Luttes des travailleurs

Echos des luttes des travailleurs N°84

Vacances pour les uns…«travail» pour les autres:
L’été n’est pas le même pour tous les enfants

par J. Boukraa le quotidien d’Oran


Le phénomène du travail des enfants ne cesse de prendre de l’ampleur. Il se banalise dans la société et fait référence à tout travail ou activité qui les prive de leur enfance. En cette période de vacances, nombreux sont les enfants qui n’en profitent pas. Pire encore, ils sont plongés dans le monde de travail malgré leur jeune âge. On les trouve partout, sur les plages, au bord des routes express et autoroutes. Beignets, galettes, m’hadjeb, cigarettes, sandwichs, thé, eau minérale, jouets, en passant par les objets de décoration fabriqués à base de coquillages, tout est proposé aux estivants par des dizaines d’enfants qui passent leurs vacances à travailler pour aider leurs familles et gagner quelques sous pour affronter les dépenses de la rentrée scolaire. Ils n’ont pas droit aux vacances, à la plage, à l’insouciance et pas même à l’enfance. Les enfants sont entrés dans le monde des adultes avant même de vivre leur enfance. La plupart de ces enfants sont issus de familles très démunies. Ils se trouvent devant l’obligation de quitter l’école dès leur jeune âge pour affronter un monde totalement différent et plein de dangers. Ainsi, ils subissent inexorablement la pression d’un univers nouveau dans lequel ils sont plongés sans y être préparés. Rencontré à la plage des Andalouses, le visage brûlé par le soleil, Adel, 12 ans. Il fait des allées et venues sur le rivage pour vendre les beignets préparés par sa mère. Un plateau qu’il tient à longueur de journée difficilement sur ses bras. Adel est, en effet, parmi ces enfants qui sont beaucoup moins attentifs aux chants des vagues. Pour eux, les vacances sont le cadet de leurs soucis. Eux, ce sont les vendeurs de gâteaux, de beignets et des fameux m’hadjeb qui sillonnent quotidiennement le rivage pour espérer gagner un peu d’argent afin de subvenir tant bien que mal aux besoins de leurs familles. Sous un soleil de plomb, ce jeune garçon ne porte même pas de casquette sur la tête. Il tente d’attirer l’attention des estivants pour vendre le contenu de son couffin, allant carrément vers eux pour leur proposer ses beignets. A cette plage très fréquenté ont trouve même des fillettes qui proposent des gâteaux et des m’hadjeb. C’est le cas de Soumia. « J’ai 13 ans, j’habite à El Ançor. Je vends des M’hadjeb pour aider ma famille. Mon père travaille comme journalier et ne gagne pas beaucoup d’argent». Comme tous les enfants, l’été est la saison tant attendue, mais certainement pas pour les mêmes raisons car, pour elle, il ne s’agit pas de détente ni de vacances, mais plutôt de doubler ses gains. «La saison estivale est la période propice pour récolter une bonne somme d’argent, pour pouvoir acheter les affaires scolaires et les vêtements pour mes frères pour la prochaine rentrée». Soumia est plus chanceuse que Adel, parce qu’elle n’a pas quitté l’école.

Le moins que l’on puisse dire est que ces enfants qui sacrifient les plus belles saisons de leur vie pour subvenir aux besoins de leurs familles méritent respect et admiration de tout un chacun. «Le fait de faire travailler un enfant à un âge aussi précoce où il devrait être en train de jouer et de s’épanouir risque de lui porter tort et qu’il lui répugne à vouloir un jour un diplôme. C’est une responsabilité bien trop lourde pour des enfants. Elle est aussi dangereuse et pour leur santé et pour leur personne», souligne un psychologue.

Ces parents qui obligent leurs enfants à ramener de l’argent

Ce n’est pas uniquement en période de vacances que des enfants des familles pauvres travaillent, mais c’est à longueur d’année, notamment ceux qui ont quitté l’école prématurément. Les conditions de vie lamentables et les contraintes sociales les ont poussés jeunes vers le travail. En effet, ce sont des activités qui portent préjudice à la santé physique et mentale des enfants et entravent leur bon développement. Dans certains cas, le travail des enfants nuit aussi à leur dignité et à leur moralité. De surcroît, un enfant qui travaille sera davantage exposé à la maltraitance. Ces enfants sont très souvent victimes de violences physiques, mentales et sexuelles. Le pire des cas, c’est quand les parents eux-mêmes obligent leurs propres enfants à ramener de l’argent, qu’importe le moyen. Les enfants ruraux, généralement, sont encore plus exploités en raison de leur situation difficile et enclavée. Mohamed, un garçon de 14 ans, issu d’une famille défavorisée habitant dans un douar entre Boutlélis et El-Amria, vit cette situation. «Mon père m’oblige à ramener de l’argent chaque jour en me menaçant tout le temps de me tuer», informe-t-il la peur sur le visage. Certains enfants font des travaux qui les exposent à des dangers et ne correspondent pas à leurs capacités physiques. Plusieurs familles forcent leurs enfants à travailler n’importe où malgré leur très jeune âge. Elles comptent sur leur progéniture pour subvenir à leurs besoins. Ces dernières années, on observe malheureusement une augmentation significative du nombre d’enfants travaillant dans un environnement hostile qui peut être nocif pour leur santé. Les enfants qui travaillent sont payés au rabais. Ils sont dans leur majorité exploités dans le bâtiment, l’agriculture, l’artisanat, sans compter les milliers d’enfants qui travaillent dans le commerce informel et qu’on aperçoit quotidiennement dans nos rues : vendeurs de cigarettes ou des chewing-gums, galettes (pains), ou encore gardiens de parking… Beaucoup d’entre eux basculent dans la délinquance et la prostitution. Nombreux sont les enfants qui souffrent de cette situation tragique, qui le font parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Ils sont obligés de quitter l’école très tôt afin d’aider leurs parents à subvenir aux besoins élémentaires. Des études menées par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), révèle que le nombre d’enfants qui exercent une activité économique est évalué à 300.000, un chiffre qui grimpe à 500.000 durant les vacances. Il y a quelques semaine le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, a déclaré à l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale contre le travail des enfants qui coïncide avec le 12 juin de chaque année, que les pires formes de travail des enfants n’existent pas en Algérie. Selon lui, une enquête, menée par l’inspection du travail en 2015, indique que sur 15.093 organismes employeurs occupant un effectif de 98.327 travailleurs, on a enregistré l’emploi de 97 enfants en dessous de l’âge légal qui est de 16 ans, soit un pourcentage de 0,09%, contre 0,04% en 2014, alors qu’il avait atteint 0,56% en 2002. Le bilan de contrôle relatif à l’aspect du travail des enfants étant minime, ceci est dû au fait que le phénomène du travail des enfants se situe en dehors des relations de travail qui impliquent directement l’enfant à un employeur. Il s’agit surtout d’enfants qui travaillent pour leur propre compte, ou dans le milieu familial, ce qui implique la responsabilité directe d’autres secteurs, tel la Solidarité nationale, l’Education nationale. L’Algérie a, depuis son indépendance, investi des ressources importantes afin de garantir à toute la population un accès équitable à la scolarisation, aux soins, à la protection sociale et s’est engagé à protéger les enfants contre les situations à risque et la violence. Le pays a engagé des programmes de développement nationaux et régionaux pour améliorer la situation socio-économique des citoyens, en particulier celle des enfants et des femmes et une stratégie nationale pour lutter contre le travail des enfants. L’Algérie a ratifié en 1992 la Convention internationale relative aux droits de l’enfant ainsi que les principales conventions internationales, à savoir la Convention n°138 relative à l’âge minimum d’admission à l’emploi, la Convention n°182 concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants, ainsi que la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant. Cependant, le travail des enfants est une réalité poignante.


SOUVENT VICTIMES D’ACCIDENTS FATALS
Ils se tuent au travail

Par Ali TIRICHINE – 18 Aout 2016 l’expression

Quand les normes de sécurité au travail font défaut

Malgré les protections instituées, le manque de respect des normes ne fait qu’accentuer la cadence des accidents de travail qui menacent toujours la vie et la santé des travailleurs.

Hier encore, un homme a été enseveli dans un chantier de construction des logements à Réghaïa, à l’est d’Alger, lorsqu’il était en train d’effectuer des travaux d’assainissement de quoi justifier amplement une enquête de l’inspection du travail et même des services de sécurité. Pour bien se rendre compte de la fragilité des chantiers qui constituent un danger de mort ou une menace pour les travailleurs, il faut aussi rappeler que trois personnes ont été blessées lundi dernier dans l’effondrement d’une bâtisse dans un chantier de construction de la nouvelle cité universitaire à El-Djorf à Bab Ezzouar.
Ainsi, il est clair que la santé et la sécurité au travail nécessitent de nouvelles normes. D’ailleurs, dans le monde, chaque jour, plus de 6300 personnes perdent la vie des suites d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle – soit plus de 2,3 millions de décès par an. En Algérie, 80 personnes se tuent littéralement chaque année au travail alors même que le pays suit les recommandations internationales dans le domaine de la santé ce qui veut dire que chaque changement au niveau mondial va influer sur les travailleurs locaux.
Compte tenu des pertes liées aux retraites anticipées, à l’absentéisme et à la hausse des primes d’assurance qui en découlent, les maladies ou accidents liés au travail représentent un fardeau important pour les employeurs comme pour l’économie au sens large.
L’ISO élabore une nouvelle norme – ISO 45001 – relative aux systèmes de management de la santé et de la sécurité au travail dans le but d’alléger cette contrainte pour les organisations, en établissant un cadre de référence pour l’amélioration de la sécurité des travailleurs, la réduction des risques sur le lieu de travail et la création de conditions de travail meilleures et plus sûres dans le monde entier.
L’Algérie adhère à l’Organisation internationale du travail et aux conventions de l’OIT et les transpose dans le droit national.
La sécurité sociale des salariés fait bénéficier de l’assurance accidents de travail et maladies professionnelles le travailleur salarié et le travailleur assimilé à un salarié (tels les travailleurs à domicile, les personnes employées par des particuliers, les artistes comédiens et figurants, les marins pêcheurs à la part embarqués avec le patron pêcheur, les patrons pêcheurs à la part et embarqués).
Il y a aussi les élèves des établissements d’enseignement technique et des établissements de formation professionnelle, les apprentis, les étudiants, les personnes en stages de rééducation professionnelle et de réadaptation professionnelle, les personnes participant bénévolement au fonctionnement d’organismes de sécurité sociale et même les détenus exécutant un travail pendant la durée pénale et les personnes participant à des activités sportives organisées par l’employeur ou à un acte de dévouement (intérêt public ou sauvetage d’une personne en danger, même si la personne n’a pas la qualité d’assuré social). Malgré ces protections, les accidents menacent toujours.


Ce que cache la baisse du chômage

le 12.08.16 |


Il y aurait moins de chômeurs en Algérie, selon les dernières statistiques officielles. Pourtant, tout indique que le pays est en crise. Vraie tendance ou faux espoir, El Watan Week- End tente de décrypter les chiffres.

Dans une conjoncture socioéconomique difficile et en dépit d’un climat d’austérité, le taux de chômage affiche paradoxalement une tendance baissière selon les derniers chiffres de l’Office national des statistiques (ONS).

Le taux annoncé de 9,9% pour la période couverte (avril 2016) intervient quelques mois après le dernier chiffre communiqué, celui de 11,2% à la fin de septembre 2015. Pour avoir une idée sur cette performance exceptionnelle, on peut souligner qu’il aura fallu à peine huit mois au gouvernement pour faire baisser le chômage de 1,3 point de pourcentage dans une période de crise économique, de baisse des recettes et de ralentissement de l’activité économique. Il lui en avait fallu 4 ans pour réaliser le même exploit entre 2008 et 2011 quand les indicateurs économiques étaient au rouge, que les prix du pétrole carburaient et que le budget de l’Etat arrosait toute la sphère économique. Ce nouveau taux est-il plausible ? «Pas du tout», répond Mohamed Achir, enseignant-chercheur à l’université de Tizi Ouzou.

«Il y a une réduction sensible des cahiers de charges et des projets publics dans le BTPH et une stagnation dans le secteur industriel, plus le gel des pré-emplois. Il suffit de constater qu’il y a eu 970 000 candidats lors du dernier concours de l’Education nationale pour 28 000 postes.» «Je pense que les chiffres publiés par l’ONS ne sont pas répertoriés par activité et branche économique, ce qui laisse le flou sur la réalité des emplois créés.» Car la crise est bien là et d’ailleurs les chiffres de l’ONS ne la dissimulent pas.

Le nombre de chômeurs victimes de la cessation d’activité de leur entreprise et passé de 70 000 à 75 000 entre septembre 2015 et avril 2016 et celui de ceux issus des administrations est passé de 110 000 à 113 000. Le plus édifiant reste cependant les chiffres relatifs au chômage de courte durée. Si la part des chômeurs de longue durée (un an et plus) a baissé de 81% à 56%, celle des personnes au chômage depuis moins d’un an a plus que doublé, passant de 90 000 en septembre 2015 à 191 000 en avril 2016. Sa part dans le nombre total des chômeurs est ainsi passée de moins 20% à plus de 40%. Le taux de chômage global a beau baisser, la précarité, elle, s’installe.

«Tendance saisonnière»

Pour Saïb Musette, directeur de recherche au CREAD, il s’agit d’une baisse «limitée dans le temps. Il y a eu appel à la main-d’œuvre saisonnière, ce qui a conduit à la baisse.» Celle-ci s’explique par «une création de beaucoup d’emplois non permanents, mais on se demande s’ils vont perdurer ou disparaître», s’interroge le sociologue.

Le nombre de salariés non permanents a augmenté de plus de 260 000 en huit mois, tandis que les emplois permanents se perdent avec près de 70 000 en moins sur la même période. «La baisse de l’emploi permanent est inquiétante. Cela risque de s’aggraver, car il y a très peu de recrutements dans le public. Il risque d’y avoir une nouvelle baisse de ces emplois.» Comment, dans ces conditions, expliquer les chiffres de l’ONS revendiquant plus de 300 000 nouvelles créations d’emploi? «On a comptabilisé les emplois précaires, les CDD dans le filet social et les inscriptions dans les registres du commerce», commente Mohamed Achir, perplexe.

Et il n’est pas le seul. L’économiste Ferhat Aït Ali trouve «fantaisiste en pleine dépression de créer 300 000 emplois». De plus, «c’est le fruit d’une enquête sur un échantillonnage de 115 000 personnes et non de données émanant d’organismes officiels.» Selon lui, «dans un pays où le gouvernement déclare que l’informel prend 50% des transactions économiques, déclarer une sorte de plein emploi avec des taux à faire pâlir d’envie les pays nordiques est pour le moins cocasse, à moins de considérer que ce même secteur informel est créateur d’emplois à l’actif de l’Etat.»

Le boom du commerce

Les chiffres laissent dubitatifs, au point où l’on se demande s’ils n’ont pas été gonflés. Ferhat Aït Ali pense que non et avance l’idée «d’une lecture biaisée de l’enquête qui a fait passer des créations de commerces pour des emplois». Car le secteur du commerce et des services est celui qui a le plus bénéficié de cette conjoncture, semble-t-il. «Je trouve que 200 000 emplois dans le commerce et services, même si le chiffre est le fruit d’un sondage, c’est inquiétant au moment où le commerce est appelé à péricliter faute de produits et de clients par effet de la dévaluation dinar», soutient l’expert.

Selon l’ONS, le secteur du commerce et services comptabilise 194 000 nouveaux emplois créés entre septembre et avril, soit 5 fois plus que dans le BTP et l’industrie et 6 fois plus que dans l’agriculture. Pour Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), «il y a une part de vérité dans ces chiffres, car beaucoup de chômeurs ont perdu l’espoir de trouver un emploi dans le secteur public avec la crise, les rumeurs de fermeture d’entreprises et de compression d’effectifs».

Selon l’ONS, la proportion de chômeurs qui pensent qu’il n’y a pas d’emploi a augmenté de 18,5% à plus de 22% en huit mois. Un scepticisme qui touche plus de 95 000 chômeurs. La solution de rechange est «de créer son propre emploi, lancer de petits commerces qui ne demandent pas beaucoup d’argent avec l’aide de partenaires, amis, famille ou voisins».

Evidemment, «certains prospèrent, d’autres ferment ou alors changent d’activité.» Mais si le commerce est porteur, que dire du bâtiment qui, lui, n’a pas échappé à la crise. Selon l’ONS, il aurait créé 37 000 nouveaux emplois durant la période considérée. Un chiffre relativisé. Mouloud Kheloufi, président d’une association patronale dans le domaine du BTP, affirme qu’«il n’y a pas eu de création d’emplois. Il y a une forte baisse d’activité du fait de l’écroulement de la commande publique».

Conséquence, les entreprises sont en train de survivre et d’essayer de «stabiliser l’emploi». Si préserver les emplois existants est déjà compliqué, comment parler alors de création de nouveaux emplois, d’autant que le secteur du bâtiment figure parmi les premiers secteurs à avoir subi la crise. L’annulation, le report et la mise en stand-by de nombreux projets publics a totalement mis à genoux certaines entreprises. Des patrons parlent même de mise en chômage technique de leurs employés, en attendant une amélioration de la situation. «Peut-être vers le mois d’octobre ou novembre de cette année», nous dit-on.

L’effet régularisation

En dépit de la morosité ambiante, il y a bien une chose qui pourrait expliquer en partie le chiffre en hausse de la population occupée dans le secteur du BTP, c’est «le recours massif à la régularisation des travailleurs auprès des caisses de sécurité sociale», explique Mouloud Kheloufi. «Les employeurs ont bénéficié d’une annulation des pénalités, ils ont donc régularisé massivement.» Pas de chiffres à l’appui, mais les statistiques de l’ONS montrent bien que le nombre de travailleurs affiliés à la Sécurité sociale a augmenté durant les huit mois de 349 000 personnes, alors que le nombre des non-affiliés a baissé de 49 000.

La loi de finances complémentaire 2015 avait introduit un certain nombre de mesures visant notamment la régularisation des salariés non déclarés et l’augmentation du nombre des cotisants. A la fin du premier trimestre 2016, plus de 87 000 employeurs avaient bénéficié dans ce cadre de l’annulation des majorations et pénalités de retard suite au versement de leurs cotisations principales auprès de la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS).

Dans le bilan provisoire communiqué au cours du premier trimestre 2016, il ressort que plus de 7000 salariés ont été déclarés à la CNAS et ont pu bénéficier d’une couverture sociale suite aux mesures de la LFC. De même, plus de 8500 personnes qui activaient dans l’informel ont régularisé leur situation à travers leur affiliation volontaire. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a même indiqué que le nombre des salariés déclarés au cours du premier trimestre 2016 représente 80% des effectifs déclarés durant tout l’exercice 2015. Mais «une régularisation n’est pas une création réelle avec de la valeur ajoutée, mais la production d’un chiffre», estime Mohamed Achir.

Rien n’indique en tout cas que les nouvelles régularisations ont contribué à renflouer la masse de la population occupée. Quoi qu’il en soit, les chiffres du chômage n’ont pas fini de faire polémique. Mais il faudra, selon Saïb Musette «voir le glissement annuel pour connaître véritablement la tendance.»

Ce qui a changé en huit mois :

301 000 : la proportion de la population occupée en plus
139 000 : le nombre de chômeurs en baisse
267 000 : le nombre de salariés non permanents en plus
69 000 : le nombre de salariés permanents en moins
349 000 : le nombre supplémentaire de travailleurs affiliés

Safia Berkouk

Retraite:
L’UGTA prépare sa liste des métiers pénibles

par Yazid Alilat le quotidien d’Oran

Le débat sur la suppression à partir du 1er janvier 2017 de la retraite anticipée, sauf pour les femmes et les métiers pénibles, et l’entrée en vigueur du projet de loi fixant l’âge de départ à la retraite à 60 ans, commence à s’épaissir. D’abord avec cette annonce d’un représentant de la centrale syndicale UGTA hier dimanche, Amar Takdjout, qu’une liste des métiers pénibles est en train d’être élaborée avec certains secteurs économiques publics, ensuite avec la position ferme des syndicats autonomes contre la décision du gouvernement de supprimer la proportionnelle et la retraite anticipée. On se rappelle que la dernière tripartite, à laquelle les syndicats autonomes n’avaient pas été conviés, avait décidé de revenir à la retraite à 60 ans et de supprimer les retraites proportionnelle et anticipée.

Au printemps dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait confirmé que la retraite à 60 ans entrera en vigueur l’année prochaine, avec cette précision que «ceux qui souhaitent partir avant la fin de l’année sont libres de le faire». Il a en outre ajouté que «la retraite anticipée est maintenue pour les femmes et les métiers pénibles». Immédiatement après, il y a eu une formidable levée de boucliers des syndicats autonomes, qui ont non seulement dénoncé cette décision de la tripartite, mais annoncé leur volonté de la combattre. Dans un communiqué commun, les syndicats autonomes ont mis en garde le gouvernement contre la suppression de la retraite anticipée et proportionnelle, avant de faire remarquer que les décisions de la tripartite ne les concernent pas dès lors qu’ils n’ont pas été associés à ses réunions.

«A l’heure où on attendait une amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs de la fonction publique, le gouvernement nous surprend avec une décision prise en concertation avec l’UGTA qui ne représente nullement les travailleurs », avait relevé l’Unpef, qui rappelle que les cotisations à la sécurité sociale des travailleurs de l’Education nationale profitent à tous les autres secteurs. Mais, l’UGTA enfonce le clou et annonce, par le biais d’Amar Takdjout, membre de son secrétariat général et SG de la Fédération du textile et cuir, en annonçant la mise en chantier prochainement d’une opération d’établissement des listes des personnels effectuant un travail pénible éligibles à la retraite anticipée. Dans une déclaration hier dimanche à la radio nationale, Amar Takdjout a affirmé que l’UGTA a entamé l’élaboration d’une liste des métiers pénibles avec les secteurs économiques. ‘’La liste des bénéficiaires sera établie sur la base de points, qui nécessite une étude globale », a-t-il dit, précisant que ‘’les secteurs concernés sont l’industrie lourde, le BTP et le secteur minier. »  »Tous les partenaires sociaux sont concernés par l’élaboration et la définition de ces listes, et il doit y avoir une étude sérieuse des acteurs du secteur de l’emploi pour qu’il n’y ait pas de dérapages », a-t-il ajouté.

Lors de la dernière tripartite, le gouvernement, l’UGTA, le FCE (Forum des chefs d’entreprises) et les organisations patronales avaient paraphé l’accord de suppression de la retraite anticipée et porter la retraite pour tous les personnels à 60 ans. Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique élargi (Cnapeste), affirme de son côté que ‘’notre position reste la même », le rejet de cette décision. Contacté par Le Quotidien d’Oran hier dimanche alors qu’il participait à Jijel à l’université d’été de son organisation syndicale, il a rappelé que ‘’notre point de vue sur ce dossier est clair, nous avons déjà donné notre position dans un communiqué commun avec les autres syndicats contre ces décisions unilatérales du gouvernement et celles de gens qui n’ont aucune relation avec le terrain et les préoccupations (des syndicats autonomes) ». ‘’Nous refusons ces décisions, car nous n’avons pas été consultés », affirme-t-il, précisant que ‘’les difficultés financières de la CNR (Caisse nationale de retraite) ne sont pas de notre responsabilité et ne nous concernent pas ».

Pour Messaoud Boudiba, ‘’si crise économique il y a, nous n’en sommes pas responsables. »  »Maintenant, s’il faut y aller (vers une suppression de la retraite anticipée et son maintien pour les métiers pénibles), on ira ensemble, mais après des discussions avec les syndicats autonomes », a-t-il expliqué. Le Cnapeste, soutient-il, refuse ‘’ces décisions unilatérales, prises sans concertation avec les syndicats autonomes » et ‘’elles ne nous concernent pas ». Dans un communiqué commun, tous les syndicats autonomes avaient réagi en dénonçant la décision de recul à 60 ans de la retraite et la suppression de celle anticipée et proportionnelle, prise par la tripartite. Pour les enseignants qui le demandaient, ils pouvaient faire prévaloir leur droit à une retraite anticipée au bout de 25 ans de travail. Le refus ferme des syndicats autonomes de la décision de suppression, sauf pour les métiers pénibles reconnus par l’UGTA et le gouvernement, va très certainement ouvrir la voie à un épique bras de fer sur le front social. Il est clair que les deux camps ne vont pas se faire de concessions, ce qui prélude déjà d’une rentrée sociale chaude en perspective.

Recul sur la décision de mise à la retraite des professeurs hospitaliers
La déception du Snechu


Les fonctionnaires de différents secteurs se préparent à déclencher des mouvements de protestation à la rentrée pour dénoncer la suppression de la retraite anticipée. Au même moment, le gouvernement vient de décider d’accorder des postes de travail à vie aux professeurs hospitalo-universitaires. Le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) se dit déçu de cet énième recul du gouvernement devant le mécontentement des concernés.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Le syndicat estime que le gouvernement n’a qu’à introduire aussi le délai «à vie» pour le poste de la chefferie de service.
Le Premier ministre qui vient d’accorder aux enseignants chercheurs hospitalo-universitaires qui ont atteint l’âge de 70 ans la possibilité de poursuivre leurs activités de soins et de formation, ainsi que la mise en fin de fonction de ceux âgés de 67 ans au lieu de 65 ans, n’est pas à sa première directive. Cette instruction interministérielle est, en effet, la troisième du genre.
Le gouvernement semble ainsi en panne d’idées pour trouver une solution au problème de la pension de retraite de cette corporation. C’est pourquoi il a essayé de temporiser au maximum ce dossier privant de la même occasion plusieurs générations de jeunes médecins d’une évolution de carrière. Jusqu’à ce que le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) monte au créneau pour dénoncer cette injustice et demander un âge de départ à la retraite.
Le gouvernement a répondu en mars dernier à leur sollicitation et un concours d’accès au poste de chefferie de service devrait se dérouler avant la fin de l’année en cours.
L’annonce qui a été accueillie par le syndicat comme un acquis et un signe d’espoir pour la jeune génération a soulevé, toutefois, la colère «des aînés qui voyaient à travers cette décision une chasse aux sorcières».
Le professeur Belhadj, membre du bureau national du Snechu, contacté par téléphone, se demande quel sera le rôle d’un professeur âgé de plus de 70 ans dans un service hospitalier ? D’autant plus, dit-il, que cette corporation est soumise à une activité pénible en assurant les deux activités de soins et d’enseignement universitaire.
D’ailleurs, poursuit-il, nous avons d’un côté le corps des paramédicaux qui revendique une retraite anticipée en raison de la pénibilité de son activité, et de l’autre côté le corps médical veut travailler à vie. Le syndicat rappelle avoir saisi le Premier ministre à trois reprises pour une entrevue, en vain. Entretemps, dit-il, Sellal a accordé une rencontre à un collectif de professeurs hospitaliers. Suite à quoi, dit-on, le Premier ministre a pris une nouvelle décision.

Mise en place d’une commission pour statuer sur le sort des professeurs âgés de plus de 70 ans
Le gouvernement a certes accordé un délai indéterminé pour les professeurs hospitaliers d’exercer mais étant un personnel qui prodigue des soins, ces derniers ne peuvent pas rester en fonction à un certain âge. C’est pourquoi une commission a été installée pour statuer sur le sort de ces professeurs âgés de plus de 70 ans. La commission propose à ce que les Facultés de médecine récupèrent ces professeurs pour assurer les missions pédagogiques. C’est le cas de la Faculté de Sétif qui a déjà entamé la démarche.

Réaction du ministère de la Santé
Le ministère de la Santé, à travers sa cellule de communication, dit respecter la réglementation en vigueur. Cependant, précise Slim Belkessam, conseiller et responsable de la communication, «à un moment nous ne pouvons plus les garder». Un professeur âgé de plus de 70 ans peut-il encore soigner ? «Dans le respect de la réglementation en vigueur et à venir, tant que quelqu’un est encore en mesure de prodiguer des soins, il est le bienvenu, sinon, il doit céder sa place à quelqu’un d’autre car nous sommes dans des établissements de soins», a-t-il indiqué.
Les professeurs chercheurs hospitalo-universitaires reçoivent leur salaire des deux tutelles : le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et son homologue de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière. Ce dernier verse une indemnité de soins de 130 000 dinars mensuellement à ces employés, incluse dans les salaires mensuels. Or, si le ministère de la Santé décide de mettre fin à l’activité de soins d’un professeur, jugé dans l’incapacité d’exercer son métier, il ne versera plus cette mensualité.
On reviendra ainsi au point de départ du problème de la pension de retraite et le gouvernement n’aura rien réglé à ce problème en ne fixant pas un âge de départ à la retraite pour cette corporation.
S. A.

Liberté syndicale
La Ligue des droits de l’Homme interpelle Bouteflika


Dans une lettre adressée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dont notre rédaction était hier destinataire d’une copie, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a dénoncé ce qu’elle a qualifié de licenciement abusif d’un syndicaliste, Abdallah Rahal en l’occurrence, employé de la Caisse nationale du logement (CNL) à Relizane.
La LADDH rappelle dans la correspondance que les nombreuses lettres interpellant le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville au sujet de ce syndicaliste, n’ont pas eu de suite. Il s’agit, selon les rédacteurs de la lettre, d’un cas concret d’atteinte à la liberté syndicale consacrée par les lois de la République algérienne dont le Président s’en était porté garant à plusieurs reprises dans ses discours.
Dans son argumentaire, la LADDH s’appuie sur des violations de la législation du travail que l’employeur d’Abdallah Rahal aurait commis en le licenciant alors qu’il était en congé. Elle accuse surtout les responsables de la CNL d’avoir agi pour régler des comptes personnels.
R. N. le soir d’Algérie


Projet de loi sur le départ à la retraite
L’union UGTA de Tizi Ouzou affiche son opposition


L’union de wilaya de l’UGTA à Tizi Ouzou a dénoncé, hier, à travers une déclaration, les dernières dispositions prises par la 19e tripartite tenue le 5 juin dernier en matière de départ à la retraite des travailleurs.
En effet, les cadres syndicaux de l’union locale de Tizi Ouzou “rejettent dans le fond comme dans la forme la dernière décision d’annuler l’ordonnance 97-13 instituant le départ à la retraite sans condition d’âge. Cette annulation qui suscite la désapprobation de tous les travailleurs, toutes branches confondues des deux secteurs privé et public, est considérée comme une atteinte à leurs acquis sociaux”.
C’est pourquoi, ils “interpellent la Centrale syndicale et le gouvernement à l’effet de les voir reconsidérer cette décision et permettre ainsi aux travailleurs de retrouver leur sérénité et surtout de voir leur retraite préservée en l’état, tant elle représente à leurs yeux un acquis non négociable” .
Les syndicalistes UGTA de Tizi Ouzou soulignent, à travers le même document, que “tout en reconnaissant que le pays est en butte à des difficultés financières du fait de l’effondrement des cours du pétrole, les cadres syndicaux de l’union locale exhortent le gouvernement à trouver des solutions pour la sortie de crise autres que celles de toucher aux acquis des travailleurs”.
Par ailleurs et dans une seconde déclaration signée par la section syndicale de la Sogi de Tizi Ouzou affiliée à l’UGTA, qui est une entreprise chargée de l’entretien et du développement des zones d’activité, les travailleurs informent de la poursuite de leur mouvement de grève, déclenché depuis le 21 juillet dernier, et réclament “l’annulation de la décision de licenciement du secrétaire général de la section syndicale, l’arrêt du harcèlement judiciaire, l’annulation des affectations arbitraires ainsi que le départ du directeur qui constitue désormais un facteur de déstabilisation au sein de la Sogi”.

K. Tighilt

L’Inde va nourrir des milliers de travailleurs affamés dans le Golfe


Les autorités indiennes se préparaient dimanche à subvenir aux besoins de plus de 10.000 travailleurs indiens « affamés » dans la région du Golfe où ils sont bloqués après avoir perdu leur emploi et risquent une « crise alimentaire », selon le chef de la diplomatie indienne.

Deux ministres vont être dépêchés en Arabie saoudite et au Koweït pour s’occuper de ce problème avec les autorités locales, les travailleurs immigrés étant confrontés à des « épreuves extrêmes », a écrit le chef de la diplomatie indienne, Sushma Swaraj, dans des messages publiés sur son compte Twitter.

« Un grand nombre d’Indiens ont perdu leur emploi en Arabie saoudite et au Koweït. Les employeurs n’ont pas versé les salaires (et) ont fermé leurs usines.

En conséquence, nos frères et soeurs en Arabie saoudite et au Koweït sont confrontés à des épreuves extrêmes. Si la situation est gérable au Koweït, c’est bien pire en Arabie saoudite », a précisé Sushma.

« Le nombre de travailleurs indiens qui risquent une crise alimentaire est supérieur à 10.000 », a-t-il souligné.

Ces travailleurs immigrés figurent parmi les millions d’Asiatiques pauvres employés dans les Etats du Golfe où, selon des ONG, nombre d’entre eux sont exploités et subissent des abus, notamment le non-paiement de salaires, sans pouvoir obtenir réparation.

Les pays de Golfe subissent de plein fouet la chute des cours du pétrole, qui entraîne une baisse d’activité sur le marché de la construction et des licenciements.

Les travailleurs indiens sont « affamés » dans des camps, et dans l’impossibilité de rentrer chez eux, ont rapporté dimanche des médias indiens.

Sushma a répondu à des tweets indiquant que des Indiens s’étaient retrouvés sans nourriture pendant trois à quatre jours dans les camps où ils vivent.

Près de trois millions d’Indiens vivent et travaillent en Arabie saoudite, selon le ministère des Affaires étrangères.

En novembre 2014, des ministres du Travail des pays du Golfe et d’Asie s’étaient accordés sur une série d’initiatives visant à améliorer la protection et les conditions d’emploi des travailleurs étrangers dans le Golfe.

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