Luttes des travailleurs

ECHOS DES LUTTES DES TRAVAILLEURS NO 16

ECHOS DES LUTTES DES TRAVAILLEURS NO 16

La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a exprimé, ce dimanche 7 septembre dans un communiqué, ses inquiétudes sur la réforme du Code du travail.
La LADDH dénonce l’avant-projet de loi du Code du travail qui porte atteinte, selon elle, aux droits économiques et sociaux des travailleurs, notamment la généralisation de la précarité du travail, la remise en cause du droit de grève et des libertés syndicales. « Le droit à une vie décente et à la dignité des travailleurs doit conduire les pouvoirs publics à l’ouverture d’un dialogue social avec les représentants des travailleurs et notamment les syndicats autonomes », note le texte.
« La LADDH se tient aux côtés des travailleurs des syndicats autonomes et de toutes les forces sociales pour le respect de la dignité des travailleurs et le plein exercice de leurs droits tels que prévus par les textes cités », ajoute cette ONG.

PADS: Le plan de la nouvelle offensive du gouvernement contre ce qui reste de conquêtes sociales des travailleurs commence à être dévoilé



Le Code du travail va être refondu dans un sens ouvertement anti-ouvrier.
 Selon les informations divulguées par des syndicalistes qui ont eu en main la mouture finale des modifications projetées, les contrats à durée déterminée (CDD) sont généralisés. L’employé est à la merci du patron. Il ne bénéficie d’aucune protection. Le contrat à durée déterminée devient une exception. La clause de l’autorisation préalable de l’inspection du travail pour le recrutement des travailleurs en CDD, pour des raisons liées à la nature objective des activités, avait été levée par les lois sociales de 1990, donnant liberté totale au patron de fixer arbitrairement la durée du contrat sans possibilité de recours pour le travailleur. Les nouveaux textes ont entériné cette régression anti-ouvrière. Le projet ne prévoit pas d’article punissant l’employeur qui refuse de reconnaître le droit du travailleur en CDD à se syndiquer. Le syndicat du pouvoir UGTA est le premier à dénier ce droit aux travailleurs en CDD pour les empêcher de porter à la tête des syndicats des éléments combatifs qui refusent le « pacte social » passé avec leurs exploiteurs.
 
Les lois anti-grèves introduites en 1990 par le gouvernement « réformateur » de Hamrouche sont aggravées. Le dispositif mis en place avait pour but de rendre pratiquement impossible une grève « légale ». C’est sur cette base que presque toutes les grèves qui ont eu lieu dans le secteur privé, ainsi que dans certaines entreprises publiques, ont été systématiquement déclarées illégales par les tribunaux et les représentants des travailleurs jetés à la rue, condamnés à payer des amendes ou à des peines de prison. Les amendements renforcent l’arsenal répressif en ajoutant de nouvelles exigences. Les organisateurs des grèves sont tenus de fixer à l’avance leur durée, leur date, leur lieu et les effectifs engagés dans l’action. Des sanctions sont prévues contre eux s’ils les modifient en fonction des impératifs de la lutte revendicative. Plus grave aussi, le projet considère que la relation de travail est suspendue en cas de grève. C’est une forme grossièrement déguisée d’octroi au patron du droit de « lock-out ».
Le projet légalise la pratique scélérate des patrons en leur reconnaissant le droit de ne pas réintégrer les travailleurs, et notamment les syndicalistes, abusivement licenciés même si les tribunaux donnent raison à ces derniers. L’amendement introduit en 1997 par le Conseil de transition est maintenu: pour être reconnu par le patron, le syndicat doit lui remettre la liste nominative de ses adhérents qui prouve qu’il regroupe 20% au minimum des travailleurs. Autant dire que le syndicat envoie ses adhérents à la guillotine patronale!
 D’autres amendements portent la trace profonde de cette régression.
 Ces amendements rétrogrades ont été concoctés de façon anti-démocratique, sans consultation des premiers concernés, les travailleurs qui produisent les richesses du pays. Ils sont  l’expression parfaite de la nature de classe du système bourgeois et mafieux qui gouverne le pays, un système qui sert les intérêts des capitalistes exploiteurs et des sociétés étrangères assoiffés de profits, cherchant à saigner à blanc le peuple.
 Ces amendements sont avancés derrière le rideau de fumée de l’abrogation annoncée pour le 1er janvier prochain de l’article 87 bis des lois sociales adopté après l’accord passé avec le FMI en 1994. Cet article avait inclus  les primes dans le salaire minimum garanti (SNMG), privant de la sorte de ses augmentations les travailleurs situés au bas de l’échelle. L’annonce hypocrite de cette décision a cependant soigneusement évité de soulever les problèmes du non respect du SNMG par les patrons, en toute impunité,  et la pratique largement répandue de la non déclaration des travailleurs à la sécurité sociale.
Le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, parti des communistes, dénonce ce projet dont le contenu a été écrit par les valets du capitalisme sous la dictée des patrons algériens et des sociétés étrangères à la recherche de tous les moyens pour précariser les travailleurs, renforcer leur exploitation et réaliser des taux de profit astronomiques. 
Les représentants de la bourgeoisie au pouvoir ou dans l’opposition, comme c’est le cas de Hamrouche, père de l’arsenal juridique mis en place en 1990 pour paralyser les luttes ouvrières et faciliter le processus de passage déclaré au capitalisme, sous couvert des « réformes », sont et seront toujours d’accord pour mettre en vigueur des textes anti-ouvriers. C’est pourquoi la classe ouvrière doit se battre dans ses propres organisations de classe d’une façon indépendante et élargir ses alliances avec les catégories sociales qui sont elles aussi l’objet de l’exploitation capitaliste et dont les conditions de vie se rapprochent de celles qu’elle subit. 
 
Il appelle à renforcer la mobilisation et à l’unité d’action de tous les travailleurs pour faire échouer cette nouvelle offensive du patronat et de son régime contre les droits minimum des travailleurs à une vie digne, à de meilleures conditions de travail et de rémunération.
 PADS
Le 14/09/2014

 Pour lutter contre le travail informel
Le Care plaide pour plus de flexibilité

Par : Meziane Rabhi


L’introduction de nouvelles formes d’emploi, à travers la diversification du statut des salariés, devrait permettre d’extraire une proportion “élevée” de travailleurs du secteur informel, ont estimé, hier, des experts, lors d’une conférence-débat organisée à l’hôtel Hilton (Alger), dans le cadre des “Matinales du Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise”.

Pour Mahrez Aït Belkacem, directeur du cabinet de consulting “As Management” et consultant en entreprise, cette démarche “inclusive” de l’offre de travail permettra de lutter contre le travail informel qui, par définition, est générateur d’injustice sociale et de précarité en tous genres. La diversification des formes d’emploi pourrait devenir un moyen de lutte contre le chômage, surtout si elle s’accompagne d’une fluidification du recrutement. Le Cercle d’action et de réflexion (Care) autour de l’entreprise estime dans un communiqué que “la présence d’une importante économie informelle ne semble pas émouvoir, outre mesure, sinon dans des déclarations évasives, ni les pouvoirs publics ni les syndicats qui semblent accepter de bonne grâce l’existence de cette économie informelle, alors que son importance démesurée est de nature à mettre en cause la cohésion sociale et l’édification d’une économie citoyenne”. M. Aït Belkacem renchérit : “On ferme les yeux et on dénonce un marché du travail dual où s’opposeraient les emplois à durée indéterminée (CDI) et les emplois précarisés par les contrats à durée déterminée (CDD).” Alors que dans les faits, s’appuyant sur les statistiques de l’Office national des statistique (ONS), M. Aït Belkacem montre que de 2003 à 2009, “les CDD ont vite fait de rejoindre les CDI”. L’ONS, dans sa dernière enquête emploi auprès des ménages, indique que les salariés permanents forment 35,9% de la main-d’œuvre totale, alors que les salariés non permanents en constituent 33%. “Ce qu’on devrait opposer et qui devrait nous préoccuper, c’est l’emploi formel et légal contre l’emploi informel et donc illégal”, a estimé
M. Aït Belkacem. Ce dernier, se référant aux données du ministère des Finances, citées par Foued  Cheriet, maître de conférences en stratégie et marketing international (INRA-Montpellier SupAgro), avance 220 milliards de dinars (environ 3,06 milliards dollars), soit 2% du PIB, d’évasion fiscale en 2011 et 150 milliards de dinars (environ 2 milliards de dollars) d’évasion sociale. “Pour être plus précis, on devrait comptabiliser le manque à gagner de la Casnos qui ne doit recouvrer que 20% à peine des non-salariés définis par la loi et censés cotiser à cette caisse”, a-t-il ajouté. Karim Tamir, ancien directeur d’un cabinet conseil en ressources humaines, estime que l’entreprise algérienne, au même titre que les autres entreprises de par le monde, doit pouvoir s’adapter à un environnement économique de plus en plus complexe : concurrence régionale et internationale agressive, réaction rapide aux fluctuations du marché, adaptation à la conjoncture économique, etc. Le recours à de nouvelles formes d’emploi, à savoir temporaire, externalisé, à temps partiel et CDD, peut constituer un levier de la compétitive. M. Tamir reconnaît les effets indésirables de cette diversification du statut des salariés à travers ces nouvelles formes d’emploi : précarisation de l’emploi, une extériorisation juridique du travail… Mais pour lui, il ne s’agit pas de discuter des avantages et inconvénients des nouvelles formes d’emploi ? Ni d’opposer emplois typiques (stables et protégés) et emplois atypiques (précaires et peu protégés) ? “Il ne faut pas se tromper de débat !”, a-t-il indiqué. “De nouvelles formes de relations de travail peuvent-elles permettre à toute une frange de la population travaillant ‘au noir’ — dans des emplois informels — de basculer vers des emplois formels, déclarés à la Sécurité sociale et protégés par la réglementation ?”, voici la question qui mérite d’être posée, selon M. Tamir. Pour lui, la réponse devrait être affirmative.
L’assouplissement de la réglementation du travail à travers la diversification du statut des salariés peut se révéler fondamentale, pour, entre autres, contribuer à extraire du “travail au noir” un grand nombre d’emplois, lutter contre le chômage en favorisant l’offre de nouveaux emplois. Le conférencier suggère de faire du CDD un contrat de travail normal, et non pas un contrat à caractère exceptionnel, d’autoriser et de libérer le travail temporaire et d’assouplir la loi relative au placement et au contrôle de l’emploi.  Cependant, souligne Mahrez Aït Belkacem, cette exigence de flexibilité ne devra pas se faire au détriment des travailleurs. “Les outils de la protection sociale doivent évoluer”, a-t-il estimé, suggérant, entre autres, la réhabilitation de l’assurance chômage en en facilitant l’accès et l’élargissement aux travailleurs en CDD, ainsi que la redynamisation des fonds dédiés à la formation des travailleurs.


Mécontentement et protestation en vue chez les syndicats



Longtemps attendu, l’avant-projet de loi portant nouveau code du travail promet déjà une empoignade entre syndicats et gouvernement. Les premiers estimant d’ores et déjà que les patrons sont les plus gros bénéficiaires de ce nouveau texte.
Les syndicats autonomes reprochent déjà au gouvernement d’avoir finalisé ce document «sans la moindre consultation des partenaires sociaux», dixit Meziane Meriane, coordinateur du SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique). Pis encore, le contenu du texte est jugé «à l’avantage de l’employeur et au détriment des travailleurs», critique Rachid Malaoui, porte-parole du SNAPAP (Syndicat national du personnel de l’administration publique).
La centrale syndicale voit quant à elle dans cette mouture «une régression sociale». Parmi les points qui font pester, figure l’article lié au Contrat de travail à durée déterminée (CDD), qui existait déjà dans l’ancien texte, mais auquel deux alinéas ont été adjoints dans l’avant-projet (article 24) concernant les cas d’application de ce type de contrat. Il s’agit du «démarrage d’activités nouvelles de production de biens ou de services» et «l’accomplissement de travaux urgents nécessités par des opérations de sauvetage, de préparation ou pour prévenir des risques potentiels dans l’entreprise». Pour M. Meriane, c’est tout simplement «le CDI (Contrat à durée indéterminée) qui sera remplacé pour le CDD». La colère est d’autant plus présente chez les syndicats que cette question semble répondre directement aux préoccupations du patronat. Ce dernier a souvent exprimé ces derniers mois, au moment où le texte en question était en cours de finalisation, son souhait d’avoir un nouveau code du travail «plus flexible».
Le président de la CGEA, Habib Yousfi, déclare notamment que «la flexibilité de l’emploi et la contractualisation sont des éléments fondamentaux dans ce code». Une préoccupation partagée par le gouvernement d’ailleurs. L’ancien ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed Benmeradi avait affirmé pour sa part que si «on pouvait libérer davantage l’acte de recruter, nous aurions des niveaux de création d’emplois plus importants». «Si on doit assurer l’emploi, il faut assurer la flexibilité pour les employeurs», avait-il plaidé en fin d’année dernière à l’occasion du Forum du journal Liberté.
La grève menacée
Gouvernement et patronat sur la même longueur d’onde, il y a de quoi dérouter les syndicats, d’autant que d’autres dispositions de l’avant-projet de loi sont également pointées du doigt, dont celles relatives à l’exercice du droit de grève qui est, de l’avis du syndicat, remis en cause.Tout en reconnaissant la grève comme un droit constitutionnel, le texte introduit de nouvelles conditions à son exercice, notamment sur les spécificités du préavis de grève. L’article 341 alinéa 2 stipule même que «les journées de grève ne donnent lieu à aucune rémunération». Le législateur «a mis des balises qui rendent impossible l’exercice de ce droit», estime Meziane Meriane. Pour lui, «ajouter un article qui stipule que les journées de grève ne seront pas rémunérées va être dissuasif pour l’ouvrier et le fonctionnaire. Il transformera l’activité syndicale congrue à zéro».
Sur un autre aspect, le législateur a également introduit des dispositions encadrant le travail des enfants, les handicapés et punissant le harcèlement sexuel. Il a aussi retenu le principe de la préférence nationale en matière de recrutement. Son article 417 interdisant «à tout organisme employeur d’occuper, même à titre temporaire, des travailleurs étrangers dans des postes de travail susceptibles d’être pourvus par la main d’œuvre-nationale». En outre, les employeurs étrangers sont sommés dans le cadre de la réalisation de grand projet d’intérêt national «d’engager des actions de formation au profit de la main-d’œuvre nationale notamment dans les spécialités déficitaires sur le marché national».
Certains syndicats et organisations patronales, à l’image de l’AGEA, se plaignent du manque de consultation des partenaires sociaux et économiques dans la finalisation de ce nouveau texte. Au niveau du Snapap, on affirme d’ores et déjà que c’est un texte qui «passera sans négociation». Ils n’envisagent pas pour autant de rester les bras croisés. Le coordinateur du Snapest s’attend à du remou social en perspective. Le contenu du texte, selon lui, ne «ne peut qu’engendrer instabilité et perturbation chronique dans le monde du travail». Et de
menacer : «Si la grille des salaires a produit comme conséquence plus de 6 mois de grève depuis sa promulgation, le code du travail risque d’engendrer autant sinon plus comme contestation.»
Safia Berkouk

Avant-projet de Code du travail : Les patrons satisfaits



Le président de la Confédération générale du patronat (CGP) du secteur BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique), M. Abdelmadjid Dennouni, a déclaré à Oran que l’avant-projet de Code du travail est « conforme aux aspirations des entrepreneurs ». La nouvelle mouture répond parfaitement aux attentes des entrepreneurs », a ajouté M. Dennouni lors d’une rencontre nationale consacrée aux préparatifs de la tripartite (gouvernement-syndicat-patronat) prévue le 15 septembre. « Le Code en préparation a pour avantage de réunir toutes les lois afférentes », a-t-il souligné, faisant valoir que « cet arsenal juridique permettra l’application de la législation de manière uniforme ». « C’est la première fois dans l’histoire que toutes les lois liées au travail sont réunies dans un même Code », a fait observer le président de la CGP/BTPH après avoir évoqué des « contraintes rencontrées auparavant dans l’application de la loi ». Le nouveau Code du travail est un « code positif, bien rédigé et ne souffre d’aucune contradiction », a-t-il soutenu, faisant toutefois savoir que son organisation compte soumettre des propositions sur « le contrat de travail à durée indéterminée » lors de la prochaine tripartite. Plusieurs opérateurs économiques ont pris part à la rencontre nationale de la CGP/BTPH qui leur a également permis d’émettre des suggestions allant dans le sens de l’allègement de la loi sur la promotion immobilière et de la facilitation d’accès au foncier et aux marchés publics. La promotion du partenariat entre les secteurs public et privé a été aussi vivement recommandée, M. Dennouni insistant à ce titre sur « la nécessaire conjugaison des efforts des acteurs du secteur pour la concrétisation des nombreux projets d’envergure inscrits ». « Le secteur BTPH représente une source majeure de croissance pour le pays et, sur ce plan, la CGP aspire à assumer pleinement sa position de partenaire économique incontournable », a-t-il indiqué en préconisant la mise en place d’une banque de données  » à même d’orienter les opérateurs de façon à répondre aux besoins prioritaires exprimés par les différentes wilayas du pays ».

Près de la moitié des travailleurs algériens sans couverture sociale



Une grande partie des non-affiliés exerce dans le commerce informel. New Press
Prééminence de l’emploi précaire et manque flagrant de couverture sociale. Ce sont là les deux principales conclusions de l’enquête annuelle sur l’emploi menée par l’Office national des statistiques (ONS) dont les résultats viennent d’être rendus publics sur le portail électronique de l’organisme. L’enquête Emploi 2013, menée auprès d’un échantillon de 21 502 ménages répartis sur le territoire national, fait ressortir que 42,4 % des occupés, soit 4 755 000, ont déclaré ne pas être affilié au régime de sécurité sociale, en augmentation aussi bien en volume qu’en structure par rapport à septembre 2012 (respectivement 4 249 000 et 41,8%). Un résultat qui vient démontrer, une nouvelle fois, si besoin est, la nature précaire de l’emploi en Algérie. Au-delà de ce constat, la question qui se pose a trait aux dispositifs de contrôle étatiques, en l’occurrence l’Inspection du travail dépendant du ministère du Travail, censés combattre ce qui considéré comme un travail au noir puisque non déclaré à la sécurité sociale. Ainsi, près de la moitié des travailleurs en Algérie ne sont pas déclarés à la sécurité sociale. Pourtant, la loi oblige tout employeur à souscrire une couverture sociale pour ses travailleurs. Visiblement, l’Etat est totalement absent sur ce terrain. Pour revenir aux résultats de l’enquête, l’ONS précise que l’emploi non affilié, ventilé par sexe, est moins présent auprès des femmes où il ne représente que 27,7% de l’emploi féminin total, alors qu’il constitue 45,6% de la main d’œuvre masculine totale. Ventilés selon la situation dans la profession, 73,9% des indépendants, la quasi-totalité des aides familiaux, 59,6% des salariés non permanents et 27% des employeurs ne sont pas affiliés au régime de la sécurité sociale. D’après les résultats de l’enquête, la non-affiliation à la sécurité sociale semble affecter l’ensemble des secteurs d’activité économiques du secteur privé, 72,1% de l’emploi total dans ce secteur. Cependant, certaines branches sont touchées davantage que d’autres, notamment l’agriculture (85,3%), le secteur du BTP (75,6%), le commerce (63,7%), le transport (42,9%) et les industries manufacturières (41,6%). Quant au profil des non-affiliés, il s’agit, selon l’ONS, d’une population essentiellement jeune et sans qualification. En effet, 88,2% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans travaillant dans le secteur privé ne sont pas affiliés à la sécurité sociale, cette part régresse à mesure que s’élève l’âge pour atteindre 60,9% chez les occupés âgés de 55 ans et plus. Trois occupés sur quatre travaillant dans le privé et qui n’ont aucun diplôme ne sont pas affiliés, cette part baisse à 64,2% chez les diplômés de la formation professionnelle, et chute davantage auprès des diplômés de l’enseignement supérieur pour ne former que 31,2%.
Amine Sadek
 

LES SYNDICATS DU SECTEUR DE L’ÉDUCATION SIGNENT LEUR ENTRÉE
Le temps est au règlement définitif de nos problèmes

Par Idir TAZEROUT – Lundi 08 Septembre 2014 –


Il est grand temps de résoudre les conflits
Le gouvernement peut résoudre ces problèmes qui s’aggravent d’année en année au détriment de l’avenir des élèves et du rendement de l’Ecole algérienne.
Dès le premier jour de la rentrée scolaire 2014-2015, la plupart des syndicats du secteur de l’éducation ont appelé le gouvernement à trancher définitivement les dossiers en «suspens» en prenant des mesures «concrètes» pour les problèmes rencontrés par les travailleurs du secteur depuis des années.
Il est grand-temps de résoudre les problèmes cumulés depuis longtemps. Selon les syndicats de l’éducation «il temps qu’ils soient définitivement résolus à travers l’intervention du gouvernement qui devrait prendre des mesures concrètes à même de garantir le succès de l’année scolaire et non pas la rentrée scolaire uniquement».
Le secrétaire général du Snapest, Meziane Meriane, a affirmé hier que le dialogue auquel aspire son syndicat doit être «couronné de succès car nous perdons du temps sans pour autant parvenir à résou dre définitivement les problèmes», a-t-il dit. Il a rappelé que des dossiers en suspens «n’ont pas encore eu de suite à ce jour» estimant que seul le gouvernement peut résoudre ces problèmes qui s’aggravent d’année en année au détriment de l’avenir des élèves et du rendement de l’Ecole algérienne.
S’agissant de la rentrée scolaire, le responsable syndical a souligné qu’elle était marquée par des problèmes, notamment la surcharge dans les lycées situés dans les localités ayant connu des relogements de population.
«Il n’est pas certain que l’année scolaire connaisse une stabilité du fait des problèmes cumulés depuis des années», a-t-il poursuivi.
Pour sa part, le secrétaire général du Cnapest élargi, Nouar Larbi, a réitéré l’engagement de son syndicat en faveur du dialogue et de la concertation avec la tutelle. Il a, en outre, mis en évidence les dossiers en suspens à ce jour entre les deux parties, les qualifiant de «légitimes et indiscutables» appelant le gouvernement, par le biais du ministère de l’Education nationale, à trouver les solutions idoines aux revendications des syndicats».
A une question sur un éventuel recours du Cnapest élargi au débrayage durant l’année scolaire, Nouar Larbi a souligné que la grève «vient en dernière étape du dialogue entre les deux parties». Concernant l’appel et l’engagement de la ministre de l’Education nationale en faveur du dialogue et de la concertation avec les partenaires sociaux à la veille de la rentrée scolaire, le responsable syndical a indiqué: «En effet nous avons perçu l’intention sincère de Mme Benghebrit pour trouver les solutions adéquates aux problèmes socioprofessionnels des travailleurs du secteur, mais ça reste insuffisant car nous attendons des mesures concrètes de la part du gouvernement.» Concernant le Conseil des lycées d’Alger, il a souligné que «les responsables du secteur de l’éducation doivent prendre les mesures nécessaires pour régler les problèmes de surcharge des classes, des corps communs et des statuts pour assurer la réussite de la rentrée scolaire 2014-2015». Le SG du conseil, Idir Achour, a souligné la nécessité d’améliorer les conditions de scolarité des élèves et les conditions de travail des enseignants pour assurer la réussite de la rentrée scolaire.
Il a appelé le gouvernement à mettre au point une feuille de route pour régler les problèmes en suspens du secteur de l’éducation. «Je ne doute pas de la capacité de la ministre et de sa volonté d’améliorer la situation de son secteur, mais elle n’a pas le pouvoir d’engager des reformes pédagogiques du fait des problèmes de gestion au niveau des directions de l’éducation», a-t-il affirmé.
Le président de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation, Messaoud Amraoui, quant à lui, a salué les efforts fournis par le ministère pour trouver des solutions aux problèmes sectoriels, les qualifiant «d’insuffisants», ajoutant que «l’important à l’heure actuelle est de réunir les conditions objectives pour la réussite de l’année scolaire et non seulement la rentrée scolaire».
Le président de l’Union nationale des associations des parents d’élèves, agréée dernièrement, Khaled Ahmed a, pour sa part, estimé que la lettre de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, la veille de la rentrée scolaire est «plus que positive à l’heure actuelle» indiquant que son association est «très optimiste pour travailler avec les partenaires sociaux et le ministère afin de garantir les conditions favorables aux élèves durant cette année scolaire».

Le nouveau Code du travail suscite l’ire des syndicats : Un «danger» pour les travailleurs, estime le SNTE

Rédigé par Fayçal Hamdi


L’avant-projet de loi portant Code du travail continue de susciter l’ire des travailleurs qui expriment, à travers les organisations syndicales et celles de défense des droits de l’homme, leur mécontentement et refus catégorique quant à un texte qui porte atteinte aux libertés syndicales et consacre la précarité.
Après le CLA, l’Unpef et le Satef du secteur de l’éducation, c’est au tour du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) de sortir de son mutisme pour appeler les pouvoirs publics à « l’amendement » de l’avant-projet en question.  Un texte que le syndicat de Abdelkrim Boudjenah a qualifié, hier, dans une déclaration rendue publique, de « danger » pour le droit de grève et les libertés syndicales. « À la première lecture de l’avant-projet, il s’est avéré que parmi les 661 articles du nouveau texte, il y a quatre articles qui constituent un grand danger quant au respect du droit à la grève», écrit le SNTE, citant les articles 338, 339, 342 et 343. Se référant à l’article 338, « la grève illimitée sera désormais interdite puisqu’il faudrait au préalable limiter sa durée, sous peine de la déclarer illégale », regrette le syndicat, dénonçant  les nouvelles procédures contenues dans le même  article portant sur le préavis de grève.  En effet, il est prévu que ce document doit comprendre la durée du débrayage, son motif, le nombre de participants ainsi que le lieu et la date limite de sa fin. Aussi, le fait que le préavis de grève doit comporter les participants, « constitue une restriction au droit de grève et aux libertés syndicales », dénonce le même syndicat. Dans le même registre, le SNTE dénonce le contenu de l’article 339 du nouveau Code du travail, puisque le préavis de grève, une fois déposé, « ne peut faire l’objet d’aucun retrait ni gel ». Idem pour l’article 342 qui porte sur le gel de la relation de travail entre le travailleur  « gréviste » et son employeur. De ce fait, « les journées de grèves ne sont pas payées » à tout travailleur ayant suivi le mot d’ordre du débrayage. Enfin, pour l’article 343, le SNTE critique les « mesures disciplinaires » qu’engendrerait  toute grève observée, allant jusqu’à la radiation et des amendes de 10.000 DA. « Une grave atteinte aux droits du travailleur », estime le syndicat, parlant de la possibilité accordée à l’employeur de recourir à la radiation du gréviste sans aucune indemnité. Pour toutes ces raisons, « le SNTE considère que l’avant-projet portant Code du travail, en ce qui concerne le droit de grève, est une poursuite de l’acharnement contre les acquis et un moyen de vider le droit de grève de sa substance par la restriction des procédures », peut-on lire dans la même déclaration. D’autres articles jugés « contraires » au droit international en la matière, sont aussi décriés par le syndicat, notamment l’article 60 du nouveau texte qui porte sur la seule journée de vendredi comme congé de fin de semaine, alors que le droit international reconnait au travailleur deux jours de repos par semaine. Il y a, en outre, l’article 32, indique le SNTE, qui laisse un vide juridique sur la période d’essai d’un travailleur nouvellement recruté. Enfin, au sujet du harcèlement sexuel en milieu professionnel, « les articles 56, 57, 58 et 59 restent flous et ne définissent pas les preuves qui désignent la victime et l’accusé ». Le syndicat s’est dit « prêt à participer et à coordonner dans tout mouvement  ou consultation  organisé  par les syndicats et autres organisations pour l’amendement de l’avant-projet ». Rappelons qu’avant-hier, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), a exprimé ses « inquiétudes » sur cette réforme qui  « porte atteinte aux droits économiques et sociaux des travailleurs».

NOURIA BENGHEBRIT, MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE

« Le dialogue avec les syndicats va se poursuivre »

Par Karim AIMEUR


Une volonté à toute épreuve de la ministre
Dans ses négociations et son dialogue avec les syndicats notamment autonomes, le département de Mme Benghebrit ne semble avoir tracé aucune ligne rouge.
Au ministère de l’Education nationale, on semble avoir compris que les décisions unilatérales prises en excluant le partenaire social n’ont pas beaucoup de chances d’aboutir. Depuis sa nomination à la tête de ce département, Nouria Benghebrit fait du dialogue avec les syndicats du secteur son cheval de bataille, avec à chaque fois, les assurances réitérées que les portes des négociations sont toujours ouvertes. Cette volonté a été renouvelée, hier matin au lycée des mathématiques de Kouba, à Alger, à l’occasion d’une conférence de presse animée par la ministre. «Le dialogue avec le partenaire social sera continu et organisé», a-t-elle assuré, estimant que chaque problème a une solution. Le reste pour elle est juste une question d’agenda. «On a trouvé la solution à la majorité des revendications des syndicats», a-t-elle affirmé, soutenant qu’il était nécessaire d’informer sur les acquis des enseignants. La ministre a reconnu que la question du statut particulier des travailleurs de l’Education est «un peu complexe», mais les négociations doivent prendre naturellement du temps. Dans ses négociations et son dialogue avec les syndicats notamment autonomes, le département de Mme Benghebrit ne semble avoir tracé aucune ligne rouge. Il y a même une sympathie qui est constatée entre les syndicalistes et la ministre elle-même. Cette dernière a indiqué que les perturbations d’ordre social qui ont touché l’école ces dernières années ont eu des répercussions, non seulement sur les résultats de manière générale, mais aussi «sur la mise en oeuvre de la réforme éducative». Pourtant, a-t-elle affirmé, «les grèves ne sont pas une fatalité». Elle appelle tous les intervenants dans le secteur, ainsi que la presse nationale à se mobiliser «si on veut aller vers une école performante». Nouria Benghebrit s’est étalée, en outre, sur la continuation du processus de réforme éducative entamée depuis 2001. L’étape actuelle est celle de rechercher des solutions à certains dysfonctionnements mais, a-t-elle averti, «il faut arrêter de mener des actions dans l’urgence». Pour elle, il faut prendre le temps nécessaire et, en même temps, avoir un agenda pour mener à bien cette «rupture dans l’approche et non dans la continuité».
«On ne peut pas jouer les apprentis sorciers dans un secteur qui mobilise autant d’acteurs et qui, surtout, concerne toute la société», a-t-elle expliqué, ajoutant que son département a les coudées franches pour avancer.

Il ne faut pas diaboliser les écoles privées
Interrogée sur le dernier concours pour le recrutement de 25.000 enseignants, la ministre a répondu que le concours n’est pas censé avoir lieu. «C’est une démarche exceptionnelle», a-t-elle dit. «Nous devrions recruter les diplômés des Ecoles normales supérieures mais ces dernières n’ont répondu qu’à 14% de notre demande», a-t-elle expliqué, soulignant la nécessité d’augmenter le nombre des Ecoles normales supérieures pour répondre aux besoins du département de l’éducation nationale.
Mme Benghebrit qui n’a pas cessé de défendre l’école publique, a émis certaines critiques à l’égard des écoles privées, concernant notamment les résultats. Précisant que la place de l’enseignement privé représente moins de 1% de l’enseignement en Algérie, l’oratrice a indiqué que certaines écoles privées ont réalisé un taux de réussite de 0% aux examens du baccalauréat, au moment où d’autres ont affiché 100% de réussite. «Parmi les 2 052 lycées publics, aucun n’est en deçà de 20% de réussite au bac», a-t-elle fait observer, tout en précisant que les résultats dans le privé, pour ce qui concerne les examens de 5e et du BEM, sont satisfaisants. Elle a ajouté que l’obligation de résultat sera exigée également aux établissements privés. Cela étant dit, Mme Benghebrit a appelé à ne pas «diaboliser le privé», mais l’encourager pour permettre à ceux qui ont les moyens d’y inscrire leurs enfants et diminuer ainsi la pression sur le secteur public.

Education : les professeurs de l’enseignement technique en colère



Les professeurs de l’enseignement technique lors d’un précédent rassemblement. D. R.
Les professeurs de l’enseignement technique sont particulièrement remontés contre le ministère de l’Education nationale qu’ils accusent de n’avoir pas tenu ses promesses. «La corporation des enseignants techniques, à savoir les PTLT, a été surprise par les résultats donnés par la tutelle, tellement loin de la réalité du terrain et de leurs revendications», écrit la Commission nationale des enseignants des lycées techniques pour laquelle «beaucoup de zones d’ombre demeurent pour le traitement de ce dossier, ce qui cause une injustice et un déni de droit». Versés dans l’enseignement secondaire normal après le démantèlement des lycées techniques, ces professeurs, fort nombreux, n’ont pas eu le statut de professeur d’enseignement secondaire (PES) malgré leur longue expérience. Après plusieurs protestations, ils ont pu attirer l’attention du ministère de l’Education qui s’est engagé à prendre en charge leurs doléances. Ayant été reçus pendant le mois d’août dernier, les différents syndicats actifs dans le secteur de l’éducation ont fait l’impasse sur ce sujet qui concerne le devenir de dizaines de milliers d’enseignants. «Nous sommes surpris par la réponse de la tutelle qui ne fait que du copier-coller à ses positions qui lui paraissent non négociables, même si les différents syndicats font des propositions plus proches de la réalité avec des approches différentes», dénonce la commission qui appelle les syndicats du secteur à prendre à bras le corps les revendications de cette catégorie des plus vulnérables. Les professeurs de l’enseignement technique réclament depuis des années leur intégration selon le décret 301-68, vu qu’ils sont admis à l’examen d’aptitude professionnelle (CAPES-CAPET) en coordination et en accord avec la Fonction publique. Ils demandent également une promotion dans leur grade et catégorie, vu qu’ils ont toujours exercé en tant que PES, mais sont privés de leur droit qui leur est garanti par le statut de la fonction publique et cela depuis 18 ans. Outre l’intégration dans la catégorie de base PES, ils veulent une promotion dans la catégorie spécifique, à savoir professeur principal et professeur formateur. Aussi, ils réclament un dédommagement moral et financier du tort causé durant 20 ans. Ces professeurs espèrent que justice leur soit rendue et que les longues années de «sacrifices» ne soient pas parties vainement. Ils interpellent à cet effet la ministre de l’Education et restent entièrement à sa disposition pour toute discussion et dialogue.
S. Baker

Education : Grève des économes



Les fonctionnaires des services économiques de l’Education à travers le pays ont entamé depuis hier une grève de 3 jours qui paralysera toutes les activités de comptabilité dans les établissements éducatifs, pour réclamer la satisfaction de leur plateforme de revendications qui datent de plusieurs années et que le ministère refuse de prendre en considération, disent-ils.

Certains d’entre eux, rencontrés hier devant la Direction de l’éducation nous l’ont fait savoir, en insistant sur le fait que « la tutelle se dérobe sous de fallacieux prétextes à chaque fois que nous relançons le dossier ». Le dossier comprend près d’une dizaine de points de revendication, dont notamment, quatre d’entre elles jugées capitales, à savoir la prime pédagogique, la prime afférente à la vente des manuels scolaires, celle concernant les risques de transport de l’argent des primes scolaires de 3.000 dinars. « En effet, pour ce qui concerne surtout la prime pédagogique que nous remettons depuis des années sur la table, malheureusement le ministère refuse d’y répondre positivement. Sachant qu’elle est attribuée à pratiquement tout le monde, à l’instar des enseignants, des directeurs, des inspecteurs.. etc. à l’exception des services économiques, qui sont considérés comme des administratifs non concernés par le volet pédagogique, à l’instar des gens du trésor et des autres administrations qui n’en profitent pas non plus. C’est là un argument fallacieux qui ne peut tenir la route et que nous refusons catégoriquement », affirmeront-ils. L’autre prime a trait à la vente de manuels scolaires « qui sont du ressort des services économiques et qui nous coûtent beaucoup d’efforts et de tracasseries, sans la moindre prime ou compensation ». Il en est de même de la distribution de la prime de scolarité de 3.000 dinars octroyée par le président de la République aux élèves des familles nécessiteuses, « que nous répartissons chaque année et aussi contre aucune gratification ou rétribution. Alors que nous sommes contraints d’en ramener le montant qui se chiffre à plusieurs millions du trésor, et ce avec tous les risques et dangers que cela comporte en matière d’agression de la part de loubards ou en déboursant de nos poches les cas d’erreurs de calcul ou d’attribution ». Enfin, le dernier point a rapport à la question de la promotion qui, selon nos vis-à-vis, « se fait par inscription des aptitudes qu’on veut remplacer par un concours. Et là, nous refusons aussi catégoriquement car cela est injustifiable », lanceront-ils.

Questionné sur ce sujet, le président du bureau de wilaya de Constantine de l’UNPEF, M. Zair, reconnaîtra cette situation difficile qui est celle des services économiques et dira que le syndicat qui soutient le bien-fondé de ces revendications, n’en a obtenu jusqu’à présent que des promesses surtout concernant le concours, que la tutelle semble disposée à abandonner, mais cela demeure au titre de promesse. En tout cas, la grève de 3 jours des services des économats des établissements de l’éducation ne manquera pas d’avoir des incidences sur les inscriptions des élèves ainsi que la distribution des primes et des livres scolaires.


Sidi Bel Abbès:
Cinq syndicats appellent à la bonne gestion des établissements scolaires



Dans un communiqué de presse commun émis par cinq syndicats de l’éducation, à savoir le Cnapest, l’Unpef, l’UGTA, le SNTE et le Snapest, leurs membres respectifs invitent la direction de l’éducation à régler les problèmes des employés de ce secteur sensible en procédant à l’application rigoureuse des textes de loi. Les partenaires sociaux dudit secteur relèvent, en premier lieu, le problème des postes supérieurs pas encore occupés, notamment en matière de directeur d’établissements du cycle moyen, dont bon nombre sont gérés par des intérimaires et ce, depuis des années.

Un problème, selon le responsable de l’Unpef, qui entrave beaucoup de personnes ayant les capacités pour occuper ces postes et assurer une meilleure gestion de ces établissements.

Les syndicalistes interpellent les services concernés dudit secteur à organiser des rencontres régulières avec les partenaires sociaux pour régler les problèmes d’actualité et de grande importance en vue de faciliter le contact entre les deux parties.


Le CLA organise un sit-in à Oran en soutien à Fouad Harjane


Fouad Harjane, «victime d’une répression ciblée de la part du Parquet», d’après le CLA. D. R.
Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) annonce l’organisation d’un sit-in, demain vendredi, devant le consulat général de France à Oran, pour dénoncer ce qu’il qualifie de «condamnation injuste» prononcée en France contre le syndicaliste Fouad Harjane qui devrait comparaître le même jour devant la cour de Metz. Dans un communiqué rendu public, le CLA s’engage à se battre «pour l’amnistie civile et pénale de tous les travailleurs poursuivis par les pouvoirs publics pour leurs actions au cours des mouvements sociaux de la dernière décennie». Il appelle les syndicalistes à se mobiliser et soutenir Fouad Hayane en particulier, ainsi que tous les syndicalistes poursuivis par la justice de leur pays et à dénoncer «la criminalisation dont sont victimes les militants syndicalistes partout dans le monde et même dans les pays les plus développés». A cette occasion, le syndicat dénonce une «judiciarisation de l’action syndicale et l’atteinte aux droits et à la liberté d’expression». A noter que Fouad Harjane, militant de la Confédération nationale du travail (CNT) à Metz, a été condamné au civil en mars 2013 à payer à la SNCF près de 40 000 euros pour le blocage de la gare de Metz au mois de mars 2006, lors d’une action décidée par l’assemblée générale des étudiants grévistes de l’université de Metz au plus fort de la lutte d’ampleur nationale contre le contrat de première embauche. «Victime d’une répression ciblée de la part du Parquet, Fouad a été, après coup, le seul interpellé pour une action initiée par la Coordination nationale étudiante et mise en œuvre par plus de 800 manifestants pacifiques», précise le CLA qui voit dans cette condamnation «un signal fort» envoyé au mouvement social. Dans sa démarche, le CLA interpelle l’ambassadeur de France à Alger afin d’intervenir pour mettre fin aux poursuites pénales et civiles contre tous les syndicalistes ayant participé aux mobilisations sociales en France, «pays souvent donné comme exemple des libertés syndicales et d’expression», regrette le syndicat algérien.
R. Mahmoudi

Syndicalistes de tout le pays, relisez-vous !

par Belkacem Ahcene-Djaballah


LES SYNDICALISTES ALGERIENS. Leur combat, de l’éveil à la libération, 1936-1962. Essai historique et mémoriel de Boualem Bourouiba (Préface de Mostefa Lacheraf). Editions Dahlab/Editions Enag, 450 pages, 550 dinars, Alger 2009.

Il en est l’auteur certes, mais soixante et un compagnons de lutte ont «participé» à l’écriture de ces pages de l’histoire du syndicalisme algérien. Ils ont, chacun à sa manière, ressorti de précieux souvenirs de leur combat, souvenirs alors «jalousement gardés».

Résultat final : l’œuvre d’un militant actif, d’un responsable réfléchi et discret «à cheval sur le nationalisme anticolonial et le syndicalisme libérateur d’énergies» (Mostefa Lacheraf). On y apprend énormément de choses sur la vie syndicale, mêlée à la vie politique. D’abord, tout au long des parties introductives : sur «La décennie qui compte : 1936-1945», «L’Après-guerre», «Dans le creux de la vague» et «La Révolution de Novembre». Ensuite, et enfin, la naissance de l’Ugta (Abane Ramdane a joué un grand rôle dans la prise de conscience), le 24 février 1956, en pleine tourmente et sous le toit même des Bourouiba (à noter que le père Bourouiba a été un des premiers syndicalistes algériens)… l’interdiction onze mois plus tard… et l’arrestation de ses responsables et militants (dont Aissat Idir)… .La reconstitution à Tunis, les épisodes saillants comme la Bataille d’Alger et, plus tard, les grandes manifestations urbaines de décembre 1960. Les militants de l’Ugta y étaient !

Avis : Un grand livre avec le langage tant prisé par l’auteur, dans le style tant défendu par l’auteur : fort, franc, direct (engagé !), débarrassé de démagogie et de clientélisme.

Extraits : «Lorsque le crépuscule de la vie est là, tout proche, la tentation est grande de se retourner et de tenter de reconstituer les étapes de sa vie, celles de la société à laquelle on appartient et, plus passionnantes encore, celles de sa patrie» (p 35), « La peur et la lâcheté sont sans doute contagieuses. Mais, n’en est-il pas de même du courage et de l’héroïsme ? Telle est la nature humaine» (p 312), «A partir de 1962, les hommes politiques de notre pays, quelquefois par générosité plus souvent, ont eu recours au souvenir de cette époque noire de notre histoire (période coloniale), pour faire oublier qu’ils s’étaient emparés du pouvoir par effraction. Le résultat de cette pratique c’est que, progressivement, dans le subconscient de beaucoup d’Algériens, le travail est devenu synonyme d’exploitation. Il est rarement fait une relation entre le salaire payé et le travail fourni. Rendement, amortissement, bénéfice, endettement, tout cela est fâcheusement abstrait pour nombre de travailleurs» (p 446), «Une des causes importantes de notre retard est liée au gaspillage, découlant lui-même de la mauvaise gestion. Il se situe, en premier lieu, au sommet, «soulta», et concerne tous ceux qui gravitent autour, vivant dans un monde totalement étranger à la majorité des Algériens. Nombre d’entre-eux sont sortis du néant pour être hissés trop vite et trop haut, jusqu’en avoir le vertige. Enfants gâtés du système, ils ne se refusent rien, éternellement à la recherche du plus beau, parce que plus cher» (p 448).

KAIDI LAKHDAR. UNE HISTOIRE DU SYNDICALISME ALGERIEN. Entretiens. Livre-entretien de Nasser Djabi Chihab Editions, 334 pages, 500 dinars, Alger 2005

La démarche est assez originale et pourtant assez payante. Mis à part la courte préface, l’ouvrage est fait d’une suite d’entretiens avec un des plus fameux syndicalistes algériens (décédé en 2004 à l’âge de 81 ans). Question-réponse, question-réponse, question-réponse… Et, quelle franchise, quel rythme ! Avec, des précisions, des rectifications,… et, par ci-par là, des noms (surtout ceux dont on devine qu’il ne les porte pas trop dans son cœur, car ils l’ont surtout déçu).

Toute une vie de militant et de journaliste aussi y est racontée, dans ses moindres détails… de la naissance à Mila, les premiers pas dans le monde «syndical» (au départ de la simple mais très délicate contestation ouvrière), l’engagement avec la CGT et au sein du Pca,… jusqu’à l’après-65 à Alger, avec ( encore !) une nouvelle arrestation (peut-être la plus douloureuse et surtout la plus traumatisante, car venant d’Algériens… en Algérie… indépendante), l’emprisonnement – sans raison – durant trois mois (il a «participé» à la création de l’Orp, un mouvement politique progressiste opposé au coup d’Etat du 19 juin 65)… et des amis… torturés

Avis : Se lit comme un roman d’aventures, l’auteur étant un très grand «interviewer», comme tout bon et vrai sociologue maîtrisant son sujet comme il se doit, et le «héros» un homme très direct et franc. Un livre où on y apprend bien plus que dans un livre d’histoire classique. Peut-être un certain dogmatisme. Un militant pur et dur ?

Extraits : Comme homme, Lakhdar Kaidi a personnifié à travers son long itinéraire de lutte, avant et après l’Indépendance, le lien réussi entre le militantisme politique et le militantisme syndical, entre l’enracinement national et la dimension internationaliste humaniste et engagée. Expérience individuelle qui, hélas, n’a pas connu le succès qui lui aurait permis de se transformer en une règle de conduite générale…» (Nasser Djabi, p 11), «Aujourd’hui, le mouvement syndical algérien, dans ses différentes composantes organiques, les anciennes et les nouvelles, vit une crise profonde dans sa relation avec la société et avec les forces sociales qu’il est censé représenter et défendre. Le syndicat et le syndicalistes ont perdu une grande part de l’image positive qui était liée à eux et à leurs combats» ( Nasser Djabi, p 11), «Le révolutionnaire, c’est celui qui ne néglige aucune possibilité de faire avancer le mouvement, qui ne néglige aucune voie qui de toute évidence ne peut que renforcer la lutte générale» ( Kaidi Lakhdar, p 211), «L’Ugta se trouve sous la pesanteur de son passé, se trouve une organisation au service non pas du Fln, parti unique, mais au service du pouvoir et pour paraphraser la célèbre phrase à propos de la Palestine, aujourd’hui, chez nous, l’Ugta est pour le pouvoir, que ce dernier ait raison ou tort» (Kaidi Lakhdar, p 230), «Ben Bella, à l’époque, dirigeait l’Etat comme on dirige son épicerie» (Kaidi Lakhdar, p 310)

AISSAT IDIR. DOCUMENTS ET TEMOIGNAGES SUR LE SYNDICALISME ALGERIEN. Etude de Mohamed Tayeb Farès (préface de Mahfoud Kadache). Enag Editions, 196 pages, 880 dinars, Alger 2012.

L’auteur, décédé en 2006, à l’âge de 96 ans, enseigna longtemps dans le primaire puis, juste après 62, à l’Université où il fut un de mes (inoubliables) enseignants à l’Ecole nationale supérieure de Journalisme de l’époque. On savait déjà qu’il était un «mordu» de la recherche scientifique et il avait, pour objectif principal, l’écriture de l’histoire du syndicalisme national et, surtout, la mise en valeur les efforts et le sacrifice des grands militants de la cause nationale,… dont, assurément, Aissat Idir, le 1er secrétaire général, un héros qu’il avait bien connu, ayant été lui-même un syndicaliste actif.

Ici, comme le dit si bien Mahfoud Kaddache, le préfacier, l’auteur est allé encore plus loin que la simple biographie. «C’est en fait l’histoire du syndicalisme nationaliste algérien d’avant 1962 et celle d’un aspect de la participation des travailleurs algériens à la guerre de libération qui sont évoquées».

A travers les documents et les témoignages (il avait constituées et exploitées 240 biographies), il fait revivre le cadre familial et social du héros mais,en même temps, il décrit l’Algérie profonde, celle d’abord en attente de la libération, celle des combattants qu’étaient les syndicalistes, et les conditions de la création, avec douze syndicats nationaux, de l’Ugta (le 24 février 1956), puis l’extraordinaire consécration internationale avec l’adhésion à la Cisl en juillet 56, malgré tous les obstacles créés par l’Usta («Messaliste», proche de la CGT-Force ouvrière, membre de la Cisl) et l’Ugsa (Cgt, adhérente à la Fsm) . Que de noms (pour beaucoup oubliés), que de sacrifices, que de combats, que d’interdictions et d’arrestations, que d’emprisonnements et de tortures… et le meurtre, par les forces d’occupation, du leader, «kidnappé» le 13 janvier 1959 et torturé sauvagement par ses bourreaux. Il est déclaré décédé le 26 juillet 1959. Il parait que le président Ben Bella avait demandé (à Djermane Rabah), en 1963 ( !!!), «quelles sont les ressources de la famille ?» alors aidée par des amis… et par la Cisl et l’Union Syndicale suisse. Rien n’a effectivement suivi. Il a même fallu, pour obtenir une pension, «prouver» la participation du père (Aissat Idir) à la lutte de libération nationale… grâce au témoignage de Youcef Benkhedda. Aujourd’hui, que d’oublis, hélas !

Avis : Une monographie du syndicalisme et une biographie de son promoteur-animateur de type académique, donc très utile pour tous: syndicalistes, chercheurs, journalistes (Aissat Idir a été un très grand journaliste, un vrai de vrai). Une démarche assez académique (problématique, questionnements, etc…) et pédagogique. Ouvrage complet avec ses annexes, ses sources et références, sa riche bibliographie ainsi qu’un index des noms cités. Mais, personnellement, je n’ai pas apprécié le format qui ne correspond pas à la valeur scientifique de l’ouvrage.

Extraits : «On l’appelait, à juste titre d’ailleurs, Idir le sage… un «bûcheur» hors catégorie» (selon un de ses camarades de classe, p 19), «Aissat était un militant de grande classe : sérieux, secret, modeste, très prudent, compétent dans le domaine de la presse et de la propagande… Aissat se situe dans la catégorie des militants qui devaient garder l’anonymat et assurer la continuité du mouvement national. Il était peu connu du public. Il était apprécié par la direction centrale du parti.» (p 24), «Le lancement du journal «L’Ouvrier Algérien» le 6 avril 1956 occupe des dizaines de collaborateurs dès le 1er mois et tire déjà à 30 000 exemplaires» (p 94)

Note : Lire aussi, pour compléter votre culture syndicale, en tout cas pour vous faire une idée sur le syndicalisme post- 62, et surtout pour connaître certains «dessous» des relations subies ou/et recherchées Ugta- centres de pouvoir- parti du Fln «Le Mouvement syndical algérien à l’épreuve de l’Indépendance», de Abdelmadjid Azzi, avec une lettre-préface de Tahar Gaïd, membre fondateur de l’Ugta. Alger-Livres Editions, 437 pages, 850 dinars, Alger 2012. Conclusion – bien sombre et non forcément objective – de l’auteur (extrait) : «L’image peu reluisante que présente, aujourd’hui, l’Ugta, cette organisation prestigieuse pour laquelle tant d’hommes se sont vaillamment battus, ne réjouit guère» (p 399)


La Coordination des chômeurs envisage des actions de rue à Alger



Les manifestations de chômeurs vont se multipler. Ici lors d’une marche en février dernier à Alger. Amine/New Press
La Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) a fait aujourd’hui une entrée tonitruante à travers la tenue de plusieurs rassemblements dans différentes wilayas. Les chômeurs se sont rassemblés aussi bien à Constantine et Skikda qu’à Aïn El Beïda, Béjaïa et Tamanrasset. Leurs revendications restent inchangées : un travail décent. Remontés contre les autorités qui n’ont pas tenu leurs promesses d’embauche, des centaines de chômeurs ont, en effet, dénoncé l’injustice sociale dont ils se disent victimes et réclament des actions palpables pour juguler le chômage endémique dans, notamment, les régions enclavées de l’intérieur du pays. Par ces actions de protestation, la CNDDC fait ainsi sa «rentrée sociale» qu’elle promet houleuse. Pour cette coordination, créée en 2011, ces sit-in ne sont que le début d’un retour en force sur le terrain de la protestation sociale. Le bureau national, réuni en fin d’après-midi, met toutes les options sur la table. La CNDDC envisage ainsi de nouvelles actions de rue pas seulement dans les villes de l’intérieur du pays mais aussi à Alger dans le but de faire entendre la voix des chômeurs. La CNDDC dit ne pas croire au Père Noël et reste intimement convaincu que les droits des chômeurs ne peuvent être arrachés que par une lutte ardue et inlassable. La CNDDC estime que «le maintien des dispositifs de l’ANSEJ et l’ANGEM comme axes centraux de la lutte contre le chômage est une erreur». Car ces dispositifs consacrent la «politique du vol et la rapine» et témoignent de l’absence d’une vision économique globale et intégrée, capable de créer l’emploi et la richesse. Pour la CNDDC, les chômeurs ne peuvent pas tous devenir patrons. Ils cherchent juste un emploi décent. Elle considère les mesures du gouvernement visant à endiguer le chômage dans le sud sont de «la poudre aux yeux» car le problème reste entier en ce sens que les jeunes chômeurs ne trouvent toujours pas d’emploi, malgré la forte présence des sociétés pétrolières et parapétrolières dans cette partie du pays qui regorge de ressources naturelles. Officiellement, le chômage est en baisse. Selon l’enquête annuelle de l’Office national des statistiques (ONS), le taux de chômage était de 9,8% en septembre 2013, soit 78 000 chômeurs de moins qu’à la même période en 2012. Selon les données du Fonds monétaire international (FMI), il touche 21,5% des Algériens de moins de 35 ans. Mais aux yeux de la CNDDC, ces chiffres sont loin de la réalité car n’est considéré comme chômeur que celui qui cherche de l’emploi à travers l’Agence nationale de l’emploi. Ce qui reste infime par rapport au volume actuel de la population en âge de travailler et qui demeure sans activité rémunérée.
Rafik M.

Ouargla : quatre chômeurs arrêtés puis relâchés par la police

Lilia Oufella.


Quatre chômeurs ont été arrêtés hier, lundi 8 septembre, vers 17 h, dans la ville d’Ouargla. « Les chômeurs ont barré l’entrée de la ville avec un camion chargé de bouteilles de gaz butane. Ils ont menacé de le faire exploser si on ne leur offrait pas un poste de travail », affirme à TSA, Farès Benkassir, membre du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC). « Personne n’a essayé de dialoguer avec eux, ils les ont directement embarqués », a-t-il ajouté.
Selon notre interlocuteur, les policiers ne se sont pas contentés d’arrêter les chômeurs mais ont lancé des bombes lacrymogènes contre les citoyens du quartier de Béni Thour où s’est déroulée l’action de protestation menée par les chômeurs.
Les jeunes chômeurs ont été relâchés vers 23h30, suite à un rassemblement organisé par les habitants d’ Ouargla devant la sûreté de la wilaya, ajoute M.Benkassir

Protesta de chômeurs

par A. El Abci


Des dizaines de jeunes sans travail, du bureau local du Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC), ont tenu hier un rassemblement devant le cabinet du wali pour protester contre «les retards des autorités locales à tenir leurs promesses de les faire bénéficier à court terme de postes d’emploi», disent-ils. Selon des représentants des protestataires, «les promesses ont trop tardé et sont entourées de flou, car cela fait au moins quatre fois que nous organisons des sit-in ici même pour réclamer du travail, et ce depuis la création du bureau de Constantine, mais en vain». Et de poursuivre que «la dernière de nos actions du genre date du mois de mai dernier et à l’issue de laquelle nous avons été reçus par un représentant du wali, qui a reconnu le bien-fondé de nos revendications nous promettant des solutions possibles dans une quinzaine de jours. Toutefois nous sommes bien loin de ce délai, sans rien voir venir de concret et c’est pourquoi nous sommes encore là, aujourd’hui, pour rappeler notre cas aux autorités locales et en même temps relancer notre dossier». Nos interlocuteurs ne manqueront pas de nous expliquer qu’ils sont pour la majorité d’entre eux des titulaires de diplômes des centres de formation professionnelle et même des universitaires, qui ont déjà bénéficié de postes de pré-emploi, dans différents secteurs d’activité. Cependant, ajouteront-ils, pour ce qui concerne les postes de pré-emploi et contrairement à ce que d’aucuns peuvent penser, ils ne sont pas exempts de précarité «et nous en avons pâti durant plusieurs années». «Les plus anciens d’entre nous vivent cette situation depuis 2007», préciseront-ils. En effet, le salaire de 12.000, 15.000 DA et pour certains de 18.000 dinars n’est pas suffisant et permet juste de pourvoir au strict nécessaire pour vivre. «Ce que nous voulons, c’est la stabilité avec des postes permanents même si le salaire n’est pas conséquent, nous en avons assez de vadrouiller d’un pré-emploi à un autre et attendre et des fois quémander le renouvellement de contrat, chose souvent difficile sinon impossible à obtenir», avoueront-ils. En début d’après-midi, les protestataires nous ont appris que finalement, en l’absence du wali, ils ont été orientés vers la direction de l’Emploi de la wilaya à la cité du 5 Juillet, dont le 1er responsable leur a promis des placements pour jeudi prochain. Ils menacent: «S’il n’y a toujours pas de nouveau palpable, nous organiserons des marches».


Les Patriotes : «L’Etat doit reconnaître nos sacrifices !»


Les Patriotes lors d’une précédente manifestation à Alger. New Press
La Coordination des Patriotes de Tizi Ouzou vient de lancer un appel pressant pour une reconnaissance par l’Etat des sacrifices consentis durant les années noires du terrorisme. Se disant «délaissés et confinés dans un manque de reconnaissance, aussi bien symbolique que matérielle, par les autorités en charge de la gestion de notre dossier», les Patriotes de la wilaya de Tizi Ouzou réitèrent leur appel pour «une reconsidération immédiate» de leur cas et «une reconnaissance solennelle » de leur combat «pour la sauvegarde de la République algérienne». Face à cette situation qui s’apparente à «une mise sous scellés qui ne dit pas son nom» du dossier des Patriotes, la Coordination appelle à l’intervention des hauts responsables de l’Etat, à leur tête le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, «pour procéder à une prise en charge effective» des revendications. Les concernés qui misaient sur les promesses des autorités se sentent aujourd’hui leurrés. La promulgation de la loi de finances 2014 avait donné beaucoup d’espoir à ces combattants de la République, puisque l’article 77 prévoyait une réponse positive aux revendications d’ordre matériel de cette catégorie. L’article en question stipule, en effet, que «les citoyens volontaires ayant participé aux côtés de l’Armée nationale populaire à la lutte contre la subversion et le terrorisme, postérieurement à 1992, conformément à la réglementation en vigueur, ouvrent droit à une pension de retraite proportionnelle exceptionnelle et au rachat, sur le budget de l’Etat, des cotisations de sécurité sociale et de retraite». «Cependant, explique la Coordination des Patriotes de Tizi Ouzou, en plus de la non-prise en charge de la dimension symbolique de la question, qui demeure d’une pertinence indéniable pour nous autres patriotes, après neuf mois d’attente, cette décision n’a pas été suivie d’effet, ce qui n’a pas été expliqué au demeurant, alors que la situation de nombre de Patriotes se dégrade davantage tandis que le sentiment d’abandon et d’injustice gagne en continu les esprits». «Le manque de reconnaissance, serait-elle symbolique, est venu intensifier davantage le sentiment d’abandon dans lequel nous vivons.» Les Patriotes ne manquent pas de rappeler tous les sacrifices consentis durant la décennie noire, ainsi que les effets psychologiques et sociaux de cette période sur toute la société, mais aussi sur cette catégorie à l’avant-garde de la lutte antiterroriste. «La violence qui a caractérisé cette période est telle que, aujourd’hui encore, nous subissons toujours les retombées néfastes tant au plan psychologique, social, économique et politique. En effet, ayant sacrifié notre temps, nos moyens, nos familles et, parfois, nos carrières professionnelles dans le cadre de la lutte antiterroriste, nombre d’entre nous vivent aujourd’hui dans des conditions familiales et sociales très difficiles, voire pénibles.»
Amine Sadek
 

GARDES COMMUNAUX

Hakim Chouaïb se démarque de toute protestation



La coordination nationale de la garde communale, représentée par Hakim Chouaib, a souligné dans un communiqué rendu public, qu’elle se démarque des protestations et toutes autres actions de rue qui risquent d’êtres engagées. La coordination qui dit être le seul représentant légal des agents communaux, fait référence dans ses déclarations à la marche du 10 septembre prochain à laquelle a appelé le mouvement national des gardes communaux libres. Hakim Chouiab a précisé que le dialogue est toujours ouvert avec le ministère de l’Intérieur et que «tous les agents communaux, à travers les 48 wilayas, ont bénéficié du paiement de leurs arriérés et de leurs salaires». La coordination qui précise que les revendications des agents communaux soulevées depuis 2010 sont globalement satisfaites, et celles non encore obtenues, essentiellement la pension de retraite et la régularisation définitive des agents radiés, font l’objet de négociations en vue d’une solution définitive, estime que «toute contestation ou protestation connote une manœuvre politicienne dont le seul but est de créer l’anarchie».
S. A.

Actualités : MÉDECINS RÉSIDENTS

Création d’un nouveau syndicat affilié à l’UGTA



La Fédération nationale des travailleurs de la santé (FNTS) affiliée à l’UGTA a été reçue jeudi passé au siège du ministère de la santé. En plus de la remise de sa plate-forme de revendications, la fédération a indiqué, dans un communiqué, avoir également déposé le procès-verbal d’installation du Syndicat national des médecins résidents.

NOUVELLES MESURES POUR LES PARAMÉDICAUX

Les retraités peuvent reprendre le scalpel
Par Idir TAZEROUT – Mardi 09 Septembre 2014 –


Le départ de près de 1 500 paramédicaux ayant atteint l’âge de la retraite pourrait perturber les structures hospitalières.
Une bonne nouvelle pour tous, patients et personnel du paramédical! Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, l’a indiqué avant-hier depuis Souk Ahras où il était en visite d’inspection. «Les établissements hospitaliers sont autorisés à établir des contrats d’une année pour les paramédicaux ayant atteint l’âge de la retraite», a-t-il annoncé.
Le ministre a expliqué que cette mesure, arrêtée avec l’accord des services de la Fonction publique, vise à éviter les perturbations du service assuré aux malades dans les établissements sanitaires du pays.
Le fait que quelque 1500 agents paramédicaux aient atteint l’âge de la retraite (60 ans), pourraient mettre les structures hospitalières en situation de déséquilibre en matière d’encadrement, a souligné M.Boudiaf, ajoutant, dans ce contexte, que près de 6000 nouveaux agents paramédicaux seront également opérationnels cette année, tenant compte des besoins en personnel. M.Boudiaf a indiqué qu’une deuxième promotion de 6500 aides-soignants sera en formation cette année, après les 6500 aides-soignants formés l’année dernière. De même, a-t-il souligné, que le jumelage entre les hôpitaux permettra de satisfaire les besoins des établissements en matière de médecins spécialistes, tandis que des formations spécialisées seront également ouvertes à des médecins généralistes dans certaines spécialités.
Concernant les infrastructures sanitaires, le ministre a indiqué, au cours d’une conférence de presse animée en marge de sa visite, que l’année 2014 verra la réception de l’ensemble des projets en cours de réalisation à travers le pays.
D’autres projets ayant connu des retards dans leur lancement pour diverses raisons seront mis en chantier, a-t-il précisé.
M.Boudiaf a, par ailleurs, affirmé que le quinquennat 2015-2019 prévoit «d’importantes opérations de restauration des établissements sanitaires et la rénovation de 14 établissements hospitaliers qui seront mis en conformité avec les normes requises et ce, sans perturber leur fonctionnement quotidien».
La situation du secteur de la santé dans la wilaya de Souk Ahras est «satisfaisante», a considéré le ministre, aussi bien pour les projets en cours que pour les établissements opérationnels. Il a ajouté que «dans les 4 ou 5 mois à venir», des améliorations notables seront apportées après le lancement des travaux ayant accusé des retards, notamment l’hôpital de 120 lits à M’daourouch et l’hôpital de même capacité à Sedrata.
Le ministre a cependant déploré l’état dans lequel se trouve actuellement l’hôpital Houari-Boumediene de Sedrata dont le gestionnaire a été suspendu. «Des mesures fermes seront prises et une commission d’enquête conduite par l’inspecteur général du ministère sera dépêchée en vue d’améliorer la situation de cet établissement au bout d’un délai qui ne dépassera pas les deux mois», a-t-il déclaré.
M.Boudiaf avait entamé sa visite dans la wilaya de Souk Ahras en présidant la cérémonie d’ouverture de l’année scolaire 2014-2015 au CEM Badji-Mokhtar, avant de clôturer sa visite par une séance de travail avec les cadres locaux de son secteur, tenue à la salle Miloud-Tahri.


Sonelgaz : Le syndicat exige l’annulation des poursuites contre ses membres



Le Syndicat autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz de Sonelgaz (Sateg) revendique «la fin des poursuites engagées à l’encontre de ses adhérents».
Il demande également «l’enregistrement au niveau du ministère du Travail», a indiqué, hier à Alger, son président, Boukhalfa Abdallah. Intervenant lors d’une conférence de presse, le président du Sateg rappelle au PDG de Sonelgaz qu’un courrier lui a été envoyé le 31 décembre 2013 lui annonçant la création du syndicat. «Noredine Bouterfa dit ne pas connaître notre syndicat, alors que tous les documents en notre possession prouvent le contraire, notamment les courriers qui lui ont été destinés», affirme M. Boukhalfa. Le président du Sateg déplore les sanctions dont sont «victimes des adhérents» du syndicat. «37 syndicalistes sont traduits en conseil de discipline, pour la simple raison qu’ils ont rejoint le Sateg. Ils sont employés dans les wilayas de Béjaïa, Skikda, Sétif, Tébessa, Souk Ahras, Guelma, Adrar, Relizane, Oran, Tlemcen, Tipasa, Boumerdès et Blida», dit-il.
Dans le même sillage, Abdallah Boukhalfa déclare que lui-même fait l’objet de «la plus sévère des sanctions». Il a été «limogé sans droit le 2 juillet 2014». «Le prétexte avancé pas la direction de Sonelgaz est un argument fallacieux. Elle affirme que le Sateg voulait organiser des grèves et des rassemblements. Tout cela est faux, car nous avons seulement demandé au ministère du Travail d’enregistrer notre syndicat, conformément aux lois de la République. La direction s’est montrée hostile à notre égard suite à nos différentes déclarations à la presse nationale», explique le responsable du Sateg. Par ailleurs, M. Boukhalfa annonce «le dépôt d’une plainte contre le PDG de Sonelgaz, pour atteintes et abus contre des travailleurs».
M. B.

Air Algérie : Cadres et employés accusent



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1-Demande d’attribution d’un billet gratuit à un jeune…
1-Demande d’attribution d’un billet gratuit à un jeune résident en France censé aider Air Algérie à nettoyer les réseaux sociaux des attaques.
2-Billet d’avion gratuit Alger/Lille/Alger     
3-Correspondance du wali de Tindouf adressée au PDG d’Air algérien l’informant de la situation inquiétante de l’aéroport de la wilaya    

Un groupe d’employés et de cadres d’Air Algérie, qui a saisi le ministre des Transports début août pour dénoncer la mauvaise gestion de la compagnie aérienne, attaque de nouveau l’entreprise, documents à l’appui.
«Ils sont responsables du marasme et de l’humiliation» que connaît le pavillon national depuis le crash du vol AH5017 au Mali. Le groupe d’employés et de cadres d’Air Algérie accuse l’actuel PDG d’Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, et les différents responsables de la compagnie, qu’ils qualifient aussi de «courtisans». Documents à l’appui, ces fonctionnaires ont décidé de rendre publics plusieurs éléments en leur possession censés prouver la mauvaise gestion de l’entreprise et impliquer différents hauts responsables de l’entreprise publique dans des affaires d’«abus de pouvoir» et de «mauvaise gestion».
Le 2 août dernier, ils avaient déjà écrit au ministre des Transports, Amar Ghoul : «Le népotisme, le régionalisme, l’injustice, l’incompétence, l’immobilisme, l’absence d’anticipation, la cupidité, la démission du collectif et la personnalité même du PDG d’Air Algérie sont autant d’éléments qui pourraient expliquer, un tant soit peu, l’incurie actuelle.» Ils dénoncent d’abord «les pertes financières colossales qui ne laissent aucun doute sur la façon dont est gérée Air Algérie». Dans une lettre adressée au directeur de la CNAS, où le directeur des ressources humaines demande «des attestations de cotisations sociales des employés expatriés en Italie (Rome) pour justifier auprès des autorités italiennes, leurs cotisations en Algérie durant leur période de détachement», il a été rapporté qu’«Air Algérie a été pénalisée par les autorités italiennes pour un montant de plus de 500 000 euros».
Autre dossier : la construction du nouveau siège de la compagnie à Bab Ezzouar. En avril 2013, l’entreprise chargée de la construction, SM International, a lancé une procédure d’arbitrage international pour régler un litige relatif à la résiliation du contrat avec Air Algérie. Au-delà de l’affaire elle-même, le groupe s’inquiète des frais qu’implique cette résiliation de contrat car SMI réclame… 90 millions d’euros de dommages et intérêts. Les membres du collectif pointent aussi du doigt l’agent général syrien, GSA, responsable de l’activité commerciale d’Air Algérie en Syrie. Selon eux, il aurait détourné «plus de 10 millions d’euros avant de s’évaporer dans la nature suite aux événements en Syrie».
Sur un autre plan, le groupe déplore le manque de gestion et de vision qui a mené la compagnie à perdre de nombreux marchés. «Nous rappelons que le fret et cargo d’Air Algérie demeure l’otage des compagnies étrangères. La compagnie doit, impérativement et sans tarder, chercher un partenariat stratégique pour reprendre les parts du marché national.» Il appelle aussi à revoir la politique commerciale de l’entreprise.
HUB
«Quatre compagnies aériennes se partagent le marché Alger/Paris : Air France, Aigle Azur, Air Algérie et Air Méditerranée. Air Algérie perd du terrain sur son propre marché, ce qui implique une baisse de son chiffre d’affaires. Il n’existe aucune politique commerciale, car la division commerciale est plongée dans des problèmes interminables dus aux agissements néfastes du PDG et du directeur de l’aviation civile», dénonce-t-il. Le projet de réalisation d’un hub qui intégrera la compagnie dans le trafic de transit tarde à voir le jour. Ce projet donnera à Air Algérie la possibilité d’intégrer l’une des trois alliances mondiales – Skyteam, Star Alliance ou One World – comme c’est le cas de plusieurs pays africains, à savoir l’Egypte, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud et le Kenya.
«Tunis Air et Royal Air Maroc se sont accordées avec plusieurs compagnies aériennes de renommée internationale sur des marchés communs, contrairement à Air Algérie qui brille par son absence et son manque de vision stratégique de développement. Elle n’offre aucune opportunité de correspondances sur d’autres destinations et perd du terrain sur son propre marché. Cette situation est grave quand on sait qu’Air Sénégal International s’est entendue avec South African Airlines sur les destinations de New York et Johannesburg», déplorent les membres du collectif. Quant au projet des filiales d’Air Algérie, le groupe déclare avoir totalement perdu espoir. «Le dossier reste au stade embryonnaire. Le projet reste sans suite malgré tous les moyens dont dispose l’entreprise publique», accuse un cadre.
Sonacom
Autre problème : l’achat de 16 nouveaux avions. D’après un pilote en exercice, trois d’entre eux sont de type ATR 72-600, dotés d’un nouveau cockpit au design évolutif et largement différent des cockpits ATR 72 connus jusque-là. «Les mises à niveau périodiques des pilotes (tous les six mois, ndlr) pour la revalidation de leur licence de vol sur les avions de type ATR 72-600 ne peut se faire sur le simulateur ATR 72-500 acquis par Air Algérie. La compagnie sera donc dans l’obligation d’envoyer les équipages qualifiés à l’étranger pour des mises à niveau en dépit d’un investissement de 10 millions de dollars. Soit le coût d’un simulateur, si l’on additionne la prise en charge des équipages, les frais de mission et le coût des séances qui se situent entre 300 et 400 euros/heure», explique-t-il avant de proposer de vendre les anciens ATR et les remplacer par des ATR 72-600 pour n’opter que pour un simulateur, puisqu’ATR ne fabrique plus le 72-500. Le collectif affirme encore que la compagnie est devenue «l’employeur exclusif des amis et proches de hauts responsables».
«Le recrutement ne se fait pas à partir des compétences des candidats et ne passe par aucun appel à la candidature. Chaque responsable place les siens. Air Algérie n’est pas loin de devenir la Sonacom d’aujourd’hui», regrette un cadre. Pour nettoyer les réseaux sociaux des critiques qui ont accablé la compagnie depuis le crash du vol AH5017, le président du bureau exécutif du syndicat de la compagnie a procédé au «recrutement» d’un jeune «spécialiste» résidant à Lille, en France. Dans une lettre adressée, juillet dernier, au chef de la division commerciale d’Air Algérie (copie jointe au PDG, ndlr), ce même responsable a demandé qu’on lui délivre un titre de voyage gratuit Lille/Alger/Lille.
Cafétéria
Ainsi, sans plus d’enquête à son sujet, le jeune Lillois a pu bénéficier d’un billet aller-retour… gratuit. La section syndicale UGTA n’est pas épargnée par le collectif qui rapporte qu’un représentant syndical s’est présenté en «piétinant» le statut de l’UGTA adopté lors du 10e congrès national en 2000. En effet, parmi les conditions de candidature au sein des instances du syndicat étatique, il a été clairement souligné que le candidat ne doit aucunement exercer des activités lucratives. Or, d’après les documents présentés par les membres du groupe, il s’avère que ce responsable tiendrait… une cafétéria à Baraki ! Au chapitre des conditions de travail, les anecdotes sont aussi très nombreuses.
Pour rappel, 70 mécaniciens de la direction technique sont toujours en justice contre Air Algérie pour revendiquer leur droit à la prime de production chantier. Le wali de Tindouf, Slimane Zergoune, déplore les conditions de travail et le manque de personnel à l’aéroport de la wilaya. A Constantine, les travailleurs critiquent le changement du siège de la compagnie vers des appartements d’un immeuble de la cité Zouaghi dans les faubourgs de la ville, selon eux, trop loin de leurs habitations et invivables en été en raison de la chaleur.
Les membres du collectif appellent à «la réforme du staff dirigeant d’Air Algérie», à revoir «la stratégie et la politique de gestion de la compagnie qui doit s’engager dans le processus de certification de ses métiers par leur mise en conformité avec les normes d’assurance qualité les plus élevées dans l’industrie du transport aérien et à définir une vision, une identité économique pour pouvoir se hisser au niveau des grandes compagnies aériennes arabes et africaines». Comme d’habitude, nos requêtes pour joindre la direction d’Air Algérie sont restées sans réponse.
Meziane Abane

Presse : Les premières cartes de journalistes délivrées dans 15 jours


Les premières cartes de presse nationale de journaliste seront délivrées dans une quinzaine de jours. C’est du moins ce que nous avons appris hier du ministère de la Communication. Selon Madjid Bekkouch, conseiller du ministre de la Communication, la commission provisoire installée par Hamid Grine il y a un peu plus de deux mois, a récolté jusqu’ici plus de 200 dossiers de journalistes, représentant quelque 85 organes.

Mise en place le 22 juillet 2014 à Alger par le ministre de la Communication, Hamid Grine, la «commission technique», ayant la charge de délivrer les futures cartes professionnelles de journalistes, est réellement à pied d’œuvre depuis trois semaines, a tenu à préciser notre interlocuteur qui souligne que le «recensement» des journalistes suit son cours normal.

Mieux, le conseiller de Hamid Grine affirme que le travail de la commission sera probablement terminé dans six mois au lieu d’une année tel que fixé lors de l’installation de la commission provisoire.

Il y a toutefois un quiproquo. Selon Madjid Bekkouch, il y a plus «d’individualités», comprendre par là que les dossiers des postulants sont fournis par les journalistes à titre individuel et non pas en groupe et par rédaction.

A cet effet, note encore notre interlocuteur, la commission provisoire compte saisir les jours qui viennent par écrit tous les organes de presse afin de constituer les dossiers nécessaires pour bénéficier de cette carte qui permettra par ailleurs de connaître le nombre exact de journalistes professionnels sur la scène médiatique. Concernant les documents à fournir par les postulants, à savoir un extrait de naissance N°12, un certificat de résidence, 2 photos, une attestation de travail ou contrat de travail, M Bekkouch affirme qu’ils sont «dûment justifiés».

Il faut savoir que la durée de vie de la future carte est de deux années. Le document portera le sceau de la commission provisoire et non pas du ministère de la Communication comme cela a été rapporté par certains, précise encore le conseiller du ministre de la Communication qui a en outre infirmé les rumeurs selon lesquelles les membres de la commission perçoivent un salaire mensuel de 200.000 DA.

La commission, faut-il le rappeler, est constituée d’un représentant du ministère de la Communication, un expert du ministère du Travail et onze journalistes dont la majorité est issue des médias publics.

Son rôle s’achèvera dès la fin de sa mission, à savoir dès la clôture de l’opération de recensement des journalistes professionnels algériens dont le nombre est inconnu à ce jour. Le ministre de la communication Hamid Grine, a fait de la mise sur pied de cette commission l’une de ses priorités dès son installation à la tête du département alors que tous ses prédécesseurs avaient échoué pour des considérations souvent inavouées. Le ministre avait réitéré à plusieurs reprises que cette commission est un préalable à la constitution de la commission permanente chargée de délivrer la carte nationale du journaliste professionnel, de l’autorité de régulation de la presse écrite et du Conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie.


Affaire du revendeur de véhicules neufs Sydcar Motors

Des centaines de personnes escroquées

Par : Souhila HAMMADI


Les syndicats et CP d’une vingtaine d’entreprises et organismes publics ont entraîné quelque 3 000 fonctionnaires dans une opération d’acquisition de véhicules neufs par facilité de paiement auprès d’un revendeur multimarques. Au bout d’une année, le bilan de l’arrangement est plutôt désastreux. Le gérant de Sydcar Motors est placé en mandat de dépôt pour escroquerie et fraude tandis que des centaines de salariés se retrouvent sans véhicules et sans l’apport personnel versé.

Grosse escroquerie ou conséquence d’une mauvaise évaluation des risques d’une entreprise mise sur les rails par un homme d’affaires qui voulait investir un créneau pensé rentable : celui de la revente des véhicules neufs par facilité à des salariés d’organismes publics ? À l’heure actuelle, il est difficile de qualifier l’affaire, en cours de traitement par la justice.
Le gérant de l’Eurl Sydcar Motors, Abdallah Sid, appelé communément par ses clients et ses collaborateurs El-Hadj, est placé sous mandat de dépôt depuis le 4 septembre, soit à l’issue d’une audience au tribunal de Koléa. Il est retenu contre lui le chef d’inculpation d’escroquerie et fraude, suite à une plainte déposée contre lui par des dizaines de fonctionnaires, qui lui ont versé 40% du prix d’un modèle de véhicules, qu’ils devaient acquérir par facilité de paiement. Au bout de 16 mois d’attente, ils n’ont vu ni la couleur ni la forme des voitures commandées. Ils n’ont pas obtenu non plus le remboursement de l’apport initial (des sommes variant entre 400 000 DA et plus d’un million de dinars) encaissé par le revendeur.
Après avoir épuisé les recours auprès du staff d’El-Hadj pour récupérer leur argent, observé à plusieurs reprises des sit-in devant le siège social de l’Eurl, situé à l’entrée de Douéra, ils ont fini par engager, collectivement et individuellement, des poursuites judiciaires contre A. Sid pour escroquerie. Les témoignages de personnes dupées sont assez éloquents. Un cadre d’Algérie Télécom a versé, en mai 2013 à l’Eurl Sydcar Motors, un million de dinars, soit 40% du prix de la Skoda Yeti qu’il voulait acheter. La livraison était programmée pour un délai maximum de deux mois. En septembre de la même année, il n’avait toujours pas eu son véhicule. Il proteste, réclame, fait intervenir des intermédiaires. Acculé, El-Hadj lui prête une Clio pour le dépanner. Entre-temps, Skoda a arrêté de commercialiser le modèle choisi. “En décembre, un autre homme d’affaires, Mahdi Lamari, qui devait de l’argent à Sid Abdallah, me remet 800 000 DA et prend la Clio. Au niveau de Sydcar Motors, on me fait signer un document attestant que j’ai récupéré la totalité de la somme versée. J’ai perdu ainsi 200 000 DA. J’ai déposé une plainte”, nous confie notre témoin. Des centaines de fonctionnaires vivent une situation plus inextricable. Leur argent est bloqué dans les comptes de Sydcar Motors, depuis des mois, sans assurance qu’ils le récupéreront à brève échéance. À première vue, ce n’est là qu’une énième arnaque, dont sont victimes des cadres aux revenus moyens. Ce n’est pas aussi simple. L’affaire est plus complexe qu’elle n’y paraît. Ses implications suscitent plutôt étonnement et interrogation.
Au début de l’année 2013, l’Eurl Sydcar Motors a signé des conventions avec les syndicats ou le Comité de participation d’une vingtaine d’entreprises, institutions et organisations publiques, dont Algérie Poste, la Cnep-Banque, la Radio algérienne, le CTC, la chefferie du gouvernement, Seaal, le ministère des Affaires étrangères… et l’Organisation nationale des retraités de l’ANP, pour l’acquisition, au profit de leurs agents, des véhicules neufs par facilité (versement d’un apport personnel de 40% du prix du modèle choisi).
Les 60% restants remboursables en 48 mensualités). Le revendeur s’engage à livrer les véhicules commandés dans un délai de 20 à 60 jours à compter de la date de versement de l’apport de l’acheteur. Les syndicats ou les CP, représentant les bénéficiaires potentiels, se portent garants pour les prélèvements à la source des mensualités. L’arrangement semble parfait pour les deux parties.
Les fonctionnaires trouvent là un bon moyen de contourner le gel du crédit bancaire automobile, institué par la loi de finances complémentaire de 2009. L’homme d’affaires, Abdallah Sid, pense découvrir un filon en or pour lancer une affaire fortement lucrative. Le démarrage de ce commerce, un peu particulier, se fait sous de bons auspices. L’offre du revendeur de véhicules multimarques accueille des centaines de souscriptions. Les premiers dossiers sont traités avec une célérité déconcertante et les véhicules effectivement livrés dans les délais.
D’autres fonctionnaires, quelque peu sceptiques au lancement de l’opération, déposent alors des demandes, rassurés par ce qu’ils ont considéré comme une preuve du sérieux de la démarche. Mal leur en prit, car ils constituent aujourd’hui le contingent de victimes d’une affaire, finie en déroute. L’Eurl Sydcar Motors engage de gros moyens financiers pour payer la totalité du prix des véhicules livrés, mais peine à recouvrer ses créances auprès de leurs attributaires. “Nous avons livré, depuis 2013, environ 1 613 voitures (certaines au nom des bénéficiaires, d’autres sont gagées au nom de Mahdi Lamari ou de Sydcar Motors, ndlr). Mais nous avons été confrontés à un retard de paiement des mensualités de certaines entreprises et carrément d’un défaut de paiement d’autres. Ce qui a mis l’entreprise en difficulté de trésorerie”, a expliqué le chargé du recouvrement à Sydcar Motors.
À vrai dire, la société a buté sur un problème sérieux posé par la direction d’Algérie Poste, qui n’a pas voulu autoriser les prélèvements sur les comptes CCP des 420 agents qui ont réceptionné leurs véhicules, tel que stipulé dans l’engagement qu’ils ont signé au profit de Sydcar Motors. “Notre direction a validé 200 conventions du même type sauf celle-ci. Nous ne comprenons pas pourquoi. Pourtant l’opération n’est pas interdite par la loi, et nous avons veillé à avoir des garanties. Nous avons exigé du gérant de Sydcar Motors l’ouverture d’un compte commercial CCP pour authentifier ses documents et pour la traçabilité des versements”, affirme Mourad Bendjeddi, secrétaire général du syndicat d’entreprise d’Algérie Poste. “Le revendeur nous doit 16 mois de mensualités. Nous avons constaté que ces créances sont plus importantes que les sommes qu’il doit rembourser aux agents qui n’ont pas eu leurs voitures”, poursuit-il.
Dans le langage des chiffres, Sydcar Motors aurait dû engranger, selon notre interlocuteur, plus de 16 milliards de centimes au titre de prélèvements et rembourser approximativement 13 milliards de centimes aux personnes laissées en rade des livraisons. “Notre préoccupation majeure est que ces agents, exactement 315, soient remboursés rapidement. Nous avons consulté un avocat pour savoir comment saisir la justice sur ces cas-là”, informe M. Bendjeddi. Le syndicat d’Algérie Poste n’a, toutefois, pas engagé de poursuites judiciaires contre Sydcar Motors, car il estime que l’organisme partage une grande part de responsabilité dans la débâcle financière du concessionnaire automobile.
Ce dernier aurait remboursé déjà 66,6 milliards de centimes aux clients non satisfaits. Il lui reste à effacer une dette de 41,280 milliards de centimes, aux dires du cadre financier. Ce dernier a indiqué qu’El-Hadj avait hypothéqué un terrain pour obtenir un crédit de 20 milliards de centimes afin d’alléger la dette. La banque a annulé la procédure dès qu’il a fait l’objet de plaintes en justice. “El Hadj est une victime”, commente-t-il.
Victime ou escroc ? La justice tranchera. En attendant, deux milliers de fonctionnaires sont pris en otage d’une entreprise scabreuse. Pour cause, leur argent est dans la nature, alors qu’ils croyaient les investir dans un achat sécurisé. Dans ce cas, l’absence de l’État est clairement illustrée. Par quels procédés Abdallah Sid s’est-il lancé dans la vente de véhicules par facilité, alors que l’activité est interdite pour les banques et les organismes financiers ?
Au-delà, les concessionnaires automobiles n’ont plus le droit, depuis le 1er janvier dernier, soit à l’entrée en vigueur de la loi de finances pour 2014, d’importer pour le compte d’autres concessionnaires en dehors de leur propre réseau de distribution.
Auparavant, l’article 2 du décret exécutif n°70-390 du 12 décembre 2007 édicte que “l’activité de revendeur agréé est toute activité de revente de véhicules automobiles neufs sur la base d’un contrat liant un concessionnaires ou un distributeur agréé”. Sydcar Motors fait une offre de plusieurs marques. Pourtant un membre du bureau de l’Association des concessionnaires automobiles algériens (ACAA) affirme que ce revendeur n’est pas connu dans le milieu des initiés. “On ne le connaît pas. Nous exigeons de nos revendeurs l’agrément du ministère de l’Industrie et des Mines. S’il n’a pas cet agrément, je me demande comment il a été autorisé à activer”, s’interroge-t-il.
Dossier à suivre…


Le Général-major Rachid Chouaki : «Nous avons réactivé des sites industriels fermés depuis longtemps»

El Watan

A la tête de la Direction des fabrications militaires (DFM), le Général-major Rachid Chouaki dirige l’ensemble de l’activité industrielle de l’ANP et conduit les projets de partenariat conclus récemment avec des entreprises étrangerères. Il tente, depuis un certain moment, de rendre l’intégration de cette activité dans le tissu économique du pays efficace et rentable. Pour lui, le principe de la dualité de la fabrication industrielle (militaire et civile) est primordial. Il nous explique, dans cet entretien, les nouvelles orientations du haut commandement de l’armée qui font du partenariat étranger une condition incontournable pour la relance économique du pays.
La Direction des fabrications militaires a engagé, depuis quelque temps, plusieurs projets industriels avec des partenaires étrangers. Quel apport ces projets peuvent-ils avoir sur l’effort des pouvoirs publics visant la relance de l’industrie nationale ?
En préambule, permettez-moi d’affirmer un concept qui fait que chaque armée de par le monde dispose ou essaye de disposer d’une base industrielle et de technologie de défense. Cette base industrielle regroupe un certain nombre d’opérateurs économiques locaux de différents statuts qui participent aux approvisionnements de l’armée de façon à ce que celle-ci puisse accomplir ses missions en toute autonomie.
Généralement, ces opérateurs sont classés en trois grandes catégories : ceux qui conçoivent, développent, produisent, maintiennent ou rénovent l’armement, les systèmes d’armes, les équipements et matériels militaires ; ceux qui pourvoient l’armée en produits communs mais qui sont stratégiques, tels que les carburants, les huiles ; et dans une troisième catégorie les opérateurs qui mettent à la disposition de l’armée des produits courants tels que les subsistances, les effets d’habillement, les articles de couchage, de campement et d’ameublement. Ce sont là les trois catégories d’opérateurs qui constituent l’essentiel de la base industrielle et de technologie de défense.
L’Algérie, à l’instar d’autres pays, dispose d’une importante base industrielle et de technologie substantielle et en constante évolution. La Direction des fabrications militaires (DFM) qui constitue l’outil majeur du ministère de la Défense pour moderniser, animer coordonner, étendre et développer cette base a retenu le partenariat comme chemin de développement. Nous nous sommes aperçus qu’à travers le monde, ces dernières années, l’exigence de dualité est devenue un facteur de rentabilité incontournable de cette base industrielle et des opérateurs qui la constituent.
Un fabricant d’équipements militaires ne peut envisager une profitabilité à long terme de son activité, si cette dernière ne cœxiste pas avec une production à usage civil permettant d’assurer la rentabilité de l’entreprise, dans le cas où il y a une baisse de la commande militaire. C’est la raison pour laquelle la DFM s’est engagée dans ce type de partenariat qui garantit une certaine rentabilité économique, mais qui permet aussi d’assurer une production de qualité, en ce sens que le produit militaire est caractérisé par un niveau de qualité optimale et sévère pouvant être appliqué dans ce cas aux productions civiles. Les partenaires que nous avons retenus sont, dans ce contexte, des détenteurs de technologies avérées et génératrices de productions duales. N’oublions pas, enfin, que la recherche et le développement en matière d’armement a toujours débouché sur des applications civiles.
-Concrètement, comment ce partenariat a-t-il été conçu par l’ANP ?   
Sur un plan conceptuel, le partenariat porte sur l’implémentation et l’exploitation de technologies up today portées par des technologues avérés et connus acceptent de s’installer et de nous accompagner en Algérie. Il s’agit, par ailleurs, de ramener de l’investissement direct étranger pour financer ces partenariats. Nous avons capté beaucoup d’investisseurs étrangers, qui sont des fonds d’investissement des pays du Golfe tels que les Emirats arabes unis, mais aussi d’Europe et d’Asie. Ces partenariats ont donné naissance à des sociétés par actions dont l’actionnariat est défini conformément à la LFC 2009, où la partie algérienne est majoritaire et constituée généralement de participations d’EPE de la branche sectorielle et d’EPIC du ministère de la Défense nationale.
La partie étrangère actionnaire peut être investisseur et/ou technologue et fait partie intégrante du partenariat. Je peux citer, entre autres, les groupes allemands Daimler, Rhode & Schwarz, Cassidian-Deutschland, Carl Zeiss et des sociétés chinoises. Il y a aussi des fonds d’investissement et des sociétés émiratis qui ont choisi l’Algérie du fait de sa crédibilité et de l’attrait de son marché. Les capitaux investis portent actuellement sur environ un milliard de dollars.
Ces partenariats ont donné lieu à des sociétés par actions (Spa), lesquelles sont maintenant chargées de conduire et de réaliser des projets d’envergure. Elles vont ensuite exploiter les usines réalisées et commercialiser leurs productions. Elles bénéficient d’un management algéro-étranger, conduiront des programmes et assureront la recherche et le développement menés en commun. Je dirai enfin que ces partenariats ont été conçus, étudiés et négociés sur un principe cardinal qui est celui de la rentabilité. Tout a été établi à partir d’un business plan découlant de programmes de commercialisation et d’exportation de façon à ce que, sur la durée du partenariat projeté sur une trentaine d’années, ces sociétés dégagent une rentabilité au bout des cinq premières années et que les actionnaires perçoivent aussi des dividendes aussi au bout de la cinquième année.
-Quels sont les secteurs concernés en priorité par les programmes de partenariat ?
Conformément aux instructions du Haut commandement de l’ANP, nous nous sommes d’abord installés dans des sites qui étaient fermés. Il s’agit de plusieurs sites : à Khenchela, Tiaret et une partie de l’ENIE de Sidi Bel Abbès. Nous les avons intégrés et nous avons mis en place des programmes de partenariat. Nous avons aussi activé sur des sites industriels complètement structurés avec des technologies vétustes et gravement altérés par la perte de la majorité des parts de marché. Je peux citer le cas de l’ENMTP de Aïn Smara, l’usine de moteurs de Oued Hamimine, et la SNVI de Rouiba. Nous avons aussi créé pour les besoins de ces partenariats trois EPIC, celle des plateformes des systèmes électroniques de Sidi Bel Abbès, de l’industrie des véhicules à Tiaret, et celle de la promotion des industries mécaniques de Constantine.
Dans le secteur textile, pourvoyeur de tissus pour les besoins de la confection d’uniformes militaires, nous nous sommes aperçus ces dernières années que ce secteur courait vers sa disparition. Nous avons donc décidé de prendre en charge toutes les entreprises qui étaient pourvoyeuses de l’ANP, en l’occurrence les entités textiles de Batna, Béjaïa, M’sila, Souk Ahras, Tizi Ouzou, Tlemcen et
Sebdou. Ces entreprises ont été filialisées avec une grande entreprise du ministère de la Défense nationale, qui est l’EHC, et un important programme d’assainissement, de mise à niveau et de réorganisation en une seule entreprise, en l’occurrence l’Epe Eatit, leur a été consacré dans l’esprit de la filialiser aussi avec les partenaires étrangers.
Nous avons aussi procédé à l’ouverture directe de sites industriels qui étaient fermés depuis des dizaines d’années et qui sont maintenant entrés en production au profit de l’ANP, à l’exemple de l’usine de fabrication de chaussures de Bou Saâda. Je dois dire que toutes nos actions et nos projets s’inscrivent dans la participation de l’ANP à la relance économique du pays. Nous travaillons ainsi selon plusieurs directions, et le partenariat constitue pour nous la clé de voûte de la relance économique de notre pays.
-Il y aura donc des projets de partenariat même dans le secteur textile…
Notre premier souci est celui d’assure les approvisionnements de l’armée.
A un certain moment, nous nous sommes retrouvés dans une situation où il y avait risque imminent d’importer du tissu pour fabriquer nos tenues militaires, alors que ce tissu a été développé et réalisé dans des usines algériennes du secteur textile. Ces usines avaient des déficits énormes, n’assuraient plus aucun entretien de leur parc machines, et le marché informel les avait toutes mises à genoux. Mais, malgré cela, le ministère de la Défense nationale s’approvisionne de ce secteur. Notre soldat est habillé de la tête aux pieds avec des effets made in Algeria.
Cependant, ce secteur vivait une telle situation qu’il y avait péril en la demeure. Il y a eu alors une décision de prendre en charge tous les opérateurs du textile qui activaient à plus 70% de leur chiffre d’affaires en direction de l’ANP. Une importante opération d’assainissement et de mise à niveau est en cours, car nous étions convaincus que personne ne viendrait investir en tant que partenaire dans un secteur moribond. Actuellement, nous avons des contacts assez avancés avec des partenaires potentiels et nous avançons doucement. Ce qui est important maintenant, c’est que ce secteur soit devenu fournisseur attitré de l’ANP et des corps constitués, et il n’y a plus cette peur d’importer des produits textiles jadis fabriqués localement.
A vrai dire, le partenariat dans ce secteur ne va pas concerner l’ensemble des activités. Il touchera vraisemblablement la fabrication de tissus spéciaux, le tissu intelligent, du camouflage de protection, etc. Il y a des technologues dans le monde avec lesquels nous discutons pour essayer de les arrimer à ce partenariat.
-Il reste tout de même le problème des approvisionnements en matière première. On croit savoir que l’armée compte se sécuriser sur ce plan en lançant des projets de culture de coton…
L’industrie textile en Algérie est une industrie dont l’intégration est à la portée du pays. Je pense que dans les cinq prochaines années, l’Algérie va dominer toutes les phases qui caractérisent l’industrie textile, à savoir la filature, le finissage et la confection. Nous avons assez d’outils qui nous permettent d’ériger notre pays en  leader dans ce domaine. Quant à la matière première, il est vrai qu’il y a un effort qui doit être fait pour en assurer la production, notamment la fibre naturelle. Une réflexion a été faite par les pouvoirs publics pour pouvoir démarrer dans ce sens et associer, pourquoi pas, l’ANP. Cette réflexion concerne également l’industrie des hydrocarbures pour ce qui est de la fibre synthétique dont la production présente de réelles perspectives.
-Comparativement à la situation dans laquelle se trouvent les EPE et les contraintes auxquelles elles font face, les entreprises du secteur économique de la Défense jouissent-elles d’un quelconque avantage du fait de leur appartenance à un secteur stratégique, ou bien font-elles face aux mêmes problèmes (difficultés financières, manque de matières premières, concurrence déloyale à cause des importations, lourdeurs administratives, etc.)  ?
Nous avons des EPIC opérationnelles qui travaillent depuis longtemps. Nous, dans l’armée, nous n’avons pas d’entreprises déficitaires pour la simple raison que nous travaillons sur des commandes annuelles et en revolving. Quant aux EPE, l’Etat a mis les moyens pour mettre à niveau ces entreprises et impulser ces partenariats. L’Etat a fait un effort d’assainissement très important, notamment pour la SNVI, l’ENI de Sidi Bel Abbès, le complexe des moteurs de tracteurs de Constantine et pour l’ENMTP de Aïn Smara.
Cet effort a été accompagné d’un investissement financé selon des conditions bonifiées et des dotations en capitaux au profit de leurs filiales. Elles ont été également dotées, pour la plupart, de subventions de démarrage, ce qui a permis de présenter au partenariat des opérateurs économiques sains. C’est ce qui a créé, d’ailleurs, cette situation de confiance entre nous et nos partenaires étrangers. Cette fois-ci, je suis convaincu qu’il y a, pour les EPE, une part de marché à reprendre localement et des perspectives d’exportation. Sans programme de partenariat, je ne pense pas que ces entreprises auraient bénéficié d’un soutien de cette envergure de la part de l’Etat.
-Dans vos négociations avec vos partenaires, comment avez-vous traité la question de la formation et du transfert technologique ?
C’est une question pertinente, en ce sens que le transfert technologique et du savoir-faire constitue la pierre angulaire de la réussite d’un partenariat et de tout projet industriel dans notre pays qui vise, en fait, l’exploitation pure et dure d’une licence, d’un brevet ou d’une propriété intellectuelle. Selon une forme organisée et réglementée de par le monde. Nous n’avons, dans ce cas, rien à inventer en méthodologie. Quant à la formation, à la DFM nous avons pris l’exemple de ces industriels allemands pour qui la formation, notamment la formation professionnelle, constitue la colonne vertébrale de la réussite de leurs produits et de leurs marques.
Cette formation, ils l’ont subdivisée en trois niveaux : le premier concerne la formation de base dispensée par l’enseignement étatique, mais qui fait l’objet d’une attention et d’un suivi permanents par les opérateurs industriels. Des centres de formation sont ainsi installés autour des grandes villes industrielles. Le deuxième niveau concerne la formation de mise à niveau prise en charge par l’opérateur industriel et la formation spécifique qui prépare aux postes. Il y a enfin la formation continue et le recyclage pour lesquels aucun employé ne peut se dérober. Nous, nous essayons d’adopter ce type de formation. Il y a des formations duales qui se déroulent en entreprise et au centre de formation et nous avons, pour cela, des centres dans nos usines qui constituent un atout de réussite introduit par ces partenariats. Nous engageons également avec nos partenaires des programmes d’assistance technique en formation, dans lesquels des incubateurs sont inclus.
Ce sont des formateurs envoyés chez nos partenaires pour les inclure à leur retour dans les centres de formation. Je tiens à souligner, par ailleurs, l’assistance du ministère de l’Enseignement professionnel qui n’a pas lésiné sur les moyens matériels et d’engineering pour soutenir notre action. Mais le grand défi à relever à l’avenir concerne le management. Il y a un grand effort à faire dans ce sens, et nous pensons qu’avec l’assistance de nos partenaires, nous aurons beaucoup à apprendre en matière de gestion et de management d’entreprise.
-La Russie, traditionnel pays pourvoyeur de l’Algérie en armement et équipements militaires, n’est apparemment pas concernée par les programmes de partenariat que vous avez lancés. Pourquoi l’ANP préfère-t-elle aujourd’hui recourir aux pays occidentaux pour établir ses partenariats ?   
Dans le périmètre industrie, nous avons des partenaires européens, du Moyen-Orient de l’Asie, mais aussi des partenaires issus de pays que vous citez. Nous avons, par exemple, un partenariat en montage avec des sociétés chinoises et nous avons des perspectives en matière de partenariat avec des opérateurs russes et des compagnies américaines. Ce qu’il faut savoir, c’est que nous avons reçu des orientations claires pour industrialiser des produits militaires, selon un cahier des charges précis et fixé par les plus hautes autorités de l’ANP, et c’est à nous de concrétiser les voies et moyens de les industrialiser. Il nous est demandé aussi de rentabiliser nos activités. C’est la raison pour laquelle nous sommes sur des actions durables, avec le souci que le produit militaire fabriqué soit conforme aux exigences de l’utilisateur, tout en essayant d’implémenter des technologies durables et porteuses de développement.
-Est-il possible d’établir une estimation de ce que représente l’industrie militaire dans l’économie nationale, sa part dans le PIB du pays, son chiffre d’affaires et les emplois qu’elle assure ?
En matière de PIB, la base industrielle et de technologie de défense fait partie intégrante du tissu industriel national. Quand on analyse la part de cette industrie dans le PIB général, elle est minime, soit de 5 à 6% seulement. Mais je pense, et j’en suis convaincu, que le prochain plan quinquennal, lorsque tous ces projets seront opérationnels, nous pourrons, selon des estimations établies dans les plan vision de l’industrie, atteindre la part de 10%. Cela nous permettra de nous ériger en tant que pays producteur et exportateur et nous permettra, aussi, de supprimer cette économie informelle et cette dépendance aux hydrocarbures.
En termes de valeur ajoutée pour notre pays, il y aura des retombées en matière d’emplois pérennes. Actuellement, le secteur industriel militaire fait travailler 15 000 à 17 000 employés civils. Nous passerons, grâce à ces projets de partenariat, dans une première phase à 25 000 emplois directs, sans compter les emplois créés par les entreprises sous-traitantes pourvoyeuses de ces partenariats et pour lesquelles l’Etat a consenti un grand effort d’assainissement et de mise à niveau. Nous estimons, dans les analyses faites avec nos partenaires, créer pas moins de 20 000 emplois dans la sous-traitance, notamment dans la mécanique. Pour nous, il y a un plan stratégique pour une mise à niveau réelle de l’industrie mécanique, électronique et manufacturière du pays qui étaient, faut-il le rappeler, le fer de lance de notre industrie nationale dans les années 70’. 
Lyès Mechti

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