Politique

FRANCE: La FUIQP CONTRE LA GUERRE, L’ETAT D’URGENCE ET L’ISLAMOPHOBIE


Résolution de la coordination des collectifs régionaux du FUIQP1

Réunis en coordination nationale les 20 et 21 décembre 2015, les collectifs régionaux du Nord-Pas-de-Calais, de Provence-Alpes-Côte d’Azur, de l’Isère, de la Région parisienne et de Saint-Etienne, ont analysé les évolutions de la situation internationale et nationale et les effets de celles-ci sur les quartiers et classes populaires en général, sur leurs membres issus de l’immigration en particulier.
Les représentants de nos 5 collectifs régionaux :

* Constatent que les guerres impérialistes dans lesquelles la France est impliquée, désintègrent des sociétés entières, balkanisent les Etats, atomisent les peuples, sapent les fondements mêmes de la vie commune. Le développement sur ce terreau de terreur des groupes comme DAESH instrumentalisant l’Islam à des fins politiques réactionnairesapparaît dès lors comme une conséquence de ces déstabilisations.
* Rappellent que les politiques ultralibérales en œuvre en France ont comme effet une paupérisation et une précarisation massives des classes et quartiers populaires et une aggravation des processus de discrimination raciste et sexiste dans le même temps où l’islamophobie d’Etat désigne les musulmans réels ou supposés (c’est-à-dire imposés ou méprisés)comme des « ennemis de l’intérieur », des terroristes en puissance, des menaces pour la république, la laïcité, le droit des femmes, etc. Cette islamophobie en hausse importante ne remplace pas mais se cumule à la négrophobie et à la rromophobie qui sont deux autres figures des politiques de la racialisation étatique. Le racisme d’Etat est également un racisme de classe car les premières victimes qui sont également les plus nombreuses sont les Noirs, les Arabes et
les Rroms des classes populaires. Ce processus libéral en œuvre depuis plusieurs décennies est à la source du développement de comportements nihilistes pour une minorité marginale des habitants des quartiers populaires. La même matrice est à la source de la montée du Front National révélant ainsi l’hypocrisie des explications culturalistes qui envahissent ces dernières semaines les scènes médiatiques et politiques.
* Condamnent l’instrumentalisation de l’émotion suscitée par les tueries du 13 novembre exactement comme en janvier dernier. Cette instrumentalisation vise à légitimer un tournant sécuritaire comparable au PatriotAct aux USA, à imposer une « unité nationale » pour la poursuite des guerres, à justifier un Etat d’urgence qui permet une surveillance accrue des habitants des quartiers populaires en général, de ceux issus de l’immigration en particulier.
* Observent dans chacune des régions représentées des pratiques policières de provocation, une arrogance dans la posture des policiers, des perquisitions accompagnées de violences sans aucun lien avec ladite « menace terroriste ». De fait nous constatons la multiplication de perquisitions au seul motif d’être musulman réel ou supposé. L’Etat d’urgence devient de ce fait un Etat de guerre contre les quartiers populaires et leurs habitants, plus particulièrement les musulmans réels ou supposés. Nos urgences ne sont pas celles de l’Etat de Hollande et Valls. Nous avons des tas d’urgence mais elles sont à l’opposé de leur Etat d’urgence.
* Prennent acte avec inquiétude de la quasi-unanimité du vote de l’Etat d’Urgence (seulement 6 voix contre) signifiant une caution donnée à l’Etat pour développer sa logique d’exception envers certaines catégories de citoyens et une autorisation à poursuivre la guerre.
* Constatent également une indignation à géométrie variable, unehiérarchisation des victimes, une injonction à se « démarquer » faite aux musulmans réels ou supposés révélant une suspicion raciste, une aggravation du contrôle policier sur les quartiers populaires se traduisant par une hausse des violences policières, des contrôles au faciès abusifs, de l’islamophobie d’Etat.
Dans ce contexte général, ils rappellent la nécessité de partir des causes des attentats et non seulement de leurs conséquences c’est-à-dire la dégradation sociale ici et les guerres pour le pétrole et les minerais stratégiques là-bas. Dans les quartiers populaires la violence économique et idéologique subie donne des réactions multiples allant du repli à la peur, de la colère à la désespérance, etc. Elle se traduit également par la hausse de la violence contre soi et contre les proches, par une hausse des violences sexistes et patriarcales, par des comportements d’autodestruction, etc.
A partir de ces constats et analyses le FUIQP souligne que :
* Plus que jamais nous avons besoin d’une organisation nationale autonome des immigrations et des quartiers populaires. Il appelle à accélérer la création de nouveaux collectifs locaux et régionaux.
* Plus que jamais le FUIQP doit se construire à partir de nouveaux militants issus des immigrations et des quartiers populaires. Nous devons nous organiser pour permettre à ces nouveaux militants de prendre toute leur place dans notre mouvement.
* Plus que jamais nous devons former politiquement nos membres et plus largement développer une éducation populaire offensive et massive de proximité.


1. FUIQP : (Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires) des villes de Grenoble, Saint Etienne, Marseille, Lille et Paris.

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