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1ER MAI 2025: Le capitalisme en crise durcit sa guerre contre les peuples, l’Algérie de l’après hirak dans la mire de ses ennemis

CRISE GÉNÉRALE DU CAPITALISME, RECOMPOSITION MONDIALE ET RÉACTION IMPÉRIALISTE 
Ce 1er mai 2025 met en évidence l’ampleur des dégâts de l’Occident, hégémonique, sur l’humanité, par suite du démantèlement de l’URSS. Cependant, il s’inscrit dans une phase aiguë de la crise générale du capitalisme.

Confrontée à l’épuisement de son modèle d’accumulation, la bourgeoisie impérialiste intensifie son offensive contre les peuples et les travailleurs du monde entier. Incapables de répondre aux aspirations démocratiques et sociales, les États occidentaux, instruments politiques des classes possédantes, se livrent à une entreprise méthodique de destruction des conquêtes obtenues par les luttes ouvrières au siècle dernier ce qui présage d’un formidable soulèvement social dans le monde

La montée en puissance de nouveaux pôles souverains, notamment en Asie et dans le Sud global, déstabilise l’ordre impérialiste établi. Face à cette recomposition mondiale, la bourgeoisie occidentale réagit par le durcissement de la répression à l’intérieur et par l’exportation de la guerre militaire ou hybride à l’extérieur. Les États dominés par l’oligarchie bourgeoise ne sont plus que des appareils de contrainte au service du capital, mobilisant le racisme, la xénophobie, le sexisme, la stigmatisation et la précarisation pour diviser les peuples travailleurs et désarmer politiquement les masses populaires.

L’ÉCONOMIE DE GUERRE, SYMPTÔME DU CAPITALISME EN DÉCLIN 
L’économie de guerre devient la forme dominante du capitalisme en déclin. Les budgets militaires explosent tandis que les systèmes de santé, d’éducation, de logement social s’effondrent, sacrifiés sur l’autel du profit et de la concurrence impérialiste. Partout, les oligarques (bourgeois) contraignent les grandes masses populaires à payer le prix de leurs guerres de domination. C’est directement perceptible en Palestine où le peuple résiste héroïquement face à l’occupation coloniale et à l’abjection des crimes sionistes ; au Sahara occidental où la lutte pour l’indépendance se heurte à la collusion entre les régimes réactionnaires makhzano-sionistes et les puissances occidentales ; au Liban, en Syrie, au Yémen, et sur tous les fronts où l’impérialisme est la ruine et la mort.

UNE SOLIDARITÉ INTERNATIONALISTE À RAVIVER 
À l’heure où les bourgeoisies cherchent à dresser les travailleurs et les peuples les uns contre les autres, il nous revient, en cette journée internationale de la lutte des classes, de réaffirmer notre solidarité active avec tous les peuples en résistance contre l’impérialisme et ses relais locaux. La lutte du peuple palestinien, la cause sahraouie, les résistances populaires dans le monde arabe, particulièrement en Syrie, au Liban, au Yémen et au Maroc, en Afrique, en Amérique latine et en Occident sont nos combats communs.

Le 1ER MAI EN ALGÉRIE : RENFORCER LE FRONT PATRIOTIQUE POUR ACCOMPAGNER LE REDRESSEMENT NATIONAL 
Dans ce contexte géopolitique délétère et malgré les menaces qui s’accumulent tout le long des 6734 km de ses frontières, l’Algérie mène sa propre guerre de position pour s’extraire du sous-développement en s’attaquant, en interne, aux structures sociales et idéologiques des décennies libérales mafieuses, et en déployant, en externe, une diplomatie flexible intelligente, sans pour autant se délester de ses principes panafricains et anti-impérialistes.

Dans l’Algérie de l’après-hirak, le 1er mai 2025 ne saurait se limiter à une simple commémoration. Compte tenu des changements internationaux et de leurs répercussions directes sur la situation du pays, cette journée devrait être un temps fort de mobilisation autour de revendications visant à bâtir un projet national politique et social souverain, en accord avec les profondes mutations économiques que connaît l’Algérie, tout en exprimant sa solidarité internationale.

LA PLACE DU TRAVAIL DANS LE REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE 
C’est le moment de poser la question de la place centrale du monde du travail dans le projet de redressement économique national. Il s’agit de lever la contradiction majeure qui constitue une entrave à la dynamique nouvelle de développement national mise en œuvre pour se débarrasser du statut de pays périphérique pourvoyeur d’énergies et sortir du sous-développement.

En effet, le monde du travail, au lieu d’être le moteur de ce mouvement, reste globalement en retrait. La cause principale est bien connue : la caporalisation des syndicats traditionnels, enlisés dans une bureaucratie lourde plus soucieuse de préserver ses propres privilèges que de porter la lutte des travailleurs. Cette «bureaucratie ouvrière » s’est coupée des réalités concrètes : salaires écrasés par l’inflation, chômage, absence de droits collectifs effectifs notamment dans le secteur privé, précarisation, etc.

De ce fait, le 1er mai ne peut se réduire à un simple rituel. Il doit être saisi comme une opportunité politique majeure pour ouvrir un débat national sur la démocratie réelle dans notre pays : la nécessité d’élargir le champ syndical au secteur privé, de reconstruire un syndicalisme ouvrier, démocratique, ancré dans les réalités de l’économie contemporaine.

TIRER L’ÉCONOMIE INFORMELLE DE L’OMBRE 
Le 1er mai doit être également l’occasion de poser publiquement la question du statut des travailleurs informels et du droit à un travail décent pour tous.

Commerces sans registre, travail au noir, services non déclarés… atteinte à la dignité : une immense « zone de non-droit » structure aujourd’hui la vie économique et sociale, privant ainsi des millions d’Algériens de toute protection sociale et de toute reconnaissance légale. Dans cet espace d’ombre, les travailleurs n’ont aucun espoir d’améliorer leur situation sociale, leurs droits étant inexistants.

LES FEMMES NE DOIVENT PAS ÊTRE LES GRANDES ABSENTES DE LA BATAILLE ÉCONOMIQUE 
Par ailleurs, force est de constater que dans la bataille du redressement économique national, les femmes sont encore très largement marginalisées : bien qu’elles représentent près de 49,5% de la population et près de 65% des diplômés universitaires, à peine 20 % d’entre elles sont actives professionnellement. 

Cette marginalisation, fruit de la précarisation, de la domination patriarcale, des carcans culturels et religieux, et l’absence de droits politiques réels, constitue un scandale national. C’est pourquoi, il est temps de briser ce plafond de verre social : égalité salariale, accès garanti à l’emploi, représentation syndicale et politique des femmes… doivent devenir des priorités nationales. La renaissance économique et sociale de l’Algérie ne pourra advenir sans l’émancipation effective des femmes travailleuses.

RÉFORMES ÉCONOMIQUES ET URGENCE D’INCLUSION 
Portée par la volonté de tourner la page de la rente pétrolière, l’Algérie a engagé des réformes majeures : diversification de l’économie, soutien à l’innovation numérique, atténuation du carcan bureaucratique qui étrangle toute initiative. Cette politique de modernisation ouvre des perspectives inédites pour la jeunesse et pour l’ensemble du salariat algérien. Mais rien de durable ne se construira tant que celles et ceux qui produisent les richesses restent écartés du projet national.

L’Algérie de l’après hirak a besoin d’un syndicalisme vivant, d’un monde du travail structuré, d’un sursaut des forces progressistes et d’un projet de développement économique, social et patriotique porté d’une seule voix.

UN DÉFI IDÉOLOGIQUE ET POLITIQUE À RELEVER 
À la fragilisation du monde du travail s’ajoute un reflux préoccupant des idées progressistes et révolutionnaires qui avaient nourri les plus belles pages de l’histoire sociale du pays. Sous l’effet conjugué d’un renoncement idéologique et d’un enfermement dogmatique d’une partie des élites progressistes se réclamant de la gauche révolutionnaire, et de l’offensive réactionnaire des adversaires de l’Etat national novembriste, ce sont aujourd’hui les idéologies identitaires réactionnaires et le défaitisme qui recouvrent le terrain. Nombre d’intellectuels, autrefois porteurs d’un projet d’émancipation populaire, se sont progressivement détachés des masses, privilégiant une reproduction sociale éloignée des réalités populaires.

UN MANQUE DE REPRÉSENTATION OUVRIÈRE
Aujourd’hui plus que jamais, l’Algérie populaire post-hirak ne peut se passer d’un véritable parti ouvrier, capable d’incarner les aspirations du salariat et des classes laborieuses, de porter un projet alternatif de développement plus solidement fondé sur la justice sociale et la souveraineté économique.

Ce déficit politique laisse le champ libre aux discours fatalistes, à l’irrationnel et à la résignation. Il renforce le désarmement idéologique du monde du travail, engoncé dans un carcan culturel d’un autre temps, face aux défis générés par le remodelage géopolitique et géostratégique en cours.

UN APPEL AUX FORCES PATRIOTIQUES ET DÉMOCRATIQUES 
Le 1er mai 2025 doit être aussi l’occasion d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité d’ouvrir véritablement le champ de la démocratie réelle : aux travailleurs, aux démocrates patriotes, et à l’ensemble des forces vives de la société civile.

C’est par la participation active de toutes ces composantes que pourront être engagés l’assainissement de l’espace politique national et le renforcement du front interne, seul rempart pérenne face aux menaces extérieures, aux agressions impérialistes et à leur « cinquième colonne » dissimulée, parfois, au sein même des institutions de l’État.

La consolidation de ce front interne, indispensable pour affronter les défis du moment et garantir la souveraineté nationale, passe par la reconnaissance pleine et entière du rôle des travailleurs dans la construction de l’Algérie de demain. 

. Vive le 1er mai
. Vive la solidarité internationale avec les travailleurs en lutte et les peuples opprimés

Alger, le 1er mai 2025
Collectif « ÉCHOS DE LA VIE ICI-BAS »

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