Politique

La dimension économique de la course à la Maison Blanche

Les prévisions économiques de cette année de Mikhail Chazin portent principalement sur la façon dont les développements en Russie et globalement vont être affectéspar ceux qui dominent la course à la Maison Blanche.
Les élites mondiales sont déjà définitivement divisées en deux grands groupes. Lepremier est formé des « Financiers » liés étroitement aux banques multinationales, issus du système de Bretton Woods et des Reaganomics « .
Le deuxième se compose de trois composantes :- les « Isolationnistes
américains», pour lesquels, les intérêts de l’économie américaine sont plus
importants que les intérêts du système financier mondial; -les Financiers »
non américains qui s’orientent principalement sur Londres (et jusqu’à
récemment sur Hong Kong), élites de l’ancien Empire britannique; enfin,
-les élites de l’Europe continentale, c’est à dire les représentants de la
vieille aristocratie, des restes des empires du XIXème siècle (allemand,
austro-hongrois et ottoman) « .*

*« L’Équipe d’Obama » est dans les rangs des « Isolationnistes mous».
Elle a bloqué la tentative de transférer l’émission de la monnaie
américaine hors du contrôle des États-Unis. Dans le même temps, elle a
grandement limité le rôle de ceux qui ferraillaient pour les Financiers au
sein de la Maison Blanche. Et en 2014, elle a arrêté l’émission massive
de dollar, noyau de leur infrastructure. Et donc, aura une importance
cruciale-et pas seulement pour la Russie- la question : qui gagnera
l’élection présidentielle américaine du représentant des isolationnistes
durs (disons Trump) ou au contraire, des « financiers » (disons Clinton).
En Russie, ces derniers sont représentés par « l’équipe libérale ». C’est
cette équipe précisément qui a sous son contrôle la politique économique et
financière et budgétaire du pays. Avec des résultats extrêmement tristes.
Le gouvernement, au lieu de prendre des véritables mesures anti crise,
augmente les impôts (pour les libéraux russes, l’économie se réduit à un
budget équilibré). La restauration de l’import-substitution se heurte à
l’absence de source d’investissement en rouble (qui a été interdite par
Gaydar) En plus, la politique fiscale a été rédigée par des consultants
étrangers au début des années 90. Afin de liquider les productions à haute
valeur ajoutée. Pour changer la Russie en appendice de matières premières
de l’économie mondiale *

*L’impasse des privatisations*
*Cependant, jusqu’au « cas Ioukos, **les **oligarques ne payai**ent pas
d’impôts du to**ut (ou** symboliquement** seulement via les localisations
offshore**). Entre-temps, cependant**, la révolution informationnelle est
venue. Et l**’administration fiscale est** en mesure** d’obliger
pratiquement toutes les entreprises – dans le secteur réel de l’écono**mie
– à payer TOUS*
* les impôts ». Précisément, cependant, dans la situation où l’eldorado de
l’escroquerie des débuts de la privatisation a irréversiblement disparu.
Ils puisaient non seulement des entrées fabuleusement bon marché, hérités
de l’ère soviétique, mais aussi des valeurs gigantesques prises avec les
« cinq doigts ». Le taux de rentabilité entrepreneurial calculé s’élevait à
au moins 50% Maintenant, il est à environ 15% (par rapport aux 3à 4% dans
les secteurs réels de l’UE). Avec la fiscalité dérivée de la rentabilité
précédente, la plupart des entreprises russes étaient dans le rouge, par
définition. Pire est la gestion du crédit. Les chapitres sur
d’insolvabilité favorisent les créanciers, plutôt que le maintien de la
production. Jusqu’à déclarer en faillite une entreprise encore en mesure
de remplir ses obligations, au moins partiellement.*

*Dans le même état se retrouve aujourd’hui, cependant, presque tout le
monde. Et donc une vague massive de faillites d’entreprises dans le
secteur réel peut survenir bientôt. Dans les conditions russes, cela
équivaut pratiquement à leur liquidation totale.*

*Ici, la faillite va, grâce à la législation en vigueur, se terminer par la
vente des actifs de base à la ferraille.*
*Les risques de l’héritage post-soviétique*

*Dans les mains du secteur privé se trouvent aussi presque toute la
distribution alimentaire, les services liés au logement, et d’autres
composants de l’infrastructure de la civilisation. Le Domino des faillites
menace donc de perturbations sérieuses dans une situation où les produits
pour l’approvisionnement sont disponibles. D’autant plus que le leadership
et l’appareil actuels du secteur public ne connait que l’externalisation
et des gestions de choix cousues sur mesure pour des sociétés partenaires,
souvent tout à fait fictives. Cela pourrait conduire au bord de
l’effondrement dès cette année, en l’automne. Se fier à la verticale
administrative est naïf. Même la Banque centrale n’est contrôlée du Kremlin
qu’en apparence. En réalité, la haute direction du pays ne lui fixe aucune
tâche concrète. L’illustration en est fournie également par la réaction de
la Banque centrale aux attaques de la « guerre économique ». De par la
constitution, elle est censée garantir surtout la stabilité de la monnaie
nationale. Mais, la Russie, l’année dernière, de ce point de vue là
justement, a terminé dernière du classement mondial **Les desseins de la
« crème » libérale*

*Un si brillant résultat ne peut plus être imputé à de l’incompétence pure*

*On ne peut y parvenir que délibérément. A cela, il y a deux explications.
En tout premier lieu, il y a que la Banque centrale est en étroite
relation corrompue avec la direction des plus grandes banques (y compris
d’Etat) qui volontairement, dans le but de maximiser leurs profits,
augmentent l’amplitude des fluctuations des taux de change. Du point de vue
de la loi, c’est un crime. La dévaluation du rouble est intervenue
précisément au moment où les USA ont cessé l’émission de dollar.*

*Et le système mondial de dollar a commencé à souffrir de problèmes de
liquidité. La volatilité croissante du rouble a conduit à une augmentation
des sorties de capitaux (comprendre à une augmentation de la demande de
dollar), ce qui allait justement en soutien de ce système. Si on fait
abstraction de la spéculation (c’est-à-dire la vente de devises étrangères
au prix maximum et leur achat au prix minimum, ce qui pour des banquiers
connectés aux banques centrales n’est pas un problème) le rendement d’un
investissement dans le dollar (acheté le 1er janvier et vendu le 31
décembre 2015) s’élevait à environ 100 %. De quel genre d’investissements
privés dans le secteur réel peut- on ensuite parler? Le propriétaire privé
veut encaisser des bénéfices et non pas sur son propre compte soutenir
l’économie russe. **La nomenclature de la télécommande*

*Nous sommes membres du FMI, nous avons signé sa Charte et nous ne faisons
qu’obéir aveuglément à ses instructions. Même le team libéral russe a été
désigné par l’administration américaine du temps du président B. Clinton,
déjà. Et jusqu’aujourd’hui, il est, à bien des égards, piloté par des
personnes qui dirigent la politique financière mondiale des années 90. Y
compris Larry Summers, dont les lettres à Tchoubaïs, disponibles sur
Internet, sont une fenêtre particulière démesurée sur le système des
relations mutuelles. Être sur les gens autour de soi, comme un chien –
fait remarquer un économiste qui l’a appris de première main – n’est pas
dans le style de Poutine. Les libéraux n’ont pas à être, Dieu sait
comment, nerveux, même s’ils commettent de quelconques erreurs. Face à
des problèmes croissants ils sont cependant, dans une position de plus en
plus vulnérable. Et cela déclenche nécessairement des attaques contre tous
les dirigeants, qui d’une façon ou d’une autre sont une alternative au
bloc économique et financier du gouvernement ». Par exemple, contre le
vice-Premier ministre Dmitri Rogozin, qui dirige l’industrie de la Défense
– ou le conseiller de Poutine, Sergei Glazev, démasquant les lacunes
effrayantes des « libéraux », à partir de positions académiques même – ces
attaques sont déjà à plein régime. Poutine doit également faire face à des
problèmes économiques dans le contexte des pressions extérieures. Et il
est entouré par, au minimum, deux groupes opposés dont les partenaires à
l’étranger se sautent mutuellement à la gorge. Dans les faits, ils sont
encore plus nombreux, parce que les isolationnistes eux-mêmes se divisent
au minimum en trois composantes*

*Si bien que sur le terrain de sa stratégie syrienne (et partiellement
ukrainienne), Poutine fait face activement à l’élite financière. Pendant
qu’ici, au plan économico-financier, il manœuvre précisément selon leur
cours. Presque, comme si Alexandre Nevsky, quand il se préparait à se
battre avec l’ordre Teutonique, avait confié l’approvisionnement de son
armée à une filiale de cet ordre. Serait –il parvenu, avec une telle
politique, jusqu’au Lac Tchudsky ? J’en doute fortement.*

*L’élite financière a Poutine en travers de la gorge, depuis des années
Maintenant, cependant, leur ennemi principal ce sont les isolationnistes
américains, les élites britanniques (Windsor, Rothschild etc.) et le
Vatican socialisé symbole en quelque sorte des élites continentales*

* Pour les « financiers » Poutine ne devient menace mortelle que si c’est
lui-même qui provoque la confrontation. C’est pour cela qu’il déploie
toutes sortes de manœuvres mais ne franchit pas la ligne rouge*

*Ce dont ne s’enquiert pas qu’Hillary de fer **Dans la bataille pour la
Maison Blanche même Sanders a encore une chance (par exemple, si Clinton
est exclu pour les crimes qu’elle a à son compte). *
*Si Trump gagne, il exigera de Poutine des garanties pour des relations de
partenaires. Qu’il débarrasse son environnement des financiers, ses
ennemis. Et la Russie prendra la responsabilité d’une série de questions
régionales pour lesquelles Trump ne veut pas dépenser de l’argent
américain. Surtout pour la sécurité en Europe orientale et en partie au
Moyen-Orient aussi. Donc également pour neutraliser les réseaux
terroristes qui doivent leur existence aux Financiers Trump s’accordera
avec Poutine, presque de manière garantie. Cela va nécessairement énerver
les Financiers. C’est pour cela que les pressions sur Poutine de la part
des Financiers soutenus par leur agence russe vont fortement s’intensifier
très bientôt. Dans l’effort de faire de lui quelqu’un à qui on ne doit pas
donner la main. Alors que le cirque sur le thème de la « menace russe »
est confié principalement aux élites pro-américaines de l’Europe de l’Est.
Ceux – là, en fait, si la Maison Blanche n’est plus gouvernée par les
Financiers qui les ont nommés, ne risquent pas de perdre que… qu’ils se
sont octroyé. Le nouveau pouvoir de ces pays va lancer aussi des enquêtes
anticorruption. Et les élites actuelles n’ont pas ici la moindre garantie
que la nouvelle direction des États-Unis les protégera. Pour Trump ce
sont des hommes à ses ennemis. Ceux qui ont la citoyenneté américaine
vont, dans le meilleur des cas, payer dans une prison américaine*

*L’instinct de survie américain **Trump lui-même s’il veut éviter la
revanche des Financiers, doit changer totalement le modèle basé sur la
domination du secteur financier. Relever les taux d’intérêt de la FED à un
niveau où les parasites, vivant de l’émission de dollars, y compris les
banques transnationales, vont se retrouver à sec, les entreprises et les
ménages passeront à la faillite. Et l’économie purgée de l’endettement
rebondit de ce fond dur et se met à croître.*

*Cela soulève de manière plus aigue la question des alternatives. D’une
croissance sur un autre fondement que la demande stimulée par l’émission
monétaire se dirigeant vers le piège de la dette. Jusqu’à présent,
cependant, manque même le langage scientifique, décrivant fidèlement la
situation actuelle. La crise dure depuis huit ans déjà, les médias
mainstream ne savent pas cependant l’expliquer.*

* En fait, depuis la fin des années 70, le discours économique est dans les
mains du secteur financier. Les diplômés d’économie de ces dernières
années se sont allaités à la règle selon laquelle le secteur financier
doit gouverner l’économie.*

*La saison des alternatives réelles*
*Il n’y a que l’école de l’économie politique qui relève le défi. Elle a
une assise très large justement en Russie. Y compris la théorie de la
crise, écrite près de 10 ans avant sa survenue. (Voir M. Chazin, A.
Kobjakov: Le crépuscule de l’empire du dollar et la fin de la « Pax
Americana » – www.stripkyzesveta.cz ). Les
conceptions alternatives de la croissance ne sont disponibles que sous la
forme de macroeconomics. Il faudra les adapter à la pratique économique
nationale Mais elles existent. Pour lutter contre les Financiers, si on
doit passer de la phase passive à la phase active, c’est la seule base
réaliste. Dans un vide conceptuel, comparable à la croisée des chemins
après la chute du despotisme tsariste. A cette époque aussi s’était posée
la question s’il existe une force capable de naviguer à travers la crise.
« Un tel parti est ici! », cette affirmation n’était sortie que d’une seule
bouche. Celui qui offrira le scénario alternatif, fondant le développement
économique effectif, a une chance sans précédent de scorer cette fois-ci.
Chazin se dirige dans le noir. L’oligarchie financière ne connaît plus
que la rente parasitaire. Dans ce coton, elle ne voit même plus le bout
de son nez. Les caisses de résonnance attitrées qu’elle entretient sont à
la même enseigne. La cécité, déguisée en clairvoyance ne peut être brisée
que par un projet qui n’a pas de complexe d’infériorité. Rien contre les
droits des gays et des lesbiennes. Ni contre les Végétariens et les
grenouilles. Ni contre les éléphants, tués pour de l’argent. La Gauche
a, cependant, un agenda plus urgent – empêcher un harakiri de la
civilisation. Va-t-on s’y mettre ?*

* Josef SKÁLA*
Article traduit de la langue tcheque

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