Société

POLÉMIQUE AUTOUR DE LA NON-OBSERVANCE DU JEÛNE PAR LES OUVRIERS ESPAGNOLS DU CHANTIER DU TRAMWAY

Qui veut manipuler les Ouarglis?

Par Walid AÏT SAÏD – 04 Juillet 2015 l’expression


La presse arabophone rapporte que la rue Ouarglie est de nouveau en colère
Le timing, le genre et le contexte de cette nouvelle polémique ne peuvent que nous laisser pantois sur la spontanéité de cette réaction.

On croyait y avoir échappé pour ce Ramadhan, mais la stérile polémique sur les non-jeûneurs est bel et bien là! Elle a même fait un retour en force du fait que les «accusés» ne sont pas des Algériens musulmans mais des…ouvriers espagnols du chantier du tramway!
En effet, des titres de la presse arabophones rapportent que la rue Ouarglie est de nouveau en colère, pas à cause du chômage, de la mal-vie ou du gaz de schiste, mais à cause d’ouvriers espagnols travaillant sous le soleil de plomb de cette ville du Sud dont le seul crime est d’avoir bu de l’eau sur leurs chantiers pour résister à la chaleur. Selon ce qui a été rapporté, les habitants sont partis crier leur colère à ces Espagnols de respecter le Ramadhan. On parle même de la mise en garde des imams contre ce qu’ils considèrent comme une menace sur les adolescents de la région! Ainsi, le jour même où le gouvernement lance une initiative sérieuse pour sortir la région de Ghardaïa des violences qu’elle connaît ces dernières années, avec à la clé une démarche inclusive qui arrange tous les acteurs de Ghardaïa, voilà que Ouargla entre en ébullition pour une banale histoire de jeûne non observé. Une dérive très dangereuse à laquelle on n’a pas assisté même durant la décennie noire. Pourtant, ce Ramadhan 2015, avait l’air d’être celui de la tolérance avec aucune controverse et faux débat sur cette question d’une autre époque. Il y a eu certes le petit incident de Béjaïa, mais la Dgsn avait expliqué que c’était un malentendu. Entre-temps, on a vu le rassemblement des non- jeûneurs qui s’est fait sans aucun heurt et pourtant, il a été organisé dans le quartier populaire de Bir El-Djir. Un espoir d’acceptation de l’Autre était donc né en cette première quinzaine du mois de Ramadhan. Les vives polémiques suscitées l’année dernière par le phénomène des non-jeûneurs du Ramadhan, ne semblait pas être au rendez-vous durant la première décade de ce mois de jeûne.
Vraisemblablement, les actions de non-jeûneurs suivies de réactions des extrémistes religieux ont baissé d’intensité cette année. On avait l’espoir que le regard de la société en général et des extrémistes en particulier envers les déjeûneurs a évolué. Que le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qui prône un islam de tolérance avait réussi son pari en cassant ce tabou…Mais c’était jusqu’à cette affaire de Ouargla qui nous vient d’un Sud algérien, qui pourtant était considéré comme l’une des régions les plus tolérantes de l’Algérie. Car, il faut rappeler que quand le Ramadhan se situait pendant la saison du tourisme saharien, en hiver, les gens du Sud n’ont jamais été «choqués» par le sandwich des étrangers ou la longueur de leur jupe! Bien au contraire, ils leur servaient leur petit déjeuner et leur déjeuner de midi avec un grand plaisir et un respect total.
Les anciens témoignent que ce soit dans le Sud ou dans le reste du pays et même dans les contrées les plus éloignées, les Algériens ne se sont jamais sentis agressés par des étrangers qui consomment de la nourriture en plein Ramadhan, ou grillent une cigarette. Ils affirment même que les Algériens leur ont donné de l’eau et de la nourriture durant ce mois où les restaurants ferment leurs portes. «Au Sud, les restaurants pour touristes étaient même ouverts sans que cela dérange», rapportent-ils.
Une situation qui soulève incontestablement des interrogations sur cette polémique qui intervient dans un contexte où le Sud en général et Ouargla en particulier sont assis sur une poudrière. Qui veut manipuler les habitants de cette région sensible du pays? Hautement instrumentalisé, ce genre de polémique bénéficie d’un impact médiatique démesuré par rapport à d’autres problèmes plutôt épineux que connaît le monde musulman. Mais cela reste très sensible et, bien «mijoté» peut facilement exploser dans ce qui est, ces dernières années, la ville qui symbolise le Sud qui crie son ras-le-bol. Une situation que les ennemis de l’Algérie ont maintes fois essayé machiavéliquement d’utiliser, mais sans réussir grâce à la vigilance des autorités et surtout la prise de conscience de la population.
Le timing, le genre et le contexte de cette nouvelle polémique ne peuvent que nous laisser pantois sur la spontanéité de cette réaction rétrograde qui, assurément n’appartient pas aux Ouarglis…!

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