Société

Annik Hurst :parfois il faut savoir dire « Non » pour rester libre.

Lors de l’enterrement de Jean Louis Hurst ( décédé le 13 mai à PARIS) avec les cendres de sa femme, Heike, décédée( le 30 novembre 2012) hier Mercredi 21 Mai 2014 au cimetière de DIAR ESSAADA ALGER et cela,suivant leur dernière volonté : d’être enterrés sous le ciel d’Alger, parmi leurs frères eux les porteurs de valises , les soutiens du combat libérateur de notre peuple.
leur fille Annick a prononcé à l’occasion un émouvant discours qu’elle a bien voulu remettre copie au journal Raina pour publication ,nous avons profité de l’occasion pour réaliser avec elle une interview vidéo que nous vous livrerons très prochainement amis lecteurs

LA REDACTION DE raina-dz.net

Texte discours d’Annick

Je n’ai pas dormi de la nuit, si pressée d’être devant vous et si traqueuse aussi.
Je suis très fière et très heureuse d’être parmi vous.
Je suis très honorée de voir autant de monde et toutes les générations réunies.
Merci de recevoir et de reconnaître aujourd’hui mon père, déserteur français de la guerre d’Algérie, comme « un frère des frères ».
Et merci de recevoir mes parents, « porteurs de valises » comme de vieux amis de retour au pays.
C’est pour moi un signe et un symbole très important, de reconnaissance de leur engagement et de leur foi en la justesse et justice des hommes devant l’aberration de certains autres.
Jean-Louis sera resté un guerrier jusqu’à son dernier souffle.
Heike sera restée le phare en pleine mer jusqu’à son dernier regard.
Elle est partie le 30 novembre 2012 et lui le 13 mai 2014.
Chacun d’eux aura eu, une vie pleine de rebondissements.
Ils auront dû quitter leur famille, leur pays pour rester citoyen du monde.
Chacun d’eux m’a appris l’exigence de trouver sa place et son rôle dans l’univers.
Je suis fière d’être leur fille.

Je vais maintenant remercier particulièrement Monsieur L’AMBASSADEUR d’Algérie en France pour avoir été le premier maillon d’une chaîne de solidarité qui permet ici d’exaucer les dernières volontés de mon père et de ma mère. Je remercie également mes frères de cœur, les anciens élèves de mon père, de m’accueillir comme leur sœur de sang.
Je suis née ici, il y a 50 ans, j’ai donc quasi l’âge de l’indépendance et c’est ici que j’ai appris à marcher et courir dans le vent.

Merci de nous rappeler ensemble, que les droits fondamentaux ne sortent jamais d’une boîte de magicien mais qu’en tout temps, des hommes et des femmes arrivent à dépasser leurs peurs pour montrer l’exemple, pour ouvrir la voie et le chemin de la libération des esprits et des cœurs. Mes parents sont de ceux là. Mes parents sont des justes.

Aujourd’hui grâce à vous tous, mes parents peuvent reposer en paix pour l’éternité, ici au dessus de la mer, sous le soleil exactement, comme ils en avaient rêver.
Merci pour eux, merci pour moi, merci pour ma fille et les générations futures qui arrivent et qui se retournant vers le passé pourront ainsi comprendre d’où ils viennent et ne jamais oublier que parfois il faut savoir dire « Non » pour rester libre.
Annik Hurst
(Discours dit à la cérémonie du 21/05/14 au cimetière Diar essaàda à Alger par Annik Hurst)

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