Politique

GHAZA : LA MACHINE D’EXTERMINATION ISRAELIENNE ET LE PARAPLUIE STRATEGIQUE OCCIDENTAL par Abdelatif Rebah

GHAZA : LA MACHINE D’EXTERMINATION ISRAELIENNE ET LE PARAPLUIE STRATEGIQUE OCCIDENTAL



Depuis bientôt un mois, Ghaza vit sous un déluge de fer et de feu de l’armada israélienne qui sème la mort et la désolation dans la population palestinienne ghazaouie avec la complicité active des puissances occidentales et de leurs alliés arabes. Ghaza, un tout petit bout de territoire de forme rectangulaire de 41 km de long et 6 à 12 km de large, 360 km2 de superficie, une minuscule enclave cernée par l’entité coloniale israélienne au sol et par la mer, où s’entassent 1 800 000 Palestiniens, l’une des plus fortes concentrations de population au km2, dans le monde, 5000 personnes. Même au plus fort de la guerre d’indépendance de notre pays, la population de la Casbah n’avait pas dépassé, sur la même superficie, 100 000 habitants.
Sur ce petit bout de terre, à peine de la taille de la Casbah d’Alger, les Palestiniens ont affronté, en moins de 10 ans, trois terribles agressions meurtrières israéliennes, des attaques terrestres, aériennes et marines massives et totales sur la bande de Gaza, baptisées en 2006, « Pluies d’été », en 2008/2009 « Plomb Durci », en 2012 « Pilier de la Défense » , sans parler de leur lot quasi-quotidien d’innombrables attaques individuelles entre et depuis le 6 juillet, ils font face à une entreprise guerrière baptisée, «Bordure protectrice », dont le caractère génocidaire est de moins en moins nié et est presque même revendiqué.
Depuis quatre semaines, les forces israéliennes pilonnent l’enclave côtière assiégée sans relâche par terre, mer et air. Cette énième attaque israélienne contre Gaza qui dure encore à ce jour a fait déjà, bilan très provisoire, 1.664 morts et 8.920 blessés. Au moins 80% des victimes sont des civils. Plus de 9200 maisons ont été détruites. 133 écoles ont été bombardées, 41 mosquées ont été rasées. Israël a maintenu toutes les frontières bouclées, avec l’assistance de l’Égypte ; les personnes déplacées n’ont nulle part où fuir, cherchant désespérément un abri dans cette immense prison à ciel ouvert. Car, où s’abriter quand les écoles y compris celles de l’ONU sont bombardées, les hôpitaux sont bombardées, les mosquées sont bombardées, bref tout ce qui tient debout est systématiquement rasé. Les Israéliens appellent cela « tondre la pelouse », une œuvre à laquelle ils s’adonnent avec frénésie régulièrement, sous des noms de codes divers, l’herbe à « tondre » en l’occurrence, se composant majoritairement de civils palestiniens, d’enfants, de femmes, tués sans distinction avec la précision foudroyante de l’armement ultra sophistiqué d’Israël. Les enfants en sont la cible privilégiée, ils représentent 30 pour cent des victimes civiles », a déclaré l’UNICEF, l’agence de l’ONU pour les enfants. Entre le 8 juillet et le 2 août 2014 (jusqu’à 11h00), au moins 296 enfants palestiniens ont été tués à la suite de raids aériens et des bombardements par Israël, par air, mer et terre, » a dit l’organisation. Le bilan se décompose en 187 garçons et 109 filles, 203 étant âgés de moins de 12 ans dont un nombre impressionnant de nourrissons. A la rentrée scolaire prochaine, en septembre, combien d’écoles pourront rouvrir, combien d’enseignantes et d’enseignants ne figureront plus sur les listes, combien d’enfants manqueront à l’appel ?
Soumis à des bombardements incessants, les Ghazaouis sont coupés du monde et ne savent pas ce qui se passe. Plus d’électricité du tout dans la ville.
– Plus d’eau, ils sont obligés de chercher l’eau dans les écoles de l’ONU.
– Plus de réseau téléphonique, Israël a bombardé la majorité des centres téléphoniques.
– Ils font la queue 3 heures par jour à la boulangerie pour avoir un paquet du pain.
– Plus de frigo, comme il n’y a plus d’électricité. On peut deviner ce qu’il en est de la conservation des médicaments… quand il y en a.
– Plus d’eau potable, les camions qui vendaient l’eau, ne viennent plus.
Malgré la disproportion aveuglante des forces, le peuple palestinien résiste héroïquement suscitant la sympathie et la solidarité de forces de plus en plus larges et nombreuses dans le monde entier. La résistance palestinienne a réussi à infliger des pertes cuisantes à un ennemi sans foi ni loi mais qui dispose d’un permis de tuer « validé » par la « Communauté internationale » (sic !), Etats-Unis en tête.


Un permis de tuer « validé » par la « Communauté internationale » (sic !), Etats-Unis en tête.


Des Palestiniens, Obama exige toujours plus, il les accuse de crimes »barbares », les menace, Ban Ki Moon, lui, se répand en déclarations pour que les « « belligérants »(re-sic !) observent « le maximum de retenue », pendant que Hollande, Merkel, Cameron, affichent au grand jour, leur soutien à leur ami Israël, qui, lui, bombarde sans répit, de jour comme de nuit… Pendant que la machine d’extermination Israélienne se déploie à grande échelle et au grand jour, les Etats-Unis réalimentent les stocks d’armements israéliens, tandis que la Chambre des représentants adopte une proposition de loi permettant de sanctionner les banques qui soutiennent financièrement… le Hezbollah et que Le Qatar achète pour 11 milliards de dollars d’armements aux Etats-Unis, histoire de combattre le chômage dans cette économie malade.
Qu’importe que le prétexte de ces massacres soit mensonger, que les trois jeunes Israéliens à l’origine des massacres à Gaza aient été assassinés vraisemblablement par un Israélien et non par des Palestiniens, c’est la loi du plus fort, il n’est pas tenu de fournir de preuves, ni de rendre des comptes. Comme il n’y a pas eu de preuves pour les ADM de Saddam Hussein, ni pour le pseudo bombardement kadafien de Benghazi, ni pour la soi disant guerre chimique de Bachar El Assad, et qu’il n’y en a toujours pas pour le vol malaisien « abattu par les (pro) russes »,en Ukraine etc, etc. Cela fait belle lurette que les Occidentaux ne s’embarrassent plus de preuves.


Les médias mainstream en ordre de bataille


Inutile d’aller chercher une bouffée d’oxygène pluraliste dans l’explosion des bouquets satellitaires de la planète médiatique occidentale. Un même et unique couplet tourne en boucle, démultiplié aux quatre coins de la Terre. Quand on a vu un journal télévisé, on en a vu cinquante : 50 terrorisme palestinien à Ghaza, 50 menace nucléaire iranienne, 50 dictature de Chavez au Venezuela, 50 armes de destruction massive de Saddam Hussein, etc., etc. Une gigantesque entreprise de formatage des esprits qui, non seulement nous qualifie les choses mais nous désigne aussi les mots pour les dire.
Disposée pratiquement en ordre de bataille, une armada de médias en particulier européens et nord-américains dotée d’une puissance manipulatrice tentaculaire prodigieuse, quadrille l’information pour que n’en émerge qu’un seul et même son démultiplié aux quatre coins du monde : Israël est menacé, il a le droit de se défendre par tous les moyens. Une infinité incroyable de contorsions langagières, de formules stylistiques et autres tours de passe-passe journalistiques sont déployés inlassablement, toute honte bue, pour couvrir le crime israélien, expliquer et justifier le « droit d’Israël à massacrer » des Palestiniens, pour étouffer la voix des femmes et des hommes dont une part grandissante d’origine juive, épris de paix et de solidarité et révoltés par l’impunité dont jouissent les dirigeants israéliens. Ceux qui, fidèles à l’éthique du métier et soucieux d’objectivité, ne suivent pas la ligne dictée par les Israéliens et leurs relais, sont intimidés, mutés arbitrairement, menacés…
Armés du lexique des médias mainstream, on apprendra qu’il ne faut pas dire agression israélienne mais « incursion » israélienne. Incursion évoque un déplacement sur la pointe des pieds avec « le maximum de retenue » comme dirait Mr. Ban KI Moon le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. On s’interdira de parler de guerre contre Ghaza pour dire le « conflit avec le Hamas » ou de raids barbares quand il faut parler de « frappes aériennes ». Israël a bombardé des écoles de l’ONU, il faut alors écrire, elles ont été touchées par un tir israélien. Et si l’on ne peut plus cacher qu’il y a crimes de guerre israéliens, il faut obligatoirement associer à cet aveu, le qualificatif « possibles » et la nuance « selon l’ONU »,etc ;etc. Les exemples de la complicité des médias occidentaux avec le crime israélien sont légion.

Pourtant une simple comparaison du nombre de victimes et de la qualité de celles-ci suffirait pour dire ce qu’est véritablement cette guerre de Ghaza : la résistance d’un peuple qui lutte pour sa libération nationale contre un Etat occupant surarmé et suréquipé qui veut lui dénier ce droit par la force des armes.80% au moins des victimes palestiniennes sont des civils, avec un part très élevée de femmes et d’enfants quand sur les 66 victimes israéliennes, officiellement reconnues, 63 sont des militaires.
Pourtant, les Palestiniens ne demandent pas l’impossible : il s’agit de cesser l’agression, de lever le blocus de Gaza et d’ouvrir tous les terminaux. Depuis 2007, Ghaza est soumis à un blocus impitoyable par Israël qui a imposé la fermeture totale des passages commerciaux qui relient la bande de Gaza au monde extérieur. Cette fermeture empêche la libre circulation des importations et des exportations des biens et produits de Gaza, en particulier les matières premières et les produits semi-​​finis. Toutes les exportations ont été interdites, les Palestiniens ne peuvent exporter les produits agricoles de Gaza connus pour leur qualité, notamment les fraises, les tomates et les oranges, vers les marchés externes. La surface cultivée a diminué de 15% depuis 2007. Quant aux importations, 130 à 180 camions seulement sont autorisés à entrer à Gaza chaque jour, mais la moitié de ces camions sont pour les orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales et leurs projets de construction d’écoles et de stations d’eau. Gaza n’a droit qu’à 90 produits au lieu de 750 avant le blocus, quelques produits et médicaments n’entrent pas, ce qui a aggravé la situation. Israël a également strictement interdit une série d’articles incluant papier A4, chocolat, coriandre, crayons, la confiture, les pâtes, le shampooing, les chaussures et les fauteuils roulants. Selon les estimations des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales, la bande de Gaza a besoin de750 camions par jour pour répondre aux besoins énormes d’une population en augmentation permanente. A cause du manque de matières premières, des industries de qualité, notamment les vêtements, le tissu et le bois, ont quasi totalement disparues disparues. Le secteur de la pêche souffre énormément du blocus israélien, les pécheurs Gazaouis sont interdits de dépasser 400 mètres dans l’eau de Gaz
On a eu maintes et maintes occasions de le vérifier. La boussole des «droits de l’homme» perd le Nord dès qu’il s’agit des intérêts occidentaux. En juin 2001, 23 Palestiniens rescapés de la tuerie de Sabra et Chatila avaient porté plainte, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de génocide contre Ariel Sharon, qui était à l’époque des faits ministre israélien de la Défense. La Cour de Cassation de Bruxelles, par décision du 24 septembre 2003, prononcera le dessaisissement de la justice belge pour les plaintes déposées contre le Premier ministre Ariel Sharon et les officiels israéliens. La chambre des mises en accusation de la cour d’appel de Bruxelles a jugé que la plainte, déposée au nom de la loi belge dite de «compétence universelle», était irrecevable car M. Sharon « n’a pas été trouvé sur le territoire du royaume de Belgique». En novembre 2009, les tribunaux norvégiens qui ont une compétence universelle dans le domaine des droits de l’homme décident de ne pas donner suite à une plainte pour crimes de guerre déposée à l’encontre de hauts responsables israéliens dont l’ex-ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni et l’ex Premier ministre Ehud Olmert pour « crimes de guerre » à Ghaza. La même année, la Cour pénale internationale de La Haye dont le procureur était alors le fameux Luis Moreno-Ocampo, s’était déclarée non compétente pour les crimes israéliens commis sur la population de Ghaza, lors de l’opération « Plomb durci » qui a ôté la vie à 1300 Palestiniens
Est-il besoin d’un croquis pour démontrer que les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité commis par Israël au cours de « l’opération » (sic !) « Bordure protectrice » ne connaitront pas une autre suite ?
A.R
*En termes de superficie, la bande de Ghaza c’est un territoire de la taille d’Alger assiégé de tous les cotés et soumis périodiquement et pendant des semaines au pilonnage terrestre, aérien et maritime incessant de l’une des plus grandes armadas du monde, l’armée israélienne..Des quartiers ghazaouis de la taille de la Casbah, 61 ha, sont la cible de ces opérations que les Israéliens appellent « tondre la pelouse ».Si la lettre de la comparaison appelait des précisions, dans son esprit, elle rend compte du caractère de boucherie de la guerre israélienne contre le peuple palestinien à Ghaza

Les commentaires sont clos.