Société

Graves accusations du neveu de Boumediene contre Issad Rebrab

Le frère du président Houari Boumediene, Nacer Boukharouba, s’attaque à Issad Rebrab, patron du groupe Cevital, qu’il accuse, sans le nommer, d’avoir construit sa grosse fortune et son empire industriel sur le dos de l’Etat. Dans une contribution publiée aujourd’hui dans le journal El Watan, ce professeur à l’université de Guelma, qui a passé de longues années au temple de l’ultralibéralisme que sont les Etats-Unis, affirme que Rebrab avait constitué son Groupe grâce à des crédits de l’Etat qui lui ont été octroyés «généreusement» dans les années 80. Des crédits qu’il n’aurait jamais remboursés, atteste-il. «Je me rappelle bien de ce que furent les membres de cette génération spontanée de nouveaux riches, bien avant qu’elle ne se métamorphose en self-made man. Par exemple, cet homme très médiatisé, qui aujourd’hui possède des monopoles nationaux très lucratifs, je me rappelle qu’il était comptable chez le père d’une de mes connaissances qui possédait à l’époque une usine du côté de Oued Smar ! Il se retrouve à la tête d’un méga-groupe économique très connu», souligne-t-il, avant de s’interroger : «Par quel miracle un simple petit comptable se retrouve-t-il à la tête d’un tel empire économique en l’espace d’une vingtaine d’années ? Grâce aux crédits de l’Etat généreusement alloués dans les années 1980 tout simplement ! Ces crédits ne furent, bien sûr, jamais remboursés», accuse-t-il. Pour Nacer Boukharouba, Rebrab n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de ces «messieurs» qui se seraient enrichis, d’après lui, avec l’argent de l’Etat et qui se font un malin plaisir de «dénigrer» ce même Etat. «Ce sont ces mêmes serpents qui crient le plus contre cet Etat qu’ils vont finir par bouffer», lance-t-il encore. «C’est à croire que le dénigrement du secteur public est la seule préoccupation de ces messieurs, ces laudateurs des nouveaux monopoles mafieux de la génération spontanée, surgie récemment dans notre pays, qui contrôle tout les leviers et centres de décision», soutient-il. Mettant en avant sa longue expérience aux Etats-Unis, le frère du défunt Boumediene prévient contre le système ultralibéral réclamé selon lui par «cette caste» qui s’est emparé d’une bonne partie des richesses du pays. «On aura beau camoufler et enjoliver les choses, le conflit entre haves et have-nots est permanent, et il est toujours d’actualité. On aura beau essayer de nous embobiner en enrobant les prêches dans des termes repoussoir ou manichéens tels que « capitalisme VS socialisme », ou bien, dans d’autres propos aussi nébuleux que « mondialisation » et « liberté du marché autorégulateur », le citoyen terrien moyen, ici ou ailleurs, s’est réveillé à ses droits et ne veut plus trimer pour enrichir une oligarchie de riches et de jouisseurs. Sa devise reste toujours aussi vivante et retrouve ses vieux accents de légende : à chacun selon son labeur et selon sa contribution à la richesse commune», clame-t-il. Selon lui, l’Algérie n’aurait pas connu de progrès social ou économique, si elle a été livrée aux bonnes grâces du privé ultralibéral à l’indépendance. Nacer Boukharouba évoque dans ce sens la misère humaine qu’il avait observée dans plusieurs Etats, villes et quartiers des Etats-Unis comme pour illustrer la dangerosité de l’ultralibéralisme. Il estime ainsi que «l’Etat est absolument indispensable», surtout pour une population aussi démunie et mal préparée comme la nôtre. Un Etat qui protégerait les plus pauvres et les vulnérables.
Sonia B.
Erratum : Nacer Boukharouba est le neveu et non le frère du président défunt Houari Boumediene. Le reste est sans changement. Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs

Les commentaires sont clos.