POUR QUE VIVE LE SOUFLE REVOLUTIONNAIRE,ANTI-COLONIAL ET ANTI-IMPERIALISTEDU 11 DECEMBRE 1960
Les manifestations du 11 décembre 1960, sont des événements mémorables de la lutte pour l’indépendance algérienne. Ils ont marqué un tournant décisif dans la guerre contre le colonialisme français.
« Tahia El Djazaïr ! Yahia El Istiqlal ! »
Il n’est pas inutile de rappeler, aujourd’hui encore, 64 ans après, alors que les plans de reconquête coloniale des puissances occidentales hantent le monde, que ces soulèvements populaires étaient la réponse cinglante du peuple algérien à la tentative de De Gaulle d’imposer, contre sa revendication d’indépendance nationale, la veille à Temouchent, une solution de troisième voie -une imposture en réalité- sous le slogan « Algérie algérienne ».
Dans les villes, notamment à Alger, des foules immenses désarmées, en majorité des femmes et des adolescents (la présence des femmes et des enfants était massive), ont bravé une répression sanglante, faisant des centaines de morts. Malgré les mitraillages, les drapeaux algériens flottaient et les slogans patriotiques retentissaient, témoignant de l’unité et de la détermination des masses populaires.
Ces journées ont révélé une organisation et une solidarité exemplaires, transcendant les barrières sociales et les coutumes traditionnelles. Cet élan collectif a démontré au monde entier la maturité politique et la force invincible du peuple algérien, infligeant un revers moral et politique au colonialisme français. Le gouvernement provisoire (le GPRA fut créé en septembre 1958 pour coordonner l’action du FLN et diriger la révolution algérienne), s’est ainsi affirmé comme le seul représentant légitime du peuple algérien.
Ces manifestations ont été suivies par d’autres, accélérant le processus de négociation, menant aux accords d’Évian de 1962, qui ont mis fin à 132 ans d’occupation et consacré l’indépendance de l’Algérie.
« One, Two, Three, Viva l’Algérie »
Pour les générations nées après le 5 juillet 1962, en particulier les plus jeunes, il est crucial de s’approprier la mémoire de la lutte pour l’indépendance. Cette appropriation doit leur permettre de tirer les enseignements nécessaires pour comprendre un présent marqué, désormais, par une fracture croissante irréversible entre l’Occident collectif des anciennes puissances coloniales, toujours en mal d’espace vital et de chasses gardées, et les pays du Sud global, avides de s’affranchir de leurs anciennes tutelles en parachevant leur libération nationale par l’accession au développement économique et au progrès.
Dans le contexte actuel de reconfiguration guerrière et chaotique de l’ordre mondial et des périls qu’elle fait peser sur nos peuples, le combat pour concrétiser les idéaux de novembre 1954 visant à faire de l’Algérie un Etat national souverain, juste, prospère et solidaire, qui échoit aux jeunes générations d’aujourd’hui, est vital. La préservation de l’indépendance nationale, si chèrement conquise, en dépend fondamentalement.
Dans ce contexte, le 11 décembre 1960 ne doit pas être perçu comme une simple date à commémorer. Cet événement est une leçon historique majeure. Il témoigne du rôle décisif du peuple algérien dans l’ultime phase de la lutte pour l’indépendance, à un moment où le maquis montrait des signes d’essoufflement. Ce jour-là, les masses populaires, transcendées par leur quête de liberté, sont sorties de leurs quartiers, désarmées mais déterminées, pour porter un coup décisif à une colonisation de 132 ans qui avait nié leur dignité et leur appartenance au genre humain.
La lutte pour l’indépendance de l’Algérie a marqué l’histoire du XXe siècle. Elle a prouvé que le peuple n’est pas une abstraction ou une simple masse à nourrir. Ses aspirations à la liberté, à la dignité et à la démocratie sont authentiques et constantes.
Les Leçons à tirer
Les dirigeants du pays doivent tirer des enseignements de cette épopée pour construire un avenir où le peuple reste au cœur des décisions. Cela implique de rester fidèles au serment du 1er novembre 1954 : libérer le pays et le développer. Honorer cet engagement nécessite d’écouter les aspirations démocratiques des citoyens et prendre en compte leurs préoccupations dans toute décision qui les concerne. Cette orientation est dans les discours officiels, mais elle n’est pas traduite concrètement dans la réalité. « Ils » continuent de décider comme « ils » veulent : voilà comment sont perçues certaines décisions prises localement sans tenir compte du citoyen qui les subit.
Pour cela, il est impératif d’ouvrir et de développer des espaces politiques, syndicaux, associatifs, culturels et sportifs, comme autant de remparts solides du patriotisme novembriste, où chaque composante de la société – femmes, hommes, jeunes, retraités – peut s’exprimer, s’éduquer, et s’épanouir, apporter sa contribution au grand effort de développement national sur tous les plans.
Investir dans l’Éducation Patriotique
Prendre en compte ces enjeux, c’est investir dans une éducation patriotique capable de renforcer le front populaire, anti-impérialiste. Cela est essentiel pour parachever le processus de réhabilitation de l’État national, stabiliser ses institutions et élargir le soutien à la politique de développement économique national, autonome et durable.
En impliquant les masses populaires comme acteurs de leur propre avenir, l’Algérie pourra relever les défis du développement tout en honorant l’héritage de son histoire et faire face à toutes les tentatives de déstabilisation d’où qu’elles viennent, comme celles débusquées récemment.
ALGER le 10 décembre 2024 COLLECTIF “ECHOS DE LA VIE ICI-BAS”