Politique

Leçons de Grèce : retour sur un passé très proche

I. Le 3 Mai 2015, un membre de Syriza s’exprime sur ce qui différencie son parti du parti communiste de Grèce dans une contribution intitulée : Et si le Parti communiste de Grèce (KKE) avait raison? Il écrit :

Comment peut-on changer le monde, lorsque l’espoir est tellement absent ?

Il est connu que la distance entre la gauche radicale et le Parti communiste de Grèce est énorme et elle n’est pas liée au sectarisme du Parti communiste, comme le considèrent souvent les défenseurs de Syriza. Au contraire, le sectarisme est la conséquence d’autres caractéristiques, plus profondes et beaucoup plus importantes.

Tout d’abord, il s’agit de deux conceptions concernant le socialisme ouvertement concurrentielles. Ce que le Parti communiste invoque comme le socialisme est une institutionnalisation sociale, qui, pour la gauche radicale constitue de l’échec historique énorme au véritable cauchemar.

D’autre part, l’attachement du KKE au stalinisme s’oppose à la perception que « le socialisme sera démocratique ou il n’en sera pas de socialisme», qui apparaît comme anticapitaliste puisque il dénonce le capitalisme, entre autres, pour sa faiblesse à coexister pendant des longues périodes avec des formes limitées de démocratie.

Compte tenu de la gravité des plus hauts mentionnés, il y aurait peut-être une importance minime sur la relation des deux partis concernant le passé et l’avenir. Beaucoup plus, en fait, étant donné que le Parti communiste ne perd pas l’occasion de proclamer que SYRIZA « exprime la volonté de la classe dirigeante capitaliste du pays ».

Je crois, cependant, que cette conclusion est erronée. Je pense que les deux partis ont des choses à dire dans la mesure où ils se perçoivent comme opposants au système et, du point de vue social, sur le même côté du spectre idéologique. En effet, dans la mesure où Syriza apparaît comme un facteur compétent de la « partialité de classe » tandis que le Parti communiste apparaît comme le principal représentant politique des intérêts de la «famille populaire », ils ont objectivement des choses à partager et à discuter.

En entrant dans ce débat, je veux dire que l’idée stratégique fondamentale, contribuée actuellement par le Parti communiste, est qu’il n’y a aucune condition des changements importants dans le monde moderne, sauf dans la mesure où les travailleurs prendront le pouvoir politique. De ce point de vue, chaque effort de gouvernance, comme celui qui est mis en œuvre aujourd’hui en Grèce, est condamné à l’échec. Chose qui, selon le Parti communiste, signifierait le retrait des travailleurs, et probablement un désastre complet.

Ce que le Parti communiste dit est que, même si le gouvernement avait les meilleures intentions –qu’il ne les dispose pas, comme un représentant d’une partie des capitalistes ! – son échec serait assuré. Ce qui signifie: soit un conflit directement révolutionnaire, soit le dur présent capitaliste, avec peu des nuances.

Evidement, le concept stratégique de SYRIZA se trouve aux antipodes. Les jours après le 25 janvier sont une sorte de mise en œuvre de ce concept, soit dans la voie démocratique du socialisme soit avec un programme transitoire. L’idée essentielle est qu’on peut réaliser des choses, dans le sens de la transformation sociale et radicale, avant le socialisme. Des choses cruciales qui changent la vie des gens d’aujourd’hui et qui forment les termes et les convictions, pour un plus grand changement de demain. Des choses qui permettent de former des associations, sans lesquelles la transformation sociale radicale, absolument opportune et nécessaire, restera un rêve irréalisable.

Parce que, s’il n’est pas possible de changer le présent, il ne viendra jamais le nécessaire avenir socialement transformé.

C’est-à-dire, l’avenir appartient au présent. Ou bien il n’y a pas d’avenir, et le «reste de l’histoire » sera un type de présent éternel.

Autrement, si on ne le reconnaisse pas, on tombe dans le messianisme et la postérieure attente nécessaire. A quoi sert-il de lutter pour le salaire journalier et les libertés, si ton analyse dit que le capitalisme actuel – réellement totalitaire – ne permet pas la moindre fissure pour les objectifs des classes exploitées et opprimées de la population, pour la majorité du monde?

Voici donc, la grande différence.

Et si le Parti communiste avait raison, nous ne pourrions qu’accepter que l’avenir sera pire que le passé. Nous ne pouvons qu’être rigoureusement pessimistes. Et il ne s’agira pas d’un pessimisme gramscien de la connaissance, mais aussi celle de la volonté.

Comment peut-on changer le monde, lorsque l’espoir est tellement absent ?

PS: Il est intéressant de noter que la tradition communiste initiale était principalement «volontaire» contre les «lois de l’histoire». Karl Kautsky a insisté que nous devrions être « juste à temps » – en l’attendant de venir.

http://syriza-fr.org/2015/05/03/et-si-le-parti-communiste-de-grece-kke-avait-raison-par-christos-laskos/

Par Christos LaskosPublié le mai 3, 2015 par VangelisGoulasTraduction : Athina Vlachaki

II. TROIS MOIS APRES, LE 15 JUILLET 2015 sur le même blog de Syriza des interrogations d’une toute autre nature s’expriment

Si ce n’est pas nous, alors qui ? Si ce n’est pas maintenant, alors quand ?

Communiqué de Vangelis Goulas, Coordinateur des membres de la section locale de Syriza à ParisPublié le juillet 15, 2015 par VangelisGoulas :

Chers camarades,

Cela fait de nombreuses années que nous nous battons pour une solution alternative contre les politiques d’austérité et contre les impératifs néolibéraux, parce que nous croyons qu’il y en a des politiques alternatives.

Nous sommes face à une guerre prêchée par les cercles néolibéraux les plus extrêmes en Europe.

Le camarade Alexis Tsipras a donné la bataille pour mettre en œuvre nos exigences. Nom aux mémorandums; Non à l’austérité … Je ne peux pas tolérer le cannibalisme des certains qui parlent de trahison et d’autres choses. À un moment critique et étant donné les proportions dramatiques des rapports de forces, nous avons perdu une bataille. S’il y en a des responsables, ce n’est pas le moment pour attribuer les responsabilités. On le fera plus tard et dans les procédures collectives. Qu’il soit complètement seul face aux dix-huit adversaires et face à un tel chantage, ce n’est pas facile. Alexis Tsipras doit sortir immédiatement et dénoncer les chantages qu’il a subis.

Un accord avec le pistolet sur sa tempe ne peut pas être légitimé tant de point de vue politique que juridique et morale.

Le gouvernement de Syriza ne peut pas appliquer un tel accord inapplicable tant au point de vue économique que politique. Un gouvernement de gauche ne peut pas appliquer la peine de créanciers. La solution a était donnée par le peuple en disant non à l’austérité à 61,3%.

Ce «NON» on ne pouvait pas le gérer peut-être parce qu’on ne s’y attendait pas.

Camarades

Rien ne s’est pas terminé. Nous avons perdu une bataille mais nous n’avons pas perdu la guerre. Dans ce moment tellement critique nous attendons par les organes du parti de rejeter les chantages des institutions et d’assurer l’unité du parti et du gouvernement.

Le pire de tout sera que Syriza devienne une force austéritaire qui va essayer de gérer l’austérité, de gérer une accord-punition envers le peuple grec, parce qu’il a élevé sa voix. Nous ne voulons pas aller vers une parenthèse de gauche .

On ne peut pas laisser le champ libre à l’aube dorée qui va utiliser la colère populaire pour tirer son épingle du jeu.

Que le gouvernement, même au dernier moment, ne soumette pas cet accord au vote.

Même maintenant, nous pouvons passer à la contre-attaque. Toutes ces années nous nous battons parce que nous croyons qu’il y a une alternative solution au néolibéralisme. Nous ne pouvons pas dire maintenant que la soumission aux diktats de l’Union européenne (Allemande) soit à sens unique.

Les peuples déterminés ne se perdent pas, ne disparaissent pas. Nous disons NON au catastrophisme NON à la peur, maintenant nous devons oser. Si ce n’est pas nous, alors qui ? Si ce n’est pas maintenant, alors quand ?

Nous avons vu les limites de cette zone euro. L’Allemagne s’efforce de faire le néolibéralisme et l’austérité la religion officielle de l’UE. Il faut passer maintenant à une solution alternative pour se libérer de la dictature européenne-allemande. Il y a toujours une alternative, il n’y a pas d’impasses, la volonté démocratiquement exprimée du peuple grec ne peut être victime de chantage non plus.

Que le SYRIZA uni passe maintenant à la contre-attaque.

Camarades, après le coup d’Etat du 13 juillet contre un gouvernement démocratiquement élu, rien ne sera maintenant la même chose en Europe. Nous avons passé vers une autre période et si ce gouvernement a réussi quelque chose d’important, cela est de révéler le vrai visage de cette dictature financière.

La gauche française devra redéfinir son attitude à l’égard de la zone euro et ne pas laisser l’extrême droite d’utiliser la colère et la volonté du peuple de résister. Si j’étais dans la position des députés de gauches européennes, je ne pourrais jamais légitimer un accord – coup d’Etat imposé sur le gouvernement grec avec le pistolet sur sa tempe. L’adoption de cet accord ne se traduit pas qu’on soutient ni Alexis Tsipras ni le gouvernement grec. Le contraire.

Que le SYRIZA uni et le gouvernement d’Alexis Tsipras passent maintenant à la contre-attaque.

Nos alliés sont la grande majorité du peuple grec et l’opinion publique européenne. Il n’y a pas d’impasses, il y a toujours des alternatives.

Si ce n’est pas nous, alors qui ? Si ce n’est pas maintenant, alors quand ?

Bien Fraternellement

Vangelis Goulas,

Coordinateur des membres de la section locale de Syriza à Paris http://syriza-fr.org/2015/07/15/communique-de-vangelis-goulas-coordinateur-des-membres-de-la-section-locale-de-syriza-a-paris/

III. CONCLUSION : Et si le Parti communiste de Grèce (KKE) avait raison?

CETTE QUESTION SE POSE-T-ELLE TOUJOURS ? AURAIT-ON BESOIN ENCORE D’UN CROQUIS

Abdelatif Rebah

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