Société

Et Si… le sahel m’était conté…

La commune d’Ouled Fayet se consume à petit feu

Et Si… le sahel m’était conté…
A vingt kilomètres d’Alger et plus précisément au sud, se situe la région d’Ouled Fayet, un patelin désormais écorné par le manque d’imagination et de créativité des pouvoirs publics en matière de l’urbanisme ou de la manière de concevoir une ville.
Ouled Fayet qui était considérée comme un fleuron de l’Algérois de par sa vocation éminemment agricole surtout en ce qui concerne la culture de la vigne, se trouve aujourd’hui face à son destin le moins que l’on puisse dire kafkaïen. Le Sahel puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est plus le lieu de jadis où le Bougainville et le Jasmin se confondaient avec l’odeur de la vigne qui pullulait la région. Ce village d’antan qui s’est hissé au rang d’une « ville » n’a rien d’un ensemble urbain tel que la conception urbaine l’exige, c’est un véritable conglomérat hybride dépourvu de cachet urbain et dépouillé de sa personnalité architecturale. En quelque sorte, un amas de tout sauf une ville digne de ce nom.
L’anarchie, c’est le maître mot
Dès l’arrivée aux confins de chef lieu de la commune du Ouled Fayet on peut observer l’état délabré de « la ville », les pistes sont complètement détériorées et impraticables, ce qui favorise la boue à prendre de la place d’une façon manifeste. Cette boue qui se développe fortement dès que la pluie tombe sans arrêt, rend « la ville » infecte voire invivable.
Du Plateau au centre-ville jusqu’à la cité AADL on peut constater que l’anarchie est la même, et ce qu’il y a de commun entre ces trois lieux c’est le chemin communale qui les relie est impraticable, complètement détérioré.
Cette situation lamentable d’Ouled Fayet taraude l’esprit de beaucoup d’habitants de cet ex-Sahel. Notre rencontre s’est focalisée sur les habitants qui fréquentent les cafés-maures, ces derniers n’y vont pas avec le dos de la cuillère pour crier leur mal-vie et leur désarroi. Un habitant de lieu appelé « Le Plateau » indigné de manque d’infrastructures et des moyens basiques réagit par rapport à l’état chaotique dans lequel se trouve Ouled Fayet en déclarant « vous voyez de vos propres yeux, « Le plateau » comme toutes les cités d’Ouled Fayet est abandonné, les routes servent à tout , sauf à l’utilisation de voitures, nous sommes privés d’écoles, excepté l’école qui existe depuis l’indépendance, et le plus dramatique dans tout ça , même pour sortir des documents administratifs, nous disposons d’une seule annexe administrative étroite et qui ne répond pas aux besoins de nombreux habitants que renferme Ouled Fayet »,assène Ali un ancien du Sahel comme il le précise.
De visu on peut observer une situation des plus dramatiques en matière de schéma urbain et de stratification sur le plan de la mobilité et l’organisation urbaine de « la ville » d’Ouled Fayet. Le béton à ravagé l’espace urbain, les constructions inachevées sont le tampon par excellence de la région, s’ajoute à cela l’abandon du village culte d’Ouled Fayet jusqu’à le dénaturer et le transformer en une somme d’agrégats laides et insipides.
Les déclarations d’Ali contrastent parfaitement avec cette situation faite d’anarchie et de « chaos » urbain. L’urbanisation étriquée et sans stratégie et planification en mesure de tenir compte de la spécificité de la région et sans une étude susceptible de faire de cette dernière un pôle urbain pouvant lui donner son cachet qui lui sied en tant que région hautement agricole, lui a fait perdre toute raison possible de se hisser au rang d’une ville au sens propre du mot.
D’ailleurs ce n’est pas étonnant qu’un autre habitant d’Ouled Fayet nous fait une déclaration si parfaitement significative et qui colle avec l’ambiance de cette anarchie ambiante en disant « pour résumer la situation, Ouled Fayet est devenue une poubelle à ciel ouvert, que ce soit sur le plan des infrastructures qui font défaut, que ce soit l’état de nos routes ou notre environnement. Nous sommes à vrai dire, les oubliés des pouvoirs publics, pourtant Ouled Fayet est à vingt kilomètres de la capitale », précise Abdelkader avec un ton fulminant et désabusé.
C’est vrai que la décharge publique vient d’être fermée, mais comme l’avait précisé notre interlocuteur en l’occurrence Abdelkader, la région est réellement une poubelle à ciel ouvert, les fumées noires sont perceptibles et font d’Ouled Fayet un milieu peu fréquentable de par la pollution qui écorche « la ville » et le climat poussiéreux dégageant une espèce de morosité jusqu’à provoquer une asthénie.
L’aspect environnemental à été bel et bien sacrifie sur l’autel des attitudes irréfléchies et hâtives des responsables de la chose urbaine et de la gestion des ensembles immobiliers.
Une région livrée à elle-même
De ce point de vue, Ouled Fayet offre un spectacle peu reluisant sur le plan de l’harmonie urbaine secrétant des situations hors pair quant à l’équilibre social d’une ville. Le transport est le parent pauvre dans cette région que ses habitants souffrent le martyr concernant leur déplacement que ce soit à l’intérieur de la ville ou en dehors. C’est un véritable calvaire quotidien dans lequel sont empêtrés les habitants de l’ex-Sahel. Dans ce sens, un élu qui à préféré garder l’anonymat, à cause de climat délétère qui caractérise l’APC d’Ouled Fayet et la ruée de certains élus comme il le précise vers le squat de foncier et des anciens locaux, déclare que : « l’assemblée populaire communale d’Ouled Fayet ne fait pas du citoyen une priorité de premier ordre, la preuve, qu’aucune délibération suivie par des décisions n’a était réalisée, la question du transport urbain ou intercommunal reste une lettre morte, les infrastructures dont elle dispose la commune sont déplorables, les citoyens crient à l’enclavement. En conclusion, Ouled Fayet est reléguée au dernier plan du point de vue d’une commune urbaine », dit-il.
L’orientation urbaine d’Ouled Fayet doit être revue de fond en comble. Cette région qui était au départ un espace de viticulture de premier choix, elle se trouve aujourd’hui ballottée entre de mode de vie sans que pour autant arrive à restituer sans visage d’antan et se débarrasser des rides inoculées par une volonté de certains qui n’ont du statut de responsable que le nom.
Il est temps qu’Ouled Fayet retrouve son aura d’antan, et se réconcilie avec son ancienne appellation à savoir le Sahel qui lui portait l’air balsamique de la mer et le nectar du Bougainville si suave.
Les 30.000 habitants dont dispose la commune d’Ouled Fayet ne constituent pas un fardeau démographique, bien au contraire, en termes de concentration de la population l’équilibre est manifeste, ce qu’il faut revoir, c’est de rompre avec la gestion abracadabrante et médiocre des autorités locales et de celle des pouvoirs publics qui voient dans la gestion des villes d’Alger que le moyen de squatter le foncier et de construire sans se référer au schéma directeur spécifique à chaque ville et à chaque commune.
Ouled Fayet mérite tout de même qu’on lui redore son blason en sa qualité de région à vocation agricole, et qu’on lui redonne sa place qui lui sied en tant que vrai sahel parmi d’autres en Algérois.

Hocine Neffah

Les commentaires sont clos.