Politique

La bataille d’Alep

Alors que toute la machine occidentale s’est mise en marche pour « sauver Alep des forces d’Assad et de l’aviation russe », une étrange Fondation pour les droits des prisonniers exige la fin des combats à Alep et la libération de prisonniers dans les geôles d’Assad pour rendre les corps des soldats russes tués lors du crash de l’hélicoptère humanitaire dans les environs d’Alep. Leurs revendications et l’appellation de cette « Fondation » ressemble à s’y méprendre à une opération de com. Mais qui irait beaucoup trop loin. La cause étant désespérée.

Alep est un point stratégique dans la lutte contre Assad. Si les groupes extrémistes formés, armés et soutenus par l’Occident perdent à Alep, cette pseudo opposition risque de perdre la Syrie et Assad en ressortira vainqueur. Ce qui est inacceptable dans le jeu américain, tant le Président Obama que le Secrétaire d’état Kerry l’ont suffisament répété.

Or, les pauvres « rebelles » sont en train de perdre du terrain contre les forces d’Assad. La machine médiatique tourne pourtant à la limite de la surchauffe. Sans revenir sur ce monument de journalisme que fut le JT de France 2, l’on appréciera également, par exemple, l’opération de réhabilitation et d’humanisation de ces terroristes lancée par BFM et le journal Le Monde.

Si l’on prend BFM, un reportage nous explique ceci:

Les quartiers de la ville d’Alep contrôlés par les rebelles, sont cernés par les forces du régime depuis deux semaines. Les opposants armés tentent par tous les moyens de desserrer le siège mais leur avancée est freinée par les bombardements du régime et les raids aériens de l’aviation russe. Conséquence, les civils se retrouvent pris au piège

Donc, pour que ce soit bien clair: ce sont les forces d’Assad et les russes qui encerclent des populations civiles pacifistes, juste parce qu’elles sont opposées au régime en place. Il ne s’agit pas du tout de groupes terroristes Al nusra et autres qui s’emparent du territoire et des populations pour y installer le Califat de la terreur. Et le reportage montre des visages de pauvres « résistants », qui souffrent presque pour sauver leur pays de la dictature. Digne d’Hollywood, de l’émotion pas chère, digérable instantanément.

Dans la même veine, l’on notera un magnifique article du journal le Monde, toujours très en forme, intitulé:

Bataille d’Alep : comment la rébellion syrienne joue sa survie

Pour ceux qui auraient des doutes, ces « rebels » sont très fréquentables, pour preuve ils viennent le 28 juillet de quitter Al Quaïda … certes pour des raisons stratégiques. Même le Secrétaire d’état américain a déclaré que ça ne change rien, ils restent la liste des organisations terroristes. Au fait, il s’agit des groupes islamistes:

La majeure partie sont islamistes, comme le groupe salafiste nationaliste Ahrar Al-Sham, et le Front Fateh Al-Sham, nouveau nom du Front Al-Nosra.

Mais c’est vrai que Al-Nosra fait du bon travail, comme le rappelait L. Fabius alors ministre des affaires étrangères. Détail intéressant, ces « rebels » sont dans la région d’Idlib, vous savez, la région dans laquelle l’hélicoptère russe apportant l’aide humanitaire est tombé, descendu par ces « rebelles modérés » d’Al-Nosra. Rappelons aussi que les très modérés et fréquentables combattants de l’armée syrienne libre les avaient justement appelés à s’unir pour lutter contre Assad.

Et tous ces modérés ont descendu l’hélicoptère humanitaire russe. 5 morts, 5 corps. C’est alors que l’agence d’information Reuters lance une information particulièrement choquante: un groupe appelé en anglais General Foundation for Prisoners’ Affairs accepte de rendre les corps des 5 russes tués en échange de prisionniers d’Assad (sans préciser encore lesquels ni combien) et de l’arrêt des combats à Alep.

Cela ressemble à une mauvaise plaisanterie. Une organisation de défense des droits de prisonniers qui débarque, dans la droite ligne des scénarios bien connus d’implantation de la démocratie. Sauf qu’ils négocient des corps de soldats étrangers, corps détenus par Al-Nosra.

Information dérangeante. C’est certainement pour cela qu’à part Reuters, cette information n’a pas été reprise. Le raté est trop évident, le coup a été mal préparé. Un organisme dit de cette fameuse et sacrosainte « société civile » qui défend évidemment les droits des détenus, mais faisant du chantage aux cadavres, négociant des coprs détenus par un groupe terroriste, pour obtenir des résultats correspondant aux revendications de la « coalition américaine démocratique » et de l’ONU. Un mariage contre nature. Quoi que …

Laissons encore quelque temps aux médias pour nous faire oublier que ce sont ces barbares qui décapitent, violent, massacrent, réduisent à l’esclavage. Qu’ils ne sont pas plus d’opposition – sinon à la démocratie – qu’ils ne sont modérés. A nous de ne pas oublier.

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