La France, confrontée à une crise économique, sociale et politique multiforme, observe une montée inquiétante de l’algérophobie. Cette campagne, alimentée par une partie de la classe politique et des grands médias, semble viser deux objectifs précis : détourner l’attention de la population française face à une crise qui la frappe durement @et affaiblir l’Algérie, perçue comme un obstacle à la reconquête de l’influence française en Afrique, en particulier via le Maroc.
Un racisme instrumentalisé en période de crise
Le racisme, surtout en période de crise, devient un levier pour maintenir un ordre social inégalitaire. Le concept de « capitalisme racial » (développé par le politologue noir américain, Cedric Robinson) explique comment les élites capitalistes exploitent les tensions raciales pour détourner la colère populaire vers des boucs émissaires, et non vers les véritables responsables des inégalités. En France, cela se manifeste par la stigmatisation des Algériens et des musulmans, réactivant un imaginaire colonial profondément ancré dans l’histoire nationale.
L’algérophobie contemporaine est le fruit d’une continuité historique marquée par le colonialisme et la guerre d’Algérie, ainsi que par un manque de reconnaissance des crimes commis pendant ces périodes. Ces blessures non cicatrisées nourrissent des discours politiques et médiatiques qui exacerbent la méfiance envers les populations algériennes et musulmanes.
L’héritage colonial au service d’ambitions néocoloniales
L’obsession algérophobe est intrinsèquement liée aux ambitions françaises en Afrique. Éjectée du Sahel, la France voit son influence sur le continent diminuer face à une montée des contestations populaires et à l’émergence de nouveaux partenaires, comme la Russie et la Chine. Dans ce contexte, affaiblir l’Algérie, pilier d’un panafricanisme indépendantiste, devient une nécessité stratégique.
Le Maroc, aligné sur les intérêts français et israéliens, joue le rôle de « porte-flingue » dans cette manœuvre. En acceptant de servir de tremplin aux ambitions néocoloniales françaises, Rabat participe à un jeu dangereux qui menace la stabilité régionale. De son côté, l’Algérie, forte de son indépendance et de son refus des ingérences étrangères, se positionne comme un rempart contre le retour des pratiques coloniales à ses frontières.
La manipulation médiatique comme arme politique
Les médias français jouent un rôle crucial dans la diffusion et la banalisation de l’algérophobie. À travers des récits biaisés, ils construisent un discours présentant l’Algérie comme une menace, alimentant préjugés et ressentiments. Cette stratégie cherche à rééditer le « coup de l’éventail » de 1827, prétexte à l’invasion de l’Algérie par la France en 1830.
Aujourd’hui, des incidents comme l’exfiltration d’Amira Bouraou, l’affaire du Goncourt attribué au faussaire, partisan de l’extrême-droite, Kamel Daoud ou l’instrumentalisation de l’arrestation de l’imposteur pro-sioniste Boualem Sansal, illustrent cette mécanique du bouc émissaire. En transformant des événements isolés en crises diplomatiques, les dirigeants français cherchent à détourner l’attention des fractures sociales internes.
France: une société divisée et des luttes occultées
L’objectif est clair : fragmenter la société française en désignant des coupables « externes », tout en occultant les véritables enjeux économiques et sociaux. En période de crise, cette stratégie permet aux élites au pouvoir de se dédouaner de leurs responsabilités dans la précarisation des classes populaires.
Cependant, cette politique de division ne fait qu’aggraver les tensions sociales et internationales. En exacerbant les ressentiments envers l’Algérie, la France s’engage sur une pente glissante, compromettant non seulement ses relations avec un partenaire historique, mais aussi sa propre cohésion interne.
L’Algérie, un obstacle à abattre ?
Face à cette campagne d’hostilité, l’Algérie reste ferme. Sa souveraineté et son rôle de leader régional dans la lutte pour une Afrique indépendante en font une cible pour les ambitions néocoloniales. Pourtant, l’Algérie refuse de céder, à juste titre (c’est à l’honneur de ses dirigeants) aux pressions, affirmant que l’époque coloniale est révolue.
Ainsi, les attaques algérophobes en France ne relèvent pas uniquement d’une expression de racisme, mais s’inscrivent également dans une stratégie géopolitique visant à affaiblir un État qui représente une alternative au modèle de domination occidentale en Afrique. C’est dans ce contexte qu’il faut analyser l’infâme campagne orchestrée (et soutenue par une petite élite dz supplétive résidant à l’étranger) contre Rima Hassan, députée européenne de La France Insoumise (LFI). Ce qui lui est réellement reproché, ce n’est pas tant son rejet de la motion de l’extrême droite demandant la libération de Sansal devant le Parlement européen, mais plutôt son refus de condamner l’Algérie.
Pour une lutte populaire franco-algérienne commune contre le colonialisme, l’exploitation et les injustices
Il est impératif de dénoncer ces manœuvres et de lier les luttes anti-racistes et anti-capitalistes. Le racisme, utilisé comme un outil de diversion, ne sert qu’à maintenir un système profondément inégalitaire. Combattre l’algérophobie, c’est aussi s’opposer à une politique qui divise les peuples au profit des élites.
Dans un monde en crise, la solidarité internationale et la justice doivent primer sur la division et l’exploitation. L’heure est à l’éveil des consciences face à une campagne médiatique et politique qui, sous couvert de discours identitaire et sécuritaire, ne fait que nourrir les logiques impérialistes d’un autre temps.
Alger, le 27 janvier 2025
Collectif « ÉCHOS DE LA VIE ICI-BAS