Société

NOTRE SECURITE ALIMENTAIRE CONFIEE A DES MULTINATIONALES

NOTRE SECURITE ALIMENTAIRE CONFIEE A DES MULTINATIONALES

NOTRE SECURITE ALIMENTAIRE CONFIEE A DES MULTINATIONALES

Le texte d’Omar Bessaoud pose la problématique de la question agraire telle qu’elle se présente aujourd’hui. Ceci est un premier avis, d’autres suivront.
En trois ans trois ministres ont été éjecté, soit un par année, on ne peut pas faire mieux pour déstabiliser un secteur. En réalité ces ministres avaient une autre vision de la politique agraire malgré leurs limites. Rachid Benaissa par exemple avait passé un accord avec des organismes bretons pour organiser la formation et l’accompagnement dans la filière lait de 1000 éleveurs dans trois régions (Blida, Relizane, Souk ahras), et d’élargir l’expérience à des milliers d’autres éleveurs : il s’agit là de fermes de tailles moyennes (environ 50 vaches). La récupération de dizaines de milliers d’ha de terres des micro-exploitations concessionnaires, la disparition du rôle de l’état en tant qu’entrepreneur dans la nouvelle constitution, ce rôle est confiné à celui de régulateur c’est-à-dire à rien car l’état n’a plus aucun moyens pour peser dans le rapport de force économique, le dernier pan du secteur d’état agricole :160 fermes pilotes sur 160 000 ha vient d’être privatisé. L’attribution de dizaines de milliers d’hectares en concession à des multinationales associées à des capitalistes algériens ; tout cela marque un tournant dans la politique agricole. Encore une fois les décideurs prêtent une oreille attentive aux conseils du FMI et de la banque mondiale. Notre peuple qui avait eu à faire à un capitalisme agraire de type colonial français, va être pour la deuxième fois confronté à un autre capitalisme agraire étranger celui des multinationales yankees et autres. Les leçons du bradage du complexe sidérurgique d’el Hadjar et des mines de fer à des étrangers pour soit disant satisfaire les besoins nationaux en produits sidérurgiques, n’auront servit à rien, nous avons à faire à de très mauvais élèves. Car aussi bien les multinationales que leurs associés autochtones visent en priorité le marché international pour engranger des devises et d’ailleurs ils le disent ouvertement cf déclaration de Mr Sahraoui L’accaparement de grandes superficies par les multinationales a commencé « sans tambours ni trompettes », sont concernées les terres publiques et celles données en concessions à de petits exploitants. Toutes ces mesures qui engagent l’avenir du pays, sont menées dans l’opacité Omar Bessaoud parle de 350 projets. Voici quelques exemples :

-QUDRA (émirats arabes unis) : concessions de 31 000 ha (production laitière, huile d’olive, pommes de terre). Cf. GRAIN.org

-Investisseur du royaume uni (pas de nom) : concession de 120 000 ha (12 fermes laitières à Ghardaïa et Menéa, (en cours de négociation). Cf. GRAIN. Org

-AIAG multinationale américaine et le groupe Lacheb obtiennent une concession dans la plaine d’el Bordjia à Mostaganem de 18 000 ha projet de production de semence de pommes de terre et une méga ferme laitière robotisée de 10 000 vaches sur 6000 ha. Cf Réflexion (quotidien local)……
Nous ne sommes plus à la veille du choix d’une stratégie. Le choix a déjà été fait et mis en pratique en catimini. Deux constats : 1/ il n’y a plus de secteur public agricole et les terres de l’ex secteur autogéré passeront sous la coupe des multinationale.2/ ce sont les mêmes qui avaient chantés les vertus de la micro exploitation et qui avaient fait la promotion de la « théorie » de « l’humainement gérable »  pour justifier le démantèlement du secteur autogéré, qui aujourd’hui sont devenus les fervents défenseur de la méga exploitation agricole et veulent nous convaincre que les multinationales vont nous apporter la prospérité. Leur discours ressemble à celui des caïds du temps de la colonisation. Ces fermes géantes robotisées mettront en faillite toute la paysannerie algérienne. Rien que dans la filière lait il y a 200 000 petits éleveurs dont 20 000 sont raccordés au réseau de collecte de lait par des petits transporteurs il y a tout le réseau de petites laiteries qui disparaitra qu’on sache que les éleveurs français mieux « outillés » que les nôtres sont en train d’être mis en faillite. Voila un biais par lequel les multinationales peuvent faire imploser l’Algérie, une Algérie dont la crise va s’aggraver. Notez aussi que de grandes superficies ont été offerte à des apparatchiks mis à la retraite (8000 ha et plus) avec en prime une subvention de 10 000 $ par ha faite le compte. Concernant le « fermage », le capitalisme agraire n’a pas besoin de la propriété de la terre pour se développer. En Europe par exemple il s’est surtout développé par le fermage (location de la terre par bail). Chez nous le fermage existe il est en pleine expansion mais dans l’informel, il est à l’origine de l’essentiel de la production nationale de légumes on les surnomme les «  chelfaoua », bien qu’ils ne sont pas tous originaires de Chleff. Ce sont eux les capitalistes agraires nationaux ils produisent sans aucune aide de l’état car dans l’informel ils ont réglé le problème de la pénurie de main d’œuvre par une formule négociée associant de jeunes travailleurs aux bénéfices. Que faire pour que ces fermiers qui nourrissent l’Algérie en fruits et légumes soient encouragés et que les aides de l’état aillent dans cette direction plutôt qu’aux propriétaires qui leur louent les terres, ou à des organismes peuplés de piranhas ? L’ex ministre Mr Ferroukhi avait été attaqué par saadani car il avait promis de « nettoyer ces 2000 associations et coopératives agricoles ». Il faut comprendre par là que le gros des aides sont captés par ces charognards. Si l’on prend le cas de la France il y a un impôt foncier qui oblige le propriétaire à travailler la terre ou à la louer. Chez nous une telle loi permettra d’introduire le bail et de sortir le fermier de l’informel. Ces fermiers forment une classe sociale celle des capitalistes agraires nationaux dont les intérêts coïncident avec l’intérêt du pays et vont êtres en totale contradiction avec ceux des multinationales et de leurs alliés locaux car ces terres qu’ils louent passeront inévitablement aux mains de ces dernières, il y a là des possibilités d’action y compris avec les propriétaires de laiteries et les petits éleveurs. Autre point que je voudrai souligner c’est que les statistiques de l’IFDRI sont à prendre avec des pincettes, car cet organisme est financé par la banque mondiale, il faut se méfier quand ils vous distribuent des bons points. Comment peuvent-ils donner des chiffres si précis alors que l’essentiel de notre agriculture est dans l’informel à moins d’avoir une boule de cristal.
En conclusion : il s’agit de la même politique qui avait conduit à la vente du complexe sidérurgique d’El Hadjar et des mines de fer. Ici on remet entre les mains de multinationales la sécurité alimentaire de notre pays et on signe la condamnation à mort de la paysannerie algérienne. Autre point à souligner c’est que ces multinationales seront propriétaires à jamais de toutes les variétés de semences produites par elles chez nous. Tout cela est à méditer messieurs les décideurs, vous ne pourrez pas dire « on ne savait pas », « on nous à roulez » comme cela à été le cas pour le complexe d’el hadjar.

Abed LE 23/08/2016

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