Histoire

LE SOUFFLE DE LA RÉSISTANCE : LA MOUDJAHIDA DJAMILA BOUHIRED AU LEVANT

LE SOUFFLE DE LA RÉSISTANCE : LA MOUDJAHIDA DJAMILA BOUHIRED AU LEVANT
mardi 10 décembre 2013
UNE MOUDJAHIDA AU LEVANT

par M. Saadoune
Le Quotidien d’Oran
le 10 décembre 2013

Les Libanais, Beyrouth et le Sud-Liban, région symbolique de résistance, ont rendu un hommage éclatant à Djamila Bouhired. En sa présence et de son vivant, pourrait-on dire, dans un monde arabe où l’on a tendance à attendre que les grands acteurs et témoins quittent la scène pour un hommage furtif. L’hommage a été organisé avec beaucoup de finesse politique par la chaîne Al-Mayadeen qui lui a donné une forte amplification médiatique à l’échelle du monde arabe.

Il y avait dans l’événement, c’est une évidence, beaucoup plus qu’une célébration militante d’une dame devenue une icône de la révolution algérienne et une légende dans le monde arabe. Une légende vivante qui a très clairement accepté que ceux qui la célèbrent aujourd’hui se réfèrent à ce qu’elle incarne par excellence : l’esprit de résistance. Car il s’agit bien de politique et non pas de gesticulation mélodramatique tant prisée par les régimes arabes. C’est bien dans l’esprit de continuité historique qui a caractérisé la rencontre, samedi, entre Hassan Nasrallah et Djamila Bouhired. L’hommage n’était pas nostalgique mais politique, lié au présent même s’il se fait à travers une figure emblématique dont le nom est déjà entré dans l’histoire.

Le directeur d’Al-Mayadeen, Ghassan Ben Djeddou, a trouvé les mots pour le dire. Ce n’est pas seulement à Djamila Bouhired que l’hommage a été rendu mais « pour nous-mêmes, pour notre histoire, pour notre réalité, pour les générations futures »… C’est un hommage rendu dans un « temps ambigu » à qui « Djamila Bouhired donne la clarté dont nous avons besoin ». Et les temps sont en effet très ambigus avec des régressions obscurantistes, des polarisations sectaires et un révisionnisme insidieux qui revêt des aspects tragiques. Comme si les vicissitudes d’un présent défiguré devaient servir à dénier toute valeur aux notions de résistance, de combat pour la liberté et de lutte pour le progrès et les droits.

L’hommage libanais à Djamila Bouhired n’était donc pas une commémoration aseptisée, une habituelle célébration pour télévision officielle. C’était bien pour les résistants dans le monde arabe un acte politique concret. Car il est grand besoin de ce marqueur pour situer les lignes de fracture, évaluer les enjeux et déchiffrer des réalités troublées. Mais aussi pour proclamer la continuité de lutte. Revendiquer ouvertement Djamila Bouhired en tant que référent exprime la volonté de signifier à tous, amis et ennemis, ce qu’incarne l’esprit de résistance. Le message est limpide. La résistance libanaise réaffirme devant l’histoire mais surtout pour aujourd’hui que le combat pour la liberté, pour le progrès, contre la domination impériale et contre l’obscurantisme continue. Et avec la moudjahida, c’est l’immense souffle de la révolution algérienne qui était présent même si aujourd’hui l’Algérie est dans le reflux, le retrait et le profil bas.

Ces journées d’un émouvant hommage libanais sont venues rappeler combien le combat des Algériens et leur révolution demeure une phase lumineuse pour de nombreux citoyens dans le monde arabe. Une affaire intime et une cause commune un motif de dignité et de fierté une soif inextinguible pour la justice et la dignité.
Ceux qui résistent encore proclament que le souffle révolutionnaire algérien n’a pas été annihilé par les échecs. Qu’il inspire encore celles et ceux dans le monde arabe qui continuent de croire que la libération est au bout des luttes et qu’elle se conjugue avec le progrès et l’effacement des injustices.
FMM
VIDEO: [rouge]Djamila Bouhired, l’icône de la révolution algérienne, honorée au Liban
le 4 décembre 2013[/rouge]

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