Histoire

HOMMAGE A MAURICE AUDIN mathématicien algérien assassiné par les parachutistes

Mardi 10 juin 2014 à 10 heures
au Forum du quotidien El Moudjahid, rue de la Liberté
HOMMAGE A
MAURICE AUDIN
mathématicien algérien assassiné par les parachutistes

organisé par Machaal Echahid (ONM)
Avec la participation de Mohamed Rebah, chercheur en histoire, auteur.
Agé de 25 ans, père de trois enfants, Maurice Audin fut kidnappé à son domicile, à Alger, par les parachutistes, dans la nuit du 11 juin 1957. Torturé au centre de tri et de transit d’Elbiar, il fut assassiné dix jours plus tard, le 21 juin, poignardé par le sous-lieutenant Gérard Garcet, aide de camp du général Massu, selon le témoignage du général Aussaresses.
En plus de ses activités de chercheur, Maurice Audin avait été omniprésent dans les luttes syndicales et politiques. C’est à travers ces luttes que se forma sa conscience nationale. Il intégra ainsi, dans le feu de l’action, la nation algérienne en lutte pour sa dignité.


Nous pensons utile d’offrir à nos lecteurs l’article de la ligue des droits de l’homme-Toulon (France) qui a pour titre :

La mort de Maurice Audin : un crime d’État …
____________________________________________________

Dans un livre paru le 9 janvier 2014 aux éditions des Équateurs, La vérité sur la mort de Maurice Audin, le journaliste Jean-Charles Deniau apporte des précisions sur la fin du jeune mathématicien communiste Maurice Audin, disparu à Alger après avoir été arrêté et torturé par l’armée française, le 11 juin 1957.
Alors que sa famille tente depuis d’obtenir la vérité et que l’armée française campe depuis 50 ans sur sa version officielle – Maurice Audin se serait évadé de prison –, ce nouvel ouvrage s’appuie sur le témoignage du général Aussaresses. Ce dernier aurait reconnu peu avant sa mort que c’est bien lui qui, sur ordre du général Massu et avec l’assentiment du pouvoir politique, a fait liquider Maurice Audin en 1957.
Josette Audin, veuve de Maurice Audin, a émis des doutes sur les déclarations du général Aussaresses : « C’est bien que le général ait dit sa vérité mais c’est seulement SA vérité. Ce n’est pas forcément LA vérité. » Au-delà du cas de son mari, Josette Audin a par ailleurs appelé le président de la République à condamner officiellement les tortures organisées par l’armée française pendant la guerre d’Algérie.

[Mis en ligne le 9 janvier 2014, mis à jour le 10]

Communiqué LDH

Maurice Audin a-t-il été assassiné sur ordre ?
Durant la guerre d’Algérie, Maurice Audin, jeune mathématicien et militant communiste âgé de 25 ans, arrêté à son domicile, à Alger, le 11 juin 1957, par des militaires français, a disparu peu après alors qu’il se trouvait entre leurs mains. Depuis lors, son épouse, Josette Audin, le Comité Maurice Audin, présidé par Pierre Vidal-Naquet, et la Ligue des droits de l’Homme n’ont eu de cesse de demander aux autorités françaises qu’elles disent la vérité sur sa disparition.
En mars 2012, suite à la publication par le Nouvel Observateur d’informations selon lesquelles ce serait le sous-lieutenant Gérard Garcet, chef d’état-major du général Massu, commandant la division parachutiste exerçant les fonctions de police à Alger, qui aurait mis fin à ses jours, la LDH a renouvelé publiquement sa demande.
Promises par le président de la République à Josette Audin dans la lettre qu’il lui avait adressée en décembre 2012, les archives qui lui ont été communiquées en février 2013 par le ministre de la Défense n’apportent aucun élément, aux dires des historiens qui les ont examinées, sur la disparition de son mari.
En revanche, le livre La Vérité sur la mort de Maurice Audin, où le journaliste et documentariste Jean-Charles Deniau publie les résultats de son enquête, avance des éléments nouveaux qui rendent indispensable que les autorités françaises disent enfin la vérité sur ces faits. D’après lui, l’ordre de tuer Maurice Audin a été donné au commandant Aussaresses par le général Massu, avec l’assentiment probable du ministre résident en Algérie, le socialiste SFIO Robert Lacoste, alors que le président du Conseil était depuis peu le membre du Parti radical, Maurice Bourgès-Maunoury. L’enquête confirme, par ailleurs, quant à l’exécuteur du crime, les informations publiées en mars 2012 par leNouvel Observateur. L’objectif de cet assassinat étant de faire un exemple destiné à avertir et dissuader les communistes de soutenir la lutte d’indépendance algérienne.
L’assassinat de Maurice Audin, qui a frappé d’autant plus l’opinion publique qu’il s’agissait d’un jeune universitaire français, n’est qu’un exemple des tortures et exécutions sommaires infiniment plus nombreuses qui ont frappé des Algériens. Après d’autres travaux, ce livre montre comment, durant cette guerre, des autorités civiles et militaires françaises ont poussé des soldats à commettre en Algérie des actes qui ont été définis par des textes internationaux au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale comme des violations graves des droits de l’homme. Comme en ont témoigné le général Pâris de Bollardière ou le secrétaire général de la police d’Alger, Paul Teitgen, qui a démissionné en 1957 parce qu’il refusait d’en être complice, l’illégalité et l’irresponsabilité ne pouvaient conduire qu’à des crimes de guerre.
Pour la Ligue des droits de l’Homme, il est plus que temps, un demi-siècle après ces faits, que les plus hautes autorités de la République française, comme les différentes institutions de la société, le reconnaissent.

Paris, le 9 janvier 2014

article communiqué de la LDH de la rubrique les deux rives de la Méditerranée > Maurice Audin
date de publication : vendredi 10 janvier 2014

Les commentaires sont clos.