Société

Révision de l’article 87bis sur le salaire minimum: Rectification partielle d’un hold-up !

Révision de l’article 87bis sur le salaire minimum: Rectification partielle d’un hold-up !

Le chef du gouvernement a annoncé l’abrogation (modification) de l’article 87bis de la loi sur les relations de travail dès l’adoption de la loi de finances pour 2015, à l’issue de la tripartite réunissant l’exécutif ; « son » syndicat et «  son » patronat à la veille des élections présidentielles. On attendra pour juger sur pièce, car cette abrogation a souvent été promise et non réalisée, pour voir si ce qui rendu d’une main n’est pas repris par l’autre ! Le chef du gouvernement n’a pas caché une vente concomitante : modification du texte sur le salaire minimum contre de multiples et généreuses aides au patronat et aux capitalistes.
Il y a surtout le risque de voir disparaitre ou édulcorer la notion de salaire national minimum garanti (SNMG) assise sur une signification universelle qui est un salaire de base en dehors de toute indemnité et prime.
N’oublions pas que depuis 1997 une loi scélérate a dévoyé la notion de salaire minimum en incluant les primes et indemnités au salaire de base : résultats ; quand il y avait une augmentation du SMIG de 3000 DA les salariés aux revenus les plus bas n’étaient augmentés que de quelques DA alors que les PDG dont les salaires étaient indexés sur le SNMG pouvaient avoir une augmentation de 30 000 DA par mois !
Depuis 1997 chaque fois qu’était réclamée la modification de cette loi scélérate on rétorquait que ça allait grever le budget des entreprises et celui de l’Etat. Aujourd’hui on nous avance la somme nécessaire de 500 milliards de DA.
Mais on oublie de dire que pendant 18 ans, de 1997 à 2015, les salariés les plus pauvres d’Algérie ont SUBVENTIONNES le budget de l’Etat et des entreprises, à coup de centaines de milliards de DA, eux qui payent rubis sur ongle leurs impôts prélevés à la source avant de toucher leur maigre salaire. On est en droit de se demander qu’ont fait les bénéficiaires de ses subventions des travailleurs pour améliorer l’économie nationale ?
On comprendra mieux cette politique de classes en revenant un « peu » en arrière 

Vigilance devant les coups fourrés des néolibéraux !

Depuis dix-sept ans les travailleurs salariés ; notamment ceux touchant des salaires modestes sont lésés par ce qui s’apparente à un véritable hold-up législatif : l’introduction du fameux article 87bis de la loi sur les relations de travail.
Début des années 1990 la chute du pétrole frappe de plein fouet notre pays endetté jusqu’au cou par la gabegie du clan Chadli Bendjeddid . Les dépenses improductives, la baisse des investissements productifs industriels, les premières restructurations-destructions des entreprises et l’infitah commencent à hypothéquer l’économie nationale naissante.
Simultanément s’abat sur l’Algérie et son peuple la sanglante et destructrice agression du terrorisme islamiste. La décennie noire est là !
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BIRD) aussi sont là pour imposer leurs lois à travers le plan d’ajustement structurel qui va mettre l’économie en coupe réglée : premières victimes le secteur d’Etat est mis à genoux, avec des entreprises fermées et bradées, près de 600 000 les travailleurs salariés sont licenciés et les jeunes qui arrivent sur le marché du travail grossissent la masse des chômeurs. Les différents gouvernements en place ne feront pas de résistance et appliqueront docilement les directives. L’article 87bis est un rejeton de ces directives et de cette docilité des gouvernants
Maintenant certains gouvernants et les néolibéraux d’ici et d’ailleurs rêvent d’imposer leurs lois et leur hégémonisme sur toute l’économie nationale et la prise en main des entreprises publiques et des ressources naturelles. Pour se faire ils ont besoin d’un marché du travail favorable, de syndicats divisés et domestiqués et de bas salaires pour les travailleurs et un grand marché de Chômeurs où puiser leur main d’œuvre à bas prix.
Juste après les élections présidentielles les travailleurs, leurs organisations démocratiques et représentatives, les femmes et hommes de progrès de ce pays aurons à affronter une nouvelle offensive néolibérale qui aura pour objectifs la révision des lois du travail au bénéfice du capital.

25 février 2014
Redouane Mimouni

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