Luttes des travailleurs

Echos des luttes des travailleurs Bulletin N°13

Décès d’Ebossé : le Syndicat des footballeurs professionnels appelle au «gel temporaire» de la FAF



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Mohamed Raouraoua, président de la FAF. Sid-Ali/New Press


Dans une lettre ouverte «à tous ceux qui se définissent comme responsables du football national», et dont une copie est parvenue à notre rédaction, le Syndicat national des footballeurs professionnels algériens (SNFPA), que préside l’ancien arbitre international Mohamed Sendid, accuse le président de la Fédération algérienne de football d’être le premier responsable de la crise du football algérien. Pour le SNFPA, la véritable cause du drame qui a coûté la vie au joueur de la JSK au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou est «la manipulation de fortes sommes d’argent incontrôlables» à travers lesquelles les responsables du football national «versent dans un nouveau genre de commerce informel, créant ainsi le marché du néant». Ce dernier, regrette le SNFPA, «est attisé par certains responsables de clubs pour justifier les échecs de leur équipe». Le Syndicat des footballeurs professionnels note que les responsables de la Fédération algérienne de football et les dirigeants des clubs «persistent dans les mêmes erreurs et restent dans le même objectif principal et honteux qui provoque continuellement des problèmes dans les compétitions nationales, tels que l’instauration du pseudo-professionnalisme faussement initié par la FAF». Si bien, pense le SNFP, que le caillou qui a tué Albert Ebossé a été «indirectement lancé par tous les responsables du football» qui privilégient «la politique de l’argent au détriment de la formation au sein des clubs algériens». L’ancien arbitre international ne mâche pas ses mots, accusant les dirigeants des clubs «imbus de leur personnalité» de «ne chercher que le résultat immédiat». «C’est de l’inconscience», fulmine-t-il, visant apparemment, sans le citer, le président de la JSK, Mohand-Chérif Hannachi. Le SNFPA critique en des termes acerbes la FAF et son président, Mohamed Raouraoua, qui règne en seul maître des lieux : «N’a-t-on pas vu les membres de l’assemblée générale de la FAF adopter les bilans sans les discuter, en un laps de temps très court, au nom d’une aveugle démocratie (…) dans le cadre d’une politique bien étudiée par leur chef de file ?» dénonce le syndicat. Selon Mohamed Sendid, Mohamed Raouraoua est adoubé par ses postes au sein de la Confédération africaine de football (CAF) de la Fédération internationale de football (Fifa) et de l’Union nord-africaine de football (Unaf). Le SNPFA, qui estime que «la violence provient du système de gestion et la manipulation d’énormes sommes d’argent devant l’absence de contrôle de la FAF», s’interroge : «Où en est-on avec la commission de contrôle et de suivi des clubs professionnels de la FAF, et pourquoi les instances concernées n’ont-elles pas réagi ?» Aussi, le Syndicat national des footballeurs professionnels algériens appelle-t-il le ministère des Sports à «geler temporairement la Fédération algérienne de football et toutes les compétitions des adultes» et à «organiser une conférence nationale sur le football».
Karim Bouali

Complexe sidérurgique turc Tosyali de Béthioua : Protestation après l’arrestation de 19 travailleurs grévistes

par K. Assia


La présentation, en fin de semaine, de 19 travailleurs du complexe sidérurgique turc Tosyali sis à Béthioua devant le magistrat instructeur près le tribunal d’Arzew, a été suivie d’un large mouvement de contestation. En effet, une centaine de travailleurs se sont rassemblés devant le tribunal pour apporter leur soutien à leurs collègues arrêtés par les services de la Gendarmerie nationale pour actes de vandalisme. Les personnes arrêtées, après une plainte des responsables de Tosyali, avaient, selon des sources sécuritaires, commis des actes de vandalisme lors d’un arrêt de travail qu’ils avaient observé, mercredi, au sein du complexe. Aux alentours du tribunal d’Arzew, un important dispositif a été déployé par les services de police pour éviter tout débordement. Les 19 personnes arrêtées ont été auditionnées et ont fait l’objet d’une citation directe, en attendant leur comparution le 21 septembre prochain devant la justice. A noter qu’aucun incident n’a été déploré du côté des manifestants. La foule s’est vite dispersée, après que leurs collègues eurent été relâchés. Il faut dire que le torchon brûle entre la direction du complexe et les travailleurs algériens. Depuis la grève de mai dernier et la satisfaction de quelques revendications, rien ne semble apaiser le climat de tension qui règne au sein du complexe. En outre, le licenciement, le 3 août dernier, de six travailleurs dont quatre délégués du complexe sidérurgique turc Tosyali, a été également dénoncé. Les quatre délégués représentant les travailleurs se disent victimes d’injustice, puisque, selon eux, ils ont été licenciés de manière abusive par l’employeur. Les concernés demandent leur réintégration au sein du complexe et revendiquent leurs droits tels qu’édictés par la loi. Ces délégués représentant un effectif de près de 600 travailleurs algériens ont été désignés à l’issue d’une assemblée générale tenue le 11 mai dernier à Oran, indiquent-ils. Celle-ci a permis d’élire cinq personnes, conformément aux articles 41, 42 et 45 de la loi 14-90 laquelle leur permet de représenter les travailleurs et les autorise à entamer les négociations avec la direction de la société. A l’origine de cette décision, la grève de deux jours observée au courant du mois de juillet par le personnel de la société à la suite du licenciement de deux travailleurs. Quant aux délégués licenciés, ces derniers avaient dénoncé l’inefficacité du syndicat actuel et demandé un retrait de confiance. Les concernés ont demandé que les cas disciplinaires soient examinés par la commission paritaire composée de représentants turcs et algériens et non uniquement de turcs et ce, en vue d’éviter d’éventuelles injustices.

ARCELORMITTAL ALGÉRIE 
Laborieux redémarrage du haut fourneau d’El Hadjar

À l’arrêt depuis des mois pour cause de difficultés de redémarrage avec pour conséquence la mise en congé d’office pour plusieurs semaines de l’ensemble des 5 200 salariés, faute d’entrée d’argent frais tiré de la commercialisation de ses produits, le haut fourneau (HF) n°2 a finalement pu être redémarré mercredi dernier. Ce laborieux redémarrage d’une installation qui forme, du reste, le cœur de la zone chaude sans laquelle il n’y aurait pas une seule coulée de fonte, permettra une reprise graduelle de production de la matière première destinée aux autres unités du complexe d’El Hadjar. Il produira dans une première phase de la fonte de soufflage destinée au laminoir fil et rond (LFR), dont la mise en marche s’est faite juste après le redémarrage du HF n°2. Selon une source proche de la direction, le retour à la production du HF n°2 favorisera, dans un temps réduit, le retour à la normale des autres unités du complexe d’El Hadjar tels les laminoirs à chaud et à froid, les aciéries à oxygène et électrique. Les difficultés financières de l’entreprise ne sont pas limitées uniquement à la faible commercialisation de ses produits mais elles sont aussi dues à l’importation de matières premières comme les billettes qui suppléaient à une production cahin-caha du HF n°2 avant son arrêt total. Une première alerte sur la situation du complexe sidérurgique, on s’en souvient, a été lancée par le député et ancien SG du conseil syndical de l’entreprise ArcelorMittal Annaba, Smaïl Kouadria. Ce dernier avait axé dans son interpellation du ministre du Commerce sur la grave situation de la filière ArcelorMittal pipes&tubes Algérie (AMPTA), qui n’arrive pas à honorer une commande pour la réalisation du gazoduc reliant au réseau de gaz les deux villes Illizi-Djanet sur 420 km, tel que prévu par Sonatrach TRC -transport par canalisations. Il lui a demandé son approbation pour l’exonération de frais de douane relatifs à la matière première (lingots en acier) prévue pour être importée de Pologne. La raison est liée à l’épuisement des stocks de matière première généré par le retard du démarrage du haut fourneau n°2. L’importation d’une partie de lingot d’acier (stock de secours) pour la transformation en tubes nécessaires à satisfaire cette commande, fait remarquer Kouadria. Tout en soulignant que la satisfaction de cette commande peut sauver cette filiale et par conséquent, ses 350 salariés d’un chômage certain. Tant que le conflit syndico-syndical dont l’enjeu est le contrôle par des clans de la manne financière que forme le plan d’investissements pour 500 millions de dollars perdure, il est à craindre pour le devenir de l’un des fleurons de l’industrie algérienne. A l’approche de la mise en application de ce plan, ces derniers, principalement les deux clans connus, redoublent de férocité afin d’arracher le maximum de gains au detriment des travailleurs et de leur outil de production. 
A. Bouacha

Syndicats : L’été, c’est plus pratique pour licencier


Au moins 11 travailleurs ont été limogés du jour au lendemain depuis le début du mois de juillet. Leur faute ? Etre membres de syndicats autonomes. Malgré la loi, les entreprises continuent de licencier sans être inquiétées.
Tarek Ammar Khodja travaille à la Poste depuis 16 ans en bordure d’Alger. Après les grèves de l’année 2011, des employés estiment que l’UGTA ne se sent pas concernée par les problèmes des travailleurs et ils créent un syndicat autonome, dont Tarek devient le chargé de communication. Ses problèmes commencent au mois de mars dernier.
Des inspecteurs se rendent sur son lieu de travail pour vérifier qu’il est présent. «Ils m’ont dit qu’ils venaient vérifier si je rejoignais bien mon poste de travail, et ils m’ont demandé ma pièce d’identité», raconte-t-il décrivant des scènes où les inspecteurs se moquaient ouvertement des employés.
Au fur et à mesure des semaines, des collègues, membres du syndicat autonome et en poste dans différentes directions, lui conseillent de se faire discret, son nom serait «dans le collimateur». «Avant, je n’avais jamais eu un seul problème, je suis un travailleur honnête, mais je n’étais pas syndicaliste», lance-t-il en souriant.
L’homme de 42 ans prend la parole dans les médias pour demander aux responsables le respect des promesses faites lors des deux grèves de 2013, mais l’élément déclencheur des représailles est un nouveau sit-in. «Le 7 juillet, mes collègues et moi avons observé un arrêt de travail de deux heures, car l’un de nos collègues avait été suspendu arbitrairement», explique-t-il.
Représailles
Ce jour-là, un haut cadre de la direction générale lui lance : «De quel droit t’exprimes-tu dans les journaux ?» Un autre jure même qu’il va «briser» les travailleurs qui vont «payer très cher» leur réclamation. «A partir de ce moment-là, tout est allé très vite», rapporte Tarek Ammar Khodja. Le lendemain de l’arrêt de travail, il est convoqué pour être auditionné.
Face à lui, trois cadres qui l’accablent de questions. «Ils m’ont demandé si j’appartenais à une organisation syndicale et l’un d’entre eux m’a provoqué pendant tout l’entretien», raconte l’employé. Le 9 juillet, il est suspendu et le lendemain il reçoit une convocation pour un conseil de discipline. Le 17 juillet, lors de la commission, il expose son passé professionnel, «irréprochable» selon un de ses collègues.
Rien n’y fait, il est licencié. Au cours de l’entretien, le directeur de la commission, responsable de la région d’Alger-Est, lui a même dit : «C’est à vous d’apporter la preuve de votre innocence». L’un des motifs officiels de licenciement est «menaces et injures à travers la presse». «C’est une chasse aux syndicalistes», s’insurge l’employé. Mourad Nekkache, 40 ans, est le président de ce syndicat autonome des travailleurs de la Poste. Il travaille dans une agence de Boumerdès depuis 15 ans. Il participe aux grèves de janvier, puis août de l’année dernière.
Après la dernière grève et alors que la tutelle promet de répondre aux sollicitations des employés, du jour au lendemain il comprend qu’il est surveillé au bureau. Tous ses gestes sont observés. Le personnel est réduit à coups de mutations, de congés, de récupérations. Mourad, lui, est maintenu en poste et doit faire face à la pression. Les clients sont toujours aussi nombreux. «J’ai de la chance, je n’ai fait aucune erreur. Je suis du genre pointilleux», rigole-t-il aujourd’hui.
Intérêt moral
Le 2 août dernier, ses supérieurs ont fini par le suspendre pour «avoir porté atteinte aux intérêts moraux de l’entreprise». Hier, il est passé devant une commission de discipline ; une «mascarade» selon lui. «Ils étaient six. Deux membres n’avaient aucune idée concernant le dossier, et comme ils ne voulaient pas entendre ma version des faits, ils ont suspendu la séance», raconte-t-il. Il doit encore attendre huit jours pour savoir s’il sera licencié ou non. Mais il ne se fait pas d’illusion.
«Cette entreprise ne veut pas de syndicat autonome, de gens qui demandent à ce que leurs droits soient respectés et que l’entreprise soit protégée, estime Tarek Ammar Khodja. Ils veulent nous faire passer pour des fauteurs de troubles, ils veulent faire croire que l’on cherche à détruire l’entreprise, mais c’est faux ! La gestion de la Poste aujourd’hui est catastrophique, les travailleurs n’ont pas de stylo, pas de chaise, on va droit dans le mur !»
Les deux travailleurs de la Poste sont peinés mais ils ne veulent pas «lâcher». Sur les réseaux sociaux, une photo de leurs collègues circule avec une pancarte : «Licenciez-nous tous !». «Ces méthodes-là ne font plus peur, on ne va pas se laisser faire», lancent-ils. Mais pour seule riposte, ils n’ont qu’un sit-in, «devant le ministère du Travail d’ici la fin du mois d’août». Ils ont peu d’espoir d’être réintégrés.
Vulnérables
Il y a plus d’un an, les sociétés de restauration Cieptal et Saha Catering avaient licencié 35 délégués du personnel à Hassi R’mel (Laghouat). «Toute la presse en avait parlé, la justice avait ordonné leur réintégration, mais aujourd’hui ils sont au chômage et certains ont quitté la région pour trouver du travail. Ces hommes n’ont ni la force ni les moyens de se battre contre une telle machine», raconte Yacine Zaïd, militant et ancien employé licencié pour ses activités syndicales. Il estime que rien ne protège les employés : «Les entreprises sont encouragées par l’absence de réaction du ministère du Travail ou de l’Inspection du travail.
Leur silence est un feu vert pour les licenciements, explique-t-il. Les autorités ne soutiennent jamais la création d’un syndicat et la justice est incapable d’obliger une entreprise à réintégrer des travailleurs licenciés abusivement !» Le sentiment est le même aux sein des effectifs de Sonelgaz. Au début du mois de juillet, Abdellah Boukhalfa, président du syndicat autonome, est révoqué après avoir organisé une réunion syndicale dans l’Est du pays.
Deux autres employés qui ont participé à la réunion sont suspendus et 25 autres reçoivent des questionnaires. «Les membres du syndicat ont bien déposé les dossiers pour faire enregistrer leur groupe, mais le PDG de Sonelgaz a décrété que ce syndicat n’était pas reconnu», explique Mourad Tchikou du Snapap. Sur les documents officiels envoyés aux 28 travailleurs, il est inscrit dans la case «motif» : «activité avec un syndicat non reconnu».
Si la Poste et Sonelgaz sont des entreprises publiques, le secteur privé n’est pas irréprochable. A Bethioua, près d’Oran, 6 délégués du personnel de l’entreprise turque de fabrication de pièces en métal Tosyali ont été licenciés il y a une semaine, après 4 mois de conflit. Au début de l’année, la direction des ressources humaines licencie 150 personnes. «Cette dame est entrée dans mon bureau, accompagnée d’un agent de sécurité, et m’a dit : ‘‘tu as 5 minutes pour partir’’», raconte un employé.
Les travailleurs décident de s’organiser pour dénoncer ce qu’ils estiment être des licenciements abusifs. Le syndicat officiel de l’entreprise reste silencieux. Il n’inspire plus confiance, et six employés sont choisis par leurs collègues pour les représenter. Une grève a eu lieu au mois de mai. «A ce moment-là, la DRH a voulu licencier 36 personnes. Elle n’a pas réussi», raconte l’employée qui assure que l’UGTA, l’Inspection du travail et même la wilaya ont été alertées.
Gendarmerie
Au début du mois d’août, les six délégués demandent aux responsables la mise en place d’une convention collective. Ils sont immédiatement convoqués en conseil de discipline. La direction refuse la présence des autres travailleurs pendant la réunion. «Ils nous ont licenciés tous les six en affirmant que la décision venait de Turquie», raconte Mohamed Bouzid, l’un des délégués. Les autres travailleurs se mettent alors en grève et bloquent l’usine.
Les responsables de l’entreprise demandent l’intervention des services de gendarmerie et portent plainte. Les forces de sécurité interviennent mardi avec une «vingtaine d’engins de type 4×4, des chasse-neige et un bus chargé de gendarmes», selon le journaliste oranais Salah Ziad. Plusieurs employés sont violentés et 19 d’entre eux sont arrêtés. Ils passent la nuit en garde à vue avant d’être présenté devant le procureur. Les 19 travailleurs devront se présenter au tribunal le 20 octobre prochain.
 
Leïla Beratto

Le Snap appelle à un sit-in le 26 août devant le ministère du Travail



Les postiers lors d’une précédente grève. Sid-Ali/New Press
Le Syndicat national autonome des postiers (Snap) exprime, dans un communiqué adressé à notre rédaction, son «indignation» contre les entraves à l’exercice des libertés syndicales par des pratiques abusives de l’administration. Cette indignation, explique le Snap, fait suite au refus des autorités de leur délivrer le récépissé d’enregistrement concernant le dépôt du dossier de constitution du syndicat en question. «Deux ans après avoir déposé le dossier de constitution de notre syndicat au niveau du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale (MTESS), on refuse toujours de nous délivrer le récépissé d’enregistrement», dénonce le Snap qui qualifie ce refus de «violation» flagrante de la Constitution, des lois nationales et des conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Par ailleurs, le Snap revient sur les actes d’intimidation et de harcèlement que les syndicalistes autonomes subissent régulièrement en raison de leur activisme pour la défense des libertés syndicales. Chose qu’il condamne fermement, ainsi que, ajoute-t-il, le «licenciement arbitraire» d’Ammar Khodja Tarek en juillet dernier et la «suspension abusive» du président du Snap, Nekache Mourad. Comme réponse à cette «situation», le Snap indique qu’un sit-in sera observé devant le ministère du Travail à Alger, le 26 août 2014, à 10h. «Nous appelons toutes les organisations syndicales et les organisations de défense des droits de l’Homme à participer à cette action et à contribuer à sa réussite», appelle le Snap qui exigera lors de ce rassemblement la levée de toutes les entraves faites à l’exercice des libertés syndicales et la réintégration des syndicalistes suspendus et licenciés. «Aujourd’hui, nous sommes plus que jamais déterminés à faire aboutir notre démarche et bâtir un syndicat fort, démocratique, représentatif et foncièrement revendicatif», conclut le syndicat.
Houneïda Acil


UGTA : le temps des escarmouches et des ressentiments



Par Boubakeur Hamidechi
boubakeur.hamidechi@Yahoo.fr
De tergiversations en compromissions, l’indéboulonnable ponte du syndicat historique a fini par mériter la plupart des sarcasmes ayant affublé sa trop longue carrière. en effet, aussi loin que l’on remonte dans son itinéraire personnel (sG à partir de février 1997) il est rare de lui trouver un semblant d’audace pour s’opposer au diktat du pouvoir en se prévalant du rôle naturel de défenseur des travailleurs. Définitivement taxé par ses pairs de la ceN de «pantin aux ordres» à l’origine de la désertification syndicale, ceux-là viennent d’entamer une étrange campagne contre sa réélection mais en sollicitant le secours du… palais ! Un émouvant appel qui signe et souligne la déliquescence d’une UGTa totalement livrée aux seuls desiderata du régime. La voilà donc cette aristocratie du syndicalisme ne sachant pas faire pour elle-même le ménage dans sa maison en ruine. il est vrai que celle qui fut longtemps la Mecque des travailleurs n’est plus qu’un dérisoire mur des lamentations où ne défilent que des implorants. Tout juste si l’on ne voit défiler dans les salles des pas perdus de la place du 1er-Mai que des vaincus mécontents déplorant la conduite condamnable du premier d’entre eux. en somme, le dernier carré de syndiqués dépourvus de pugnacité jusqu’à supposer que la résurrection de ce sigle doit impérativement passer par le «lâchage», voire la répudiation de celui qui a été adoubé par quatre fois. or, si les prémices du prochain congrès font manifestement état d’un changement de direction, les critiques visant exclusivement sidi saïd apparaissent, elles aussi, comme une démarche réductrice. autrement dit, le problème foncier de l’UGTa n’est plus une affaire de chaises musicales où les pions d’une même oligarchie changent de responsabilités dans l’échiquier. il exige de faire table rase de toute une génération de «professionnels » qui durant une décennie, au moins, ont contrôlé les fédérations et les unions de wilaya. il se situe par conséquent à des niveaux strictement doctrinaux, lesquels se sont dissipés au fil des pratiques quasi-mafieuses. Bref, la dérive ne pourra être endiguée que si des clarifications idéologiques sont faites préalablement et cela dans tous les pré-congrès de base. or contrairement à la volonté d’aller à l’essentiel de la crise nous entendons ici et là des voix qui ne se focalisent que sur les bilans déplorables d’un secrétaire général. Vindicatifs à souhait, leurs réquisitoires font pourtant abstraction des rôles tenus par les condottières cooptés par lui et qui sont devenus ses compagnons de route. ceux qui s’étaient souvent illustrés à ses côtés en applaudissant à la «ligne» imposée à la vocation syndicale. aussi est-il difficile d’ajouter du crédit à cette singulière campagne dont les animateurs appartenaient jusque-là au sérail de la place du 1er-Mai. Plutôt que d’assumer leur responsabilité collective dans l’effondrement de l’UGTa, ils se dédouanent en dressant des bûchers à leur parrain. certes, sidi saïd mérite bien plus qu’un procès politique, sauf que celuici ne doit en aucun cas être instruit par ceux qui ont partagé avec lui le cycle infernal de la dévitalisation des luttes syndicales. Dans l’inconfortable forteresse monopoliste, l’on sait qu’il n’avait pas été le seul à mener la douteuse opération antidémocratique en s’acharnant sur les courants autonomistes au prétexte qu’ils portaient préjudice aux «justes combats des travailleurs ». Pour preuve, le point d’orgue de cette lente déviation ne fut-il pas atteint en 2004 lorsque ce syndicat devint le relais officiel du régime lors des présidentielles ? Dès lors, elle sombra comme le ferait une institution sans ressort, ligotée par sa proximité avec le palais et surtout aspirée par le jeu malsain de l’exécutif d’etat jusqu’à en être éclaboussée à son tour par le scandale financier que l’on connaît. or, quel que soit le plaidoyer susceptible d’atténuer le degré de ses culpabilités personnelles, sidi saïd ne peut dorénavant se prévaloir de la moindre relégitimation à la tête de l’UGTa. après 17 années (1997-2014) passées à ferrailler, souvent en paroles et rarement sur le terrain syndical, ne devrait-il pas se résoudre, enfin, à céder aux «mauvaises sollicitations» venant d’en haut pour peu que la même charrette emporte avec lui tous les cumulards de la faillite qui, jadis, lui ont fait la courte échelle ? 
B. H.


Syndicats de l’Education : «La balle est dans le camp de la tutelle»

par Salah-Eddine K.


A quelques jours de la rentrée scolaire, les principaux syndicats de l’Education nourrissent beaucoup d’espoir quant aux rencontres qu’ils vont avoir avec la ministre de l’Education nationale, Mme Benghebrit. Contactés hier, les responsables du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire (Cnapest), du Syndicat national autonome des professeurs et enseignants techniques (Snapest) et du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) estiment que cette rentrée dépendra pour beaucoup des réponses de la ministre de l’Education nationale, lors des rencontres prévues avec les syndicats. «L’année sera-t-elle sereine par rapport aux perturbations qu’a connues l’Education par le passé ?», s’interrogent déjà des parents d’élèves. «La balle est dans le camp de la tutelle», a estimé, hier, le chargé de communication du Cnapest, Messaoud Boudiba, qui se trouvait encore en conclave avec les enseignants pour leur université d’été qui se déroule à Aïn Témouchent. 

Meziane Meriane, qui se trouvait, lui, à Mostaganem, a estimé lui aussi que le déroulement de la prochaine rentrée scolaire, prévue pour le 7 septembre prochain, dépendra amplement des réponses qui ont été réservées aux revendications des syndicats par la ministre de l’Education. Achour Iddir, le SG du CLA, qui vient de terminer son université d’été à Jijel, abondera dans le même sens. Pour lui, la prochaine année scolaire sera déterminée par rapport aux réponses que fera la ministre. 

Si ces syndicats décèlent une volonté de dialogue et une ouverture certaine de la part de la nouvelle ministre, il n’en demeure pas moins qu’ils estiment que cela ne suffirait pas si ce n’est pas suivi d’actes concrets, en répondant favorablement aux revendications, toutes légitimes, des travailleurs du secteur de l’Education. En plus des dossiers liés à l’intégration des enseignants du moyen et du primaire en fonction des nouveaux grades du statut particulier de 2008, l’intégration des enseignants techniques en qualité de professeurs, il y a aussi des revendications d’ordre salarial (augmentation des points indiciaires), l’application des textes pour l’octroi de certaines primes, notamment pour les enseignants du Sud, l’accélération de la mise en place d’une médecine du travail pour les enseignants et dossiers des œuvres sociales.

Une rencontre régionale prévue demain : Le nouveau code du travail en débat

par J. Boukraâ





Les relations de travail en Algérie sont réglementées par la législation du travail. Celle-ci, à l’instar d’autres systèmes nationaux, offre aux travailleurs des garanties de sécurité et des droits. Le droit du travail a pour vocation la protection des intérêts des salariés, ainsi que des diverses catégories de personnes actives dans un cadre organisé. Cette politique répond au souci de justice sociale et au désir des travailleurs de voir l’Etat conserver les règles juridiques sociales qui les mettent à l’abri des risques sociaux. Dans cette optique, une rencontre régionale sur le nouveau code du travail se tiendra demain à Oran. Le regroupement, qui aura pour cadre le siège d’Aval/Sonatarch, réunira des représentants syndicaux de 21 wilayas. 

Plusieurs thèmes seront abordés lors de cette rencontre, notamment le travail informel, les harcèlements en milieu de travail, les conventions collectives et individuelles, la formation et l’emploi et le droit syndical, entre autres. La rencontre sera sanctionnée par une série de recommandations et un rapport final qui sera transmis à la tutelle, en l’occurrence le ministère du Travail. Selon un des participants à cette rencontre, le code du travail, datant du début des années 1990, est appelé à subir de profonds changements. C’est l’option déclarée et défendue par le gouvernement, depuis au moins 2008, avec l’assentiment de la centrale syndicale UGTA. De son côté, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale avait indiqué auparavant que le nouveau texte a été élaboré sur la base de la démarche du gouvernement visant à adapter la législation nationale du travail aux défis induits par les mutations que l’Algérie a connues et en conformité avec les engagements internationaux du pays, ajoutant que «la révision de l’article 87 bis aura un important impact financier sur le budget de l’Etat». L’accès à l’emploi est garanti à tous les citoyens, le droit au travail, à la formation professionnelle et l’égalité des salaires pour des postes similaires constituent les acquis des travailleurs de la période socialiste. Aujourd’hui, l’Algérie fait appel aux investisseurs pour créer de l’emploi et aider à la relance de la croissance économique. Elle doit composer avec les exigences managériales des multinationales et transnationales qui importent dans notre pays une culture économique basée sur les principes du libre marché. 

Il y a lieu de signaler qu’une caravane d’information sur l’emploi et la sécurité sociale sillonne durant le mois en cours plusieurs wilayas du pays. Baptisée «Emploi et sécurité sociale, garantie d’un travail décent», le but de cette caravane, qui parcourt tout le littoral jusqu’au 27 août, est de faire part, d’un côté, des activités du secteur, et d’un autre, des nouveautés et différents outils pour l’emploi et la sécurité sociale, ainsi que d’inciter les travailleurs à exiger la sécurité sociale pour assurer une meilleure protection dans leur milieu de travail. Mais l’objectif de cette caravane est d’encourager également l’émergence de PME-PMI par les jeunes, surtout. D’où la participation de l’Ansej à cette caravane. 

Par ailleurs, via cette caravane, le secteur du travail et ses collaborateurs veulent introduire et développer la notion de proximité dans le but de rapprocher davantage l’administration des citoyens. 

La tutelle du travail saisit l’occasion de la saison estivale pour mieux introduire ce concept et se rapprocher davantage des travailleurs. La caravane est encadrée par plusieurs animateurs et représentants de plusieurs organismes de sécurité sociale, la Cnas et la Casnos, entre autres, ainsi que des agences de travail et de soutien aux jeunes, à l’exemple de l’Agence nationale de l’emploi (Anem). Les régions de l’intérieur du pays ne sont pas en reste, car une autre caravane est prévue au mois de septembre pour ces régions et les Hauts-Plateaux. En outre, une troisième caravane sera lancée en octobre dans les régions du Sud. Ainsi, le secteur garantit une couverture nationale qui touchera le plus grand nombre possible de citoyens, pour inculquer notamment la culture de la sécurité sociale et informer les jeunes, entre autres, sur ce qu’ils doivent savoir pour se lancer dans le milieu professionnel. Ces caravanes viennent à point nommé, car, par manque de communication, les citoyens habitant les régions retirées, surtout, ne sont au courant que tardivement des nouveautés en matière de travail et de sécurité sociale.


TIZI: Le courroux des jeunes chômeurs

par Khenouci Mostefa



Lassés des promesses non tenues par les autorités locales en matière d’embauche, les jeunes chômeurs de de Tizi, localité située à quelques kilomètres du chef-lieu de wilaya, ont décidé de saisir la Ligue de défense des droits de chômeurs de Mascara pour interpeller officiellement les responsables locaux et le ministre de l’Emploi. Les jeunes, optant pour une action pacifique, ont exprimé leurs courroux en réaction à l’exclusion dont ils sont victimes suite au recrutement des personnes dans différents tâches par la société de géophysique. Celle-ci rappelle-t-on, a installé son chantier et base vie dans la région de Aroba de Tizi 

Le wali de Mascara avait rassuré ces jeunes que le recrutement doit obéir à des conditions bien précises comme stipule la réglementation et que cette entreprise doit donner l’avantage aux jeunes originaire de la commune de Tizi. A noter que ces jeunes chômeurs ont manifesté devant le siège de la wilaya juste à côté de la sûreté urbaine, lançant des slogans sur leur situation précaire et brandissant des banderoles par lesquelles ils interpellent les autorités locales à prendre en charge leurs préoccupations relatives à l’embauche. 

En présence des éléments des forces de l’ordre et les regards médusées des automobilistes et des riverains, ces jeunes chômeurs ont tenu un rassemblement pacifique réclamant des postes d’emploi dans la base vie d’une société qui s’est installée dans leur commune en exigeant que le recrutement doit tenir compte du lieu de résidence des postulants. 

La majorité des manifestants sont des responsables de familles pauvres ne possédant aucune ressource financière.

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