Économie

LE SENS DE LA TRANSITION

La transition « frappe à nos portes », « la question politique » devient une priorité absolue ! Ces formulations pressantes de l’urgence d’un changement sont devenues une figure récurrente du discours sur « la crise du système ».Mais la question des racines profondes de cette crise qui plongent dans la politique de démantèlement du développement national engagée depuis près de quatre décennies est complètement occultée. Qui pose « la question politique », dans quels termes et dans quels buts est-elle posée, quel est le sens de cette transition, ces interrogations essentielles pour en situer les enjeux fondamentaux apparaissent absentes du «débat ».
On se focalise sur des problèmes de succession : « 4ème, 5ème, 6ème ? Mandat, etc ». La scène est dominée quasi exclusivement par les réflexions axées sur la refonte des formes institutionnelles et des structures du pouvoir. Avec en ligne de mire, l’émancipation de « l’autoritarisme rentier » .Ainsi, pour le courant mainstream, l’objectif qui doit exprimer le sens du changement de système est le régime du droit et de l’Etat de droit, avec des pouvoirs séparés et équilibrés et le respect des libertés individuelles et collectives
Mais poser le problème du changement du régime politique dans cette optique restreinte, déconnectée de la question fondamentale du système social, une optique qui laisse dans l’ombre, sinon évacue de son champ de préoccupation, le problème du soubassement socio-économique de la perspective proposée. Faire émerger un système juridique de quel paysage économique et social ? La question de la reconfiguration des structures institutionnelles et politiques du pouvoir ne saurait être envisagée en soi et pour soi, en laissant en suspens les interrogations relatives à ses déterminants structurels, à ses forces motrices, à son contenu socio-économique, bref à ses enjeux essentiels.
En d’autres termes, un changement institutionnel et politique à quelles fins ?
– pour passer une vitesse supérieure dans la libéralisation économique et l’insertion dans la mondialisation libérale et financière, porteuses d’exclusion sociale, d’aggravation des inégalités sociales et territoriales, d’approfondissement de la dépendance et donc grosses de risques de dislocation du tissu social et d’effondrement de l’Etat national,
-pour instaurer la démocratie dans son volet libéral, droits de la propriété privée, des contrats, de la libre concurrence, et l’État de Droit qui garantit la propriété privée, en définitive une démocratie qui s’accommode de l’absence de droits économiques et sociaux comme du statut d’économie dépendante, de périphérie capitaliste subordonnée et dont le multipartisme relève de la nécessité fonctionnelle car il importe de fournir un exutoire aux tensions et frustrations engendrées inévitablement par la libéralisation économique, en un mot, une libéralisation politique offerte comme exutoire pour les victimes des nouvelles règles du jeu ou,
-en tant que levier pour relever les défis de la démocratisation des rapports sociaux, de l’élargissement et de l’affermissement des pouvoirs de négociation des organisations syndicales et ceux de participation des organisations de jeunes, de femmes, etc, où le processus de démocratie accompagne le développement économique et social et où l’économie est un moyen au service d’une fin qui consiste à développer le pays et à construire une vie heureuse et digne pour son peuple et finalement un changement au service du renforcement des bases populaires d’un projet de développement national souverain qui apporte progrès, bien-être et justice ?
En réalité, une problématique des formes institutionnelles et politiques du régime dissociée de l’analyse de sa nature sociale et de ses contradictions, ne peut que faire l’impasse sur ces enjeux et perpétuer les problèmes de crise de système

Abdeltif Rebah

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