Luttes des travailleurs

Echos du Monde du Travail

Echos du Monde du Travail

Courant octobre 2024, plusieurs caisses régionales de la CNAS se sont véritablement acquittées de leur mission de service public en organisant des journées « portes ouvertes » sur la prévention des risques liés à l’activité dans le BTP et l’hydraulique (BTPH). Sur un sujet aussi important, et même dramatique, pas seulement pour les familles touchées, les responsables de ces caisses régionales ont ainsi rompu le silence des sites de la CNAS nationale, du MTES, de l’ONS et des … SYNDICATS ! En tout cas un sujet qui ne peut être laissé à la seule initiative de la presse laquelle n’est pourtant pas avare dans le domaine des accidents de la route et des faits divers. Accident ou mort sur le chantier d’un ouvrier n’est pas la même chose qu’accident de la route ou cambriolage !

Selon les responsables de ces CNAS, ces journées ont été motivées par l’observation d’une tendance fortement haussière des accidents dans ce secteur d’activité ces dernières années.  

La presse, régionale notamment (en arabe), a rapporté certaines des statistiques présentées à ces occasions :

  • CNAS de Bouira : en 2023, le nombre d’accidents de travail a atteint 690, dont 173 dans le seul secteur du BTPH (soit le quart du total), contre 666 en 2022 avec 156 dans le BTPH).
  • CNAS de Guelma : les statistiques arrêtées au 30 septembre 2024 font état de 311 accidents de travail, dont 79 dans le BTPH (soit 25% du total). 

7 cas ont été mortels.

En 2023, le nombre des accidents de travail a atteint 539 cas, dont 90 dans le BTPH (soit 16% de l’ensemble) des cas recensés. 

11 de ces accidents ont entraîné la mort des ouvriers des chantiers, dont 6 dans le secteur du BTPH.

  • CNAS de Constantine : 783 accidents ont été recensés durant le premier semestre de 2024, dont 677 sur les lieux de travail, et 191 dans le secteur du BTP. 

11 ont été mortels, dont 9 sur les lieux de travail.

  • CNAS d’Oran : en 2023, plus de 2.170 accidents du travail enregistrés, dont 283 (13%) dans les chantiers du secteur BTPH.

44 de ces accidents ont entraîné la mort des ouvriers des chantiers.

  • CNAS de Médéa : Plus de 130 cas de maladies professionnelles ont été recensées en 2023 dans les chantiers du BTPH.

12 d’entre eux, dont 7 dans le BTPH, ont entraîné le décès des ouvriers atteints. 

Les responsables de ces caisses ont avancé certaines des causes des accidents de travail :

  • Absence (dans certains chantiers) de moyens de protection contre les accidents : casques, chaussures de sécurité, gants, masques dotés de filtres, de postes anti-incendie,
  • Manque d’exercices collectifs de prévention, et de formation des ouvriers, 
  • Couverture insuffisante de la médecine du travail,
  • Non respect des obligations des employeurs, notamment en matière d’assurance sociales, de déclarations des ouvertures et fermetures de chantiers, des procès-verbaux de l’inspection du travail. 

Un syndicalisme réellement représentatif du monde du travail s’attacherait à un recensement exhaustif et régulier des accidents du travail, à une intervention rapide pour prendre en charge leurs suites judiciaires et financières souvent longues qui précarisent les familles concernées, en particulier dans le cas de procès et dans le cas d’accidents mortels.  

Un tel syndicalisme de masse et de classe approfondirait l’investigation des causes de ces accidents. On ne peut rester au constat fataliste des « risques du métier » et éluder le lien avec la responsabilité des entrepreneurs et auto-entrepreneurs, la sous-déclaration des salariés (pourtant connue et évaluée par les services de la CNAS), le développement des contrats non-permanents, …

Sur un autre plan, la relance des lycées professionnels et de la formation professionnelle inscrites dans l’agenda gouvernemental aidera certainement à réduire les accidents de travail et risques professionnels.

Si un risque avéré pour l’entrepreneur, privé ou étatique, est de perdre le capital financier investi, pour l’ouvrier un risque réel est de perdre la vie si les conditions de sécurité ne sont pas réunies. 


Note tirée du site de l’Organisation du Travail (OIT)

Les statistiques de l’OIT pour l’année 2023 affichent 395 millions travailleurs dans le monde ayant subi un accident du travail non mortel.

Environ 2,93 millions de personnes sont décédées au travail en 2019, soit une augmentation de plus de 12 % par rapport à l’année 2000. 

La grande majorité des décès, soit 2,6 millions d’entre eux, a été attribuée à des maladies professionnelles, notamment des maladies circulatoires et respiratoires, et à des tumeurs malignes.

Depuis 2003, l’OIT commémore le 28 avril comme « Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail ».

Kamel B. le 10 novembre 2024

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