Luttes des travailleurs

 » La victoire, c’est aussi et surtout une plus grande unité à la base pour continuer les luttes de classes »

Grève sur des chantiers des constructions
dans la région d’Ile De France(IDF),
à ST. Cyr l’école(78) et à Achères(78)
La grève s’est déroulée sur de grands chantiers de Génie Civil de construction de centres d’épuration des eaux. Nous avons réclamé, une prime de site qui concerne deux grands chantiers IDF de SOGEA, GTM et RAZEL au démarrage des chantiers. Les directions des deux chantiers ont fait la sourde oreille, ont essayé de pourrir la négociation en la faisant trainer en longueur. Au mois de janvier, les directions des chantiers ont refusé une négociation globale. Ils voulaient que chaque entreprise négocie séparément et seulement en prenant en compte que les ouvriers en CDI (embauchés). Nous réclamions une négociation prenant en compte également tous les intérimaires et salariés des entreprises sous-traitantes. Les directions deux chantiers voulaient gagner du temps en espérant que notre volonté faiblirait. Nous avons alors décidé de réagir et lancé une discussion entre les délégués notre entreprise, contacté des représentants des salariés des autres entreprises présentes sur les chantiers et examiné la situation avec tous les ouvriers sans distinction.
Lundi, 28 janvier 2013, à 8 h00, nous avons informés les salariés sur le déroulement des négociations. Très rapidement des idées pour agir ont été avancées. Et en particulier celle de la nécessité d’une grève. Les directions de chantiers ont pris à la légère notre démarche et la détermination des ouvriers. On a décidé de déclencher une grève après qu’une pétition rappelant nos revendications ait été signée par tous les ouvriers. Sur deux chantiers 145 signatures (80 % des salariés) ont été recueillies. Après avoir organisé encore des réunions sur les deux chantiers avec tous les salariés, la grève a été lancée le 30 janvier au matin. A la veille de grève, les salariés sous-traitants (plus précisément des salariés détachés), sous la pression des patrons des chantiers, décident de ne pas participer à la grève. Sur le Chantier d’Achères, les salaries de Razel, sont intérimaires et sous statut de salarié en grande déplacement. Sous la menace d’une fin de mission et la suppression de la prime de grand déplacement (ils sont hors de loi), les intérimaires sur Achères sont venus travailler. Sur les chantiers de Smarov, les intérimaires par contre font grève, malgré toutes les pressions.
Nos revendications ont été confirmées par l’assemblée générale des ouvrièrs : 200 euros par mois, pour tous les salariés, titulaires ou sous-traitants, sans partie variable et tous les mois.
A partir de ce moment nous avons informé notre Fédération de construction et les délègues des deux entreprises, (SOGEA et GTM) ainsi que la CGT intérimaire(USI). Les ouvriers de SOGEA IDF (Génie-civil et hydraulique) et GTM ont tous participé à la grève sans hésitation. Finalement après deux jours de débrayage et deux jours de grève nous avons obtenu 150 euros par mois sans partie variable et pour tous les salariés.
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Dès les premiers jours les intimidations et la pression ont été fortes.
*Mensonge et amalgame, déformations de la réalité.
*Le directeur voulait imposer le pointage. (Nos délégués s’y sont opposés)
*Contact individuel de chaque ouvrier, pour lui faire cesser la grève.
*Appel et pression sur un délégué, le menaçant de l’affecter à un autre chantier.
* « invitation » des délègues au siège pour « discuter ». Objectif : désamorcer les mouvements.
*Pressions sur l’agence d’intérim pour qu’elle retire tous les intérimaires de sur les chantiers. On a fait valoir que le droit de grève est un droit protégé par la loi. Mais chez les patrons cette attitude est une « bavure » normale.
*Si seul les embauchés font grève, ils obtiendront plus. Cela fait des années qu’on n’a pas régularisé les primes, c’est le moment d’y pense ?
*Menace sur un délégué personnellement par le patron de Géni-Civile de GTM. Le patron invite notre camarade a un duel ! Sans tomber dans la provocation le camarade a répondu : « je ne suis ici en tant qu’individu, je suis un délégué personnel, je représente des centaines des salariés. Je ne peux pas me payer le luxe de jouer avec vous pour mon egos »
Finalement on a gagné !
Encore une fois quand la classe ouvrière prend le chemin de la lutte, rien ne peut entraver sa détermination.
Les salariés revendiquaient une prime de 200 €. Au lendemain, les Directions de SOGEA et GTM ont pratiquement cédé sur les revendications des travailleurs en accordant une prime de 150 €, avec rétroactivité à compter du 1er novembre 2012 et au prorata du temps de présence. De plus, les 4 premières heures de grève de la journée du 30 janvier seront intégralement payées ainsi que le panier et le transport de cette première journée. Les salariés auront la possibilité de récupérer les heures de grève restantes dans un délai de deux mois.
* Dans cette lutte les ouvriers ont bien compris pour gagner il faut accepte le risque que l’on peut perdre.
*L’unité dans les actions a été complète, autour des revendications communes et avec une organisation syndicale, le rôle de la CGT a été essentiel. Quelques délégués CFDT aussi ont participé à notre action.
*Nous avons réussi à créer des liens avec l’extérieur (fédération et autres élus de diverses entreprises). Les directions l’ont bien compris.
* Au final aucun ouvrier sous-traitant n’est resté avec nous. On a donc dû abandonner au final les revendications propres aux ouvriers en sous-traitance, car malheureusement la conscience des ouvriers pour défendre d’autres catégories d’ouvriers est peu développée, l’esprit corporatiste est encore fort.
*Cela n’a pas été facile de négocier pour les intérimaires. Pour les patrons ce qui était dangereux dans cette grève ce n’est pas qu’ils auraient dû débourser plus pour payer les intérimaires, mais surtout c’est l’unité des salariés titulaires et intérimaires qui aurait eu valeur d’exemple .Trois heures sur Cinq heures et demi de négociation ont porté sur la question des intérimaires. Dans l’accord on a réussi à faire mettre la phrase que sur les chantiers doit être respecté le code du travail les droits des intérimaires.
*La démocratie dans l’entreprise c’est de la démagogie. Fort de leur force économique énorme ils se permettent même de ne pas respecte les lois. Les patrons ont utilisé tous les moyens pour casser la grève.
Conclusion :
La lutte paye toujours. Quelle soit victorieuse ou non et comme disait B. Brecht :
«Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux ne luttent pas ont déjà perdu»
Notre grève victorieuse a provoqué une grande joie chez les travailleurs, on a reçu des remerciements de nos syndicats ainsi que des félicitations chaleureuses de militants d’autres secteurs. Mais déjà le patron cherche à contourner les acquis, il fait monter la pression contre les ouvriers par divers moyens. Mais on est armés pour y faire face, la lutte commune et solidaire est passée par là.
La CGT SOGEA IDF
Le 18 février 2013

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