Histoire

À notre camarade et frère Badir Salah

À notre camarade et frère Badir Salah

Cela fait 20 ans que notre camarade, notre ami et notre frère Salah Badir nous a été ravi par les forces intégristes armées qui avaient décidé d’anéantir par le feu et l’acier toute personne qui résistait à leur projet obscurantiste de destruction de l’Etat national comme le fait aujourd’hui Daech en Irak et en Syrie. Il avait 36 ans laissant deux orphelins Amina (8 ans) et Amine (2 ans).
Salah était un humble parmi les humbles. Il n’y avait pas une action, une lutte des habitants de Si Mustapha pour améliorer leurs conditions de vie où Salah était resté à l’écart. Il fut l’un des fondateurs de l’UNJA de Si Mustapha en 1975, c’était à cette époque que je l’ai connu. Il consacrait la majeur partie de son temps à aider les jeunes garçons et filles à s’organiser pour prendre en charge leur quotidien et leur avenir. Il avait mis toute son énergie au service de la paysannerie pauvre de Si Mustapha, du village agricole et des environs de la localité qu’il essayait d’aider afin de se libérer des «s’massrias». Salah était un militant convaincu et infatigable du PAGS. J’ai toujours admiré aussi bien son dévouement que sa modestie et sa simplicité. Pour gagner sa vie, il travaillait comme surveillant d’internat au niveau du Centre de formation professionnelle (CFPA) de Si Mustapha dirigé par un autre camarade (Frada Atmane) avec qui il s’entendait très bien et faisait de belles choses au service des déshérités. Salah était «aux petits soins» de tous les stagiaires du CFPA qu’il voulait voir réussir. Il ne connaissait ni amplitude journalière ni durée hebdomadaire de travail qu’il dépassait largement. Le jour de son enlèvement, c’està- dire le 20 août 1994, Salah avec tous les militants de la localité, les travailleurs et les stagiaires du centre célébrait l’inauguration d’un puits foré et construit grâce à des actions de volontariat qu’il avait organisées avec ses camarades et collègues pour permettre au centre de fonctionner et aux stagiaires de boire à leur soif car, il faut le rappeler, en 1994 Si Mustapha souffrait du manque d’eau potable. Ce puits fut une providence non seulement pour le centre mais pour toute la population qui venait s’approvisionner lors des fréquentes coupures et ce, grâce à un robinet installé à la sortie du centre, durant de très nombreuses années. C’était un 20 août comme si Salah et ses camarades et collègues voulaient dire nous perpétuons l’œuvre des chouhadas qui ont libéré le pays par notre dévouement et notre engagement au service des laborieux. Ce 20 août 1994 on a célébré la mise en service du puits et la fête prit fin à la tombée de la nuit et chacun rentra chez lui. Chacun sauf Salah qui décida de faire une dernière ronde dans le CFPA pour s’assurer que tout allait bien. C’est à cet instant que surgit de nulle part la horde sauvage. Les terroristes encerclèrent le centre et commencèrent par cerner Salah qu’ils ligotèrent et emprisonnèrent dans une chambre et exigèrent du gardien de les conduire vers le logement du directeur dans le but de l’assassiner ou l’enlever. Ce dernier fut alerté par la réaction nerveuse et les aboiements de son chien de garde (à ce jour Atmane reste convaincu que son chien l’a sauvé ce jourlà) et décida d’actionner la sirène d’alarme. L’alarme fut immédiatement suivie par des tirs dans tous les sens et les agresseurs incendièrent tout ce qui pouvait brûler (mobilier, voitures, etc.) avant de battre en retraite emmenant, malheureusement, Salah avec eux. Le surlendemain 22 août 1994 notre camarade et ami fut retrouvé pendu à un pont traversant l’autoroute au niveau de Thénia. Salah, repose en paix, ton souvenir restera éternel dans nos cœurs et la reconnaissance des humbles qui t’ont connu ne tarira jamais même lorsque tous les terroristes et leurs maîtres, les intégristes, auront fini leur macabre voyage dans la poubelle de l’Histoire.

Au nom de tes anciens camarades et amis, Nouredine Bouderba

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