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Le film Opération Maillot sortira dans quelques mois

cinéma : Le film Opération Maillot sortira dans quelques mois

Le film Opération Maillot, une fiction dédiée à Henri Maillot, mort pour l’indépendance de l’Algérie en 1956, est en cours d’achèvement et sera prêt dans les tout prochains mois, a-t-on appris auprès du producteur exécutif, Yacine Laâloui.
LE : 02-04-2015 | El moudjahid



Le film Opération Maillot, une fiction dédiée à Henri Maillot, mort pour l’indépendance de l’Algérie en 1956, est en cours d’achèvement et sera prêt dans les tout prochains mois, a-t-on appris auprès du producteur exécutif, Yacine Laâloui. Retenu en 2012 au programme « cinéma » du ministère de la Culture pour la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie, Opération Maillot est la première fiction réalisée sur le parcours d’un combattant algérien d’origine européenne, mort les armes à la main. Le film, dont le scénario est co-écrit par le réalisateur, Okacha Touita, et la scénariste française Nadia Char, est actuellement en phase finale de post-production, et sera prêt dans moins de trois mois, a indiqué à l’APS, Yacine Laâloui, responsable de la société de production « Laïth Média ».
Né le 11 janvier 1928 à Alger, Henri Maillot a grandi à Clos Salembier (El-Madania actuellement). Il rejoint très tôt le PCA (Parti communiste algérien), après avoir été secrétaire général de l’Union de la jeunesse démocratique algérienne (UJDA), une organisation démocratique mixte. Début 1956, les armes manquent cruellement à l’ALN (Armée de libération nationale) dans les maquis. Avec l’accord du PCA, Henri Maillot, alors sous-officier dans les rangs de l’armée française, détourne, le 4 avril, un camion d’armes et de munitions, avant de rejoindre un mois plus tard le maquis dans les monts de l’Ouarsenis. Avec un petit groupe, il met sur pied les CDL (Combattants de la libération) de l’Ouarsenis qui devait constituer, avec d’autres groupes de Tlemcen et des Aurès, les premiers noyaux de maquisards communistes. Après plusieurs attentats et opérations de sabotage, Maillot et ses compagnons sont accrochés par les « harkas » — supplétifs — du bachaga Boualem.
« L’aspirant félon », ainsi que le surnommait la presse coloniale de l’époque, tombe au champ d’honneur le 5 juin 1956 dans la forêt de Beni-Boudouane, du côté de l’actuel Chlef. Son corps criblé de balles sera exposé pendant de longues heures sur la place de la petite localité de Lamartine (El-Karimia, aujourd’hui). Dans une lettre adressée à la presse et publiée par des journaux parisiens, Maillot affirmait : « Je ne suis pas musulman, mais Algérien d’origine européenne.
Je considère l’Algérie comme ma patrie (et) je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. En livrant aux combattants algériens les armes dont ils ont besoin pour le combat libérateur (…) J’ai conscience d’avoir servi les intérêts de mon pays et de mon peuple. » Ce n’est qu’en 1986, près d’un quart de siècle après l’indépendance, qu’Henri Maillot sera reconnu comme membre de l’ALN. Ses compagnons d’armes et nombre de ses compatriotes d’aujourd’hui regrettent qu’aucune rue d’Alger, ou d’ailleurs en Algérie, ne porte à ce jour son nom



TEMOIGNAGE*

Les armes d’Henri Maillot



Le colonel Ahmed Ghebalou, acteur et témoin de la réception d’un lot d’armes pour les maquis de Cherchell et de Miliana, déclare : « Les trois éléments rescapés du « Maquis rouge » dont Mustapha Saadoun sont d’importants cadres du PCA. Il faut noter que dans la région de Duperré (Aïn Defla), Rouina ou Carnot, se trouvent beaucoup d’adhérents ou d’amis du Parti communiste algérien. Un jour, un élément de Rouina, prénommé « Abdeslam », agent de liaison, se présente dans la région de Cherchell, qui était déjà avancée dans son processus d’implantation des maquis, au douar Souahlia, chez Larbi Mokhtari. Abdesselam s’annonce au poste et demande à être reçu car porteur d’une importante information. Je le reçois et il m’annonce : « Avez-vous besoin d’armes ? Je suis prêt à vous indiquer l’emplacement où elles se trouvent. Ce sont des armes automatiques (mitraillettes Sten) et elles proviennent du camion détourné par Maillot ».
Abdeslam ajoute : « Toutefois, il y a une condition : vous devez accepter parmi vous Mustapha Saadoun, rescapé du groupe d’Henri Maillot, dans votre zone, au sein de la wilaya IV. »
Comment refuser cet homme, militant de la première heure (milite dès 1945) et natif de Cherchell ! Quelle aubaine pour les combattants que ce lot d’armes inespéré atterrisse chez nous, et c’est avec joie que j’accepte et les armes et l’intégration de Mustapha Saadoun à la zone 2 de la wilaya IV.
Immédiatement, un groupe est constitué pour la récupération des armes, conduit par Abdeslam à Beni Boudouène ; 32 mitraillettes de type Sten, avec leurs munitions sont réceptionnées et convoyées vers la région de Cherchell.
Entretemps, les responsables des maquis de la région de Miliana apprennent que des armes, en provenance de Maillot, ont été récupérées dans la région de Lamartine par le groupe de la zone 2 de la wilaya IV ; or, dans le découpage provisoire, (les faits se passent avant le congrès de la Soummam), Lamartine n’appartenait pas au territoire de compétence des éléments de la zone 2 de la wilaya IV. C’est pourquoi, les hommes de la future zone 3 de la wilaya IV se sont présentés, réclamant la restitution des armes, puisque Beni Boudouène,
géographiquement parlant, ne fait pas partie de ma zone de compétence. Ces responsables sont : le futur chef de zone Ahmed Allili, Si Omar Benmahdjoub, Si Mohamed Bounaama (syndicaliste connu dans la région de Miliana), Abdelkader Belkebir et Si Bellahcène Kouza.
La discussion fut âpre, et très vive entre ces moudjahidine et Ahmed Noufi et moi-même, car nous ne voulions à aucun prix céder ces armes. Après maintes tergiversations et mûre réflexion, nous sommes parvenus à un compromis, et avons accepté de céder un tiers des mitraillettes, 11 STEN, au groupe de Miliana.
Ce lot d’armes inespéré, ainsi que les munitions, ont servi à mener des actions qui ont permis de récupérer d’autres armes à l’ennemi, à implanter de nouveaux maquis armés, à mobiliser la population ; ce fut l’occasion d’un bond qualitatif et quantitatif dans nos actions, puisque notre puissance de feu a été multipliée par cent ! Le sacrifice d’Henri Maillot et de ses quatre compagnons n’a pas été vain ! »
D’après Ahmed Ghebalou, un questionnement demeure : « Pourquoi ce lot a-t-il atterri dans la zone 2 de la wilaya IV, qu’un inconnu, « Abdeslam », est venu proposer, à condition d’accepter le transfert de l’un des rescapés du « Maquis rouge », à savoir Mustapha Saadoun ? Serait-ce à son instigation ? Si c’était le cas, ce serait donc Mustapha Saadoun, rescapé du groupe Maillot, qui aurait choisi le transfert de ce lot vers le maquis de Cherchell ? La question ne lui a pas été posée. »
(Témoignage recueilli par Nora Sari, auteure du roman « Noces de Cherchell »)

*L’article, paru dans la revue Mémoria (supplément d’El Djazair. Com) n°24 du mois de mai 2014, nous a été transmis par Mohamed Rebah, chercheur en histoire, auteur du livre Des chemins et des Hommes dont le compte-rendu a été présenté par Nora Sari dans le même numéro.

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