Politique

Comment la Suisse a encouragé l’islamophobie en hébergeant les islamistes radicaux sur son sol

Des extrémistes de droite brandissant des slogans hostiles aux musulmans de Suisse. D. R.
Des extrémistes de droite brandissant des slogans hostiles aux musulmans de Suisse. D. R.
Ce samedi, à Lausanne, en Suisse, l’Association suisse vigilance islam (ASVI) est née. Créée par la journaliste Mireille Vallette, connue pour ses écrits et ses positions anti-islam, l’association met en garde contre «une dangereuse poussée islamiste dans un Occident jugé trop bien-pensant» et fait sciemment l’amalgame entre islam et islamisme radical. En Suisse, le ressentiment anti-islam se renforce. Il s’est illustré, il y a quelques années, par le vote de la majorité des cantons de la Confédération helvétique pour l’interdiction des minarets, à l’appel de la droite populiste. Par ailleurs, suite aux attentats de Charlie Hebdo en France, Walter Wobmann, conseiller national (UDC/SO) et président du Comité d’Egerkingen, à l’origine du vote contre les minarets, a même exigé que les demandeurs d’asile musulmans provenant d’Irak ou de Syrie ne soient plus acceptés en Suisse. Des réactions xénophobes qui prouvent si besoin est, qu’il ya un terrain fertile à l’anti-islam dans ce pays. Un ressentiment envers la religion musulmane qui est en grande partie dû au fait que le gouvernement suisse a ouvert grandes ses portes dans les années quatre-vingt-dix, aux extrémistes religieux du FIS dissous, entre autres, qui ont prospéré sur le sol helvétique, faisant l’apologie du terrorisme en Algérie. Un traitement favorable de la part des Occidentaux qui a contribué à la montée de l’islamophobie en soutenant les islamistes radicaux au point de considérer, par exemple, la lutte antiterroriste en Algérie tantôt comme une «guerre civile», tantôt comme une «atteinte aux droits de l’Homme». L’information sur la naissance de l’association helvétique anti-islam, répercutée depuis quelques jours par de nombreux médias suisses, nous rappelle, en Algérie, le laxisme des autorités suisses vis-à-vis de commanditaires notoires de crimes terroristes dans notre pays. On peut citer notamment le cas de Mourad Dhina qui est accueilli depuis plus de vingt ans par la Suisse, malgré les crimes qui lui sont reprochés en Algérie et ses appels au meurtre contre les intellectuels algériens, dont de nombreux journalistes, durant la décennie sanglante. Un laxisme et une protection qui ont fini par créer un courant islamiste bien ancré en Suisse et que certains extrémistes islamophobes se servent aujourd‘hui comme prétexte pour s’en prendre à tous les musulmans et à la religion musulmane en tant que foi et croyance de millions de citoyens suisses et européens. En Algérie, personne n’a oublié le passif de ce sanguinaire qui se prélasse en Suisse, alors que ses directives meurtrières ont endeuillé des dizaines de familles et contribué à mettre le pays à feu et à sang durant dix ans. En 2012, une pétition intitulée «Jugez le terroriste Dhina», parue dans Le Soir d’Algérie, avait rappelé le passé terroriste de Dhina, qui avait été arrêté le 16 janvier 2012 en France, en exécution d’un mandat d’arrêt international émis par la justice algérienne et d’une notice rouge d’Interpol. « Le terroriste Dhina Mourad, membre fondateur du Front islamique pour le djihad armé (Fida), est responsable de l’assassinat de centaines de journalistes, intellectuels, syndicalistes et personnalités politiques algériens, doit répondre des crimes commis sous sa responsabilité», pouvait-on lire dans la pétition signée par de nombreux journalistes et personnalités politiques. Face à ces demandes, les autorités suisses sont restées sourdes. Elles se retrouvent aujourd’hui face à ces mêmes membres du FIS dissous, se pavanant sur son sol en prônant l’islamisme le plus radical au nom de la démocratie. Ils ont fini par réveiller les démons de l’extrémisme anti-islam dont vont pâtir en premier lieu les musulmans les plus tolérants.
Meriem Sassi
Algérie patriotique 23. juin 2015

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