Histoire

HOMMAGE A A. ALLOULA PAR RAJA.

oran2_1976303_465x348p.jpg « On peut cacher la vérité à tous les hommes un temps,
on peut cacher la vérité à un homme tout le temps,
mais on ne peut cacher la vérité à
tous les hommes tout le temps »
Le Président Lincoln cité par Bachir Hadj Ali in L’Arbitraire
« Ils ont assassiné mon père.. ma mère.. ma soeur..
mon frère.. ma fille.. mon fils.. Pourquoi…???»
Cette question se transmettra à travers les générations, les âges et les siècles pour rester sans réponse aucune. Le deuil n’a pas été fait. L’assassin a pu bénéficier en 2005 de mesures de clémence : « extinction des poursuites judiciaires ». Il ne sera pas jugé.
Les dispositions du Projet de Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale vont au-delà de la notion de pardon. Ce texte pose les fondements de l’absolution ou l’amnistie des assassins de la vie en Algérie. Les terroristes sont acquittés, blanchis, lavés de toute accusation d’avoir tué avec préméditation, égorgé, éventré des femmes porteuses de vie, démantelé des familles entières. Ils ne sont pas coupables d’avoir sacrifié des innocents sur l’autel du pouvoir à prendre…
Sous la terreur intégriste, l’Algérie, peuple et nation, s’était acheminée sur les rails de la résistance, de la solidarité, de la générosité refusant la violence, la haine, le génocide en développant des mouvements de résistance contre le terrorisme islamiste armé. Elle avait choisi de retrouver une humanité que la barbarie des crimes commis lui avait confisquée.
Et voilà que des lois de la rahma à la paix et la réconciliation nationale tombe comme une chape de béton. La perception de l’instauration de la paix passe par le prisme déformant de l’impunité des criminels. L’Algérie est dans un état comateux ; elle ne sait plus ce qui lui arrive. L’éthique, les valeurs morales, sa propre identité, percutées par des discours euphoriques, neutralisants toute velléité de contestations, sont laminées.
Le pardon n’est pas une affaire d’Etat. C’est un acte humain, individuel, personnel et de ce fait, ne peut en aucun cas être imposé aux victimes du terrorisme. La réconciliation nationale constitue, en règle générale, l’aboutissement d’un processus en mesure de déterminer les responsabilités et la culpabilité de chacun dans ce génocide qui nous a anéanti pour des décennies encore ! « N’saffou h’sabatna, men baad rabbi b’rahmtou !»…
Le texte du Projet de la Charte soumise au référendum est destiné aux terroristes qui se sont rendus. Il ne dit pas un seul mot sur les familles victimes du terrorisme excepté pour les assimiler aux familles des terroristes dans une situation commune dénommée « tragédie nationale », comme si c’était les victimes qui étaient responsables de ce qui s’est passé !! La victime devra-elle demander pardon à son assassin ?… Pour les terroristes et leurs émirs, ce n’est pas une tragédie ; c’est au nom de Dieu qu’ils ont semé, au sein de la société algérienne, l’horreur, la phobie, la terreur, l’effroi de vivre en communauté, la peur d’être lâchement abattu…, la détresse, la douleur…la désespérance.
A peine quelques jours avant son assassinat, Alloula me disait : « Raja, notre pays vit une tragédie, mais il s’en sortira. Si nous devons payer le prix, nous le paierons…. », et il en fût ainsi…
Les graines de la violence ont été semées dans la terre d’Algérie. Avec les saisons, elles germeront pour se propager comme un poison. Il est capital de reconnaître le Mal, l’exorciser par une justice réelle et crédible qui jugera les coupables pour crimes contre l’humanité. La dette des crimes commis doit être payée devant la société algérienne et le monde. Tant qu’il n’y aura pas cela, la peur restera. Tout crime non puni engendrera d’autres crimes.
La paix, oui, mais pas au prix de l’impunité des assassins, pas au prix d’une amnistie fardée. Le texte de la Charte proposée ne parle pas du tout du statut social des victimes du terrorisme, des enfants qui ont assisté à l’exécution d’un ou de plusieurs de leurs proches, des jeunes filles violés que leurs familles avaient refusé d’accueillir… Que sont-ils devenus tous ? Le terrorisme a fait de l’Algérie un grand hôpital psychiatrique ; les dégâts psychologiques et moraux sont énormes, incalculables, affolants… Que faire ???
Qu’allons-nous léguer aux futures générations ? Notre lâcheté de n’avoir pas pu exiger à ce que justice soit faite ? La trahison d’avoir transformé notre résistance en une reddition sans conditions ?
Mme Raja Alloula
Oran le 12 septembre 2005

20ème anniversaire de sa mort : Oran n’oublie pas Abdelkader AllOULA
le 16.01.14

Nous sommes en 2014. En cette année, cela fait 20 ans que le regretté Abdelkader Alloula a été lâchement assassiné par les mains d’intégristes barbares, ceux pour qui la culture doit être bannie de la société et les hommes de lettres, ni plus ni moins qu’exécutés.

C’est donc pour célébrer comme il se doit ce triste anniversaire, celui de la mort d’un géant du théâtre algérien, assassiné un certain 10 mars 1994, que la fondation Alloula s’est décidée à programmer une série de manifestations, dont le coup d’envoi aura lieu à partir du 13 mars prochain. Ces hommages ne seront qu’en préambule à une série de rencontres théâtrales qui auront pour thème son œuvre et son impact sur la société. Afin que cet hommage soit un succès, et surtout qu’il soit à la mesure de l’homme qu’était Alloula, dès à présent, la fondation Alloula s’attelle à organiser les préparatifs.

D’abord, il y a un appel à participation qui a été lancé via les réseaux sociaux, où toute troupe, groupe ou artiste individuel désireux de prendre part à l’hommage doit s’approcher, dès maintenant, de la fondation, en envoyant à cette adresse mail : fondationalloula.dz@gmail.com, sa fiche de candidature ainsi qu’un extrait vidéo de 5 minutes (pas plus), de son spectacle. Au total, six spectacles seront retenus par un comité concocté pour la circonstance, pour être joués lors de la série d’hommages. Les 6 spectacles (sous différentes formes : théâtre, musique, danse, poésie…) devront tous avoir cette même thématique : «Alloula, 20 ans après… quel impact dans l’activité théâtrale et artistique d’aujourd’hui ?».

Akram E. Kebir
ELWATAN

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