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2024 – 2025 Face aux défis contemporains : Résistance et souveraineté

2024 – 2025 Face aux défis contemporains : Résistance et souveraineté


Depuis la défaite du socialisme en Union Soviétique et dans les autres pays d’Europe centrale et de l’est, il y a plus de trois décennies, nous assistons au déchaînement d’une dynamique contre-révolutionnaire mondiale qui cible le démantèlement généralisé, systématique et agressif des conquis sociaux, démocratiques et nationaux arrachés au prix de longues et dures luttes de classe des travailleurs et de libération nationale des peuples de tous les pays dans la planète.
Le système capitaliste étale, au grand jour, sans fard, son vrai visage agressif, prédateur et sa véritable nature exploiteuse, inique et criminelle. 
Dans les sociétés occidentales, des réformes scélérates des législations du travail, des retraites et des droits sociaux des travailleurs se sont juxtaposées au démantèlement des services publics, à la privatisation du secteur public, à l’intensification des attaques contre les libertés démocratiques et syndicales, etc.
Dans les pays périphériques du Sud, après les programmes de démantelement systématique et de casse liberale des acquis du developpement national et du progrès social des décennies postindependance,orchestrés, sous les auspices du “Consensus de Washington”, par les “institutions internationales” au service de l’imperialisme, Banque mondiale, FMI et leurs relais locaux, on assite à la multiplication des guerres et des conflits armés destructeurs et meurtriers, à la fomentation de soulèvements et de troubles pour déstabiliser les Etats et leurs dirigeants (guerres hybrides et cognitives) dans le but d’attenter à leur souveraineté politique, économique et territoriale comme ce fut le cas, par exemple, en Yougoslavie, en Irak, en Lybie, en Egypte, en Tunisie (les fameux printemps arabes)… au Liban et, maintenant, en Syrie. 
Après avoir été, historiquement, un acteur clé dans les dynamiques de résistance régionales,la Syrie est devenue, désormais,un espace de confrontation indirecte entre puissances expansionnistes et un terreau pour des conflits prolongés. Toute l’agression et l’agressivité impulsées par les USA et ses Etats satellites comme Israël, sont motivés par la recherche de richesses nouvelles pour de nouveaux profits.Des moyens colossaux, militaires, politiques, médiatiques, idéologiques sans précédent sont déployés par les centres de l’impérialisme pour domestiquer les peuples et les forcer à se résigner à la fatalité de la domination de l’ordre capitaliste prédateur. 
La contre-révolution mondiale s’est accompagnée du reflux planétaire des idées progressistes et des forces révolutionnaires
Ainsi, l’hégémonie idéologique exercée par le capital sur, notamment, la gauche occidentale, a abouti à l’abandon de la théorie de l’impérialisme et conduit à la négation, par de nombreux théoriciens dits de gauche, de l’exploitation économique de la périphérie par les pays impérialistes centraux. Une ligne de démarcation « démocratie-autoritarisme » et « capitalisme autoritaire-capitalisme démocratique », s’est substituée aux lignes de clivage fondamentales « exploiteurs-exploités », « dominants-dominés », « oppresseurs-opprimés ».« L’impérialisme humanitaire » conçu pour soi-disant « protéger les droits de l’homme » s’est transformé en « droit et même en devoir d’ingérence » dans les affaires internes des pays (supposés) souverains.
Aux idéaux de liberation nationale et d’émancipation sociale qui ont guidé les luttes anticoloniales et antiimperialistes des peuples des périphéries du Sud s’est substituée une idéologie des droits de l’homme conçue comme arme de déstabilisation, de regime change et de révolutions colorées, ciblant les Etats nationaux réfractaires à la tutelle occidentale. 
Jamais l’écart entre les conceptions de l’impérialisme défendues par la gauche occidentale et ses relais et celles de la solidarité internationaliste entre les peuples, défendues par des mouvements révolutionnaires du Sud global n’a été aussi grand. Mais la triade impérialiste (Etats-Unis-Union Européenne- Japon) est, désormais, confrontée à la remise en cause de son hégémonie mondiale, provoquée par l’émergence vigoureuse de pôles alternatifs de puissance économique, financière et politique qui ébranle la hiérarchie mondiale occidentalocentrée, pluriséculaire.
En effet, force est de le constater, cette triade se lézarde sur ses piliers monétaire, financier, énergétique et géopolitique. L’avancée fulgurante de puissances émergentes sur le marché mondial (la Chine en particulier) qui se positionnent en concurrents durables dans la lutte pour le partage des marchés, le contrôle des ressources naturelles, des gisements d’hydrocarbures, des voies d’approvisionnement énergétique, de transport de marchandises, et le contrôle géopolitique, s’accompagne d’une reconfiguration violente et chaotique des rapports de force internationaux entrainant une fracture croissante et irréversible entre l’Occident collectif (les anciennes puissances coloniales), toujours en mal d’espace vital et de chasses gardées, et les pays du Sud global, avides de s’affranchir de leurs anciennes tutelles euratlantiques en parachevant leur libération nationale par l’accession au développement économique et au progrès.
Aussi, confrontés à la défaite humiliante en Ukraine, au suicide moral avec le génocide en Palestine, à une crise économique structurelle, sans issue visible, et à la montée grandissante de l’extrême droite et du fascisme en Europe, les USA, l’Occident collectif et leurs élites politico-médiatiques, refusant de prendre acte des nouvelles réalités géoéconomiques et géopolitiques mondiales, s’enfoncent dans le déni, affichant ainsi leur dédain des pays du Sud collectif (soit les deux tiers de l’humanité), mais également celui de leur propre opinion publique.Aligné en bloc derrière les USA, l’Occident collectif, en panne structurelle de projet et de vision stratégiques autres que celui de « faire tourner à l’envers la roue de l’histoire », n’hésite même plus à piétiner l’ordre international et les institutions qu’il a lui-même créés, jetant par-dessus bord ses prétentions universelles pour promouvoir le génocide et de populations et l’accaparement de territoires malgré les condamnations et la désapprobation d’une grande majorité de l’opinion internationale.
De fait, l’impérialisme s’appuie, quasi exclusivement, sur l’usage et la menace de la puissance militaire pour compenser son déclin irréversible, économique et politique. Tel un fauve blessé aux abois, mais pas terrassé, l’impérialisme opte pour la politique du bord du gouffre, jusqu’aux extrêmes limites de la conflagration globale, mettant en péril la survie même de l’humanité.
Les peuples résistent et ne courbent pas l’échine
Mais les peuples ne courbent pas l’échine. Malgré le rapport de forces négatif instauré par la contre-révolution mondiale, les couches exploitées et les masses populaires luttent et résistent pour arracher leurs droits et leurs libertés. Aux premières lignes de front des combats de l’humanité éprise de paix et de justice, le peuple palestinien indomptable, résiste et suscite un mouvement de solidarité international grandissant. Malgré la machine de guerre totale déployée depuis plus de 15 mois par Israël avec le soutien direct et actif de l’Occident (militaire, diplomatique, médiatique, etc.) malgré l’arme de la soif et de la famine, le peuple palestinien continue d’opposer une résistance héroïque à la soldatesque sioniste.
La résistance héroïque du peuple palestinien est aux premières lignes de front des combats de l’humanité révolutionnaire, progressiste, anti-impérialiste et antifasciste. Car, la guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien est aussi la guerre de l’Hégémon US et de ses alliés occidentaux contre l’axe de la résistance antiimpérialiste comme elle fait également partie du l’affrontement de l’OTAN contre la Russie et de l’OTAN contre la Chine.
L’Algérie face aux périls des plans imperialistes de reconquête néocoloniale
La reconfiguration géopolitique mondiale en cours, marquée par des dynamiques violentes, agressives et chaotiques projette l’Algérie au cœur des enjeux stratégiques de la région arabe et africaine. Sa position géopolitique, son engagement constant en faveur des cas justes, notamment le soutien au peuple palestinien, ainsi que ses importantes ressources énergétiques et minières, en font une cible privilégiée des stratégies impérialistes. Ces dernières visent à réinstaurer une domination néocoloniale et à démanteler les acquis obtenus par les luttes de libération nationale.Les idéaux de la Révolution du 1er novembre 1954 demeurent une boussole essentielle pour construire un État souverain, juste, prospère et solidaire.Toujours à l’ordre du jour, le projet émancipateur et social de la révolution du 1er novembre 1954 dont la concrétisation a été engagée au cours des deux premières décennies de l’indépendance et qui a été remis en cause à la fin de la décennie 1980 puis abandonné à la faveur des restructurations libérales engagées, durant les années 1990 et 2000. 
Plus que jamais,préserver l’indépendance nationale est synonyme de vaincre le sous-développement, cette vulnérabilité stratégique exploitée par les puissances occidentales obsedées par la soif de domination néocoloniale.
Consolider et renforcer la ligne de redressement économique patriotiqueLa politique, disait Lénine, c’est de l’économie concentrée.Le développement acceléré des forces productives du pays est, ainsi, un imperatif de sécurité nationale. A l’ére des défis technologiques inédits du XXIème siècle, la défense de la souveraineté nationale, face aux périls multiformes qui se profilent, se décline,non seulement, en termes, strictosensu, sécuritaires, mais aussi économiques. 
L’Algerie est, ainsi, confrontée au triple imperatif de la sécurité alimentaire, de la sécurité énergétique et de l’autonomie technologique. Dans le sillage de la ligne de redressement économique engagée sur le terrain, depuis 2021,industrialisation de substitution aux importations, relance de l’investissement productif, redynamisationdu secteur agricole, il s’agit de: -Développer et densifier le tissu productif national, sa base manufacturiere et son niveau technologique accélérer le rattrapage du gap numérique (faible part du numérique dans le PIB national, 0,5% contre une moyenne africaine de 3%),- Promouvoir l’effort national d’innovation technologique (l’Algérie, classée 118ème au classement mondial de l’innovation technologique de 2018).- Stimuler l’offre par des investissements publics pour impulser les plans nationaux d’intégration économique de la jeunesse instruite et féminine, notamment. En 2023, le taux de chômage des jeunes avoisinait les 31 %, tandis que 20 % de la population active féminine n’était pas employée. La population hautement qualifiée représentait également la plus grande part des chômeurs.- Impulser et encadrer le redressement du secteur des entreprises et des services publics Les branches d’activité modernes, Hydrocarbures, Energie, Transports, Télécommunications, Construction, qui sont des branches qui relèvent du secteur d’Etat, se caractérisent par une faible efficacité, un bas niveau de productivité et des phénomènes de népotisme, de clientélisme et de corruption récurrents.En ligne de mire, une économie enracinée entrainée par des activités fortement productives offrant de meilleures possibilités d’innovation et d’accroissement de la valeur ajoutée, une économie basée sur l’effort endogène d’innovation technique, économique, managériale, institutionnelle, sociale, en appui sur la mobilisation des facteurs scientifiques et technologiques nationaux et capable de répondre aux défis d’un monde en pleine mutation multidimensionnelle.
Cette grande bataille se déroule dans un contexte d’incertitudes, de militarisation croissante des relations internationales et d’aggravation des périls sur notre région. Pour relever les défis multiples qu’elle soulève, l’imperatif stratégique est la mobilisation des masses populaires en tant qu’acteurs centraux de leur propre destinée. Faire revivre le souffle révolutionnaire des masses de Décembre.
Alger, le 26 décembre 2024Collectif « ÉCHOS DE LA VIE ICI-BAS »

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