Société

Initiative citoyenne: Droit de réponse aux attaques du Soir d’Algérie contre le boycott culturel d’Israël



Dans votre édition du 12 août 2015 du soir d’Algérie, la journaliste Sarah Haider, fait état de la lettre ouverte au ministre de la culture initiée par un groupe de citoyens lui demandant d’ordonner le retrait des films algérien du Festival de Locarno dont cette édition se déroulait en partenariat avec « l’Israël Film Fund » , un organisme d’Eta israélien relevant du ministère des A.E et chargé, en rapport avec les ambassades d’améliorer l’image de cet Etat.
L’article exprime une attaque en règle contre cette lettre que nous aurions comprise et admise dans une opinion, une tribune ou une chronique.
Il affirme sans citation qu’il s’agit d’un appel à la censure et à l’autoritarisme . La critique de la pétition s’est faite sur la seule base de l’opinion d’un cinéaste anti-boycott, Yanis Koussim.
Le texte de la pétition est clair et précis mais permettez-nous d’insister sur les points suivants:
1-La pétition est une initiative citoyenne qui n’a rien à voir avec un comité BDS, qui n’existe pas encore malgré notre intention de le créer.
2- Notre réaction fait suite à l’appel des cinéastes palestiniens à annuler le partenariat entre le Festival de Locarno et le gouvernement israélien, 200 professionnels du cinéma ont répondu positivement à cet appel. Appel qui n’a jamais été annulé
3-Elle fait suite également à la réaction courageuse et responsable des cinéastes tunisiens qui ont assumé leur responsabilité en boycottant le festival
Nous dénonçons le mépris à l’endroit des cinéastes tunisiens et de leur intelligence : » Au même moment, un groupe de cinéastes tunisiens décident de boycotter l’événement, sans doute victimes d’une certaine désinformation ».
4- Monsieur Yanis koucim et la journaliste justifient la participation Algérienne, en insistant sur l’impossibilité de le faire par exemple dans le festival de Cannes. Le BDS n’appelle pas au Boycott des manifestations où sont présentes des productions d’Israël mais de celles qui mettent à l’honneur cet Etat ou servent de tremplin à sa propagande.
5-la lettre n’appelle à aucune sanction contre les cinéastes qui ont le droit de choisir leurs orientations politiques et esthétiques mais demande à l’Etat de se  » démarquer de cette normalisation avec Israël  »
6-l’appel au boycott de ce festival, n’est pas contradictoire avec le boycott nécessaires d’autre produits qui envahissent à notre insu notre pays.
7- L’article nous accuse d’appeler à des sanctions contre les journalistes :  » Le dernier exemple est ce communiqué de BDS Algérie qui réclame … mais aussi, implicitement, des sanctions contre les réalisateurs». Il s’agit là, clairement d’une intention diffamatoire et d’un procès en sorcellerie. Nous en tiendrons compte.
Elle touche par ricochet 200 réalisateurs, de haut niveau, (Ken Loach , Eyal Sivan…etc ) qui ont dénoncé la collaboration entre le festival et Israël.
Nous sommes profondément déçus que Le Soir d’Algérie soit le premier support d’attaques contre le boycott culturel d’Israël.
Nous vous demandons de publier ce droit de réponse et l’intégralité de notre lettre pétition, sans préjuger des recours que nous autorise le droit.

le jeudi 20 août 2015.




lettre ouverte au ministre de la culture :
À l’attention : de Monsieur le Ministre de la culture (Algérie)



Des films de nationalité algérienne participent au Festival de Locarno, dans son édition 2015, spécifiquement dédiée à Israël.

Il s’agit bien d’une opération dédiée à un Etat et à sa politique coloniale sous prétexte culturel.
La participation d’œuvres du cinéma Algérien au festival de Locarno, constitue un rapprochement inattendu et regrettable avec Israël, dans la mesure où ce festival a décidé de placer Israël au cœur de ce festival en lui donnant carte blanche, cela en coopération financière étroite avec le fond israélien du film. Ce financement du gouvernement israélien fait partie d’une stratégie visant à effacer l’impact négatif des tueries israéliennes contre les palestiniens sur l’opinion publique internationale et éviter les sanctions et le boycott.

Conscient des enjeux de cette offensive israélienne sur le plan médiatique et politique, le PCABI (Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel), a lancé un appel en avril dernier intitulé : « Ne donnez pas carte blanche à l’apartheid israélien » et signé par plus de 200 cinéastes, artistes et acteurs culturels. Cet appel est entendu par nos frères tunisiens, mais malheureusement un certain nombre de nos réalisateurs semblent l’ignorer.

Même si l’invitation de ces cinéastes s’est faite sans consulter le Ministère, l’état Algérien ne peut se dérober au constat que l’Algérie est présente à ce Festival en tant que pays producteur et que détenteur exclusif du droit d’accorder la nationalité algérienne aux personnes ou aux créations de l’esprit. Il a le devoir d’user de son autorité compte tenu du fait qu’il participé au financement de ces films et même si ce n’est pas le cas, le tournage s’est fait en Algérie avec l’aide des autorités nationales et ces films seront présenté comme représentatifs du cinéma Algérien autrement dit vont représenter l’Algérie à ce festival. A défaut de toute influence sur les événements, l’Etat algérien a l’obligation politique de se démarquer de cette normalisation avec Israël et qu’il ne la couvre ni par son silence ni par son laxisme à l’endroit de complicités internes évidentes.

La cause palestinienne, en Algérie, a toujours été considérée comme étant une cause Algérienne. La défense de cette cause implique que nous soyons solidaires et engagés dans le boycott d’Israël sur tous les plans. Malheureusement nous observons de plus en plus une tendance visant à rompre avec cette solidarité et à normaliser les relations avec Israël, alors que la situation des palestiniens ne fait qu’empirer et le déni de leurs droits les plus élémentaires devient de plus en plus scandaleux. La société israélienne, du fait d’une politique de droite brutale et arrogante, est devenue de plus en plus criminogène. Nous sommes encore sous le choc du crime commis contre un bébé brûlé vif qui démontre on ne peut mieux la violence extrême pratiquée contre les palestiniens pour les obliger à accepter l’ordre injuste et inhumain qui leur est imposé, ce que la hassabara tente de masquer en faisant la promotion d’une image positive de cette société.

La carte blanche donnée au cinéma israélien dans ce festival, est en fait une carte blanche donné par ce festival pour que les crimes contre les palestiniens se poursuivent en toute impunité. En tant qu’Algériens nous refusant que le cinéma vienne effacer les traces des crimes au niveau des consciences et nous refusons que la solidarité Algérienne avec la cause palestinienne soit remise en cause, car nous avons bénéficié de la solidarité arabe durant notre guerre de libération et nous ne pouvons admettre que nos responsables et nos hommes de culture soient traités d’ingrats irresponsables.

Monsieur le Ministre, nous attendons de vous un geste fort pour clarifier la position de l’Etat algérien à l’endroit de cette normalisation ouverte et conquérante avec l’Etat d’Israël et s’il n’est pas trop tard une demande de retrait des films Algériens.

Veuillez agréer l’expression de nos salutations citoyennes.

Les commentaires sont clos.