Luttes des travailleurs

Pourquoi je suis solidaire de la Palestine Par Keltoum Staali

Pourquoi je suis solidaire de la Palestine

Une fois de plus, les Palestiniens de Gaza font face à une agression d’une rare violence de la part de l’armée israélienne. Après l’opération Plomb Durci en 2008, Pilier de la défense en 2012, voici venu Barrière de Protection. Toutes ces attaques poursuivent le même but : détruire les capacités militaires(artisanales)du Hamas, punir la population palestinienne, se poser en victime face au monde entier. Mais cette stratégie de la victimisation, cette récupération du génocide juif par le pouvoir sioniste ne pourront pas indéfiniment masquer la vraie nature de l’Etat d’Israël : une puissance coloniale qui occupe illégalement des territoires , opprime les Palestiniens après leur avoir volé leurs terres et tenté d’effacer les traces de leur histoire. Un Etat démocratique qui pratique l’apartheid.
Jérémiades dite-vous ?
Pourquoi lorsqu’on énonce des vérités historiques en désignant l’opprimé se voit-on accusé de faire dans la jérémiade?
Pourquoi ce discrédit jeté sur la solidarité jugée«sélective» avec les Palestiniens »?
Certes, pour un certain nombre de citoyens arabes de par le monde il s’agit d’une solidarité à caractère communautaire et religieux. Pourquoi pas? C’est une des composantes parmi d’autres de cette solidarité. Ce n’est pas la seule. Ce pourrait être une porte d’entrée vers l’engagement politique qui est un processus long nécessitant un effort, des lectures, une formation. Dans les manifestations en France j’ai vu des militants reprendre des jeunes qui tenaient des propos injustifiés ou déplacés. Ils leur administraient alors un bref cours d’histoire et tentaient de dissiper les amalgames, les confusions.Généralement, les jeunes faisaient amende honorable en reconnaissant leur ignorance. Ils ne demandent qu’à comprendre.Il faut dire qu’il y a une telle désinformation, un discours politique et médiatique tellement partisan, qu’il est difficile de s’y retrouver et d’appréhender la cause palestinienne sous un angle véritablement politique en replaçant les événements immédiats dans leur longue et complexe chronologie. La collusion en France entre le CRIF, représentant des institutions juives de France, la mouvance islamophobe et le gouvernement socialiste contribue à brouiller les événements. Oui, il y a une dimension affective dans la solidarité arabe. A nous de la faire évoluer en tentant d’apporter nos éclairages, notre connaissance, nos analyses, notre exigence, notre éthique..A nous, de transformer cet élan sentimental en engagement conscient étayé par des éléments historiques, politiques, une lecture du monde raisonnée.Car c’est une affaire qui concerne le monde en effet.

Au douzième jour de l’attaque sur Gaza, les morts se comptent par centaines. Des civils pour l’essentiel, des femmes, des enfants. Les enfants de moins de douze ans représentent la moitié des victimes.
Cette attaque lancée par le gouvernement israélien, a pris pour prétexte l’enlèvement et l’assassinat de trois jeunes israéliens. En mesure de représailles, un jeune palestinien avait à son tour été enlevé par des colons puis brûlé vif.
Ce déchaînement de violence se poursuit au nom de la protection et de la sécurité d’Israël. Le prix de la protection d’un des Etats les plus puissants qui dispose de l’arme atomique, ce sont ces enfants déchiquetés par les bombes. Jérémiades ?
Pourtant des voix s’élèvent dans le monde pour dénoncer cette violence disproportionnée. Davantage en Occident que dans les pays arabes soit-dit en passant. Des milliers de manifestants descendent dans la rue pour demander l’arrêt de l’effusion de sang et la levée du blocus sur Gaza, blocus déclaré illégal par les Nations Unies et qui depuis sept ans maintient les Gazaouis dans ce qui s’apparente à une prison à ciel ouvert.
L’assassinat par l’armée israélienne de quatre enfants jouant au foot sur la plage a profondément révolté l’opinion publique et poussé dans les rues de France et d’ailleurs des gens qui n’avaient pas l’habitude de manifester. En France, tous les observateurs ont noté un rajeunissement et une féminisation de ces cortèges qui, comme à Marseille ce samedi 19 juillet fustigeaient le caractère meurtrier de l’Etat d’Israël. On pourrait rajouter aussi que ce qui distingue désormais ces manifestations par rapport aux précédentes, c’est la présence massive de jeunes Français Arabes, exaspérés par les images des exactions commises par Israël et le sentiment de leur impuissance. Même s’ils n’en mesurent pas tous les enjeux, même s’ils n’en comprennent pas tous les ressorts, ils s’identifient de manière évidente à ces frères palestiniens lointains. Oui, il s’agit d’une solidarité probablement sélective et sentimentale. Elle n’est pas condamnable à mes yeux bien au contraire. Même si la dimension communautaire est présente dans la solidarité exprimée, ces jeunes reconnaissent spontanément dans le martyre palestinien une même histoire coloniale, dont ils sont les héritiers conscients ou inconscients. C’est sans doute ce qui explique la présence ostentatoire du drapeau algérien. Pourquoi le drapeau algérien? Parce que disent-ils, ils veulent montrer qu’ils sont là en tant qu’Algériens. On peut le déplorer. On peut aussi s’interroger sur cette revendication affirmée chez des jeunes de la quatrième voire cinquième génération née en France et qui connaissent à peine le pays de leurs ancêtres. Là encore sentimentalisme mais aussi conscience confuse d’une histoire coloniale dont ils sont les héritiers et dont ils retrouvent des échos à travers le calvaire palestinien. Jérémiades?
Jérémiades, calvaire, martyre:David contre Goliath. Les références bibliques s’imposent pour parler d’une terre qui cristallise des enjeux sacrés et profanes, d’un peuple qui se voit assiégé et exterminé par la puissante armée d’Israël sous les vivats d’une partie de la population venue à Sderot assister au spectacle des bombes sur Gaza tandis que les manifestants pour la paix à Tel-Aviv subissent pressions et menaces. Ils disent aujourd’hui avoir peur pour la première fois de la fascisation de la société israélienne.
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C’est pourquoi je suis solidaire de la Palestine.

Keltoum Staali

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