Contributions

Déclarations de quelques partis au sujet des grandes manifestations populaires

Déclarations des partis


DÉCLARATION DE LA MOUBADARA DU 24 FÉVRIER
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Les manifestations populaires du 22 février 2019 à travers le pays contre le cinquième mandat de Bouteflika s’interprètent à première vue comme le refus de la politique sociale et économique appliquée ces vingt dernières années et le verrouillage de toute expression démocratique.
Cette politique s’est caractérisée par :

– L’encouragement de l’importation au détriment du développement du secteur productif national favorisant ainsi le clientélisme, la corruption et le gaspillage des deniers publics.
– L’accaparement de pans entiers de l’économie nationale par une classe de prédateurs qui a investi les institutions politiques à coups de milliards et dont la conséquence a été l’isolement des forces saines du pays.
– Par l’entreprise d’un véritable plan de démantèlement du secteur de la santé où l’acte de se soigner est devenu impossible pour la majorité de la population.
– Le domaine de l’éducation complètement déconnecté de la réalité d’aujourd’hui et continuant d’être un instrument politique aux mains du pouvoir en place
– Absence d’une politique réelle pour la promotion de la jeunesse où le seul choix qui leur est offert est l’exode sous d’autres cieux et souvent au péril de leur vie.
– La répression de toute revendication des travailleurs et le démantèlement du secteur public, leur outil de travail .
– Aucune forme d’organisation démocratique, de débat constructif en dehors de ce qu’il contrôle n’est tolérée.

Les jeunes crient aujourd’hui haut et fort leur rejet de cette politique d’exclusion. Ils veulent un avenir meilleur.
En l’absence d’organisations démocratiques et représentatives des forces vives de la nation les réseaux sociaux ont été le seul relais de leur mobilisation.
Les partis au pouvoir et ceux de l’opposition, coupés du peuple, n’ont pas anticipé ce mouvement populaire et revendicatif. Dans leur majorité ils partagent le même programme économique et politique que celui du pouvoir qui se résume à un libéralisme de la prédation, souscrivant aux injonctions dictées par les multinationales, la banque mondiale et le FMI. S’appuyant sur une minorité de nouveaux riches dont les intérêts convergent avec ceux du capital étranger, cette nouvelle oligarchie a tissé ses ramifications dans les institutions de l’État ne se souciant ni des intérêts du peuple ni de la souveraineté du pays.
La Moubadara 24 février

– considère que la tâche des forces patriotiques et de progrès aujourd’hui est de soutenir ce mouvement pacifique revendicatif contre le 5ème mandat d’un Président malade. Comme elle estime qu’il est illusoire d’envisager une sortie de cette crise sans une politique patriotique et de progrès orientée vers le développement du pays et la justice sociale au profit des larges masses populaires .
– Apelle à la vigilance pour ne pas voir l’immense mobilisation populaire détournée au profit de manœuvres occultes de repartage du pouvoir entre les différentes fractions rivales du libéralisme prédateur.
La riche expérience de l’Algérie révolutionnaire anti-impérialiste est toujours enfouie dans l’esprit des algériens et de la jeunesse, elle reste un acquis inestimable et un catalyseur pour les luttes. Le danger impérialiste est omniprésent à nos frontières et dans notre économie. La vigilance nous exige aujourd’hui plus que jamais de forger patiemment les instruments d’une organisation indépendante qui défend les intérêts des travailleurs et des masses populaires pour lui faire face.

Alger le 27-02-2019

La Moubadara du 24 février


Déclaration du PADS sur l’élection présidentielle du 18 avril prochain: Travailleurs, paysans pauvres, jeunesse populaire amplifions les luttes non pour remplacer Hadj Moussa par Moussa Hadj mais pour l’avènement d’un régime défendant vos intérêts et vos aspirations socio-politiques
L’élection présidentielle du 18 avril prochain suscite une grande effervescence politique.
L’annonce de la candidature du président Bouteflika, à la tête de l’Etat depuis 20 ans, à un nouveau mandat de cinq ans, a provoqué la colère légitime de larges secteurs de la population. Des manifestations populaires se déroulent presque quotidiennement en de nombreux points du pays contre ce qui est vécu comme une offense à la dignité nationale. Elles s’étendent chaque jour un peu plus. Depuis son AVC en 2013, Bouteflika est incapable de s’exprimer ou de se mouvoir. Il n’apparaît que rarement en public, poussé malgré lui sur une chaise roulante lors des cérémonies nationales auxquelles il ne peut être soustrait. Pour tous, à l’exception de ceux qui tiennent entre leurs mains les leviers de décision étatiques et le robinet des revenus pétroliers pour piller les richesses du pays, Bouteflika n’est plus qu’un mort-vivant.

Le pays est en fait dirigé depuis plus de cinq ans par un « cabinet noir » échappant à tout contrôle, si tant est qu’un contrôle soit possible sur les appareils exécutifs de l’Etat. Le parlement est formé de béni-oui-oui, « élus » grâce à la fraude dans un contexte de verrouillage politique sous une démocratie de façade à laquelle les citoyens répondent lors des élections par un fort taux d’abstention. Il n’a aucune capacité, ni volonté, ni légitimité pour demander des comptes au gouvernement. Il n’est qu’une machine à voter pour légaliser les décisions anti-démocratiques et anti-populaires au profit d’une bourgeoisie rapace, impatiente d’achever sa mainmise totale sur les richesses du pays et cherchant à pressurer à mort la classe ouvrière pour en tirer le maximum de profits.

La décision du pouvoir de représenter au scrutin électoral un homme aussi diminué, au risque de ridiculiser le pays, est en réalité la résultante de luttes internes à couteaux tirés et de pressions extérieures engendrant le statu-quo institutionnel. Ce pouvoir est celui de dizaines de potentats et d’oligarques enrichis par la libéralisation en grand amorcée avant l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, et poursuivie par lui avec constance pour assouvir la course à la richesse de la bourgeoisie dans une situation qui avait vu l’explosion des recettes pétrolières au seul bénéfice des secteurs parasitaires, plongeant par là même la jeunesse dans le désespoir. Ces potentats étroitement liés aux appareils d’Etat devenus leur propriété privée n’ont pu s’entendre entre eux pour désigner un homme en pleine possession de ses capacités physiques et intellectuelles pour perpétuer leur règne. Ils refusent de se laisser déclasser en cédant la place à d’autres franges de la bourgeoisie et des classes privilégiées qui ont elles aussi prospéré ces 20 dernières années mais sont tenues à l’écart des centres secrets ou officiels de décision. Celui qui gravite autour de ces centres est assuré de s’enrichir rapidement grâce au pillage des ressources du pays, à la fraude et aux cadeaux fiscaux, aux trafics en tous genres. La chute des revenus pétroliers depuis 2015, la fonte des réserves de change tombées de plus de 200 à moins de 80 milliards de dollars fin 2018 a exacerbé la lutte de tous contre tous pour garder la part du lion. Ces frictions qui minent le pouvoir ne le mettent pas seulement en conflit avec les autres catégories de la bourgeoisie. Il subit aussi les pressions du capital étranger mécontent, malgré les divers cadeaux reçus du pouvoir et les très bonnes affaires qu’il fait en Algérie, des lenteurs du régime à libéraliser encore plus l’économie pour satisfaire sa soif inextinguible de profits. Il est mécontent de la peur de ce régime à rayer toutes les lois sociales qui assurent encore un minimum de protection aux travailleurs.
Les parties en conflit, clans bourgeois au pouvoir, opposants bourgeois à ce pouvoir maintenus en dehors des sphères de décision, puissances impérialistes, France, USA et autres, ne remettent nullement en cause la nature capitaliste prédatrice et dépendante de leur régime économique et social envers l’impérialisme. En lutte les uns contre les autres, les clans du régime ainsi que leurs opposants bourgeois, sont tous d’accord pour ravaler la façade politique du système économique qui leur permet à tous de ramasser des montagnes d’argent. Leur angoisse commune est comment surveiller les masses populaires, les fourvoyer dans de fausses solutions, leur faire croire que d’avantage de libéralisme leur apportera la prospérité. Leur préoccupation est d’éviter un soulèvement populaire général qui leur ferait perdre à tous les fruits pourris de leurs rapines et de l’exploitation forcenée des travailleurs qui ont mené à la constitution d’une classe économiquement puissante. Cette classe d’exploiteurs et de parasites n’hésitera pas à se débarrasser de Bouteflika si son maintien à la tête de l’Etat devient, face à la colère populaire, un danger pour la préservation de ses intérêts collectifs de classe exploiteuse. Les partis d’opposition ou les personnalités politiques très médiatisées qui n’ont que le mot « réformes » à la bouche agissent dans ce but.

Le conflit fondamental, estompé par l’absurdité du 5 ème mandat de Bouteflika, est en réalité celui qui oppose les travailleurs et toutes les couches sociales populaires à la bourgeoisie dans son ensemble, ainsi qu’à l’impérialisme auquel elle est alliée.
Cette classe exploiteuse, anti-populaire, antinationale est déterminée à défendre ses « acquis » et à les agrandir en mettant la main par tous les moyens, y compris par les provocations, les manipulations et la violence la plus extrême, si les procédés basés sur la ruse et la tromperie s’avèrent insuffisants, sur toute source d’enrichissement échappant encore à sa soif d’accumulation d’argent et de domination. Les gisements de pétrole et de gaz, la Sonelgaz, l’eau, les télécommunications, le transport aérien, les banques, etc., sont la prochaine proie de ses manœuvres. Elle exige la suppression de tout contrôle sur les mouvements de l’argent vers l’extérieur qui gêne la mise à l’abri à l’étranger du produit de ses prédations. Tel est le contenu véritable et caché des « réformes » réclamées. Elle s’entend avec les Etats impérialistes sur cette question. Les querelles qui éclatent entre elle et ces Etats ne portent que sur la part du butin qui doit être empochée par l’un ou par l’autre. La réthorique pseudo patriotique sur la protection des intérêts de la nation n’est que phrases pour tromper les citoyens.

La chute des recettes pétrolières est utilisée à fond pour justifier l’offensive générale contre les conquêtes sociales des travailleurs. La diminution de la part des revenus pétroliers volés au peuple par ces classes les pousse à trouver le moyen de faire peser les effets de la crise financière sur les épaules des travailleurs.

Le plan est prêt. Non seulement toutes les lois anti-ouvrières telles que les lois anti-grève de 1990 seront maintenues, mais elles seront complétées par d’autres avec la révision du code du travail et de la loi sur les retraites. Des mesures aggravant la paupérisation et les inégalités sociales scandaleuses sont déjà arrêtées dans leur principe, avec une révision des tarifs de l’électricité et du gaz – de façon à préparer en même temps le terrain à une privatisation super rentable de Sonelgaz – la suppression de la subvention des produits de première nécessité. Le système fiscal actuel qui conduit au fait que les travailleurs payent plus d’impôts que les non-salariés, sera revu dans un sens encore plus avantageux à ces derniers même si les responsables prétendent le contraire. En vue de s’assurer le soutien des Etats impérialistes à la bourgeoisie interne contre son propre peuple, le gouvernement a confié à des bureaux d’études américains la révision de la loi sur les hydrocarbures. Il est officiellement question de réduire la fiscalité sur les profits des compagnies pétrolières. C’est une façon pour le gouvernement de signifier aux USA sa « volonté sincère et transparente» d’aller sous leur contrôle vers la promulgation de nouvelles lois qui satisferont leur soif de super profits.

Ces projets sont soutenus par tous les clans de la bourgeoisie y compris par ceux d’entre eux qui se prétendent opposés au régime de Bouteflika. Une horde de pseudos experts fanatiques du libéralisme écrit des montagnes d’articles dans les journaux et s’exprime dans les télés pour préparer le peuple et les travailleurs à se résigner. RCD, Mouwatana, Benbitour, Benflis, l’islamiste Mokri, le général à la retraite Guediri, et la liste est longue, ne se distinguent du pouvoir que par la surenchère dans le rythme de la nouvelle offensive de libéralisation, surenchère accompagnée de précautions de langage. En vérité ils veulent aller vite pour pétrifier le puissant mouvement social en gestation dont l’explosion ne tardera pas avec l’épuisement des réserves de change. L’émergence inéluctable d’une classe ouvrière organisée et combative leur fait peur. Elle les empêche de dormir d’un sommeil tranquille.

Toutes ces classes sociales exploiteuses et les couches parasitaires s’efforcent de trouver une solution à la crise politique soit en renforçant les pouvoirs du « cabinet noir » derrière le portrait de Bouteflika, soit en lui cherchant un successeur plus crédible, politiquement « vierge ». Mais toutes se sont assuré le soutien des Etats impérialistes.
Le texte de la déclaration de candidature signée Bouteflika est clair. Après les élections le pouvoir convoquera une « conférence inclusive » dont le véritable objet est de conclure un consensus entre tous les clans de la bourgeoisie pour lancer dans une unité sans faille la guerre sociale contre les travailleurs dans le cadre d’un nouvel arrangement avec les multinationales et leurs Etats impérialistes interventionnistes.
Le gouvernement a multiplié les clins d’oeil vers ces Etats. L’armée algérienne vient d’être associée à des exercices militaires au Burkina Fasso et en Mauritanie sous le drapeau de l’Africom. Le gouvernement n’exprime aucune solidarité au Venezuela. Bouteflika vient de féliciter les bandes de fantoches qui dirigent la Libye à l’occasion de l’anniversaire du renversement de Keddafi. Les partis dits d’opposition de la bourgeoisie approuvent tacitement ou se gardent de dire ouvertement ce qu’ils en pensent pour éviter de heurter les sentiments des masses populaires et de révéler prématurément leurs véritables intentions. Ni le pouvoir, ni ces partis, ni les candidats outrancièrement médiatisés à cette élection, ne protestent contre l’encerclement de l’Algérie par les bases militaires françaises et américaines.

Le verrouillage de la vie politique opéré depuis 30 ans et renforcé à l’extrême par Bouteflika sous prétexte de lutte contre le terrorisme obscurantiste ou de défense de la stabilité du pays a étouffé la voix des forces représentatives des aspirations de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre, des couches sociales qui vivent de leur travail manuel ou intellectuel. L’idéologie réactionnaire véhiculée par les TV et la presse est dominante.

Le problème n’est pas le 5ème mandat de Bouteflika ni le premier mandat de Benflis, du général à la retraite Guediri ou de « flen ou feltane ». Le problème est celui du contenu de classe des programmes et orientations des candidats médiatisés.

Les communistes ont dès 1999 averti les masses populaires qu’elles n’avaient rien à attendre de Bouteflika. A chaque élection, ils ont toujours appelé à ne donner leurs voix ni à celui que des généraux favorables au capitalisme ont tiré de l’exil ni à sa fausse opposition.

Tout naturellement ils ne sont en 2019 ni pour le 5ème mandat de Bouteflika, ni pour le premier mandat de l’un quelconque de ses opposants qui poursuivra la même politique au profit des classes possédantes et exploiteuses, tout en prenant soin de camoufler ses objectif réels de classe sous les tirs dirigés contre Bouteflika ou contre un homme aussi discrédité qu’Ouyahia .

Les communistes appellent les travailleurs, les fellahs pauvres, la jeunesse populaire, les intellectuels proches des aspirations populaires, les couches sociales qui vivent de leur travail, à se battre, à s’unir, à s’organiser, à accumuler des forces pour mettre fin à un régime aussi honni, à ne pas se laisser berner par de nouveaux loups déguisés en amis du peuple. La solution ne viendra pas d’un sauveur providentiel mais de leur capacité à agir massivement de façon organisée, en participant à l’édification d’un parti révolutionnaire, avec des objectifs politiques, économiques et sociaux de classe clairs. Ils les appellent en un mot à amplifier la lutte avec abnégation et continuité maintenant, avant et après le 18 avril pour un gouvernement révolutionnaire démocratique populaire émanant d’eux et exprimant leurs aspirations, un gouvernement pour sauver les masses populaires et le pays de la catastrophe économique imminente et des ingérences impérialistes. Tel doit être le mot d’ordre dans les réflexions et les débats à mener au sein des masses, dans le feu de l’action et les luttes démocratiques.

Ce gouvernement doit pour commencer prendre des mesures pour arrêter le gaspillage et l’hémorragie des réserves de change en contrôlant le commerce extérieur pour mettre fin à l’importation des biens superflus qui vident nos réserves de change, en mettant sur pieds des offices chargés de l’importation des produits de consommation de base et des biens stratégiques et en frappant les fraudeurs, en relançant le secteur public productif, en révisant la fiscalité de manière à faire payer les riches, en soutenant les travailleurs dans leurs luttes contre leurs exploiteurs, en appliquant les décisions de justice portant réintégration des travailleurs licenciés, en introduisant comme première mesure le contrôle par les travailleurs de la gestion des entreprises publiques et privées, en défendant leur pouvoir d’achat, leur droit à la santé, en arrêtant le bradage des fermes pilotes d’Etat, en récupérant toutes les terres cédées aux capitalistes pour les redistribuer en faveur des paysans sans terre, des travailleurs agricoles et des jeunes, en confisquant les biens volés, en renforçant les capacités militaires de défense du pays et en s’appuyant sur la mobilisation consciente de la jeunesse patriotique contre les préparatifs impérialistes, etc.
Ce gouvernement devra abroger toutes les lois qui empêchent les travailleurs de s’organiser pour défendre leurs intérêts et leurs aspirations politiques et sociales. Il aura pour fonction de défendre les intérêts des travailleurs et des masses populaires, de mettre en échec la résistance et les manœuvres des oligarques, de la bourgeoisie et de leurs soutiens impérialistes, d’appuyer la formation de nouvelles institutions surgies de l’intervention des masses populaires.

C’est autour et partir de telles lignes de programme de luttes immédiates, dans une perspective socialiste, dans les luttes à la base avec les travailleurs, qu’il faut démasquer les protagonistes menteurs et démagogues de la campagne électorale en cours.

La décision de participer sous une forme ou sous une autre à cette lutte électorale, ou de la boycotter dépendra de l’évolution du rapport des forces découlant de la combativité des masses d’ici le 18 avril.

Les communistes soutiennent toutes les luttes contre l’étouffement de la liberté d’expression et de manifestation. Ils encouragent les protestations et les actions contre la fraude, tout en appelant les travailleurs et les jeunes à éviter les pièges de leurs ennemis, tout en œuvrant à démasquer devant les masses les politiciens de la bourgeoisie anciens ou « neufs » mis en avant pour sauver le régime économique et social bourgeois existant.

En tant que communistes, imprégnés des enseignements de Lénine et de l’expérience des luttes animées par le parti bolchévique et couronnées par la Révolution d’Octobre 1917, il est clair pour nous que les luttes électorales ne sont qu’une forme de luttes à combiner avec toutes les autres. La prise du pouvoir par la classe ouvrière et ses alliés ne résultera pas des luttes électorales, mais ces luttes sont indispensables dans les phases pré-révolutionnaires ou les périodes de reflux, car elles contribuent à éduquer l’avant-grade prolétarienne dans le maniement de toutes les armes de la lutte de classe. C’est à travers toutes ses formes de lutte, dont principalement les grèves politiques générales que se forgera le parti révolutionnaire de masse apte à conduire les travailleurs à la victoire, à l’avènement d’un pouvoir de la classe ouvrière et de ses alliés pour la révolution socialiste.

Il ne s’agit pas simplement de changer d’hommes à la tête du pays, de remplacer Hadj Moussa par Moussa Hadj ou par Cheb Moussa mais de renverser un ordre bourgeois qui a dilapidé les ressources du pays et le fruit du travail des producteurs, de le remplacer par un régime socialiste dirigé par la classe ouvrière et ses alliés, la paysannerie pauvre, les couches sociales populaires, un régime fondé sur la propriété sociale des moyens de production et la planification.

PARTI ALGÉRIEN POUR LA DÉMOCRATIE ET LE SOCIALISME
26 février 2019
Publié le 27 Février 2019 par Lien-pads


Parti Socialiste des Travailleurs – PST – حزب العمال الاشتراكي

DECLARATION

Mobilisation générale pour contraindre le pouvoir
à abandonner son projet de passage en force

La situation politique est marquée par l’irruption des masses populaires sur la scène politique en réaction à la volonté du pouvoir d’imposer un 5ème mandat de Bouteflika et, à travers lui, la continuité de ce régime autoritaire, corrompu et antisocial.
La magnifique mobilisation populaire qui a vu des dizaines de milliers de jeunes, de vieux et d’enfants, d’hommes et de femmes déferler dans les rues des villes et des villages de toutes les régions du pays a exprimé le refus, largement majoritaire, de se soumettre. Cette mobilisation a brisé la peur de lutter pour le changement politique. Elle a d’ores et déjà imposé pacifiquement le droit de manifester sur tout le territoire national, y compris à Alger.
Cette mobilisation populaire a contraint le pouvoir à reculer sur les droits de rassemblement et de manifestation, à sanctionner certains élus trop zélés de la « majorité » présidentielle (Khenchela, Haïzar) qui avaient tenté de s’opposer à la volonté populaire ou de la dévoyer. Il a également été contraint de renoncer, pour l’instant, à son discours de stigmatisation et de menaces vis-à-vis de tous ceux qui s’opposent à un 5ème mandat et à la continuité du régime.

Une situation d’équilibre
Le pouvoir a cédé face à l’irruption des masses mais il s’entête encore à imposer le 5ème mandat de son candidat qui a réussi à réaliser le consensus de tout le peuple algérien… contre lui. Ouyahia affirme que les « urnes trancheront ». Aucune voix dissidente au sein du pouvoir n’est pour l’instant apparue, en dépit du malaise qui traverse l’ensemble du régime.
Le pouvoir cherche à gagner du temps en espérant voir la mobilisation s’essouffler, fléchir ou déraper afin de justifier sa « délégitimation » et sa répression.
Les manifestations et prises de position qui se multiplient n’ont pas réussi, à ce jour, à le faire renoncer. La pression populaire doit donc s’amplifier, s’organiser et converger.

Faire basculer le rapport de forces
La mobilisation populaire ne retombe pas comme le démontrent les multiples appels à manifester provenant de citoyens, d’étudiants, d’avocats, de partis, de candidats…Mais la pression doit augmenter afin de contraindre le pouvoir à renoncer définitivement à son rêve fou d’un 5ème mandat qui constituerait un cauchemar pour notre peuple.
Un énorme gisement de mobilisation existe parmi les journalistes, les avocats, les étudiants et dans les communautés algériennes à l’étranger… et, surtout, au niveau syndical comme l’a illustré le refus des militants de l’UGTA d’Adrar d’assister à la commémoration officielle du 24 février en présence deBedoui, de Sidi Saïd et de Sellal. Le même jour, les syndicalistes UGTA de Annaba (El Hadjar, Santé, Naftal, Fertial…) ont quitté la salle pour exprimer leur refus de la motion de soutien au 5ème mandat que les bureaucrates de l’Union de wilaya tentaient de leur faire adopter. De plus en plus de dirigeants et militants des syndicats autonomes déclarent que leurs organisations doivent se joindre à la mobilisation populaire.
Les journalistes de la radio et de la télé publiques ont brisé la loi du silence en exigeant que leurs médias couvrent les manifestations populaires. Le mouvement associatif brimé depuis de longues années peut jouer un rôle important dans la mobilisation.

Le temps de l’organisation
La poursuite des manifestations est indispensable. Mais afin de mobiliser le plus largement, ces manifestations doivent s’accompagner d’une dynamique d’auto-organisation dans les quartiers des villes, dans les villages, les universités, les lycées, les lieux de travail…
Cette auto-organisation doit permettre d’asseoir les revendications politiques contre le 5ème mandat et pour le changement sur les revendications de chaque catégorie populaire : travailleurs, habitants des quartiers, étudiants, avocats, médecins…
Les ultralibéraux de l’opposition espèrent arriver au pouvoir en se hissant sur les épaules des masses populaires mobilisées. Ils demandent aux travailleurs, aux chômeurs, aux jeunes, aux étudiants et lycéens… de mettre entre parenthèses leurs revendications économiques et sociales propres. Cela n’empêche pas ces ultralibéraux de lier, de leur côté, les revendications politiques de changement aux intérêts économiques des oligarques.
Il convient de refuser ce piège. Revendications politiques et sociales des masses exploitées et dominées doivent se combiner afin que le mouvement devienne plus puissant.

Préparer une grève générale
Seule une très puissante vague sera en mesure de faire reculer le pouvoir. Il convient donc de multiplier les manifestations, les mouvements de grève sectoriels et locaux à l’image de celle de l’Education nationale des 26 et 27 février. Mais il faudra, à un moment donné, passer à la vitesse supérieure en appelant à une grève générale.
Le mouvement syndical (UGTA et autonomes) doit refuser la division et s’unir pour devenir la colonne vertébrale du mouvement de protestation. Les opposants à la ligne de Sidi Saïd au sein de la Centrale de la place du 1er Mai doivent s’organiser pour en finir avec la chape de plomb de la bureaucratie anti-ouvrière et antidémocratique qui musèle leur organisation. Oppositionnels de l’UGTA et syndicats autonomes doivent se coordonner localement pour définir ensemble leurs revendications et se joindre aux manifestations.

Convergence contre le 5ème mandat et la mascarade électorale d’avril
Elargir et approfondir la mobilisation dans le but d’obliger le pouvoir à renoncer formellement au 5ème mandat et à l’organisation d’élections le 18 avril prochain.
Le PST est partisan de l’élection d’une Assemblée constituante souveraine, représentative des aspirations démocratiques et sociales des travailleurs et des masses populaires et qui sera chargée d’élaborer une nouvelle constitution.
La Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) doit être dissoute immédiatement, les listes électorales mises à jour et remises aux partis et candidats et une nouvelle structure de contrôle, réellement indépendante du gouvernement, mise en place.
Les forces politiques et sociales qui refusent les ingérences de l’impérialisme et de la réaction régionale, les tentatives d’implosion réactionnaires visant à opposer les différents segments de la population et régions les uns aux autres doivent converger pour éviter que ce mouvement populaire naissant ne soit dévoyé au profit d’intérêts contraires à ceux des travailleurs et du peuple algérien.

Alger, le 26 février 2019
Le Secrétariat National


Déclaration de :
(V.O.S VOIE OUVRIERE POUR LE SOCIALISME) V.O.S

Aux camarades des organisations se réclamant de la classe ouvrière Après les luttes victorieuses des années 2008-2012 qui avaient imposé un relatif rattrapage salarial et le recrutement de travailleurs contractuels dans certains secteurs, les travailleurs algériens sont retombés de nouveau dans un attentisme qui a permis à la bourgeoisie et à son état d’engager une nouvelle offensive contre le monde du travail et contre les couches populaires. S’appuyant sur l’échec des révoltes dans le monde arabe qui ont toutes conduit, au mieux, vers des impasses quand elles n’ont pas été exploitées pour la destruction des pays comme c’est le cas en Libye et en Syrie, instrumentalisant le souvenir de la guerre civile et dramatisant la crise financière engendrée par chute des prix du pétrole, le gouvernement au service de la bourgeoisie nationale et étrangère avait engagé une série de réformes antisociales et imposé de nombreuses mesures d’austérité à l’égard des masses populaires, tandis qu’il faisait pleuvoir des cadeaux sur les patrons. Ces politiques sont accompagnées par l’entrée en force des patrons dans les institutions politiques et par les différents scandales de corruption révélés au grand jour. Elles sont, surtout, émaillées par des attaques contre les libertés démocratiques et syndicales et les tentatives de réduire à néant les espaces de libertés, comme nous le promet l’actuel Premier ministre qui ne s’est pas gêné pour brandir la matraque à la veille de l’élection présidentielle. Alors que le mécontentement grandissait parmi les masses et dans le monde ouvrier, l’absence de perspectives, les maintenait dans une sorte d’attentisme, quand ils ne se jettent pas à la mer dans l’espoir de rejoindre l’autre rive. Les quelques résistances populaires (mouvement dans le sud du pays, les émeutes de logements…) et les quelques grèves (El Hadjar, la fonction publique…) de ces dernières années avaient intimidé et parfois réussi à contraindre les gouvernants à reporter l’application des mesures d’austérité. Cependant, elles n’ont pas été à la hauteur des attaques. La révolte en cours explose en réaction au mépris de trop suscité par la candidature de Bouteflika. Elle exprime l’écœurement des classes populaires et de la jeunesse qui se sentent méprisés par cette décision. Les manifestations plus ou moins spontanées de jeunes qui ont eu lieu dans le pays ouvrent, aujourd’hui, la brèche à une contestation plus large pour exprimer une colère qui couve depuis des années. Quelques soient nos appréciations et nos analyses de la situation, nous partageons, sans l’ombre d’un doute, l’espoir de voir cette révolte qui ouvre un nouveau cycle dans la lutte des classes en Algérie s’approfondir et drainer d’autres couches opprimées de la société. Pour le moment, les travailleurs regardent, dans leur majorité, ce mouvement avec sympathie. Des plus jeunes d’entre eux, participent même aux manifestations. En revanche, ils n’interviennent pas en tant que travailleurs avec leurs propres revendications. L’approfondissement de la révolte peut les encourager à se battre même à l’intérieur de leurs entreprises et peut être avec plus de détermination. En tous cas, cette conjoncture est incontestablement favorable à la discussion entre travailleurs, et les révolutionnaires doivent absolument se saisir de cette occasion. Nous, les organisations de gauche qui nous réclamons de la classes ouvrière, sommes devant une responsabilité historique. Nous sommes conscients de la faiblesse de nos moyens et de notre invisibilité sur le terrain, mais ce n’est pas ce qui va nous empêcher de militer en faveur des travailleurs et tenter de donner une politique à ceux parmi eux qui voudront se battre et qui se tourneront vers les organisations de gauche. Nous, militants de VOS, considérons, qu’au-delà de nos divergences nous pouvons constituer ensemble une alliance circonstancielle sur un minimum politique qui nous permettra de débattre, d’échanger et de mener des actions ensemble. Nous sommes convaincus que cette perspective donnera plus de visibilité à notre courant et offrira plus d’écho à notre discours tout en laissant l’autonomie indispensable à chaque organisation pour mener sa propre politique. Salutations révolutionnaires Alger le 22.02.2019 Aux organisations : – UTS – PST – PADS – Moubadara – TAG

Front des Forces Socialistes
Direction Nationale Alger, le 28 février 2019

DECLARATION
La volonté populaire s’est exprimée dans la rue en faveur du changement. La construction de l’alternative démocratique est en marche.
Aujourd’hui, maintenant, les Algériennes et les Algériens ont décidé de ne plus subir l’impasse politique, le désastre économique, l’asphyxie sociale, les gaspillages financiers, la dilapidation des richesses nationales, l’émigration clandestine, la corruption, la faillite institutionnelle mettant en péril l’Etat national.
Le peuple algérien est exclu du pouvoir de décision, de gestion et de contrôle concernant les options politiques, économiques, sociales et culturelles.
L’Algérie de 2019 a fait le chemin inverse de ses ambitions d’indépendance pour se retrouver avec des rapports sociaux disloqués, le politique discrédité, la conscience citoyenne démobilisée, la souveraineté menacée, les ressources nationales bradées.
Aujourd’hui, maintenant, le peuple algérien a décidé de se réapproprier la rue comme espace de mobilisation, de contestation populaire et de revendication démocratique en s’opposant au système prédateur qui a mis le pays en faillite au profit d’une oligarchie mafieuse. Imposer une présidence à vie est une grave atteinte à l’intelligence et à l’histoire du peuple.
Le FFS n’a pas cessé d’adresser des appels en direction des forces du changement. L’Appel du 1er Mai, l’Appel aux jeunes, le Manifeste contre les exclusions sociales et l’Appel à la mobilisation des Algériens et des Algériennes.
La société est en mouvement, la rue s’est exprimée, le changement est irréversible, la fin du régime est proche.
Les luttes pour la démocratie ne peuvent être efficaces que si elles sont menées avec la société, et dans la société.
Le FFS salue encore une fois la mobilisation pacifique et la maturité politique du peuple algérien dans la quête de sa souveraineté et la consécration de son droit à l’autodétermination.
Le FFS est convaincu que le peuple algérien exercera sa souveraineté et son autodétermination grâce au consensus national et populaire en construction sur le terrain pour une Algérie libre et démocratique.

Dans ce contexte historique, le FFS a choisi son camp : dans la société, aux côtés de la population. A cet effet, le FFS réaffirme sa décision de suspension de ses activités au sein du parlement et compte procéder ultérieurement à d’autres décisions si besoin est.
Le FFS travaillera à la convergence des forces du changement pacifique et à la mobilisation des Algériennes et des Algériens à même de réunir les conditions qui permettent une dynamique politique plurielle et organisée.
Le FFS réitère son appel à la mobilisation pacifique des Algériens et des Algériennes pour la consécration de l’Etat démocratique et social.
L’élection n’est plus une priorité. Le FFS appelle au maintien et renforcement de la dynamique populaire pour le changement du système, l’avènement de la deuxième république à travers l’élection d’une assemblée nationale constituante.
Le FFS appelle ses militants, ses élus, ses sympathisants et l’ensemble du peuple algérien à participer massivement et à œuvrer à la préservation du caractère pacifique des manifestations politiques et populaires.

P/La Direction

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