON DANS LA BASE»

C’est pour cela, disent-ils, qu’ « il ne veut pas que l’appareil local règne sur le congrès». C’est donc, pensent des membres du secrétariat national, pour noyer la contestation de son entourage syndical local qu’il a pris le soin de fixer par instruction les critères pour le dégagement de tout délégué congressiste.

Prévu pour décembre, l’on dit que le 12è congrès se tiendra probablement le 10 janvier 2015. L’équipe dirigeante a quand même dépassé d’un an le mandat électif qu’elle a décroché en 2008 à l’issue du 11è congrès. Reste que certains syndicalistes ne veulent pas laisser « les choses comme elles sont en tenant un congrès qui ressemblera aux précédents». Ils réclament en sus une véritable réforme de l’organisation syndicale en ces temps « où tout a changé». Ils rappellent que l’on n’est plus «au temps de l’économie administrée, ou de la gestion des entreprises, il faut plus de maturité et de responsabilité comme le demande d’ailleurs Sidi Saïd». Pour nos interlocuteurs « il faut anticiper sur le mode du fonctionnement de notre organisation sinon on fera le lit des syndicats autonomes». Le nouveau code du travail, s’il est adopté, ouvrira, selon eux, les portes aux syndicats autonomes. «Il suffit de 5 fédérations pour constituer des confédérations, le nouveau code prévoit ce genre de vision et le monde fonctionne ainsi», disent-ils. Ils précisent cependant que «nous ne sommes pas contre le pluralisme, ce n’est pas la démultiplication des syndicats qui nous fait peur mais l’émiettement du front social». Ils soulignent encore que « notre inquiétude, ce n’est pas l’autonomie du syndicalisme mais c’est notre inertie qui est un danger d’abord pour notre survie en tant que centrale syndicale». Les partenaires de Sidi Saïd déclarent même que « la compétitivité est noble, correcte et même demandée mais en restant inerte, sans réforme, sans faire la mutation de l’UGTA, on cassera la branche sur laquelle on est assis ».

SIDI SAÏD REPOND AUX « REFORMATEURS » DE L’UGTA

Interrogé sur tous ces aspects, Sidi Saïd se prononcera sur certains et pas d’autres. D’abord, il rectifie la date du congrès avancée par ses collaborateurs. « Il se tiendra au cours de la première décade de janvier 2015 et non le 10 », dit-il. A propos des critères qu’il a fixés pour le dégagement des délégués congressistes, il rappelle qu’ « une commission nationale de suivi de la préparation du congrès a été installée ; elle est aussi chargée de répondre à tous les recours qui pourraient émaner de la base en cas où l’instruction est mal interprétée ou non appliquée». Il estime alors que « celui qui ne la respectera, devra assumer… ». Sidi Saïd « retourne » le sujet et lance : « Je tiens à donner un nouveau souffle à l’organisation, un souffle de jeunesse ; nous devons associer les jeunes, des femmes aussi ; il faut qu’il y en ait un maximum au sein des instances de l’organisation». Il pense qu’ainsi « je réussirai à créer une relation intergénérationnelle et éviter un conflit de générations». Il voit que « le monde court, les jeunes peuvent le rattraper et saisir ses innovations».

Sidi Saïd sera moins bavard quand on lui demandera son avis sur une éventuelle réforme et mutation de l’UGTA. «Je pratique le syndicalisme quotidiennement, je règle des milliers de conflits sociaux, le syndicalisme ne se proclame pas, il se pratique», dit-il. A propos de l’ouverture du nouveau code du travail à la constitution de syndicats autonomes, le SG de l’UGTA bondit vite sur la question et lance sans hésiter : « le code du travail n’est pas d’actualité, c’est un projet qui est en discussion au niveau tripartite on ne peut se prononcer sur un simple projet». Et si on lui parle de remplacement des fédérations par des confédérations comme noté par « les réformateurs » de l’UGTA, il répond : « il y a des fédérations partout dans le monde, ça ne pose aucun problème au monde du travail». Quant à penser convertir l’UGTA en confédération, Sidi Saïd prône la sérénité et dit « c’est un débat, toute instance syndicale répond à une approche, je ne veux porter aucun jugement de valeur sur l’une ou l’autre ».


Création d’un syndicat de la police : Les propositions du SNAPAP et de la CGATA

par Zahi Mehdaoui Le Quotidien d’Oran


La Confédération générale autonome des travailleurs Algériens (CGATA) et le Syndicat national autonome des personnels de l’Administration publique (SNAPAP) ont proposé, hier, un « avant-projet » pour la création d’un syndicat de la police. La mouture, qui est en fait une sorte d’avant-projet de règlement intérieur, dont nous détenons une copie, vise à « réformer et à développer l’institution sécuritaire » indique un communiqué parvenu à notre rédaction qui souligne, également, que cette initiative est un projet qui permettra à l’Institution de sécurité républicaine de rendre des comptes uniquement à l’Etat et à la loi et du coup servira le citoyen et la société.

La création d’un tel syndicat, de l’avis des rédacteurs du communiqué, permettra, également, à coup sûr, aux services de Sécurité de ne plus être « instrumentalisés » par la politique et la préservera des luttes intestines, entre les différentes factions partisanes.

Pour y arriver le SNAPAP et la CGATA suggèrent, dans un premier temps, une série de propositions notamment, « la définition des priorités pour ce qui des droits de cette corporation », « le renforcement des moyens de travail en matière d’équipements », «la réforme des lois et de la législation », « le développement continu de la formation, pour être au diapason avec la modernisation de la sécurité », et « le développement de la communication sécuritaire, dans la perspective de donner une bonne image des services de sécurité, dans leur rôle de défense des biens et des personnes ».

Les deux syndicats autonomes, signataires du communiqué qui affirment, par ailleurs, que les revendications soulevées, par les policiers, la semaine dernière, sont légitimes, soutiennent que les services de sécurité sont en droit de porter leur arme de service, le droit de voyager et de choisir son conjoint, le droit d’être entendu par sa hiérarchie, avant toute décision administrative ainsi que le droit d’organisation syndicale et associative, en ayant le droit de recourir à la « contestation », en dehors des heures de travail.

Il faut rappeler que la DGSN et même le gouvernement ne veulent pas entendre parler d’un syndicat de la police. En dépit des marches et des rassemblements, organisés, dans certaines wilayas, le gouvernement qui s’est réuni, dimanche dernier, avec les représentants des policiers n’a pas concédé sur ce point de création d’un syndicat des hommes en bleu, alors que cette revendication est revenue tel un leitmotiv, lors du rassemblement, observé devant la présidence de la République.

Actualités : Sidi-Saïd au sujet du syndicat pour la police :
«On aura le temps d’en parler»

Présent lors de l’inauguration du Salon des énergies renouvelables, le SG de l’UGTA a refusé d’aborder le sujet de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, considérant qu’il s’agit là «de mots qui fâchent, on ne parle pas de l’OMC».
Autre question qui n’était pas «la bienvenue» pour le SG de l’UGTA, concerne la dernière grève des policiers et leur principale revendication de créer un syndicat. Il finit par dire : «les revendications posées par les agents de la Sûreté nationale ont trouvé écho auprès du Premier ministre, je salue cet écho et c’est ça le plus important. Il y a une réponse de l’Etat que nous saluons, c’est-à-dire qu’il y a une prise en charge par l’Etat de tous les citoyens salariés quels que soient leur rang ou institution. En tant que secrétaire général de l’UGTA, en tant que salarié, syndicaliste, je tiens à saluer la réponse immédiate des pouvoirs publics à l’endroit des agents de la Sûreté nationale».
Concernant la création d’un syndicat de la police, il finit par lâcher : «On aura le temps d’en parler.»
A. B. Le Soir d’Algérie


«Les revendications de la Protection civile et des Douanes prises en compte



C’est par un communiqué cacheté mais non signé que la direction générale de la Protection civile a répondu à l’appel lancé hier par la Fédération des pompiers affiliée au Syndicat national autonome des professionnels de l’administration publique (Snapap). La réponse de la direction générale vise directement le syndicaliste Mourad Tchikou qu’elle accuse d’être l’instigateur de cet appel. Elle affirme que l’appel a été transmis à certaines rédactions de presse par ce syndicaliste qui, selon la DG de la Protection civile, «fait l’objet d’une décision de suspension depuis 2004 en raison de plusieurs affaires pendantes auprès des instances judiciaires, dont une auprès de la Cour suprême, cela après avoir comparu devant les commissions paritaires compétentes de la Protection civile». Pour la direction de la Protection civile, ces affaires le disqualifient de toute activité syndicale ou autre au sein du corps des pompiers. Dans sa réponse, la DG de la Protection civile exclut l’existence d’une représentation du Snapap au sein de ce corps relevant du ministère de l’Intérieur. Et n’est reconnu en tant que partenaire social que le syndicat affilié à l’UGTA. «L’UGTA qui a pu réunir une représentativité suffisante à travers le territoire national est le seul partenaire social de la Protection civile. Ledit représentant du Snapap au regard du droit syndical n’a jamais pu réunir les conditions édictées par la réglementation régissant l’activité syndicale», est-il souligné dans ce communiqué, selon lequel «le Snapap ne dispose d’aucune structure ou bureau, ni de représentativité». La DG de la Protection civile ira jusqu’à assurer que «l’intéressé n’a jamais pu recueillir d’adhésions au niveau national et aucune liste d’adhérents à son syndicat n’a, à ce jour, été déposée». Elle accuse, ainsi, le représentant du Snapap d’avoir surfé sur la vague de la protestation des policiers pour «revenir sur la scène et apparaître sur le plan médiatique». Tout en déniant le droit au Snapap d’engager une action de protestation au sein de la Protection civile, la DG insiste sur le fait que la représentation syndicale auprès de la Protection civile, à savoir l’UGTA, a pris l’initiative à travers son bureau national d’appeler l’ensemble de ses adhérents à travers les 48 wilayas à la vigilance contre toute manipulation visant la déstabilisation de l’institution de la Protection civile. Les portes du dialogue restent ouvertes, est-il souligné dans le même communiqué. La DG de la Protection civile reconnaît ainsi que des problèmes existent au sein du corps et qu’elle affiche, de ce fait, sa disposition pour toute négociation. Mais pas avec les représentants du Snapap auxquels elle ne reconnaît pas la qualité de syndicaliste. Mais la réponse de la direction générale de la Protection civile ne veut nullement dire qu’il n’y aura pas de protestation en novembre prochain au sein des pompiers. On l’a déjà vu dans d’autres secteurs. A Algérie Poste, par exemple, le Syndicat national autonome des postiers (Snap) a pu mobiliser et paralyser pendant plusieurs jours les bureaux de poste malgré sa non-reconnaissance en tant que partenaire social par la direction générale de l’entreprise. Ce syndicat n’a même pas eu son agrément, mais il continue toujours de mobiliser de nombreux travailleurs autour de sa plateforme revendicative. La Protection civile, qui connaît des tensions et un profond malaise pour diverses raisons, risque ainsi d’être secouée par de vives protestations le mois prochain.
Rafik Meddour


Les journalistes vident leur sac

par A. M. Le Quotidien d’Oran



« La situation sociale du journaliste est vraiment misérable», a déclaré sans ambages, hier, Mme Ilhem Tir, présidente de l’association des journalistes féminins de la région de Constantine, en marge d’une journée d’étude organisée à Ali-Mendjeli. «Je le dis à travers mon expérience personnelle de 15 années passées sur le terrain du journalisme, a-t-elle ajouté, car les journalistes exerçant dans les rédactions situées en dehors de la centrale souffrent à maints égards».

C’est dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli de la daïra d’El-Khroub que l’association a organisé une journée d’étude sur la situation sociale et professionnelle du journaliste ainsi que sur le nouveau code de l’information, et ce en présence de représentants des ministères de la Communication et du Travail et des Affaires sociales. La rencontre a été mise à profit pour présenter et débattre du travail de recherche réalisé dernièrement par l’association sur l’exercice de la profession de journaliste à Constantine. A ce propos, la vice-présidente, Mlle Moza Daghiche, dira que «l’association a fait un travail d’enquête sous forme de questionnaire qui a permis de recenser 95 journalistes, entre la presse écrite, audio et audiovisuelle. Dans ce questionnaire, expliquera-t-elle, nous avons soulevé plusieurs aspects de la profession, entre autres l’expérience, la nature des relations contractuelles liant le journaliste à l’organe ou à l’entreprise de presse qui l’emploie. L’enquête a démontré que la situation des journalistes reste très en deçà de leurs espoirs et de leurs ambitions». Elle ajoutera que cette première tentative a montré qu’il y a toujours des journalistes avec une expérience professionnelle dépassant les cinq années d’affilées, qui ne possèdent, malheureusement aucun contrat écrit les liant à leur entreprise de presse. En matière de salaire aussi, il y a encore des journalistes qui sont payés moins que le SNMG. «Ainsi, en dépit des acquis et des avancées réalisées par le secteur de la communication, beaucoup de choses restent à faire», a affirmé Moza Daghiche. Et à travers cette situation, a-t-elle poursuivi, nous avons voulu faire un état des lieux actuel du secteur, surtout qu’à Constantine nous avons dénombré une cinquantaine de rédactions représentant divers organes de presse, secteur public et privé confondus, en comptant de nombreuses chaînes de télévision privées.

Grève du textile : Des emplois sur le fil du rasoir


today_2482463.jpgElles ont déclenché une grève depuis juillet dernier pour réclamer de meilleures conditions de travail et surtout le départ du directeur. Depuis, pas de prise en charge de leurs doléances, ni même une réponse des autorités. Il s’agit de 150 ouvrières de l’EPE Chemiserie du centre de Tizi Ouzou. Elles ouvrent leurs portes à El WatanWeek-end et racontent leur désarroi.

«Il m’est arrivé de les battre, leur crier dessus et de sortir comme une folle en les laissant à la maison. Je ne peux pas. C’est ainsi que je réponds à mes enfants ces derniers temps.» Zahra, 43 ans et mère de famille, n’était pourtant pas prête pour nous recevoir. Vêtue d’un modeste ensemble de maison, faute de moyens. Elle est ancienne secrétaire du directeur d’une entreprise publique à Larbaâ Nath Irathen. Une petite localité au centre-est de la wilaya de Tizi Ouzou, où l’économie repose essentiellement sur l’arboriculture de montagne. Pendant 23 ans, et en passant par de nombreux postes administratifs, techniques et commerciaux, Zahra était une cible de l’acharnement de la direction. Accusée de «sorcellerie», elle a souffert de nombreuses rétrogradations abusives.
Aujourd’hui, elle a atterri dans une usine de textile. Elle vit dans la précarité la plus totale avec ses trois enfants âgés de 5, 10 et 12 ans et son mari Da Hamid, lui aussi employé de la chemiserie du centre via un CDD. On est accueillis chez elle, dans une vieille maison kabyle faite de pierres. De vieux canapés, une ancienne argenterie quasiment vide et une table qui fait aussi office de bureau pour ses enfants : sa maison est presque vide.
Au déjeuner, il y a du riz sans sauce. Zahra et ses collègues sont en grève depuis trois mois. Dans cette entreprise publique économique, les lois et le droit de grève sont inconnus. Les 150 ouvrières et d’autres collègues hommes ne sont plus payés depuis quatre mois ! Revendication : le départ du directeur. «Depuis le début de la grève, je vis mal, je ne peux survenir aux besoins de mes enfants», confie-t-elle, émue, les yeux brillants de larmes. Avec un salaire de 23 000 DA, Zahra avait déjà du mal à survivre.
Esclavage
Difficile pour elle d’assurer une alimentation saine ou du moins correcte à ses enfants. C’est dans une atmosphère pesante, où la tristesse et la douleur règnent, qu’elle confie ses tracas quotidiens. Comme elle, plusieurs grévistes perçoivent un salaire qui ne dépasse pas les 23 000 DA et certaines 17 000 DA. Seul recours : la protestation pour l’obtention de leurs droits. «Nous traversons une très mauvaise passe, mais nous ne comptons pas laisser tomber…Nous nous battrons jusqu’au bout, car c’est une question de dignité», assure Nadjet, une gréviste de 32 ans, mariée et maman d’un enfant de 18 mois. Nabila, 34 ans, récemment opérée pour un kyste dû au calvaire qu’elle endure, victime d’«esclavage et d’intimidations», partage cet avis : «On a crié pour nos droits, nos salaires et notre dignité.» «On n’a pas fermé l’usine pendant trois mois pour l’argent, on l’a fermée parce que la dignité et le respect ne s’achètent pas», la rejoint Zahra.
Le conflit entre les ouvriers et leur directeur remonte à septembre 2013, lorsqu’une section syndicale UGTA, composée de cinq ouvrières, s’est formée au sein de l’entreprise. Ces dernières ont présenté une plateforme de revendications du collectif des travailleuses, dont la principale était le départ du directeur. Elles lui reprochent «la complicité» avec d’autres responsables qui n’hésitent pas à les faire travailler sans interruption dans de mauvaises conditions de travail. Le débrayage a été déclenché à la suite de «graves abus à l’encontre des employées, notamment des remises de titres de congé forcé, suivies de décisions de suspension le jour où la reprise de travail devait avoir lieu», explique Lynda, syndicaliste et elle-même concernée par ces décisions.
Avec son mari, Zahra se retrouve sans revenu depuis quatre mois. Elle loue un «toit» au cœur de Taourirt, le plus grand village de la wilaya de Tizi Ouzou, à 2 km environ du chef-lieu communal de Larbaâ Nath Irathen. Sujettes à de nombreux abus tels que «l’exploitation des ouvriers travaillant les week-ends sans rémunération ni récupération», et ce, de 2003 à 2009, elles devaient travailler même le soir. Durant des années, le bruit des machines à coudre s’entendait jusqu’à des heures tardives. Aujourd’hui, l’atelier qui se trouve à quelque soixante mètres de l’entrée principale de l’usine, est complètement désert, il y a juste quelques chaises poussiéreuses au niveau de la porte et des morceaux de tissu éparpillés un peu partout.
Agression
Les ouvriers, hommes et femmes, n’avaient pas le droit de dire un mot. Les travailleurs étaient menacés de «licenciement immédiat» s’ils n’exécutaient pas les tâches imposées. Ils se faisaient prélever deux journées de salaire à chaque fin du contrat CDD pour «absence autorisée». Lynda, la syndicaliste, assurera par la suite que le motif avancé par le directeur est «faux» et non fondé. Autre abus : la suspension de plusieurs ouvrières de leurs postes de travail sans motifs valables, mais aussi de harcèlement moral via des menaces de licenciement et parfois même des agressions physiques sur les travailleuses, comme en témoigne la lettre ouverte adressée au ministre de l’Industrie.
Après dix ans de service, Lynda confie : «Nous avons travaillé pendant des années dans la peur, les menaces et les suspensions qui suivaient les réclamations». Baya, quant à elle, a aussi été «victime de violence verbale». Il s’agit d’injures, insultes et de propos obscènes, et ce, pendant ses quinze années de service. Les grévistes affirment que sous les effets de l’alcool et son état d’ébriété à l’intérieur de l’unité, le patron se permettait tout !
Insultes
Elle témoigne : «Le directeur nous a privés de nos droits, c’est la seule raison pour laquelle on a décidé de nous révolter. On a travaillé sans revenus pendant des années, désormais ça suffit.» Aujourd’hui, Baya se dit morte et que «l’enfer qu’elle endure est loin d’être une vie». Mariée et maman de trois enfants âgés de 10, 13 et 18 ans, elle vit grâce aux revenus de son mari bricoleur. Licenciements abusifs, congés forcés, agressions, insultes, mépris et intimidations… «On a eu droit à tout dans cette chemiserie… sauf à nos droits», assure Nadjet. Mais un beau jour, le 21 juillet 2014, il n’était plus possible de se taire. Les ouvrières de l’EPE Chemiserie de cette commune ont décidé, sous la houlette de la section syndicale de l’UGTA, de fermer l’usine et de lancer un ultimatum à leur directeur, en poste depuis 2003.
«Il n’est plus question seulement de problèmes inhérents à nos conditions socio-professionnelles, mais au départ inconditionnel et non négociable du directeur qui, depuis son installation, ne cesse d’intimider et de mépriser les ouvrières», affirme, déterminée, la syndicaliste. Quant à Zahra, la plus ancienne des administratives de l’entreprise, elle assure : «Le jour où le sous-directeur est venu dans les ateliers et a insulté les ouvrières en ma présence en utilisant des mots déplacés tels que ‘‘ignorantes’’, et que le rapport qu’on a déposé auprès du directeur n’a pas été pris en considération, on a décidé de mettre fin à l’enfer qu’on vivait».
Peur
«Chaque jour, on espérait que rien ne nous arriverait, on travaillait dans la peur, on vivait un cauchemar quotidien. On était terrorisées», déplore Nabila. Avec son mari Arezki et son fils de 2 ans, cette dernière habite dans le garage d’une villa dont ils sont les gardiens. A l’intérieur, les murs sont en brique, le sol en ciment, et on peut voir quelques anciens meubles et un petit frigo propre. Arezki occupe le poste d’agent de sécurité de la chemiserie et bricole en parallèle dans les chantiers du village pour arrondir les fins de mois. «On ne peut rien faire de notre vie, on est cuits. Malgré la grève, on est obligés de pointer tous les jours à l’usine, ce qui ne nous laisse pas la possibilité de faire autre chose pour gagner notre vie», souligne Nabila, les larmes aux yeux.
«Si ma famille ne m’avait pas aidée, je ne sais pas ce qu’on serait devenus», ajoute-t-elle. Pareil pour Nadjet, dont le mari est employé dans une entreprise privée. «Un enfant de 18 mois demande beaucoup de frais, et ces derniers jours je ne peux pas répondre à tous ses besoins. Quand j’ai un peu d’argent en plus, je ramène des fruits et de la viande pour mon fils seulement, mais pas pour toute la famille», ajoute-t-elle. Zahra, souffrante de maladies chroniques, hypertension artérielle et diabète, semble être la plus touchée par cette crise. Elle raconte : «J’ai des enfants en bas âge auxquels je suis obligée de raconter l’histoire de l’usine pour qu’ils puissent me comprendre.» Durant toute la semaine, ces femmes sont obligées de se présenter à l’usine.
Espoir
En grève aujourd’hui, elles se livrent les unes aux autres et se racontent leurs tracas du quotidien. A l’heure du déjeuner, chacune sort ce qu’elle a pu ramener de chez elle et partage avec les autres. Au menu : couscous, galette, poivron et quelques fruits… La misère, et leurs problèmes communs les ont rapprochées. Leurs histoires se rassemblent. C’est telle une famille qu’elles se battent. Petite anecdote : «Un jour, Zahra n’ayant rien ramené de chez elle, s’est vu offrir une poire par une ouvrière. Cependant, elle l’a cachée dans son sac à main en lui disant : je la garde pour mon fils».
En fin de journée, les travailleuses repartent chez elles dans l’espoir que le cauchemar prenne fin avec la réouverture de l’usine pour laquelle elles ont tant donné. «On travaillait jour et nuit, même durant les week-ends non payés et non récupérés, juste pour garder le premier classement de notre entreprise, et ce, à l’échelle nationale. Quand l’usine avait un grand marché, on travaillait dix heures par jour. De 7h30 à 18h avec 30 minutes comme pause déjeuner», se souvient Nadjet. D’après ces femmes, le problème des ouvrières de la chemiserie du centre s’est aggravé après l’arrivée du sous-directeur. «Les relations avec mon directeur étaient parfaites avant l’arrivée de son assistant. On se respectait, on travaillait ensemble dans les meilleures conditions», affirme Zahra. «Aujourd’hui, on vit grâce à la générosité de nos voisins et nos amis. J’espère que cette galère s’arrêtera avant l’hiver, car ça sera difficile dans un village aussi froid que le nôtre», ajoute-t-elle.
A 937 mètres d’altitude, l’hiver est glacial dans ce village. «On vit un cauchemar depuis des années, on nous a rabaissées et on s’est laissé faire… Aujourd’hui, il n’est plus question de revivre le même calvaire», conteste Zahra. Ces ouvrières n’arrivent pas à faire entendre leur voix, même si, disent-elles, elles détiennent certaines vérités comme par exemple cette «employée qui est payée sans qu’elle se présente au travail».
Ces grévistes crient à la «hogra» et disent être déçues que certains comités de village ne leur ont pas donné raison ! L’inspection du travail de la wilaya de Tizi Ouzou, le procureur de la République près le tribunal de la commune, l’UGTA-section wilayale, le wali et le ministre de l’Industrie, interpellés depuis le début de grève, n’ont pas répondu à leur lettre ouverte dont elles détiennent l’accusé de réception. Elles demandent une commission d’enquête. En vain. Affaire à suivre.
Amar Takjout. Président de la fédération nationale des textiles et cuirs

Le problème des ouvrières grévistes de l’EPE Chemiserie de Larbaâ Nath Irathen est un conflit social qui, malheureusement, peine à trouver une solution. La fédération nationale des textiles et cuirs est en train de suivre l’affaire sur place. D’abord commencer par lever la suspension sur les membres de la section syndicale de l’unité, composée de 5 femmes seulement. Ainsi, nous avons engagé des discussions et des négociations avec les travailleurs de la chemiserie pour trouver une solution définitive. Mais les choses se sont dégradées, car d’un côté les revendications dépassent les qualités socioprofessionnelles, et les employées demandent le départ du directeur actuel. De l’autre côté, les grévistes se sont divisées en deux groupes. Le premier insiste sur le départ du directeur de l’unité, et le second n’insiste que sur les revendications socioprofessionnelles. Pour ma part, j’ai reçu les employés, des appels de l’inspection du travail de la wilaya de Tizi Ouzou et même des citoyens de Larbaâ Nath Irathen ; j’ai insisté sur ma totale disponibilité pour traiter tous les problèmes et discuter de toutes les revendications des ouvrières, y compris celle du départ du directeur à plusieurs reprises. J’ai demandé un lieu et une date à plusieurs reprises, mais je n’ai rien reçu à ce jour.

Ryma Maria Benyakoub

Ballottés entre les responsables

Les marins d’IBC se disent «sacrifiés»


Le personnel d’IBC CNAN Group interpelle le ministère des Transports sur le sort des 250 travailleurs qui se trouvent actuellement «perdus» entre les administrations. Ils se disent «sacrifiés» puisque leur entreprise fait l’objet d’un arbitrage international. Ils sont en quête de leur droit à la réintégration au sein du groupe CNAN.

Ces travailleurs, qui redoutent que la précarité sociale dans laquelle ils vivent perdure, espèrent rencontrer aujourd’hui les responsables concernés pour aboutir à une solution concrète. Aux conséquences de la mise à l’arrêt de l’outil de travail d’IBC s’ajoute l’exclusion des représentants des travailleurs du conseil des participations. «C’est le black-out total», estime M. Youtichène, secrétaire général du conseil syndical du personnel d’IBC.
Le syndicat rappelle que le 1er et le 8 avril 2014, le secrétaire général du ministère des Transports a reçu les représentants des travailleurs en audience. Après consultations des autres parties concernées par le dossier (ministère des Transports, DMMP, SGP Gestramar, CNAN Group, IBC…), il a été retenu un certain nombre d’actions à entreprendre afin de répondre positivement aux doléances des marins d’IBC. Parmi les principales figure la réintégration des personnels d’IBC à CNAN Nord et CNAN Med à travers CNAN Group. Le 18 mai 2014, le directeur général d’IBC a établi des décisions de mise à disposition du personnel pour CNAN Group afin que ce dernier établisse à son tour les décisions de transfert définitif vers ses filiales, comme convenu.
A ce jour, dénoncent les syndicalistes, rien n’a été fait pour le transfert vers les filiales de CNAN Group, pis, «nous avons appris que le conseil d’administration de CNAN Group, sur instruction, a voté une résolution interdisant au directeur général de cette dernière d’établir ne serait-ce qu’une décision de transfert, et ce, en totale contradiction de ce qui a été retenu lors des entrevues avec le secrétaire général du ministère des Transports», explique un communiqué dudit syndicat.
Les travailleurs sont également pénalisés suite à la démission du directeur général d’IBC et depuis le 2 juillet 2014, «IBC se trouve sans siège social, son personnel est sans salaire et son personnel naviguant n’a plus de point de chute», déplore
M. Youtichène.
Fatima Arab El Watan

Transports publics
32 membres du syndicat de l’Etusa en grève de la faim



32 employés de l’Entreprise de transport urbain et sur-urbain d’Alger (Etusa) ont entamé hier une grève de la faim illimitée. Les grévistes, après avoir frappé à toutes les portes, ont décidé de mener cette action pour réclamer l’application immédiate de la convention collective signée le 16 octobre 2012 entre le partenaire social et la direction générale de l’entreprise. Contacté par nos soins, Mohamed Merkel, secrétaire général du syndicat de l’Etusa a indiqué qu’un mouvement de protestation a été entamé dimanche dernier, devant le siège de la direction générale de l’entreprise, sis à Belouizdad, (Alger). «Nous avons tenu un sit-in dans le but d’ouvrir le dialogue avec les responsables de la direction de l’Etusa, mais ces derniers n’ont pas voulu nous recevoir», a-t-il dénoncé, déplorant le fait que «le DG de l’Etusa ne reconnaît pas le syndicat de l’entreprise ainsi que le comité de participation et refuse d’ouvrir les portes du dialogue avec le partenaire social».

De ce fait, a ajouté la même source, «nous avons entamé une grève de la faim illimitée pour faire entendre notre voix». Le syndicat réclame l’application immédiate et sans conditions de la convention collective et son article 101 signée le 16 octobre 2012 par l’union de wilaya UGTA et la direction de l’entreprise.

Cette signature est intervenue, rappelons-le, suite à une longue grève qui a paralysé l’activité de l’entreprise. «Nous demandons à la direction générale de l’entreprise d’honorer ses engagements et de cesser ses campagnes d’intimidation à l’égard des travailleurs et des syndicalistes», a affirmé notre interlocuteur, ajoutant que «la direction de l’entreprise pratique une politique discriminatoire. Tous les travailleurs et les syndicalistes qui n’obéissent pas aux ordres sont systématiquement stigmatisés. «De son point de vue, rien ne peut justifier les deux ans de retard pris par la direction générale de l’entreprise pour appliquer le protocole d’accord signé le 16 octobre 2012.

«Deux ans se sont écoulés depuis que la direction générale a signé cette convention», a-t-il déclaré, avant de poursuivre : «Ce refus signifie la transgression des lois de la République et le piétinement des droits des travailleurs.» Cette convention prévoit des augmentations de salaire et l’actualisation des primes.

Interrogé sur la forme que prendra leur mouvement de protestation en cas d’absence d’une réponse favorable de leurs responsables, notre interlocuteur indique d’emblée que son syndicat ne compte pas paralyser l’activité commerciale de l’Etusa. «Nous sommes des gens responsables, nous n’allons pas paralyser le transport urbain à Alger», a t-il tenu à préciser pour rassurer les usagers.

Pour rappel, en 2012 et 2013, les travailleurs de l’Etusa ont mené des grèves qui avaient sérieusement pénalisé les usagers du transport public dans la capitale. Le ministre des Transports avait fait appel aux bus privés pour parer au manque de moyens de transport. Une démarche qui a jeté de l’huile sur le feu et a motivé les travailleurs à radicaliser leur action de protestation.

Feriel Arab

Protestation des chômeurs à Ferkane (Tébessa)

Des affrontements après l’arrestation de dix personnes


unnamed-1-3.jpg Les jeunes réclamaient des postes d’emploi
La région a connu, ces derniers mois, plusieurs mouvements de protestation, dont certains ont été violents.

Le mouvement de protestation entamé dimanche dernier par une cinquantaine de jeunes chômeurs de la localité de Ferkane, 170 km en extrême sud de Tébessa devant l’entreprise nationale des travaux de prospection 158 (ENTP) qui opère actuellement dans la région entre la wilaya de Tébessa et El Oued pour réclamer l’emploi et l’équité des chances, a été réprimé avant-hier par les éléments anti-émeute de la Gendarmerie nationale dépêchée de Bir El Ater.
Dix jeunes chômeurs ont été arrêtés et auditionnés par les brigades de Bir El Ater, Négrine et Oum Ali pour troubles de l’ordre public. Apprenant cela, les habitants de la ville ont immédiatement riposté, réclamant la libération les leurs. Ils ont fermé l’artère principale menant à la ville par des barricades. Peu après, des heurts ont éclaté entre les habitants et les éléments de la Gendarmerie qui ont eu recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule.
Aucun blessé n’a été enregistré, apprend-on de sources sures. Celles-ci ont affirmé hier que les jeunes interpellés ont été libérés tard dans la nuit de mardi à mercredi, après l’intervention des notables de la région. Il y a lieu de signaler que durant la journée de mardi, les jeunes contestataires ont bloqué le passage principal emprunté par les camions de l’entreprise, notamment ceux d’approvisionnement en denrées alimentaires, ce qui a nécessité l’intervention des éléments de la Gendarmerie.
C’est pour la énième fois que des jeunes chômeurs s’en prennent aux entreprises nationales pétrolières et minières qui opèrent dans la région de Tébessa. Ainsi une dizaine de chômeurs de la commune de Bir El Ater demandant un recrutement, ont complètement paralysé en janvier dernier le complexe d’enrichissement de phosphate, empêchant tout accès du personnel, dont le directeur de l’usine.
Quelques mois avant, plus de 25 jeunes avaient organisé un sit-in ouvert devant la direction de la base du gazoduc Enrico Mattei, sise à Oglat Ahmed pour protester contre la marginalisation dont souffrent les jeunes chômeurs de la région de Bir El Ater. Alors qu’en 2012 la mine d’exploitation de minerai de fer à Ouenza a subi des préjudices considérables qui se chiffreraient à plusieurs milliards de dinars après que des chômeurs de la ville ait paralysé la mine et ce durant plusieurs semaines.
Lakehal samir

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