Histoire

Mohamed Hassaine : le chant des Hommes !

Mohamed Hassaine : le chant des Hommes !

1796563_10200549324295164_106776465_n.jpg Hier samedi 28 février 2014, vingt ans après jour pour jour, nous fumes conviés par le collectif « MANENSAOUCHE » (qui a vu le jour sur initiative de quelques uns de tes camarades de lutte
et qui se fait un devoir de perpétuer le droit à la mémoire et la lutte contre l’oubli ) à venir se recueillir sur le lieu ou tu as été enlevé par un groupe terroriste pour disparaître et ne plus nous revenir à ce jour camarade : MOHAMED HASSAINE

Une belle journée printanière qui à réunit , des paysans de Ouled Heddadj et de la région de BOUMERDES, des femmes militantes, des familles victimes du terrorisme, des syndicalistes de la zone industrielle de Rouïba, des citoyens de ta ville, venus de partout !ta famille naturelle en somme!
Ta femme aussi était là, sentinelle de ta mémoire, et bravoure faite résistance ! une gerbe de fleurs fut déposée et on parla de toi au présent !
O ! Camarade comme tu étais vivant !
Vivant !
A travers ce citoyen à qui on venait de lui couper l’alimentation en eau et qui est venu nous voir pour nous demander si nous étions des journalistes amis de Mohamed nous disant, je le cite «pour que vous écriviez, comme il le faisait, notre misère , notre galère dans votre journal, il était le père du pauvre « Babet el Guellil» , donnez moi votre numéro de téléphone pour vous contacter, car j’ai senti en vous son odeur »chammit rihtou fikoum»

vous êtes sa senteur !
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Toi qui fus dirigeant du club de football de l’Arbaatache, les sportifs étaient la pour te saluer en prenant la parole les yeux embués !
Prenant le relais, le buraliste chez qui tu achetais le journal ALGER REPUBLICAIN et auprès duquel tu insistais pour qu’il le diffuse et te garder des exemplaires à chacune de sa parution ,ce buraliste est maintenant élu président de l’assemblée populaire communale A.P.C de ta ville l’Arbaatache , il a aussi prit la parole à cette occasion, pour honorer ta mémoire, saluer ta modestie, ton courage , ton attachement à tes principes et à ton peuple en promettant d’aider à trouver une solution au problèmes sociaux de ta famille ,toi qui avait laissé cinq enfants, deux avec ta défunte première femme et trois avec la deuxième
Les syndicalistes des zones industrielles de Reghaia et Rouiba étaient aussi présents et ont salué à travers l’intervention de Mr MESSAOUDI S.G de l’union locale U.G.T.A, ton attachement aux combats des travailleurs et le sens aigu de ton positionnement de classe durant les années quatre vingt dix , ou de fortes pressions et menaces pesaient sur les travailleurs et le secteur public par les tenants du néolibéralisme En rapportant les échos du monde du travail et ses luttes,celles des travailleurs sur les colonnes de ton journal de toujours ALGER REPUBLICAIN
Un autre intervenant avait mis l’accent sur tes luttes au milieu des jeunes dans l’organisation de l’UNJA de l’époque et dans les compagnes de volontariat au profit de la révolution agraire, il a dit de toi Mohamed que tu étais un livre ouvert pour ceux qui voulaient vivre dignement,les laborieux , les humbles, ouvert a tous sauf à ceux qui refusaient de s’instruire préférant exploiter les ténèbres et l’obscurantisme
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Tu es parti….. un 28 février 1994 , ce jour ou furent tués dans notre pays le journaliste de la télévision Abdelkader Hireche , Katia Bengana la lycéenne de Larbaa et un imam à Chlef( qu’ils reposent en paix avec toi) et comme l’a souligné ton fidèle camarade N. Bouderba syndicaliste qui a marqué par son combat les luttes des travailleurs de son secteur pour la préservation de leur outil de travail et par la l’économie nationale de la prédation
Le terrorisme ciblait tout ce qui pouvait entraver sa marche pour la destruction de l’état national et l’instauration de celui de l’obscurantisme et des ténèbres
C’est de lumières que nous avons parlé aujourd’hui camarade
Et tu le fus!
Tes faisceaux inondaient la place et venaient se graver à jamais dans l’histoire combattante de notre pays ! en te rendant hommage , nous avons restitué à cette terre sublime qui t’a vu naître le lingot d’humanisme engagé au service de ton peuple et de ta patrie, que tu as été!
Merci de nous avoir rassemblé !
un de tes camarades de LARBAATACHE, te connaissant avait dit Mohamed aujourd’hui, devrait être heureux car son idéal a flotté sur les lieux !
Avant de partir les amis du collectif « Ma Nensawche » relayés par les syndicalistes de Reghaia , de Rouiba , d’Alger , des journalistes de BOUMERDES et les présents à cette commémoration ont lancé l’idée d’une souscription pour venir en aide à tes enfants en plus de l’appel fait aux autorités concernées afin d’indemniser ta famille , car si tu ne le sais pas camarade, ça ne s’est pas encore fait !
Alors que pour les criminels si !
Un appel pour que ta famille puisse accéder à un logement décent, elle qui continue de vivre dans un taudis !
Et nous t’avons chanté hier et pas pleuré, hier on t’a fait chant pardi !
Tout comme l’écrivait le poète

« Plus que les hommes j’ai aimé leurs chants
J’ai pu vivre sans les hommes
jamais sans les chants »
Poème de Nazim HIKMET
extrait du recueil « il neige dans la nuit

MOHAMED tu demeureras à jamais ,un chant merveilleux !
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Pour le Collectif Ma Nensawche
Fateh Agrane
01 MARS 2014

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MOHAMED HASSAÏNE, VINGT ANS APRES…
28 février 2014, 10:42

Portrait

Hommage à Mohamed Hassaïne par Abdenour DZANOUNI
Reportage de la cérémonie et photos par Abdelghani KAYOUCHE

1743588_10152353661025839_783653548_n.jpgCe matin du 28 février 1994, je fus accueilli au journal Alger républicain, par la nouvelle de l’enlèvement du journaliste et syndicaliste Mohamed Hassaïne. Des hommes lui ont présenté des cartes usurpées de policiers et lui ont demandé de les suivre dans une R4 blanche, m’a-t-on précisé. Avec Abdelhamid Benzine nous avons demandé à l’administration du journal de prendre contact avec son épouse et nous avons discuté du fait et de la place à lui accorder dans la publication…

J’avais rencontré Mohamed Hassaïne au fil tumultueux du mouvement syndicale des années soixante-dix, au temps passionnant des assemblées générales et des congrès des unions territoriales de l’UGTA. En ces temps où les travailleurs étaient unis comme jamais pour exiger deux choses essentielles : le pain et la dignité. Discrètement Mohamed me contactait à El-Moudjahid, pour m’informer d’un conflit dans une entreprise ou dans un domaine à l’Est d’Alger, et j’essayais d’en faire un reportage ou d’en glisser l’information dans les pages de la rubrique nationale dirigée alors par Halim Mokdad, Grand Reporter devant l’Eternel.
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C’est, une douzaine d’années plus tard, que toujours par Halim Mokdad, Mohamed Hassaïne m’avait contacté pour me demander s’il était possible de rediffuser dans le journal Alger républicain, le récit de « l’attaque de la côte 616 », un épisode de la lutte du commando Khodja. Il m’avait expliqué que l’un des personnages, menacé dans le récit par un membre du commando de l’ALN, pour sa « fraternisation » avec l’ennemi, vivait toujours à l’Arbaâtache où il roulait carrosse et faisait de la propagande contre la révolution agraire. Il me confia que lorsque le récit fut publié dans le journal El-Moudjahid, il en acheta plusieurs exemplaires et les distribua dans les collectifs et les lieux de rencontres du village. L’homme en question qui se faisait passer pour un moudjahid jusque là, changea aussitôt d’habit pour celui du faux dévot, toujours au premier rang pour la prière à la mosquée, le chapelet à la main, égrenant ses « sebhan Allah ».

Mohamed Hassaïne était toujours sur la brèche, dans les domaines agricoles ou les coopératives, où il apportait ses connaissances comme technicien de l’agriculture et son soutien de militant syndicaliste pour formuler et rédiger les cahiers de revendications, faire ouvrir les portes de l’administration et négocier le règlements des problèmes des ouvriers agricoles. Autrement, il engageait des débats politiques épiques avec l’imam du village.
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Après la tentative d’OPA (Offre Publique d’Achat) du premier ministre Mouloud Hamrouche sur Alger républicain, des amis militants syndicalistes me pressèrent de répondre positivement à la demande de Abdelhamid Benzine de revenir à Alger républicain. Passons sur des épisodes tristes qu’il n’y a pas lieu d’évoquer ici sinon brièvement, ces faits et actes qui avaient profondément attristé Mohamed Hassaïne et combien d’autres militants, comme l’implosion du Parti d’Avant-Garde Socialiste (PAGS) et l’écartement de l’équipe dirigée par Mohamed Benchicou du journal, je pris la responsabilité de relever ce défi impossible en m’inspirant de Pascal Pia, premier Directeur de Alger républicain (1938) qui disait : « Nous allons tenter de faire un journal raisonnable. Et comme le monde est absurde, il va échouer.»
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Pour réconcilier le journal avec sa vocation originelle, une rubrique syndicale fut ouverte et son animation confiée à la journaliste Samira Manaa. Parmi ceux qui apportèrent leur participation, les premiers furent Mohamed Hassaïne et son compagnon de lutte et ami intime Guendouzi qui fut secrétaire nationale de la FTEC (Fédération des Travailleurs de l’Enseignement et de la Culture). Pour le lancement de la rubrique, Samira Manaa fit l’interview de Abdelhak Benhamouda, Secrétaire Générale de l’UGTA, qui, à une question sur son appréciation de la ligne du journal, répondit qu’il était heureux que le journal retrouve sa vocation, celle de défendre les couches populaires. Il fut assassiné, trois années plus tard, en janvier 1997.

A chaque fois que je rencontrais Mohamed Hassaïne pour échanger avec lui et « prendre la température » du monde du travail, la discussion déviait sur le feuilleton du commando Khodja et ce, toujours à son initiative. Je lui disait en riant qu’il connaissait ce récit mieux que moi qui l’avait coécrit avec mon ami Abdelfattah el Houari. Il m’a dit qu’il trouvait fascinant le génie non seulement militaire de Mustapha Khodja, mais aussi politique. Comment cela ? Il m’expliquait ce que je savais, à savoir qu’après avoir fait prisonnier, à Palestro (Lakhdaria), une demi douzaine de soldats et officier de l’armée française et avoir été encerclé par des milliers de soldats qui ratissaient le terrain, soutenus par des convois matériels terrestres et aériens massifs, Mustapha Khodja forma ses hommes en petits groupes et répartit entre eux les prisonniers, avec instruction de protéger leur vie autant que la leur. Les petits groupes passaient ainsi entre les lignes et revenaient vers les endroits déjà ratissés. Pendant près d’une semaine, la presse coloniale en Algérie et en métropole consacrait ses premières pages, sept colonnes à la « une » à « L’attaque de la côte 616.». « C’était bien plus simple pour Mustapha Khodja, me disait Mohamed Hassaïne, de tuer ses prisonniers puis de se fondre avec son commando dans la population où il était comme un poisson dans l’eau. Mais l’objectif était politique, celui de faire parler le plus longtemps, à l’intérieur et à l’extérieur, de l’action armée de l’ALN pour l’indépendance. Quel sang froid lui a-t-il fallu pour garder vivants les prisonniers malgré la pression de l’armada militaire ! Puis de les relâcher sains et saufs !» Pendant qu’il parlait, Mohamed avait les yeux pétillants et tout son visage était inondé d’une douce lumière.

Ce matin du 28 février 1994, je fus accueilli au journal, par la nouvelle de son enlèvement. Des hommes lui ont présenté des cartes usurpées de policiers et lui ont demandé de les suivre dans une R4 blanche, m’a-t-on précisé. Avec Abdelhamid Benzine nous avons demandé à l’administration du journal de prendre contact avec son épouse et nous avons discuté du fait et de la place à lui accorder dans la publication. Ceux qui l’ont enlevé devaient connaître ses engagements militants, ce qui était un « motif suffisant » selon leurs commanditaires, pour l’assassiner, mais avec un peu de chance s’il ne lisaient pas Alger républicain, ils pouvaient ignorer son activité de journaliste. Aussi, nous avons décidé de ne pas aggraver la menace déjà lourde qui pesait sur notre camarade et donc de ne pas écrire une ligne sur l’enlèvement. Et si on se trompait ?

J’essayais de m’imaginer comment Mohamed aurait souhaiter nous voir réagir. Aussitôt les images de nos discussions sur la gestion politique du fait militaire par le commando Khodja me revenaient en mémoire. Alors si les mercenaires intégristes des saoudis voulaient faire du bruit, nous leur répondrons par le silence, quitte à marcher sur nos cœurs comme sur la braise. S’ils considèrent que voler la vie d’un homme est une « victoire », nous en feront leur défaite.

Le lendemain, seul un entrefilet discret à l’intérieur des pages d’El-Watan informait de l’enlèvement de Mohamed Hassaïne. Et cela convenait. Je me souviens que madame Hassaïne, son épouse, est venue à Alger républicain. Droite et digne, drapant de pudeur sa douleur, elle répondit, à nos interrogations inquiètes sur le sort de Mohamed, « Lui sait la vérité. » (« Houa ‘andou el haq »). Puis le silence… vingt ans de silence.

Quelques jours plus tard, Victime de l’embargo publicitaire public et privé et sous l’ultimatum arrivé à termes de ses créanciers, Alger républicain cessait pour la quatrième fois de son histoire de paraître. Quelques mois plus tard, un ramadhan, à l’approche de la rupture du jeune, une bombe de plusieurs centaines de kilos de TNT réduisait les locaux du journal en… parking. Que de vies épargnées ! Mais aussi combien d’autres allaient périr et, parmi nos confrères et amis du soir d’Algérie, le journaliste et artiste Mohamed Dorbane aux chroniques subtiles et aux dessins mordants. En ce 28 février 2014, j’unis le souvenir des deux Mohamed et tant d’autres compagnons dont la seule évocation me prend à la gorge et m’empêche, vingt ans après, de vous confier mon chagrin.

Stèle à la mémoire de Mohamed Hassaïne.
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Un dernier mot, à la veille de ce vingtième anniversaire de sa disparition, j’apprends par l’article de Noureddine Bouderba, écrit au nom de l’association Manensaoueche, à laquelle je rends hommage pour son initiative, qu’aucune aide n’a été apportée à Madame Hassaïne Nacéra ni à ses trois enfants durant ces vingt longues années. Elle dit : »Je ne sais pas comment j’ai fait pour les élever! » Aujourd’hui les assassins se pavanent en rentiers pensionnés par l’Etat, pendant que des veuves et des orphelins, victimes de mercenaires harkis à la solde de l’Arabie saoudite, ont été abandonnés à leur détresse. Contre ma volonté, j’ai été emporté loin de ma patrie par le cyclone qui a dévasté notre pays. Aujourd’hui, je me mets, là où je suis, à la disposition de toute initiative de mes confrères journalistes et syndicalistes visant à honorer et célébrer la mémoire des martyrs de l’Algérie indépendante.

SALAM.
Abdenour DZANOUNI
Directeur d’Alger républicain

Recueillement devant la stèle ce matin…
Par Abdelghani Kayouche .

Recueillement de la Famille et des amis le 28 fevrier 2014.

Recueillement ce matin 28 Février 2014 devant la stèle en Hommage à notre camarade et journaliste progressiste disparu Hassaine Mohamed. Étaientt présents ses camarade de combat Fellahs, Anciens camarade du PAGS, habitants de la commune de Larbaatache jeunes et vieux venus témoigner de la grandeur de l’homme que fut le camarade MOHAMED Hassaine en présence des autorités locales (Président d’APC et représentant de la société civile de la commune

ces photos prise lors de cet hommage témoignent de l’événement.
Dors en paix camarade Nous avons vu et entendu ce matin , la qualité de ta grandeur ;;;;;tu as su semer tes graines et crois moi ça pousse dans le bon sens.!

AK

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Abdelkrim Mehenni Merci Abdenour pour Mohamed et aussi pour Halim Mokdad, Mohamed Dorbhan…J’avoue avoir eu du mal à lire d’un seul trait ton texte tellement certaines scènes que tu évoques me revenaient en mémoire et me nouaient la gorge. Avec toi, moi aussi, là où je suis, selon mes capacités et ce qui me reste encore comme forces, je me mets à la disposition de toute de toute initiative visant à honorer et célèbres la mémoire des martyrs de l’Algérie indépendante, victimes de l’intégrisme islamiste et pour une juste et légitime réparation aux veuves et aux orphelins.
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