Société

DES LEGIONS DE SIRENES DANS D’INNOMBRABLES NECROPOLES NUMIDES

Le hasard à voulu que je me retrouve dans les montagnes d’une des régions de Saida, ou j’avais passé trois années de ma vie dans l’isolement et dans des conditions de vie très dures. J’étais en fait vivant en plein milieu d’un site archéologique immense et fabuleux. Dans un premier article j’avais à tort écrit qu’il s’agissait d’une nécropole romaine. Pourquoi ? Parce que j’étais allé de découverte en découverte, mon attention fut attirée par de petites pierres transparentes et d’autres translucides que je prenais pour du quartz naturel, jusqu’au jour ou j’ai remarqué une queue de poisson et en regardant de prés je vis qu’il s’agissait d’une sirène, ensuite je m’étais intéressé à toutes sortes de pierres qui captaient l’attention et à chaque fois il y avait une sirène. Comme dans la mythologie gréco-romaine les sirènes avaient un caractère funéraire, j’avais pensé qu’il s’agissait d’une nécropole, mais une nécropole romaine. Cependant la sirène dans la mythologie grecque n’avait pas une queue de poisson, mais avait une tète de femme dans un corps d’oiseau. Certains écrits attribuent l’apparition de la sirène à queue de poisson à la mythologie scandinave très récente ce qui est totalement faux. C’est en recherchant à travers internet la signification d’un symbole ressemblant à un svastika asymétrique que je suis tombé sur la liste des signes et symboles numides. Ce fut une grande surprise. Au début pensant qu’il s’agissait d’une nécropole romaine, j’étais étonné de l’absence d’écriture (écriture latine bien entendu), alors que sur toutes les pierres il y avait des signes et symboles numides que je prenais pour des motifs décoratifs. Je découvre maintenant que ces sites numides existent un peu partout sur le territoire national, ils sont prépondérant, ce sont les sites les plus nombreux, les plus étendus. D’immenses nécropoles numides sont sous nos yeux tout en étant discrètes, le nombre de pièces archéologiques se compte par millions. On a réduit le patrimoine archéologique numide aux tombeaux des rois numides, alors que ce patrimoine numide est là et il domine tout les autres vestiges. Ce sont des nécropoles géantes s’étalant sur des dizaines de kilomètres. On en trouve partout dans presque toutes les wilayas. Certains spécialistes affirment qu’il ne reste pas grand-chose de la civilisation numide, que les bibliothèques avaient été brulé, alors que dans ces nécropoles il y a des millions d’inscriptions gravées avec art sur les pierres, (un art d’une très grande finesse) et, qui peuvent intéresser tant de chercheurs, d’archéologues, d’historiens, d’anthropologues,…
Ces nécropoles vielles de plusieurs millénaires sont la preuve que la mythologie grecque s’est inspirée de la mythologie des numides, que ces derniers avait une maitrise très pointue de la glyptique, qu’ils maitrisaient des techniques très sophistiquées telles que l’inclusion d’images de sirènes dans des minéraux transparents, mais aussi qu’il avaient la maitrise d’un art d’un haut niveau de raffinement que ne possédaient ni les grecques ni les romains, il s’agit de l’utilisation de l’illusion d’optique dans la gravure et la sculpture. Mieux encore et cela est unique, l’introduction du mouvement dans la sculpture. Alors qu’on a tenté de réduire les numides de manière péjorative à un peuple de nomades, nous avons à faire à une civilisation riche, à un peuple inventif qui a su faire un pied de nez à tout les envahisseurs et les profanateurs de tombes et protéger leurs nécropoles par l’art. Il a fallut que surgisse une génération vénérant la médiocrité et l’ignorance pour mettre aujourd’hui en danger cet héritage. Pire que le contrebandier le danger vient de l’ignorant.
Des pans entiers de nécropoles numides sont démontés dans différentes wilayas et dont les blocs de pierres ont été utilisé pour construire par exemple le nouveau port de pèche et le soutènement du nouveau front de mer de la salamandre à Mostaganem. Vous, les archéologues chevronnés, allez-y, vous découvrirez sur chaque bloc sur chaque pierre, et sur des kilomètres des signes et symbole numides à profusion. Partout ces nécropoles numides sont agressées démontées pour en faire des gabions, de la pierre à bâtir, des retenues d’eau des jetés de ports de plaisances, du gravier etc.…Certaines nécropoles commencent à être rongées par des carrières. Chaque Algérien devrait être fier de son passé numide et qu’un tel patrimoine existe. Pourtant rien qu’avec l’argent des palmiers importés …, tout ce patrimoine pourrait être sauvé, protégé, l’histoire des numides pourrait être réécrite, des musées dédiés à cet art numide pourraient voir le jour partout ou existent ces nécropoles.
L’art exceptionnel de la nécropole numide :
Chaque élément de la nécropole est intégrées dans un ensemble, toutes les pièces de différentes dimensions sont gravées ou sculptées et imbriquée les unes aux autres. Il ya une grande variété de minéraux utilisés, cela va des minéraux les plus tendres aux minéraux les plus durs Ces derniers donnant une finesse du détail que l’on ne peu obtenir que sur des métaux. Dans chaque pierre tombale il y a des inscriptions numides et une sirène qu’on ne peu observer que sous certaines conditions : d’angle de vue, de distance par rapport à la pièce, de luminosité car c’est la lumière en projetant l’ombre des reliefs qui façonne le visage du personnage. La preuve existe quand au nombre de sirènes, elles sont trois : celle qui joue de la harpe, celle qui joue de la flute, et celle qui chante. Les récits qui parlent de trois sirènes sont dans le vrai, cela pourrait être aussi la preuve que la mythologie grecque soit d’inspiration numide.
Des millénaires avant Picasso et les artistes de l’Optical art qui avaient introduit le mouvement dans la peinture, les artistes numides avaient introduit le mouvement dans la sculpture et la gravure. Il suffit de se déplacer d’un pas à droite ou à gauche par rapport à la pièce pour que le personnage se modifie. Sur d’autres pièces, il suffit de déplacer légèrement son regard pour obtenir le même effet. Le plus souvent la sirène est représentée avec une nageoire cachant sa bouche. Sur les pierres transparentes la sirène est souvent représenté sous sa double apparence celle séduisante à gauche et celle monstrueuse à droite avec de grosses dents.
Nos artistes et les écoles des beaux arts devraient étudier cet art, se l’approprier et le développer. Mais c’est aussi un formidable créneau pour développer un tourisme lié aux antiquités, à condition de :
-A -Initier un mouvement pour la protection de ces nécropoles : la tache principale aujourd’hui c’est l’information, faire connaitre cet héritage et son art à travers les médias.
-B -Lancer des initiatives là ou c’est possible avec les citoyens.
-C -Monter des dossiers et impliquer les organismes de l’ONU (UNESCO), pour obtenir leur classement en tant que patrimoine mondial de l’humanité, et obtenir un financement.
-D –Il est possible de créer des musées spécifiques à cet art à moindre frais, en transformant certaines salles de cinéma fermées depuis des décennies. Il est possible de faire des miracles rien qu’avec quelques pour cent de l’argent consacré à refaire les trottoirs….
-E –L’Algérie est un musée à ciel ouvert, une grande partie de ce patrimoine qui reste à découvrir subit des destructions massives. Ce patrimoine archéologique reste le parent pauvre du ministère de la culture dont le gros du budget et englouti par des activités éphémères (les différents festivals, les années de la culture arabe…), l’idéal aurait été de créer un ministère du patrimoine national à l’exemple de l’Egypte qui a un ministère des antiquités, mais vue que l’argent continu à prendre d’autres destinations, il reste la solution populaire, permettre, faciliter au maximum la création d’associations pour la défense de ce patrimoine. Leur permettre de créer de petits musées et de rechercher des sources de financement locales et internationales. Il s’agira aussi de réfléchir à d’autres initiatives : pourquoi pas une année du patrimoine numide organisé à la base avec des citoyens, des associations, et plein de conférences d’expositions, en impliquant archéologues, historiens, anthropologues, artistes, écoles des beaux arts…, et qui pourrait se conclure par la création de plusieurs petits musées. C’est là aussi un terrain pour l’action unie.

MARADJ ABED 16/08/2016

Les commentaires sont clos.