Société

Hommage à Henri Alleg, Par Hocine Neffah

Le militant et l’anticolonialiste s’en va.

Les progressistes et les communistes du monde assisteront le 28 juillet à un moment très fort en termes d’émotion et d’hommage qui seront réservés à un vaillant fils de l’Algérie et du monde libre. C’est de grand militant et journaliste communiste Henri Alleg qu’il s’agit. Le décès du Henri Alleg et son départ marquera à jamais une époque qui à été jonchée de souffrances et de supplices qu’avait connu l’humanité durant la moitié du siècle écoulé. C’était l’époque où le rêve de se débarrasser de l’injustice, des inégalités et la domination coloniale et de classe côtoyait la réalité amère de la montée sans précédent de l’esprit belliciste et d’oppression. Henri n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour se démarquer de cette dichotomie qui caractérisait le monde durant les années quarante du siècle dernier, son instinct politique lui a permis de situer la contradiction de classe qui structure ce monde livré à un combat et une course effrénée pour le pillage des richesses des autres pays en les colonisant, et en exploitant la classe ouvrière jusqu’à faire d’elle un cadavre sans linceul, et le renversement de toutes les valeurs humanistes en les substituant de valeurs fondées sur la cupidité et la vanité chères au système capitaliste et son idéologie bourgeoise qui résume la personne humaine en une espèce de force de production qu’il faut la broyer jusqu’au bout. Henri Alleg était un témoin et un acteur de ce processus, sa jeunesse a été marquée par les stigmates d’un monde qui bouillonnait et qui connaissait des bouleversements de fond en comble. La question coloniale à fait murir l’idée de la lutte politique et idéologique pour une double rupture avec l’ancien monde, celui de la libération de l’homme et de la terre. Henri Alleg ne cachait pas ces idées, il affichait pleinement ses convictions communistes, plus que ça, il y adhère au parti communiste pour donner plus de rigueur et de discipline à sa lutte sur tous les fronts. Et pour ainsi dire, c’était l’instrument idéal pour faire entendre et faire connaitre l’approche politique des communistes qui luttaient pour mettre terme aux inégalités, et aux injustices sociales, et à la domination de la bourgeoisie aux visées impérialistes sur la moitié du monde qui subissait l’ordre colonial. C’est cette double rupture qui animait l’esprit révolutionnaire de Henri Alleg, c’est-à-dire la rupture avec le colonialisme qui était l’instrument par excellence de l’impérialisme d’un point de vue de classe, et l’affranchissement de la classe ouvrière et la paysannerie de ce système exploiteur et dominateur. L’infatigable militant anticolonialiste Le militant Henri Alleg s’inscrit dans la dynamique politique sans pour autant qu’il renonce à sa cause à savoir la défense de prolétariat et les ouvriers agricoles dans une perspective de faire de cette classe le locomotive de changement économique politique et social, c’est-à-dire doter cette classe opprimée, exploitée et dominée par le système colonial qui n’est autre que le capitalisme au caractère international, d’un instrument politique puissant et discipliné. Henri Alleg à su allié le combat politique pour la libération des peuples colonisés comme c’était le cas de l’Algérie durant 132 ans par la France coloniale, et le combat pour l’amélioration des droits sociaux, politiques et économiques avec une dimension universelle qui donne un contenu plus large à cette approche qui n’est autre que le socialisme scientifique . Dans ce sens, Henri Alleg à pu esquisser la notion coloniale via une définition qui reste jusqu’à aujourd’hui intacte et sans rides, il est resté toujours l’homme de son temps, assimilant les enjeux et les processus qui traversaient le monde. En lui reposant la sempiternelle question en rapport avec la torture et le colonialisme, il répond comme suit : « L’anticolonialisme, aujourd’hui, c’est le refus de toute réécriture officielle du passé colonial. C’est le combat contre la soumission de peuples au nom d’idées fausses, comme la prétendue supériorité de telle civilisation sur telle autre. Cela implique de se situer sans restriction du côté des peuples qui luttent pour leur liberté. Sans se laisser berner par des arguments fallacieux visant à justifier, au nom des droits de l’homme, des positions de force des anciens propriétaires de la terre coloniale. On ne peut pas exclure de ce combat la lutte des Palestiniens. C’est aussi un problème colonial. », cette approche est éminemment marxiste, elle remis les pendules à l’heure, elle ne badine pas avec l’histoire de l’humanité, surtout que Henri Alleg a su comment faire de matérialisme historique en le vulgarisant un outil et une méthode de classe pour déjouer les théories fascistes, racistes et colonialistes des pseudo savants et théoriciens de la bourgeoisie. L’anticolonialisme de Henri Alleg s’exprime de la manière la plus claire et nette contre la domination là ou elle se trouve, c’est une sorte de manifeste qui récuse le colonialisme et ses dérivés à savoir les atteintes à l’intégrité physique de la personne humaine à travers les supplices et les tortures à répétition. Le livre « la question » est considéré comme un procès contre le système colonial et ses moyens fondés sur la torture et les supplices. Henri Alleg via ce livre, a su défendre la cause de peuple algérien livré à lui-même dans ce combat inégale, en partageant son combat et même les supplices de l’armée coloniale. C’est dire que ce militant a communiste et anticolonialiste à vécu la période coloniale dans sa chair. Et c’est ce combat et cette témérité qui ont permis à Henri Alleg d’écrire un livre avec des témoignages saillants et des mots ciselés sachant choisir la terminologie qui sied à la logique coloniale. « La question « c’était un désaveu du système colonial français au plan international. Le militant et camarade Henri Alleg à toujours vécu dans la simplicité et l’humilité d’un communiste responsable qui fait de la critique et de l’autocritique sa méthode de choix dans sa vie de tous les jours, il n’était pas un dogmatique, il était ouvert à toutes les possibilités pour faire un bilan lié à la situation du communisme dans le monde après la chute de l’Union Soviétique. Sa sérénité lui a permis de déceler de l’expérience soviétique des remarques qui méritent de les prendre en considération pour éviter de tomber dans les mêmes schèmes qui ont mené à l’effondrement de l’Union Soviétique.. Il disait à ce propos que : « Il est difficile de s’expliquer là-dessus. Autant me demander pourquoi mon cœur bat à tel rythme. Lorsque je me suis engagé, il était relativement simple de savoir quelle voie emprunter. J’avais quinze ans lorsqu’a éclaté la guerre d’Espagne et je rêvais, avec mes amis, de m’engager parmi les brigadistes. Nous étions trop jeunes pour cela. Mais nous savions parfaitement quel était notre camp. Il y avait, d’un côté, Franco, les hitlériens, les fascistes, et, de l’autre, le Front populaire, le combat pour un autre monde. À nos yeux, cet autre monde était symbolisé, à l’époque, par l’URSS et les pays socialistes. Des choses auxquelles nous avons sincèrement cru ont été cruellement démenties par l’histoire », assène-t-il. Le combat d’Henri Alleg, est un combat qui reste toujours actuelle, puisque la domination impérialiste est là , en train de guetter les peuples, l’injustice et l’exploitation caractérise d’avantage notre monde moderne, et la question de la décolonisation et la libération des peuples du joug colonial est plus que jamais actuelle. L’héritage d’Henri Alleg aidera les militants pour un monde dépouillé des injustices et de la mainmise coloniale et impérialiste de se faire un chemin vers le dépassement de cet ordre mondial injuste.

Hocine Neffah
Le 28/07/2013

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