Société

La haine de soi:La maladie de Boualem Sansal

La haine de soi/La maladie de Boualem Sansal Par Aziz Benyahia

Après l’attentat de Nice du 14 juillet que la raison humaine et universelle a condamné, des voix se sont exprimées et des analyses ont été proposées pour enrayer cette dérive accolée à l’islam par des apprentis-sorciers. En Occident, on cherche toujours à percer le mystère du passage à l’acte chez les terroristes et on attend des intellectuels musulmans et des spécialistes de l’islam les clés pour comprendre.

L’un des nôtres réputé pour être trop attiré par la lumière s’est encore distingué par des contorsions qui n’ont rien à envier à la danse du ventre tant qu’il s’agit de s’attirer les grâces et les largesses du client. Dans une tribune parue dans le journal « Le Monde » daté du 18 juillet, il fait tout simplement un parallèle abject entre le conducteur de camion de Nice et Zohra Drif, entre la promenade des Anglais et le Milk-Bar d’Alger. Entendez pas là : c’est kif-kif bourricot. Des musulmans excités par le sang et le carnage en masse ; l’histoire étant un éternel recommencement et l’ADN de la violence étant propre à l’islam. C’est son analyse.

Un discours qui fait un bien fou à ceux qui n’ont pas encore digéré d’avoir été boutés hors de chez nous par des gueux et des va-nu-pieds ; par les compagnons de Didouche et consorts ; par les Zohra et consorts. Voilà que l’un des nôtres ou supposé tel, vole au secours de Le Pen et Massu puisqu’il suggère sans le dire, la torture et les exécutions en masse pour éradiquer le phénomène en neuf mois seulement, le temps qu’il a fallu pour neutraliser la bande à Yacef Saadi.

Voilà que le FLN et ses héros sont associés à Daesch, et qu’un million et demi de morts, sont passés par pertes et profits pour plaire aux maîtres d’hier. Faut-il aimer à ce point la lumière des plateaux de télévision et des photographes étrangers pour porter comme une honte, son appartenance ou sa naissance. Comme le journaliste Mohamed Saadoune, nous avons décidé depuis longtemps de ne pas nommer ce monsieur car la meilleure des punitions à infliger à ceux qui cherchent la gloire à tout prix, fut-elle éphémère, c’est de ne pas mentionner leurs noms ni leurs œuvres. Leur faire subir le supplice de Tantale.

C’est dans l’esprit de cette démarche que nous avons refusé de rapporter les propos qu’il avait tenus lors d’un symposium à Fès au Maroc, du haut d’une tribune et cornaqué et exhibé par quatre fieffés sionistes, claironnant à l’appui de son livre « Le village de l’Allemand » que l’Algérie est totalement et foncièrement antisémite. Un discours qui plaît, des témoignages qui sont précieux et où rien n’est dû ni à la spontanéité ni au hasard. Du reste ses nombreuses positions et déclarations furieusement hostiles à tout ce qui s’apparente de près ou de loin au monde arabe et à l’islam, sont minutieusement et périodiquement repris par nos ennemis patentés comme Eric Zemmour, Alain Finkielrault, Bernard-Henri Lévy ou Elizabeth Badinter, qui nous renvoient à nos propres turpitudes, toutes les fois qu’on proteste, en nous rappelant que les propos incriminés viennent des nôtres.

Boualem Sansal, pour ne pas le nommer, non seulement ne cherche pas à relativiser ses propos ou à les expliciter mais il persiste et signe, comme pour un bras d’honneur permanent, mêlant le mensonge et les affabulations comme lorsqu’il se plaint d’un ostracisme officiel en Algérie qui le priverait de ses lecteurs. Il déplore la mévente de ses livres par leur absence dans les librairies. Pure mensonge, facile à vérifier et si effectivement il y a mévente malgré la présence des livres c’est parce qu’il n’y a pas d’acheteur.

Nous soutenons, par solidarité naturelle, par fidélité à notre combat pour le progrès, la démocratie et la liberté d’expression et par honnêteté intellectuelle, tous les combats qui vont dans ce sens et qui ne sèment pas la division entre nous, mais nous n’accompagnerons personne dans son passage à l’ennemi, parce que nous considérons que chacun est responsable de ses turpitudes et qu’une trahison reste une trahison, quelles qu’en soient les circonstances. On peut et on doit mener tous les combats pour les valeurs de justice et de progrès, mais on n’a pas le droit d’aller jusqu’à la haine de son pays, jusqu’à la haine de soi et jusqu’à pactiser avec l’ennemi.

Certes, dans un monde d’adultes, chacun est responsable de ses actes et s’il accepte d’être l’idiot utile des ennemis de son pays, de sa famille et de ses ancêtres, il n’aura alors qu’à s’en prendre à lui-même si le peuple découvre à son tour qu’un des siens a poussé le reniement jusqu’à avoir honte du combat des Algériens et des Algériens pour l’indépendance, qui continue à ce jour, à forcer l’admiration du monde.

Aziz Benyahia

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