Société

JE NE PLEURE !Par Fateh Agrane en hommage à HENRI ALLEG

A ANDRÉ ET JEAN SALEM
RECEVEZ A L’OCCASION DU DÉCÈS DE VOTRE PERE MON CAMARADE HENRI ALLEG L’EXPRESSION DE MES
CONDOLÉANCES LES PLUS ATTRISTÉES

Qu’il repose dans le panthéon de l’histoire de l’humanité en lutte conte
Le colonialisme et l’exploitation de l’homme par l’homme

Je vous adresse aussi ce poème en hommage à sa mémoire

FATEH AGRANE

JE NE PLEURE
18 juillet 2013

Je ne pleure camarade
Aujourd’hui non, il n’est question
Elle fut hier
Dans ton corps et ta raison
La coloniale déraison
Non je ne pleure un vainqueur
Et j’écris l’oraison
D’un camarade lutteur
A qui liberté a donné raison
Je poursuis ton rêve
Idéal en floraison
Quant nos ouvriers font grève
Sauvegardant ta maison
Je te salue « Bolchiste 1»
Rouge rose des saisons
Et ne relève mérites
Arborant cloisons
Je ne te dirais adieu si vite
Car tu es moisson
D’un combat qui se mérite
Défiant les prisons
Je ne pleure camarade
Aujourd’hui non, il n’est question
Non !car demain
tu auras encore raison !

Fateh Agrane
Jeudi 18 Juillet 2013

1 /HENRI ALLEG aimait dire je suis toujours BOLCHISTE

Culture « Saha Rougi ! » (1) Courage frère !
« Enfin Alger » c’est par ces mots, par l’évocation de la vie foisonnante et colorée d’Alger que débute ce livre de la « mémoire algérienne » première biographie de Henri Alleg.
Beaucoup connaissaient déjà les engagements de Henri Alleg. Mais on découvre là toute la vie d’un homme indomptable que rien, ni personne, n’a jamais pu faire plier, doté d’une énergie et d‘une confiance en l’avenir inébranlables. Malgré toutes le épreuves endurées, les doutes, les erreurs et confrontations entre organisations, l’amertume et les désillusions qui ont suivi l’indépendance de l’Algérie, Henri Alleg ne s’est jamais découragé.
Pourtant ce n’est pas un homme de marbre, simplement un être de chair et de sang, conscient de sa fragilité mais aussi confiants dans la solidarité, du réconfort que peuvent lui apporter les autres (le sandwich donné par un gendarme, une parole « humaine » d’un soldat dans l’horreur du centre de torture) pas d’apitoiement sur ses souffrances, mais on mesure se douleur quand il pense à sa femme, à ses enfants. Parfois l’émotion est là, intacte, qui nous serre la gorge. Ainsi l’évocation de ceux que « dans la prison de Barberousse, les gardiens entraînaient vers la cour où les attendaient la guillotine », accompagnés des cris des prisonniers et des youyous des femmes du quartier.
Henri est aussi doué d’un solide sens de l’humour pour décrire le peuple de l’Algérie qu’il aime tant. Quel fou rire avec ses copains lorsque il est pris en stop par un type pour qui les ennemis de la France sont les anglais, juifs et bolchiste, ce que Henri est tout à la fois. Comme on aurait aimé connaître ce dirigeant communiste du syndicat des dockers d’Alger surnommé « Hadj Moscou », parce qu’il a fait un stage politique à Moscou – c’était la règle à l’époque.
Le jeune Henri, débarquant à 18 ans à Alger, a tout de suite découvert la réalité du colonialisme, la misère et les humiliations de la population «musulmane » avec laquelle il choisit de vivre, occupant , pour survivre, des boulots réservés d’habitude aux « indigènes ». Cela déterminera très vite son engagement : les Jicé (jeunes communistes), le parti communiste Algérien et le PCF.
Henri Alleg a aussi un goût passionné de la vie. Dans les moments les plus noirs, il en apprécie les petits plaisirs: un steak frites préparé par un camarade du camp de Lodi où il vient d’arriver après l’enfer de la Question, le verre de Bordeaux offert par l’hôtesse dans l’avion lors de son transfert en France
Bien sur la grande passion de la vie de Henri Alleg, l’écriture, le journalisme, occupent une grande part du livre.A 30 ans, il devient rédacteur en chef d’Alger Républicain. De 1951 à 1955, date à laquelle il est interdit, le journal va avoir un rôle politique essentiel. C’st une véritable aventure, jalonnées d’énormes difficultés surmontées grâce à la ténacité de Henri et de ses amis, du soutien des lecteurs, qui deviennent quasi insurmontables après le déclenchement de l’insurrection en 1954. Après une tentative de publication clandestine, Henri devra renoncer. Pour lui comme pour l’Algérie, ce sera le début d’une douloureuse période.
Après les accords d’Evian, Henri Alleg n’a qu’une idée en tête, la reparution de Alger républicain. Hélas à sa grande déception il va se heurter au nouveau gouvernement du FLN, peu soucieux de pluralisme. Tenaces, avec quelques amis, le journal va encore paraître 3 ans.
Pour Henri Alleg, c’est le temps des désillusions, sans amertume cependant. Il croit toujours en des jours meilleurs pour l’Algérie et pour le monde. Toujours infatigable, il écrit témoigne, rencontrant tout un chacun avec son sourire, sa gentillesse et une attention que les années n’ont pas émoussée.
Courez vite acheter ce livre, offrez le à vos amis pour Noël et n’ayez pas peur. A côté de l’évocation de drames, il vous fera souvent sourire. En plus, ce gros livre se lit comme un polar !
Nicole Bouexel
(1) « Rougi » c’est « Rouget » le surnom qu’on donnait à Henri dans son enfance du fait de la couleur de ses cheveux.

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