Économie

La crise financière a impacté vraisemblablement l’investissement industriel au complexe sidérurgique d’El Hadjar

le 08.10.17 | 12h00 El Watan
En effet, après une première phase couronnée par un succès, la seconde étape du Plan de
redressement interne (PRI) de la société Sider El Hadjar ne sera pas
lancée, du moins pour le moment.
C’est la décision qu’a prise le nouveau ministre de l’Industrie et des
Mines, Youcef Yousfi, la semaine dernière lors d’une réunion qui l’a
regroupé avec les dirigeants du complexe El Hadjar et du groupe Sider.
Selon des sources au fait de ce dossier, «la deuxième étape du PRI
consiste à passer de la production à la transformation de la fonte en
produit vendable. C’est-à-dire qu’actuellement le HF N°2 est en mesure
de produire 1,1 million de tonnes de fonte par an. Ce qui représente
les objectifs fixés de la première phase du PRI. Quant à la seconde
étape, elle prévoit le transfert à la société Sider El Hadjar son
patrimoine immobilier, dont le terrain sur lequel est bâtie
l’entreprise.
Pour cela, il faut éponger une dette de plus de 104 milliards de
dinars pour permettre une augmentation de son capital social et
assainir définitivement ses finances». Et si pour l’argent le ministre
de l’Industrie évoque la crise financière, pour le patrimoine
l’opération semble faisable. En effet, le terrain sur lequel est
implantée l’usine est une propriété du groupe Sider. Bien qu’elle soit
la plus importante filiale du groupe, Sider El Hadjar paye le prix
fort pour la location de ce terrain.
Ce qui n’est pas le cas pour les autres filiales ou pour l’ISGA et la
SGS où le groupe se permet de lancer deux chantiers pour la
construction d’un siège social pour chacune d’elles. Les sidérurgistes
d’El Hadjar font appel à Ahmed Ouyahia pour dénoncer ces écarts de
gestion en lui demandant d’intervenir tel qu’il l’avait fait lorsque
ArcelorMittal avait déclaré la cessation de paiement. A l’époque,
Ouyahia avait tranché et sommé le partenaire étranger de quitter
l’usine qui sera prise en charge par l’Etat.
«Nous ne comprenons pas comment est géré le groupe Sider. D’un côté,
il tergiverse à chaque fois pour venir en aide au complexe alors qu’il
s’est lancé dans la construction de deux sièges de direction pour
l’ISGA et la SGS, sachant que les travailleurs de cette dernière ont
failli ne pas être payés à la veille de l’Aïd El adha. Même durant la
crise de l’eau qui a frappé la wilaya de plein fouet, Bediar Ali, le
directeur général du groupe Sider, a avancé aux autorités locales,
dont le wali de Annaba, des chiffres erronés sur les besoins du
complexe. Il y a une volonté douteuse de bloquer l’émancipation du
complexe sidérurgique d’El Hadjar», se plaignent les sidérurgistes.
Les entreprises de sous-traitance, notamment étrangères, sont un autre
filon qui est exploité, parfois même imposé. Dans ce tableau sombre,
Habèche Maamar, le président du conseil d’administration de Sider El
Hadjar, et Amouri Noureddine, le président du partenaire social,
placent toujours leur confiance en l’avenir du complexe. Ils nous ont
annoncé la confirmation de 75 jeunes cadres, recrutés récemment dans
le cadre du dispositif d’emploi CTA. Faut-il rappeler que le groupe
Sider est victime d’un véritable problème de management ! En effet,
selon des sources proches de Sider El hadjar, les retraités du
bâtiment qui sont à la tête du groupe Sider ne sont pas spécialistes
dans le domaine de la sidérurgie. «Issus tous du secteur du bâtiment,
ils ne peuvent apporter aucune valeur ajoutée aux ressources humaines
du complexe. Donc, leur venue n’est pas liée à la mission principale,
celle de la réhabilitation du complexe d’El Hadjar.
Elle peut être expliquée par la convoitise du riche patrimoine
immobilier de la société dont le site de Hydra (Alger) et les
appartements et villas de Annaba qui ne sont pas cités ni évalués»,
révèlent les mêmes sources. Ils auraient été désignés par leur mentor
politicien pour s’accaparer le patrimoine de Sider, réparti à
l’échelle nationale avec la bénédiction de l’ex-ministre de
l’Industrie Abdeslam Bouchouareb. En effet, âgé de plus de 70 ans, Ali
Bédiar, le PDG du groupe Sider, est un retraité du secteur de
l’immobilier.
Conscient de ses insuffisances professionnelles dans le domaine de la
sidérurgie, il fait appel à des retraités consultants avec le
consentement de sa tutelle d’Imetal, elle-même dirigée par Ahmed Yazid
Touati, un retraité de Batimétal. «Cette manière de faire qui alourdit
les charges de la société et disqualifie les véritables compétences de
l’entreprise phagocyte les espoirs de toute une génération de jeunes
cadres spécialistes en sidérurgie, intègres et prometteurs. Elle est
devenue monnaie courante durant le mandat de l’ex-ministre Abdeslam
Bouchouareb. Des expertises sont confiées à des consultants étrangers
qui pouvaient être, en réalité, aisément exécutées au sein de
l’entreprise et sûrement avec une meilleure efficacité.
L’école de Sider est connue dans le pays pour la qualité de sa
formation et celle de ses cadres. Aujourd’hui, le groupe Sider
débourse, en pleine crise financière, pour seulement deux consultants
externes, 800 000 DA/mois, sans résultat probant. Le DG d’Imétal roule
en grosse cylindrée, flambant neuve de plus de 7 millions DA. Qui se
soucie présentement de cette saignée d’argent en pleine crise ? Nul ne
semble intrigué ou gêné par ces situations qui devraient relever des
cas d’exception», s’insurgent des cadres de Sider El Hadjar.
Gaidi Mohamed Faouzi

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