L’Affaire Sansal* : Une question de liberté d’expression ou une manœuvre de déstabilisation ?
Pour comprendre les enjeux de cette affaire, il est essentiel de replacer les faits dans leur contexte et d’analyser objectivement la situation. Contrairement à certaines allégations, Boualem Sansal n’a jamais été inquiété en Algérie pour ses écrits, ni d’ailleurs pour ses prises de position politiques et son alignement sur les thèses sionistes et anti-algériennes de façon générale (qui auraient pu donner lieu à des poursuites). À aucun moment, sa liberté d’expression ou de circulation dans son pays n’a été restreinte. En tant que citoyen algérien, il jouit toujours de ses droits fondamentaux.
L’interpellation de Boualem Sansal le 16 novembre 2024 s’inscrit dans un cadre légal, en lien avec une présumée violation d’une loi relative à la souveraineté nationale et territoriale. En Algérie, comme dans tout pays souverain, les lois s’appliquent à tous les citoyens, quel que soit leur statut social. Par ailleurs, il convient de préciser que la déchéance de nationalité n’existe pas en Algérie, où la double nationalité est reconnue. Il appartient donc à la justice algérienne de traiter cette affaire avec indépendance et transparence.
Une affaire exploitée dans un contexte international tendu
Cependant, au-delà des faits juridiques, il est crucial d’examiner comment cette affaire est utilisée sur la scène internationale, en particulier en France. En effet, le contexte mondial actuel est marqué par des bouleversements géopolitiques majeurs. La montée en puissance du Sud global et le recul de l’hégémonie occidentale, notamment face à des acteurs comme la Chine, redessinent les rapports de force. Dans ce cadre, les pays occidentaux, y compris la France, tentent de préserver leur influence stratégique.
La France, en crise économique, politique, démocratique et sociale, cherche à réaffirmer sa présence en Afrique, notamment au Sahel, où elle est en difficulté. Elle utilise la monarchie chérifienne comme un levier pour ses ambitions dans la région, notamment à travers la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une position qui va à l’encontre des intérêts de l’Algérie. Cette posture reflète une stratégie de confrontation avec Alger, perçue comme un bastion anti-impérialiste et un obstacle majeur à ses projets dans la région.
L’instrumentalisation de l’affaire Sansal
Dans ce contexte, l’affaire Sansal semble être exploitée comme un outil de déstabilisation. Ainsi, sous couvert de défendre la liberté d’expression, certains cercles en France – de toutes sensibilités politiques- se coalisent pour réactiver des réseaux hostiles à l’État algérien : anciens frustrés du Hirak, élites francophones opposées à la souveraineté nationale et autres identitaires réactionnaires. L’objectif est clair : fissurer le patriotisme algérien, fragiliser l’État et remettre en question sa légitimité.
Ces mêmes courants, souvent nostalgiques du colonialisme, mènent une campagne virulente contre l’Algérie, tout en imposant en France des lois restrictives sur la liberté d’expression, comme celle sur « l’apologie du terrorisme » … En matière de lutte contre l’islamisme, il convient de rappeler que l’Algérie n’a pas de leçons à recevoir. Le peuple algérien, soutenu par son armée, a mené une guerre acharnée contre l’intégrisme dans les années 1990, alors même que certains pays occidentaux, dont la France, offraient refuge aux acteurs du FIS.
Une tentative de diversion interne en France
Derrière cette cabale, le pouvoir français cherche également à détourner l’attention de ses propres crises internes. L’instrumentalisation de Boualem Sansal devient ainsi un prétexte pour alimenter une diversion politique, tout en contestant le droit de l’Algérie à appliquer ses lois souveraines. Cette campagne, teintée de néocolonialisme, illustre une obsession persistante envers l’Algérie, un État qui demeure un symbole de résistance pour une partie du Sud global.
Renforcer l’unité nationale
Face à ces manœuvres, il est impératif pour l’Algérie de préserver son unité patriotique. L’Armée Nationale Populaire (ANP) doit continuer à jouer son rôle central dans la défense de la souveraineté nationale, tandis que le développement économique et social doit rester une priorité. La stabilité est essentielle pour permettre au pays de surmonter les défis du sous-développement et des pressions extérieures.
Le chemin vers un avenir démocratique et social ne doit pas être perçu comme antagoniste à l’État national. Au contraire, le renforcement de l’État est une condition nécessaire pour poursuivre une dynamique de redressement souverain, préserver les acquis de l’indépendance et maintenir le caractère anti-impérialiste de la nation.
Ainsi, l’affaire Sansal dépasse largement la question individuelle de la liberté d’expression pour s’inscrire dans une lutte plus large contre les tentatives de déstabilisation orchestrées par certains acteurs étrangers, notamment en rapport avec le soutien ferme de l’Algérie aux causes justes de la Palestine et de la République sahraouie.
Il revient aux Algériens de rester unis et vigilants face à ces défis, en consolidant les fondements de leur État national et en affirmant leur souveraineté sur la scène internationale.
Alger, le 27 novembre 2024COLLECTIF « ECHOS DE LA VIE ICI-BAS »
*Sansal a bénéficié du système d’enseignement gratuit – à tous ses paliers- mis en place par l’Algérie indépendante. Il a été haut fonctionnaire dans le secteur de l’industrie et encouragé dans ses initiatives professionnelles. Mais il a choisi l’«égarement».