Société

Jean-Luc Einaudi, l’ami des opprimés,n’est plus

Jean-Luc Einaudi, l’ami des opprimés,
n’est plus
Jean-Luc Einaudi, auteur de « Pour l’exemple. L’affaire Fernand Iveton », paru il y a 28 ans, en 1986 à Paris, fruit d’un long travail de recherche, et de plusieurs écrits sur les crimes commis par le colonialisme français, est décédé samedi 22 mars 2014 à Paris, à l’âge de 63 ans.
J’ai connu le regretté Jean-Luc Einaudi au Centre Culturel Algérien de Paris. C’était le 15 décembre 2011. Lors d’une conférence tenue ce jour-là, nous avions évoqué ensemble le combat de Fernand Iveton, guillotiné à la prison de Barberousse, à Alger, le 11 février 1957.
« En ce qui me concerne, avait-il dit, et tant que je le pourrai, en tant que citoyen français, pas en tant qu’historien, je continuerai à faire tout ce que je peux pour que la vérité soit connue concernant Fernand Iveton et tous ceux qui ont été conduits à la guillotine au cours de ces années-là ». Il a rappelé les conditions dans lesquelles il a écrit le livre, en 1986,« Pour l’exemple. L’affaire Fernand Iveton »
Au colloque qui avait suivi la cérémonie de remise du Prix Maurice Audin de mathématiques, au mois de juin 2012, il était revenu sur « l’affaire Fernand Iveton ».
« N’est-il pas troublant, disait-il, que cette cérémonie pour la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin se tienne en cette Très Grande Bibliothèque de France qui porte, en hommage, le nom de l’ancien Garde des sceaux devenu Président de la République française…François Mitterrand porte la responsabilité historique d’avoir fait procéder aux premières exécutions capitales de la guerre d’Algérie, le 19 juin 1956 (Hamida Zahana et Abdelkader Ferradj)…Parmi ces guillotinés, je voudrais vous parler également de Fernand Iveton. Ouvrier communiste, Fernand Iveton avait rejoint le FLN. Sans avoir tué ni voulu tuer, ni même blessé qui que ce soit, il fut jugé et condamné à mort par le Tribunal militaire d’Alger, dix jours après son arrestation…Il fut guillotiné (le 11 février 1957) …On sait qu’au Conseil supérieur de la magistrature, dont il était vice-président, François Mitterrand a voté la mort de Fernand Iveton…En cette Très Grande bibliothèque Nationale de France qui honore François Mitterrand, rappelez-vous de Fernand Iveton. »
Le souvenir de Jean-Luc Einaudi, l’Ami de l’Algérie, dont le seul souci était « la recherche de la vérité qui n’est jamais absolue mais il faut y tendre », comme il aimait à le souligner, est gravé dans notre mémoire.

Mohamed Rebah

ECRITSDE JEAN-LUC EINAUDI
Pour l’exemple. L’affaire Fernand Iveton. Préface de Pierre Vidal-Naquet. (en 1986)
La Ferme améziane. Enquête sur un centre de torture pendant la guerre d’Algérie. (en 1991).
La Bataille de Paris. 17 octobre 1961. (en 1991).
Un rêve algérien. Histoire de Lisette Vincent, une femme algérienne.
(en 1994).
Un Algérien. Maurice Laban. (en 1999).
Viet-Nam ! La guerre d’Indochine (1945-1954). en 2002.
Les Silences de la police. 16 juillet 1942-17 octobre 1961. (en 2001).
Franc-Tireur. Georges Mattéi, de la guerre d’Algérie à la guérilla. (en 2004).
Scènes de la guerre d’Algérie en France. Automne 1961. (en 2009).

vive son sens de la vérité historique

L’un des rares à insister sur les responsabilités politiques de Mitterrand et de De Gaulle dans les massacres commis en Algérie !
Je l’ai rencontré au mois de Novembre dernier et échangé avec lui sur son thème « favori » le 17 octobre 1961.
Il avait aussi apporté son concours au colloque Maurice Audin de 2012, en rappelant la responsabilité de François Mitterrand dans l’application des « pouvoirs spéciaux » en Algérie et les exécutions de
patriotes algériens .
Il m’avait demandé s’il était possible d’interviewer mon père sur son passage à tabac à la ferme Ameziane de Constantine, pour enrichir ses enquêtes sur la torture. Hélas, il est parti.
paix à lui et que vive son sens de la vérité historique !

Kamel Badaoui

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Christine, sa femme
Elsa, sa fille
ont l’immense chagrin de vous faire part de la disparation de
Jean-Luc EINAUDI
survenue le 22 mars 2014, au lever du jour, dans sa 62ème année à la Maison médicale Jeanne Garnier,Paris 15ème
Ses funérailles se dérouleront le 28 mars 2014 à 14h30 au crématorium du Père Lachaise dans la salle « La coupole ».
Les fleurs offertes seront déposées au « mur des fédérés » après l’hommage.

« Il n’est de justice que dans la vérité »
« Il n’est de bonheur que dans la justice »
E.Zola

Madame Christine Einaudi
6 rue des Louvres
95140 Garges-lès-Gonesse

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