Le 1er Mai : une journée de manifestation pour la libération des travailleurs obtenue après de longues et sanglantes luttes ouvrières
Par Kamed Badaoui
Aujourd’hui, jour férié et payé dans la plupart des pays, les appellations, non innocentes, tant s’en faut, de « fête du travail », « fête du muguet », … estompent trop souvent l’origine du 1er mai, les grèves pour de meilleures conditions de travail, et notamment, pour une revendication essentielle des ouvriers dans les années 1800-1900 : les « trois huit » (8 heures de travail, 8 heures de loisirs-éducation populaire, 8 heures de sommeil).
C’est en juillet 1886 que les 391 délégués de 22 pays au Congrès International Ouvrier Socialiste (tenu à Paris), décidèrent d’organiser les premières manifestations du 1er mai en adoptant à l’unanimité la résolution suivante : « Il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes, les travailleurs mettent, le même jour, les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement la journée de travail à huit heures et d’appliquer les autres résolutions du Congrès international de Paris. Attendu qu’une semblable manifestation a déjà été décidée pour le 1er mai 1890 par l’American Federation of Labor, dans son congrès de décembre 1988, tenu à Saint-Louis, cette date est adoptée pour la manifestation internationale. Les travailleurs des diverses nations auront à accomplir cette manifestation dans les conditions qui leur sont imposées par la situation spéciale de leur pays ».
Pour rappel : Les premières manifestations du 1er mai eurent lieu à Chicago, en 1886 : plus de 5.000 grèves de travailleurs furent réprimées dans le sang. A la suite de quoi, en 1889, le Congrès Socialiste International décide d’une manifestation internationale commune des travailleurs : interruption du travail le 1er Mai 1890 dans tous les pays (représentés au congrès). En France, c’est en 1919 que fut légalisée la journée de 8 heures
Des 1er mai mémorables en Algérie
Le 1er mai 1945 :
A Alger, le très populaire PPA (sous l’étiquette des Amis du Manifeste de la Liberté), dirigé par Mohamed Belouizdad appelle à manifester avec des drapeaux de l’Algérie1 (indépendamment des cortèges de la CGT et du PCA et avec la présence de leaders marocains et tunisiens). Le PPA est interdit depuis 1939 et son secrétaire Messali Hadj, emprisonné, est transféré de Chellala à El Goléa puis à Brazaville en Afrique équatoriale le 24 avril. La participation est forte : 20.000 manifestants passent devant la 10ème région militaire avec drapeaux déployés. L’armée, la police et des activistes ouvrent le feu : des manifestants sont tués, dont les responsables algérois du PPA, Mohammed El Haffaf, Mohammed Laïmèche, Abdelkader Ziar, et Ahmed Boughelamallah.
A Oran, Bougie et Guelma, également, des incidents sanglants ont émaillé les manifestations du 1er mai.
Le 1er mai 1975
Feu le Président Houari Boumediène préside un meeting de l’UGTA à la Maison du peuple : il y annonce, d’une voix solennelle que le pays a réalisé (pour la 1ière fois après les nationalisations des hydrocarbures en février 1971) 1 milliards de dollars de réserves de devises et que celles-ci seront utilisées pour le bien de tous. La salle applaudit à tout rompre !
Aujourd’hui avec 194 milliards de dollars, on ne produit même plus les allumettes !
1) En fait des emblèmes qui seront adoptés comme drapeau de l’Algérie en 1949 sous la direction de Mostefaï, normalisés par le GPRA (dirigé par Youcef Benkhedda) en avril 1962 en exil à Tunis (après étude technique de l’ingénieur tunisien Mokhtar Laâtri), puis institutionnalisé par la loi du 25 avril 1963 de la RADP. Pour rappel : l’exemplaire du drapeau (cousu par sa femme) avec lequel avait défilé Messali Hadj en 1937 de Champ Manœuvre à la Grande Poste à Alger n’avait pas était retrouvé.