Luttes des travailleurs

LUTTE DES TRAVAILLEURS

Fin du conflit à la cimenterie Lafarge d’Oggaz (Mascara)
Une porte de sortie négociée
Par : D. LOUKIL
Les ex-salariés, qui vont devoir faire face aujourd’hui à des problèmes de santé dus à leur grève, ont souvent déploré, à juste titre, le silence et l’inaction des autorités et de l’UGTA qui n’ont “jamais agi pour défendre les droits des travailleurs algériens”.

Les 15 grévistes de la faim de la cimenterie Lafarge d’Oggaz (wilaya de Mascara) ont cessé leur mouvement de protestation après plus de 80 jours de jeûne. Un conflit et une grève de la faim qui auront marqué les esprits, suscitant même de très nombreuses réactions et actions de solidarité en Algérie, mais aussi à l’étranger. Des campagnes de soutien ont été menées par des organisations syndicales internationales en France et en Espagne. L’arrêt de la grève de la faim des 15 ex-salariés de Lafarge, suspendus à titre conservatoire depuis novembre 2013, a été décidé suite à un accord trouvé avec la direction de la cimenterie. La négociation a porté sur l’acceptation du départ volontaire et d’indemnités, étant entendu depuis le début que Lafarge ne consentira jamais à réintégrer les grévistes, considérés comme des meneurs de grève. Pour rappel, une grève avait été enclenchée dans l’usine en 2013, suite au non-respect des engagements de la direction de Lafarge portant sur de nombreux points de revendications socioprofessionnelles de l’ensemble des salariés à l’époque. Ainsi, les 15 grévistes avaient été suspendus et poursuivis en justice pour entrave à l’exercice du travail, alors que durant leur grève de la faim, la direction de Lafarge multipliera les plaintes les visant et tentant de les déloger de leur campement face à l’entrée du site de production. Pour le groupe Lafarge Algérie, c’est une solution à moindre coût, d’autant que ce conflit a eu un impact et des répercussions en Algérie et à l’étranger. En effet, l’image du groupe a été largement égratignée, dévoilant encore les formes de gestion du groupe en Algérie. Et pour preuve, durant la même période, ce sont d’autres sites et structures de Lafarge Algérie qui ont connu également des actions de protestations.
Les ex-salariés, qui vont devoir faire face aujourd’hui à des problèmes de santé dus à leur grève, ont souvent déploré, à juste titre, le silence et l’inaction des autorités et de l’UGTA qui “n’ont jamais agi pour défendre les droits des travailleurs algériens”, nous déclarent ces derniers.

D. L
CHU de Sidi Bel-Abbès
Les médecins résidents réclament leurs salaires
Par : A. BOUSMAHA
Par le biais d’une lettre adressée au ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, dont une copie a été remise à notre bureau, les médecins résidents du CHU Abdelkader-Hassani de Sidi Bel-Abbès, nouvellement promus, montent au créneau pour dénoncer “la décision arbitraire subite et sans appel de cessation de leurs salaires”, prise à leur encontre par la directrice générale du CHU, après l’obtention, le 27 avril dernier, de leur diplôme de médecin spécialiste (DEMS). Dans leur requête, les signataires précisent également que cette décision “va à l’encontre des textes réglementaires régissant la législation du travail et les instructions du ministre”. Alors que, selon eux, “les salaires ne devraient être arrêtés qu’à la répartition des postes, alors qu’ils dépendent toujours du CHU”. La lettre adressée à leur tutelle va plus loin en signalant que “la directrice du CHU a agi en méconnaissance de la réglementation en vigueur”. Pour preuve, ils rappellent que leurs confrères des autres CHU du pays n’ont pas été touchés par cette mesure. A cet effet, ils affirment qu’ils “vivent la misère du fait de la cessation de salaire”. Tout en déplorant le refus de la directrice générale de les recevoir pour un dialogue sur la question, les médecins résidents protestataires l’appellent à revoir sa décision. Pour sa part, la directrice générale du CHU Abdelkader-Hassani, jointe par nos soins au téléphone, a déclaré : “Les médecins résidents ont obtenu leur diplôme de médecin spécialiste, ils ont fait leur choix et devraient être affectés dans leurs nouveaux postes. Donc, ils ne dépendent plus du CHU.” Par contre, notre interlocutrice a tenu à souligner que les salaires des médecins résidents vont cesser, à la date du 30 juin 2014, et ce, comme l’exige la réglementation, à savoir “deux mois de salaire après l’obtention des diplômes de spécialistes”. Selon elle, cette décision a été discutée avec leur comité, conclut-elle.
Colère des travailleurs d’Altro
par A. Mallem
Les travailleurs de l’entreprise Altro (l’Algérienne des Travaux routiers) au chantier de dédoublement de la route nationale 5 entre Aïn-Smara et Constantine -chantier qui a démarré il y a plus d’une année, disent ces derniers- ont accueilli hier le ministre des Travaux publics par des slogans demandant le départ de leur président-directeur général. Les travailleurs reprochent à leur dirigeant «ses absences continuelles» et sa «mauvaise gestion» de l’entreprise qui, selon eux, «a périclité».

«Notre entreprise était la plus grande d’Algérie et comptait plus de 3000 travailleurs à travers le territoire national, explique Abdelaziz Ali, secrétaire général de la section syndicale du chantier de Constantine. Il a affirmé que dans le temps, Altro avait à sa tête des gestionnaires compétents. «Malheureusement, a-t-il déploré, aujourd’hui, on a mis à sa tête un jeune homme dont les compétences ne sont pas de la dimension d’Altro. Nous ne sommes pas contre la jeunesse, se défend-t-il, mais notre entreprise qui compte actuellement 2100 travailleurs nourrissant plus de 8000 familles, nécessite un responsable qui doit se prévaloir d’une grande expérience». D’après ce syndicaliste, Altro va à la dérive, car son responsable ne vient jamais dans les chantiers pour voir quels sont les problèmes vécus par les travailleurs et pense qu’il peut diriger l’entreprise de loin. Et c’est ainsi que les protestataires ont déclaré que leur chantier n’a jamais fait l’objet d’une visite du PDG de l’entreprise ni d’ailleurs aucun des nombreux projets à l’Est. Aussi, d’après eux, il tient en peu d’estime les directeurs des pôles qu’il refuse même d’accueillir dans son bureau ou de leur parler au téléphone.

«Beaucoup de marchés ont été résiliés, notamment dans la wilaya d’El-Tarf, affirment les travailleurs en colère et, conséquence de cela, même les salaires sont menacés et subissent du retard. Aujourd’hui nous sommes le 7 du mois et nous n’avons pas encore été payés». Le cas des dettes envers les organismes d’assurances et de sécurité sociale a été également soulevé et les plaignants affirment que Altro a subi deux milliards de centimes de pénalités de retard. «Nous avons maintenant plus de dettes que de créances et notre PDG ne s’en soucie pas croyant qu’il peut tout diriger à partir d’Alger». Allant à leur rencontre, le ministre des Travaux publics, M. Kadi Abdelkader, leur a demandé d’abord de ne pas perturber le chantier en faisant de la «fawdha». Puis, pour les calmer, il leur annonça qu’il a discuté avec les responsables d’Altro des problèmes de l’entreprise. «Je vais les accueillir prochainement dans mon bureau et le problème va se régler sous peu», a-t-il promis aux protestataires. Ces derniers se sont montrés apparemment satisfaits du geste fait par le ministre qui s’est montré réceptif à leurs problèmes et ont repris le travail.
Préavis de grève à la poste
par A. Mallem
Le syndicat des travailleurs d’Algérie Poste de la wilaya de Constantine vient de déposer un préavis de grève de deux jours qui sera observée au courant de cette semaine. «La date exacte n’est pas encore fixée mais elle le sera certainement dans les deux jours qui viennent», nous ont affirmé les membres de ce syndicat que nous avons rencontrés hier. Pour justifier leur recours à la grève, les syndicalistes d’Algérie Poste ont évoqué l’absence de réponse aux différentes correspondances qu’ils ont adressées à leur direction générale, au ministère de tutelle, ainsi qu’au syndicat d’entreprise, les 29 mai et 1er juin, à propos du «comportement du directeur de l’unité de Constantine envers les travailleurs et les décisions arbitraires qu’il ne cesse de prendre à leur endroit», lit-on dans le préavis de grève dont nous avons obtenu une copie. Aussi, au cours de notre rencontre avec les membres du syndicat de wilaya, le secrétaire chargé de l’organique, M. Lebsir, a expliqué longuement ce qui est subi par les travailleurs depuis l’arrivée dudit directeur. «Au début, il était coopératif et nous, en tant que partenaire social, nous avons collaboré sincèrement avec lui. Mais au fil du temps, de nombreux travailleurs ont été visés par ses sanctions, mutations injustifiées, etc. Et ce qui est inadmissible aussi est son irrespect déclaré des dispositions contenues dans la convention collective. Nous avons voulu attirer son attention, mais sans résultat. Nous avons saisi les autorités de tutelle. Sans résultat également. Et les portes du dialogue restent toujours fermées». Et d’ajouter que pendant tout ce temps, la dégradation de la situation sur le plan professionnel et des rapports entre le partenaire social et le directeur s’est poursuivie. Qu’il s’agisse des équipements de bureaux, explique notre interlocuteur, de l’habillement du personnel, de l’équipement des guichets, Algérie Poste vit une situation indigne d’une administration de l’Etat vouée au service du citoyen. «Et la situation a atteint un tel point de dégradation qu’un membre du personnel féminin a fait l’objet d’un rapport diffamatoire du directeur qui a porté contre lui des accusations graves sans fournir la moindre preuve, en se basant uniquement sur une dénonciation verbale. Cette affaire a été la goutte qui a fait déborder le vase et provoqué l’indignation des travailleurs qui bouillonnent de colère», a ajouté M. Lebsir. Pour M. Doukhane, le directeur de wilaya d’Algérie Poste, il n’y a pas de syndicat de wilaya. «Je ne connais que des sections syndicales avec lesquelles je travaille. Ces gens-là veulent gérer à la place du directeur et quand je me suis opposé à leur projet, ils commencent à m’accuser de toute sorte de maux», ajoute-t-il. A propos de l’agent dont le syndicat affirme qu’il a fait l’objet d’un rapport diffamatoire de la direction, M. Doukhane a affirmé que ce dernier est passé en conseil de discipline pour s’être bagarré avec ses collègues et même avec son responsable hiérarchique. «Si ces gens-là pensent qu’ils sont brimés ou quoi que ce soit, il y a l’inspection du travail, qu’ils s’adressent aux tribunaux», a dit en substance le directeur de wilaya.
La Tension monte à l’etuj
Les travailleurs ferment le siège de l’entreprise

La protestation dure depuis trois mois
Le bras de fer entre des employés et la direction perdure, sans qu’aucune solution ne soit trouvée au sujet des revendications soulevées.
Engagés dans un bras de force avec la direction depuis le mois de mars dernier, des travailleurs de l’entreprise de transport urbain de Jijel (ETUJ) ont passé à un autre stade de protestation, jeudi, dernier, en procédant à la fermeture de leur entreprise. «Nous n’avons pas le choix, nous avons épuisé toutes les voix de recours, après avoir introduit un recours contre le verdict prononcé par la justice, le directeur a ordonné le recrutement de nouveaux travailleurs, ce qui nous place dans une impasse totale ; nous ne sommes pas contre les intérêts de notre entreprise, car nous œuvrons pour la préserver, raison pour la quelle nous appelons au dialogue, ou à une commission d’enquête pour connaître les dessous de cette affaire», déclare un travailleur. «J’ai un jugement, la grève est déclarée illégale ; que celui qui veut travailler se présente pour le dialogue, quant à celui qui cherche le désordre on y ira avec lui», réplique le directeur de l’ETUJ.
Cette action est menée, précise-t-on, par des travailleurs et non par la section syndicale, dont les activités sont gelées, selon les mêmes sources. Rappelons que les revendications socioprofessionnelles soulevées à l’intention de l’administration ont fini par virer à un conflit opposant une partie des travailleurs à leur premier responsable administratif. Depuis, le bras de force entre les deux parties perdure sans qu’aucune solution ne soit trouvée. Les tentatives de médiation entamées par les services de la wilaya n’ont pas abouti. «L’action de ce jeudi a été décidée pour protester, notamment, contre les recrutements annoncés, alors que le conflit n’a pas encore été réglé», déplorent des travailleurs. Une pétition, dont nous détenons une copie, a été signée par les travailleurs et adressée à différents organismes pour les informer de leur action. Les activités de l’entreprise sont restées totalement paralysées durant la journée de jeudi.
Amor Z.

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