Histoire

HISTOIRE DE L’ALGERIE – DOCUMENT CHARTE D’UNITE D’ACTION

(Projet de Charte d’unité d’action anticolonialiste proposé, notamment au MTLD et à l’UDMA, par le Comité central du PCA réuni les 11 et 12 novembre 1950 à Alger).

L’ALGERIE subit depuis 120 ans une domination colonialiste qui s’est
affirmée dans tous les domaines : militaire, politique, économique,
social et culturel et qui s’est traduite par un état de guerre latent.
Le peuple algérien n’a jamais accepté cette oppression de
l’impérialisme français : la lutte inaugurée par Abdelkader, poursuivie
par Mokrani et de nombreux combattants valeureux n’a jamais cessé.
Aujourd’hui, la confiance que manifeste le peuple algérien dans les
Partis et groupements nationaux en est la preuve la plus éclatante.
Dans ces conditions, certains que le peuple considère comme une
nécessité vitale l’union de toutes ses forces pour libérer l’Algérie de la
domination colonialiste, les trois partis nationaux et les autres
groupements et personnalités qui souscrivent à la présente Charte
sont d’accord sur la nécessité et l’urgence de constituer un

FRONT NATIONAL DEMOCRATIQUE
ALGERIEN ayant comme objectif

L’INDEPENDANCE NATIONALE DE
L’ALGERIE
et l’instauration d’une

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE ALGERIENNE

avec sa Constitution, son Parlement et son Gouvernement.
Pour atteindre cet objectif essentiel, les Partis et groupements qui se
proposent de constituer le Front National Démocratique Algérien,
forts du soutien du Mouvement Mondial des Partisans de la Paix et
rejetant toute compromission avec l’impérialisme, décident de mettre
tout en œuvre pour populariser par tous les moyens la déclaration
commune faite au 2ème Congrès Mondial des Partisans de la Paix.
Ils estiment de leur devoir de prendre toutes mesures utiles afin de
développer une action commune sur le sol national en vue d’un
certain nombre d’objectifs immédiats et notamment :
-La défense de la liberté d’expression sous toutes ses formes (droit
de réunion, liberté de la presse, libertés syndicales, liberté de
vote, etc…).

-La libération de tous les détenus politiques progressistes.

-Le rapatriement des soldats algériens du Viet-Nam, l’annulation
des mesures d’élargissement de la conscription aux jeunes
musulmans et de prolongation du service militaire à 18 mois, les
Algériens refusant dans leur unanimité de servir de chair à canon
contre aucun peuple.

-La défense des revendications des travailleurs des villes et des
campagnes, l’établissement d’une législation sociale progressiste.
L’octroi de terres à ceux qui en sont dépourvus ou en possédant
insuffisamment.

-L’officialisation de la langue arabe avec son enseignement
obligatoire à tous les degrés.

-L’indépendance du culte et le retour des biens habous aux
collectivités religieuses musulmanes.

-La suppression du régime des communes mixtes et des Territoires
du Sud, etc…
Pour atteindre ces objectifs, une action organisée et soutenue de
tout le peuple est indispensable. Aussi, à l’effet d’examiner les
problèmes posés, de coordonner l’action et d’organiser le Front
National Démocratique Algérien, les partis, groupements et
personnalités signataires décident de constituer un COMITE
D’UNITE D’ACTION formé de représentants de chaque parti ou
groupement ainsi que des personnalités qui voudraient s’y
associer.
Il reste entendu, d’autre part, que les partis et groupements
signataires conservent leur entière indépendance et la liberté de
défendre leur programme propre.
En faisant cette proposition concrète de CHARTE D’UNITE
D’ACTION qui doit être considérée comme une base de discussion,
le Comité central du Parti communiste algérien est certain
D’apporter une contribution efficace à la lutte du peuple algérien.
Il est convaincu que son initiative sera favorablement accueillie
par tous ceux qui veulent conduire l’Algérie à sa libération
nationale, à sa véritable indépendance.
(Projet de Charte d’unité d’action anticolonialiste
proposé, notamment au MTLD et à l’UDMA, par le Comité
central du PCA réuni les 11 et 12 novembre 1950 à Alger).

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