« Déluge d’El Aqsa » : une contribution à la relance effective et déterminante du mouvement de libération national Palestinien
La qualification de l’opération menée par le HAMAS le 7 octobre 2023 n’est pas une question secondaire.
C’est une opération de de défense de la vie, de la survie et de l’existence et pas seulement une revendication du droit de résister. Car, systématiquement, l’armée sioniste a ciblé directement la population, les maisons, des hôpitaux, les écoles, les lieux de culte, …
Ghazza en est à sa 7ième guerre depuis le blocus en 2006. Comment qualifier la privation d’eau et d’électricité autrement que de crimes contre l’Humanité !
C’est une opération de résistance et d’espoir. Un des premiers dirigeants sionistes, Jabotinsky, affirmait, en 1923, que la seule façon de venir à bout des Palestiniens, est de leur enlever l’espoir de libérer un jour la Palestine. Et voilà que cette opération démontre que l’espoir est toujours là, et que la résistance n’est pas définitivement enterrée.
Dans un entretien (en février 2011) sur l’avenir du communisme, le philosophe marxiste-communiste Domenico Losurdo, avait cité un proverbe « selon lequel l’individu considéré comme mort, et dont on prononce l’éloge funèbre alors qu’il est encore vivant, est destiné à embrasser la longévité ». Pour le paraphraser, on peut dire que cela vaut pour la résistance palestinienne qu’on n’a pas cessé d’enterrer.
Sans aucun doute et à plus d’un titre, l’opération audacieuse et héroïque de la résistance palestinienne, a constitué un point d’inflexion majeur dans l’aiguisement de la contradiction antagonique entre le « collectif » impérialo-sioniste occidental et les peuples du monde entier.
En résonance avec les mutations géopolitiques en cours, marquées par sa contestation de plus en plus « bruyante » par les peuples, le succès de la résistance armée palestinienne a accentué la déstabilisation du front impérialiste mondial. Plus que par le passé, les dirigeants impérialistes et sionistes adoptent une politique de plus en plus violente, et sont obligés de s’afficher comme l’ennemi des peuples et … de l’Humanité !
En réalité, en frappant avec succès l’entité sioniste, la résistance palestinienne armée a atteint toute la coalition à la tête du capitalisme mondialisé (USA, UK, Allemagne, France), coalition réputée intouchable et invincible militairement. Car depuis le mandat colonial britannique (à la fin de la 2ième guerre mondiale), dans toutes les guerres menées par cette entité (notamment en 1948, 1956, 1967, 1973), la participation et le soutien militaire directs de « l’occident » impérialiste a été déterminant.
Aujourd’hui, l’entité sioniste apparaît comme une colonie collective des métropoles impérialistes états-unienne et européenne. C’est peu dire que le sort de l’entité sioniste en dépend, et que la défaite de l’un équivaut à la défaite de l’autre.
Outre les moyens de guerre phénoménaux (militaires, idéologiques et économiques), l’intensité de l’affrontement avec le fascisme colonial en Palestine ne peut se passer de la collaboration des féodalités et bourgeoisies arabes, au premier rang desquelles celles des Etats « normalisateurs » officiels et officieux (l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït, les Emirats Arabes Unis, le Bahrein, l’Egypte, la Jordanie, le Maroc, …) qui, du fait de leurs intérêts de classe, ne peuvent entrevoir leur « salut » en dehors de leur alliance avec l’impérialisme et le sionisme. Il ne s’agit aucunement de trahison.
Au-delà des souffrances indescriptibles, du coût élevé de la résistance actuelle et à venir, en raison même de ses progrès, l’apport politique stratégique de cette initiative armée est d’avoir rendu plus clair aux yeux du plus grand nombre les deux camps de la révolution et de la contre-révolution. Partout dans le monde, la cause palestinienne a gagné en soutien et solidarité comme l’illustrent les manifestations nombreuses et massives, notamment dans les métropoles impérialistes et les pays « normalisés ». C’est un acquis qu’il importe de sauvegarder et de consolider en dépassant la seule solidarité avec des victimes passives.
A l’inverse du récit-fetwa pro-sioniste et pro-impérialiste, l’attaque du 7 octobre 2023 est soutenue par le peuple palestinien dans la diversité de ses composantes sociales, politiques et idéologiques. Toutes les factions armées et les partis politiques s’y sont associés, malgré les différences ou divergences de leurs projets de construction de l’Etat palestinien.
Il est à noter qu’il ne s’agit pas d’une armée régulière palestinienne mais d’une résistance armée populaire, dont l’atout principal est de surprendre l’ennemi comme l’enseigne l’histoire longue des luttes anticoloniales. Ces actions s’inscrivent dans le développement d’un mouvement de libération nationale.
Des civils ont été tués et peuvent être tués comme dans toute guerre. A ce propos, il importe d’abord de savoir que les colonies sionistes sont des postes avancés de l’armée sioniste et disposent d’armes d’attaque pour s’approprier et défendre des terres volées aux palestiniens. Ensuite, il y a une différence irréductible avec le bombardement de masse délibéré d’une population civile. En aucun cas, la violence du colonisé ne peut être équivalente à celle du colonisateur !
Cela étant, il reste illusoire de faire accroire que les Palestiniens, seuls, pourront venir à bout de la colonisation sioniste. Au moins quatre raisons peuvent expliquer que c’est là une vision sans issue, voire dangereuse :
1/ Cette vision ne prend pas en compte le fait que l’entité sioniste est une enclave territoriale, militaire et économique du « collectif » impérialiste occidental pour contrôler les richesses humaines et matérielles de la région, et donc que les Palestiniens ne combattent pas seulement l’entité sioniste,
2/ Elle renforce l’objectif sioniste, pratiquement atteint, da faire obstacle à l’entrée des pays arabes voisins dans la lutte pour la libération de la Palestine et la récupération de leurs territoires,
3/ Elle laisse penser que les « normalisations », les négociations, les luttes pacifiques, seules peuvent suffire pour faire triompher la cause palestinienne,
4/ Enfin, et surtout, elle accrédite l’idée de la possibilité d’un Etat sioniste « démocratisable » et capable d’accéder aux droits nationaux du peuple palestinien, de l’idée que les contradictions de classe internes à la société coloniale peuvent éliminer la logique sioniste de défense de la terre volée et d’expulsion du peuple palestinien.
Kamel B 06 novembre 2023